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Kirk Douglas, l'une des dernières légendes d'Hollywood, est mort - Le Monde

Une fossette au menton. Un détail, mais c’est celui qui vient à l’esprit quand on pense à Kirk Douglas, mort mercredi 5 février, à l’âge de 103 ans. L’acteur a beau avoir été une figure majeure du cinéma américain, l’une des dernières stars du vieil Hollywood et l’un des artisans de la disparition de ce système, un producteur audacieux, un écrivain de talent et surtout un comédien d’une force et d’un courage peu communs, c’est ce menton fendu, troublant – « Comment fais-tu pour raser ça ? », lui demandait Kim Novak dans Liaisons secrètes, de Richard Quine (1960) – qui surgit.

On peut aussi le prendre comme le signe des blessures et des mutilations qui affligent les personnages que Kirk Douglas a interprétés au long d’une carrière qui s’étend sur toute la seconde moitié du XXe siècle.

Amputé d’un doigt dans La Captive aux yeux clairs, de Howard Hawks (1952), d’une oreille dans La Vie passionnée de Vincent van Gogh, de Vincente Minnelli (1957), éborgné dans Les Vikings, de Richard Fleischer (1958), crucifié dans Spartacus, de Stanley Kubrick (1960), broyé par un camion dans L’Arrangement, d’Elia Kazan (1969), il n’a rien du héros triomphant à la John Wayne, figure ambivalente et complexe plutôt qu’icône américaine.

Kirk Douglas, en 1946.
Kirk Douglas, en 1946. A. L. WHITEY SCHAFER / GETTY IMAGES

Son image publique de patriarche – il est le père de l’acteur Michael Douglas – s’est également fêlée après la mort par surdose d’un autre de ses fils, Eric, en 2004.
En 1996, un accident vasculaire cérébral qui handicape sévèrement son élocution n’avait pas suffi à l’éloigner définitivement des plateaux. Invité régulier des plus grands festivals de cinéma, Kirk Douglas était également une présence récurrente sur les rayons des librairies. Mémorialiste et romancier, plusieurs de ses livres – dont Le Fils du chiffonnier (Presses de la Renaissance, 1988), le premier tome de ses Mémoires – ont fait de longs séjours en tête des listes de best-sellers. Ces dernières années, il s’était distingué sur la Toile avec un blog d’une spontanéité inattendue chez un nonagénaire.

D’origine juive, venue de Biélorussie, la famille Danielovitch s’était fixée à Amsterdam, sur l’Hudson, au nord de l’Etat de New York. C’est là qu’Issur naît le 9 décembre 1916, unique frère des six filles de Herschel, un chiffonnier, et de Bryna. Son enfance est presque misérable, et il doit multiplier les petits travaux pour financer ses études.

A l’adolescence, il se découvre une vocation d’acteur et réussit à s’inscrire à l’université de St Lawrence. En butte à l’antisémitisme à chaque étape de son parcours, il devient l’une des vedettes de l’équipe de lutte, et suit bientôt les cours d’une école d’art dramatique de New York. Issur Danielovitch adopte le pseudonyme de Kirk Douglas et a pour condisciple Betty Joan Perske, la future Lauren Bacall. Lorsque les Etats-Unis entrent en guerre, le jeune homme s’engage dans la marine et est démobilisé pour blessure en 1944.

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Une fossette au menton. Un détail, mais c’est celui qui vient à l’esprit quand on pense à Kirk Douglas, mort mercredi 5 février, à l’âge de 103 ans. L’acteur a beau avoir été une figure majeure du cinéma américain, l’une des dernières stars du vieil Hollywood et l’un des artisans de la disparition de ce système, un producteur audacieux, un écrivain de talent et surtout un comédien d’une force et d’un courage peu communs, c’est ce menton fendu, troublant – « Comment fais-tu pour raser ça ? », lui demandait Kim Novak dans Liaisons secrètes, de Richard Quine (1960) – qui surgit.

On peut aussi le prendre comme le signe des blessures et des mutilations qui affligent les personnages que Kirk Douglas a interprétés au long d’une carrière qui s’étend sur toute la seconde moitié du XXe siècle.

Amputé d’un doigt dans La Captive aux yeux clairs, de Howard Hawks (1952), d’une oreille dans La Vie passionnée de Vincent van Gogh, de Vincente Minnelli (1957), éborgné dans Les Vikings, de Richard Fleischer (1958), crucifié dans Spartacus, de Stanley Kubrick (1960), broyé par un camion dans L’Arrangement, d’Elia Kazan (1969), il n’a rien du héros triomphant à la John Wayne, figure ambivalente et complexe plutôt qu’icône américaine.

Kirk Douglas, en 1946.
Kirk Douglas, en 1946. A. L. WHITEY SCHAFER / GETTY IMAGES

Son image publique de patriarche – il est le père de l’acteur Michael Douglas – s’est également fêlée après la mort par surdose d’un autre de ses fils, Eric, en 2004.
En 1996, un accident vasculaire cérébral qui handicape sévèrement son élocution n’avait pas suffi à l’éloigner définitivement des plateaux. Invité régulier des plus grands festivals de cinéma, Kirk Douglas était également une présence récurrente sur les rayons des librairies. Mémorialiste et romancier, plusieurs de ses livres – dont Le Fils du chiffonnier (Presses de la Renaissance, 1988), le premier tome de ses Mémoires – ont fait de longs séjours en tête des listes de best-sellers. Ces dernières années, il s’était distingué sur la Toile avec un blog d’une spontanéité inattendue chez un nonagénaire.

D’origine juive, venue de Biélorussie, la famille Danielovitch s’était fixée à Amsterdam, sur l’Hudson, au nord de l’Etat de New York. C’est là qu’Issur naît le 9 décembre 1916, unique frère des six filles de Herschel, un chiffonnier, et de Bryna. Son enfance est presque misérable, et il doit multiplier les petits travaux pour financer ses études.

A l’adolescence, il se découvre une vocation d’acteur et réussit à s’inscrire à l’université de St Lawrence. En butte à l’antisémitisme à chaque étape de son parcours, il devient l’une des vedettes de l’équipe de lutte, et suit bientôt les cours d’une école d’art dramatique de New York. Issur Danielovitch adopte le pseudonyme de Kirk Douglas et a pour condisciple Betty Joan Perske, la future Lauren Bacall. Lorsque les Etats-Unis entrent en guerre, le jeune homme s’engage dans la marine et est démobilisé pour blessure en 1944.

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