Search

Kirk Douglas et la France : «Les gens ici m’aiment plus encore que les Etats-Unis» - Le Parisien

Tout commence par une voix française : celle de Roger Rudel, disparu en 2008 à l'âge de 86 ans, qui épousait les rugueuses intonations du capitaine Kirk dans « Spartacus », « Vingt mille lieues sous les mers », « Les Vikings », « Le Reptile », « L'Arrangement », ou ce western quelque peu oublié qui vient de ressortir en vidéo, « Seuls sont les Indomptés », de John « Jack » W.Burns.

C'est au réalisateur Bertrand Tavernier, critique et historien du cinéma, devenu le réalisateur majeur que l'on sait (« L'Horloger de Saint-Paul », « Le juge et l'assassin », « L.627 »…) et dont on vient de rééditer « Amis américains », que l'on doit cette référence hexagonale qui n'est pas pour rien dans les excellentes relations entre Kirk Douglas et le public francophone.

Dans un Français souple

La France comprenait Kirk, autant que Kirk s'est toujours senti en phase avec la France. Et même dès ses débuts pour donner la réplique à Brigitte Bardot, Serge Reggiani et Fernand Ledoux dans « Un Acte d'amour », d'Anatole Litvak, sorti en 1954 sur un scénario de Joseph Kessel.

La légende veut que ce français souple qui fit le bonheur de Bernard Pivot lorsque, en 1989, l'animateur d'« Apostrophes » reçut l'acteur sur son plateau et que ce dernier mit K.O en une réplique le publicitaire Jacques Séguéla qui contestait son statut de star (« Qui êtes-vous pour savoir qui est star et qui ne l'est pas? », n'est pas seulement lié à sa femme, Anne Buydens, d'origine belge qui travaillait, sous le règne de Robert Favre-Lebret, au service des comédiens du Festival de Cannes.

VIDÉO. Kirk Douglas dans « Apostrophes » en 1989

« Il nous l'a volée, il l'a mise dans sa poche », plaisante Gilles Jacob qui fut ensuite aux manettes du Festival. Et elle lui a fait quatre enfants. » Anne, a aujourd'hui 100 ans, ne démentira pas qu'en matière d'apprentissage de notre langue, son époux doit également beaucoup à une maîtresse qu'il fréquenta avec assiduité… la méthode Assimil. Ce que confirma sa professeure. La société ne pouvait pas compter sur meilleure publicité.

Pour habiller cette élégance de parole, il fallait une marque d'élégance tout court. Et dans ce domaine, c'est un autre fleuron de la couture qui avait les faveurs de « Spartacus » : la marque Lanvin. « Lorsque j'étais attaché de presse de L'Arrangement, se souvient Bertrand Tavernier, la Warner avait découvert qu'il avait acheté six costumes et en avait mis le montant sur sa note d'hôtel. »

Classe, Kirk, mais pas forcément amidonné dans ses costumes. Amanda Lear se souvient du tournage à Cadaqués, sur la Costa Brava, du « Phare du bout du monde », de Kevin Billington, tiré de l'œuvre de Jules Verne, dans lequel Jean-Claude Drouot était le seul Français du film et où Douglas, contre l'avis scandalisé de Salvator Dali, après une journée de tournage, était parti en quête d'« une petite fumette ».

A Cannes, sur la Riviera, « la vie était belle »

Cannes n'était pas pour rien dans l'affection que portait à notre pays la dernière des légendes du cinéma américain. « Quand il est arrivé sur la Riviera, se remémore Gilles Jacob, la vie était belle ! Habiter un palace tous frais payés, jouer au Casino, être la coqueluche des femmes… C'était un bel accueil ! Il participa deux fois au jury. La première comme juré, en 1970, la seconde, en 1980, comme président. Le résultat se jouait entre « All that Jazz », de l'Américain Bob Fosse, et « Kagemusha – L'ombre du guerrier », du Japonais Akira Kurosawa.

« La préférence de Douglas allait à Bob Fosse et il est allé lui téléphoner la bonne nouvelle. Sauf que le jury n'était pas d'accord. Alors, il a quitté la table des débats et s'est retiré dans sa chambre, à l'Hôtel du Cap. On ne l'a plus revu jusqu'à ce que Robert Favre Le Bret (NDLR : délégué général du festival à l'époque) lui propose un ex-aequo. »

Deauville aussi, où son fils Michael a rencontré l'amour en la personne de Catherine Zeta-Jones, se souviendra de son passage. A propos de « Eyes Wide Shut », de Stanley Kubrick avec lequel il avait tourné « Spartacus », il avait, sur les planches, mis les pieds dans le plat : « Son film n'est même pas sexy ! » Avant de se livrer à une déclaration d'amour pour la France : « Elle est ma seconde patrie. Les gens ici m'aiment encore plus qu'aux Etats-Unis. »

Let's block ads! (Why?)

