Quand elle nous reçoit jeudi 5 mars au siège de France Télévisions, juste après « Les 4 vérités », son interview politique dans « Télématin », Caroline Roux monte au front. « C dans l'air », l'émission de décryptage de France 5 lancée en 2001, dont elle a repris les rênes en 2016, en alternance avec Axel de Tarlé, affiche de solides audiences (1,5 million de fidèles depuis janvier, 12 % de PDA) et depuis peu, une parité parfaite. « Un combat » pour lequel elle entend passer à la vitesse supérieure.
En ce 8 mars, vous lancez un appel ?
CAROLINE ROUX. « C dans l'air » lance un appel aux femmes, pour qu'elles acceptent de sortir de l'ombre et de partager leur expertise sur notre plateau. C'est un besoin. Il y a encore beaucoup de domaines dans lesquels on n'arrive pas à trouver des femmes, ou qui ne répondent pas présentes quand on les sollicite.
Lesquels ?
La défense, la sécurité intérieure, la diplomatie, la justice… Nous lançons un appel aux universitaires, économistes, historiennes, magistrates, sociologues, journalistes. Nous créons une adresse e-mail pour qu'elles se fassent connaître auprès de notre équipe, appelauxexpertes@maximalprod.com. On a besoin d'aller les chercher car nous sommes encore confrontés à une barrière. L'expertise, la connaissance, le pouvoir n'appartiennent pas aux hommes.
Est-ce si difficile d'obtenir la parité malgré la réputation de l'émission ?
Quand j'ai repris « C dans l'air » en 2016, il y avait 27 % d'expertes en plateau. Avec nos 5 journalistes programmatrices d'invités, on a fait un travail de recherche, épluché les publications, les annuaires, regardé les autres chaînes. On a sollicité le CNRS, Sciences-po, les universités. Ça infuse. Nous étions à 46 % en septembre dernier, nous voilà à 50 % depuis janvier. Mais parfois, trois heures avant l'émission, nous n'avons toujours pas bouclé notre plateau car nous ne trouvons pas de femmes. Nous cherchons des profils subtils : une économiste spécialiste de la Chine, une experte du maintien de l'ordre etc. pour 1h10 de décryptage avec trois autres invités.
Avec les hommes, vous n'avez pas ce problème ?
On a une « offre » plus vaste d'experts déjà identifiés. Récemment, après les attentats en Allemagne, nous avons repéré une spécialiste des réseaux d'extrême-droite allemands, Bénédicte Laumond. Elle n'avait jamais fait de télé, ne serait jamais venue à nous naturellement, et a bluffé tout le monde. Comme la virologue de Lille Anne Goffard, l'architecte Marie-Amélie Tek, la journaliste Elise Vincent. Les pépites se cachent.
Comment l'expliquez-vous ?
Les femmes se posent parfois davantage la question de la légitimité. Ou elles n'osent pas, peut-être parce qu'elles n'ont jamais eu accès à de grands médias, alors qu'elles écrivent des livres et des publications. Depuis des années, l'expertise est incarnée par des hommes. C'est à nous médias, comme à la classe politique, de mettre des femmes à des lieux de pouvoir, ou autour d'un plateau télé. Je leur dis : « on est là, on vous attend, vous êtes à votre place ». On ne joue pas les femmes contre les hommes, c'est juste un rééquilibrage. On accompagne un mouvement de fond de la société. Si demain je faisais une émission avec 4 hommes, j'aurais 200 mails de protestation. Il y a 5 ou 10 ans, il n'y en aurait eu aucun.
Le rapport du CSA et de l'INA publié le 5 mars montre que sur un plateau avec autant d'hommes que de femmes, celles-ci ont un temps de parole inférieur…
Les femmes ont tendance à prendre la parole moins facilement. Mais ça bouge à vive allure. Une génération arrive. Ce qui est nouveau, c'est que les hommes ne leur coupent plus la parole en plateau. Ils sont conscients de tous les mauvais réflexes.
Les femmes sont encore sous-représentées à la radio et à la télévision. Votre émission n'est-elle pas le reflet de la réalité ?
Il y a encore une forme de résistance de la société mais surtout un souffle. Il faut assumer de prendre des engagements chiffrés comme nous l'avons fait. C'est aussi l'ambition de Delphine Ernotte, la Présidente de France Télévisions. C'est une question de volonté.
Vous voulez être la bonne élève du PAF ?
Je ne fais pas cela pour être la bonne élève mais parce que c'est un combat juste. « C dans l'air » est un levier puissant pour changer la représentation de l'expertise aux yeux de 1,5 million de téléspectateurs chaque jour. J'aimerais qu'après cet appel, nous recevions 500 mails d'expertes, qui se diraient « pourquoi pas ? » et feraient un pas pour entrer dans la lumière et faire partager leurs connaissances.
Les femmes sont plus nombreuses qu’avant à la télévision et à la radio (41 %), selon le rapport du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) publié le 5 mars. En 2019, le taux d’expertes progresse : 38 %, 8 points de plus qu’en 2016. Il y a plus d’invitées politiques (33 %). Pour la première fois, la parité est atteinte entre présentateurs et présentatrices, grâce à une forte progression sur TF1, Canal + et M 6.
Mais le CSA note que « le combat est loin d’être gagné », car en dépit d’une présence plus forte, les femmes ont des temps de parole (36 %) plus réduits que les hommes.