Read Again

Tout commence par une voix française : celle de Roger Rudel, disparu en 2008 à l'âge de 86 ans, qui épousait les rugueuses intonations du capitaine Kirk dans « Spartacus », « Vingt mille lieues sous les mers », « Les Vikings », « Le Reptile », « L'Arrangement », ou ce western quelque peu oublié qui vient de ressortir en vidéo, « Seuls sont les Indomptés », de John « Jack » W.Burns.

C'est au réalisateur Bertrand Tavernier, critique et historien du cinéma, devenu le réalisateur majeur que l'on sait (« L'Horloger de Saint-Paul », « Le juge et l'assassin », « L.627 »…) et dont on vient de rééditer « Amis américains », que l'on doit cette référence hexagonale qui n'est pas pour rien dans les excellentes relations entre Kirk Douglas et le public francophone.

Dans un Français souple

La France comprenait Kirk, autant que Kirk s'est toujours senti en phase avec la France. Et même dès ses débuts pour donner la réplique à Brigitte Bardot, Serge Reggiani et Fernand Ledoux dans « Un Acte d'amour », d'Anatole Litvak, sorti en 1954 sur un scénario de Joseph Kessel.

La légende veut que ce français souple qui fit le bonheur de Bernard Pivot lorsque, en 1989, l'animateur d'« Apostrophes » reçut l'acteur sur son plateau et que ce dernier mit K.O en une réplique le publicitaire Jacques Séguéla qui contestait son statut de star (« Qui êtes-vous pour savoir qui est star et qui ne l'est pas? », n'est pas seulement lié à sa femme, Anne Buydens, d'origine belge qui travaillait, sous le règne de Robert Favre-Lebret, au service des comédiens du Festival de Cannes.

VIDÉO. Kirk Douglas dans « Apostrophes » en 1989

« Il nous l'a volée, il l'a mise dans sa poche », plaisante Gilles Jacob qui fut ensuite aux manettes du Festival. Et elle lui a fait quatre enfants. » Anne, a aujourd'hui 100 ans, ne démentira pas qu'en matière d'apprentissage de notre langue, son époux doit également beaucoup à une maîtresse qu'il fréquenta avec assiduité… la méthode Assimil. Ce que confirma sa professeure. La société ne pouvait pas compter sur meilleure publicité.

Pour habiller cette élégance de parole, il fallait une marque d'élégance tout court. Et dans ce domaine, c'est un autre fleuron de la couture qui avait les faveurs de « Spartacus » : la marque Lanvin. « Lorsque j'étais attaché de presse de L'Arrangement, se souvient Bertrand Tavernier, la Warner avait découvert qu'il avait acheté six costumes et en avait mis le montant sur sa note d'hôtel. »

Classe, Kirk, mais pas forcément amidonné dans ses costumes. Amanda Lear se souvient du tournage à Cadaqués, sur la Costa Brava, du « Phare du bout du monde », de Kevin Billington, tiré de l'œuvre de Jules Verne, dans lequel Jean-Claude Drouot était le seul Français du film et où Douglas, contre l'avis scandalisé de Salvator Dali, après une journée de tournage, était parti en quête d'« une petite fumette ».

A Cannes, sur la Riviera, « la vie était belle »

Cannes n'était pas pour rien dans l'affection que portait à notre pays la dernière des légendes du cinéma américain. « Quand il est arrivé sur la Riviera, se remémore Gilles Jacob, la vie était belle ! Habiter un palace tous frais payés, jouer au Casino, être la coqueluche des femmes… C'était un bel accueil ! Il participa deux fois au jury. La première comme juré, en 1970, la seconde, en 1980, comme président. Le résultat se jouait entre « All that Jazz », de l'Américain Bob Fosse, et « Kagemusha – L'ombre du guerrier », du Japonais Akira Kurosawa.

« La préférence de Douglas allait à Bob Fosse et il est allé lui téléphoner la bonne nouvelle. Sauf que le jury n'était pas d'accord. Alors, il a quitté la table des débats et s'est retiré dans sa chambre, à l'Hôtel du Cap. On ne l'a plus revu jusqu'à ce que Robert Favre Le Bret (NDLR : délégué général du festival à l'époque) lui propose un ex-aequo. »

Deauville aussi, où son fils Michael a rencontré l'amour en la personne de Catherine Zeta-Jones, se souviendra de son passage. A propos de « Eyes Wide Shut », de Stanley Kubrick avec lequel il avait tourné « Spartacus », il avait, sur les planches, mis les pieds dans le plat : « Son film n'est même pas sexy ! » Avant de se livrer à une déclaration d'amour pour la France : « Elle est ma seconde patrie. Les gens ici m'aiment encore plus qu'aux Etats-Unis. »

Let's block ads! (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Kirk Douglas et la France : «Les gens ici m’aiment plus encore que les Etats-Unis» - Le Parisien"

Post a Comment

Powered by Blogger.