Quand elle nous reçoit jeudi 5 mars au siège de France Télévisions, juste après « Les 4 vérités », son interview politique dans « Télématin », Caroline Roux monte au front. « C dans l'air », l'émission de décryptage de France 5 lancée en 2001, dont elle a repris les rênes en 2016, en alternance avec Axel de Tarlé, affiche de solides audiences (1,5 million de fidèles depuis janvier, 12 % de PDA) et depuis peu, une parité parfaite. « Un combat » pour lequel elle entend passer à la vitesse supérieure.
En ce 8 mars, vous lancez un appel ?
CAROLINE ROUX. « C dans l'air » lance un appel aux femmes, pour qu'elles acceptent de sortir de l'ombre et de partager leur expertise sur notre plateau. C'est un besoin. Il y a encore beaucoup de domaines dans lesquels on n'arrive pas à trouver des femmes, ou qui ne répondent pas présentes quand on les sollicite.
Lesquels ?
La défense, la sécurité intérieure, la diplomatie, la justice… Nous lançons un appel aux universitaires, économistes, historiennes, magistrates, sociologues, journalistes. Nous créons une adresse e-mail pour qu'elles se fassent connaître auprès de notre équipe, appelauxexpertes@maximalprod.com. On a besoin d'aller les chercher car nous sommes encore confrontés à une barrière. L'expertise, la connaissance, le pouvoir n'appartiennent pas aux hommes.
Est-ce si difficile d'obtenir la parité malgré la réputation de l'émission ?
Quand j'ai repris « C dans l'air » en 2016, il y avait 27 % d'expertes en plateau. Avec nos 5 journalistes programmatrices d'invités, on a fait un travail de recherche, épluché les publications, les annuaires, regardé les autres chaînes. On a sollicité le CNRS, Sciences-po, les universités. Ça infuse. Nous étions à 46 % en septembre dernier, nous voilà à 50 % depuis janvier. Mais parfois, trois heures avant l'émission, nous n'avons toujours pas bouclé notre plateau car nous ne trouvons pas de femmes. Nous cherchons des profils subtils : une économiste spécialiste de la Chine, une experte du maintien de l'ordre etc. pour 1h10 de décryptage avec trois autres invités.
Avec les hommes, vous n'avez pas ce problème ?
On a une « offre » plus vaste d'experts déjà identifiés. Récemment, après les attentats en Allemagne, nous avons repéré une spécialiste des réseaux d'extrême-droite allemands, Bénédicte Laumond. Elle n'avait jamais fait de télé, ne serait jamais venue à nous naturellement, et a bluffé tout le monde. Comme la virologue de Lille Anne Goffard, l'architecte Marie-Amélie Tek, la journaliste Elise Vincent. Les pépites se cachent.
Comment l'expliquez-vous ?
Les femmes se posent parfois davantage la question de la légitimité. Ou elles n'osent pas, peut-être parce qu'elles n'ont jamais eu accès à de grands médias, alors qu'elles écrivent des livres et des publications. Depuis des années, l'expertise est incarnée par des hommes. C'est à nous médias, comme à la classe politique, de mettre des femmes à des lieux de pouvoir, ou autour d'un plateau télé. Je leur dis : « on est là, on vous attend, vous êtes à votre place ». On ne joue pas les femmes contre les hommes, c'est juste un rééquilibrage. On accompagne un mouvement de fond de la société. Si demain je faisais une émission avec 4 hommes, j'aurais 200 mails de protestation. Il y a 5 ou 10 ans, il n'y en aurait eu aucun.
Le rapport du CSA et de l'INA publié le 5 mars montre que sur un plateau avec autant d'hommes que de femmes, celles-ci ont un temps de parole inférieur…
Les femmes ont tendance à prendre la parole moins facilement. Mais ça bouge à vive allure. Une génération arrive. Ce qui est nouveau, c'est que les hommes ne leur coupent plus la parole en plateau. Ils sont conscients de tous les mauvais réflexes.
Les femmes sont encore sous-représentées à la radio et à la télévision. Votre émission n'est-elle pas le reflet de la réalité ?
Il y a encore une forme de résistance de la société mais surtout un souffle. Il faut assumer de prendre des engagements chiffrés comme nous l'avons fait. C'est aussi l'ambition de Delphine Ernotte, la Présidente de France Télévisions. C'est une question de volonté.
Vous voulez être la bonne élève du PAF ?
Je ne fais pas cela pour être la bonne élève mais parce que c'est un combat juste. « C dans l'air » est un levier puissant pour changer la représentation de l'expertise aux yeux de 1,5 million de téléspectateurs chaque jour. J'aimerais qu'après cet appel, nous recevions 500 mails d'expertes, qui se diraient « pourquoi pas ? » et feraient un pas pour entrer dans la lumière et faire partager leurs connaissances.
Les femmes sont plus nombreuses qu’avant à la télévision et à la radio (41 %), selon le rapport du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) publié le 5 mars. En 2019, le taux d’expertes progresse : 38 %, 8 points de plus qu’en 2016. Il y a plus d’invitées politiques (33 %). Pour la première fois, la parité est atteinte entre présentateurs et présentatrices, grâce à une forte progression sur TF1, Canal + et M 6.
Mais le CSA note que « le combat est loin d’être gagné », car en dépit d’une présence plus forte, les femmes ont des temps de parole (36 %) plus réduits que les hommes.
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