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Jean-Loup Dabadie, académicien, scénariste et parolier, est mort - Le Monde

Jean-Loup Dabadie dans son costume d’académicien, le 12 mars 2009.
Jean-Loup Dabadie dans son costume d’académicien, le 12 mars 2009. BERTRAND GUAY / AFP

L’académicien Jean-Loup Dabadie est mort, dimanche 24 mai, à Paris, a annoncé son agent, Bertrand de Labbey, à l’Agence France-Presse (AFP). Il avait 81 ans. M. Dabadie est mort à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, d’une autre maladie que le Covid-19, a précisé son agent.

Né en 1938 à Paris, Jean-Loup Dabadie avait débuté comme écrivain et journaliste, avant de devenir auteur de sketches à grand succès, puis un immense parolier et un scénariste remarqué pour ses textes empreints de tendresse et de nostalgie.

« C’était un artiste complet, il avait réussi dans tous les arts : le sketch avec Guy Bedos ; la chanson avec Polnareff et Julien Clerc ; et également le cinéma en tant que scénariste et adaptateur », a rappelé M. de Labbey. M. Dabadie a écrit son premier roman, Les Yeux secs, à 19 ans, avant de débuter dans le journalisme, collaborant à la revue Tel quel au côté de Philippe Sollers, et aurait pu devenir un auteur « sérieux », s’il n’avait expédié ses premiers sketches – Paulette, Le Boxeur… – à Guy Bedos durant son service militaire.

De « La Gifle » à « Vincent, François, Paul et les autres »

Jean-Loup Dabadie a été parolier, écrivant plus de 300 chansons pour fournir en tubes plusieurs générations de chanteurs. Juliette Gréco, Yves Montand, Michel Sardou, Serge Reggiani… Avec là encore deux rencontres majeures : Michel Polnareff, pour lequel il écrivit un hymne au bonheur partagé, On ira tous au paradis, et Julien Clerc, avec qui il travaillera sur une dizaine d’albums et pour lequel il signera les chansons Le Cœur trop grand pour moi, Femmes, je vous aime, et tant d’autres.

Il est également l’auteur des scénarios ou dialogues d’une trentaine de films majeurs de ces cinquante dernières années. On pense à César et Rosalie (1972), Les Choses de la vie (1970) ou Vincent, François, Paul et les autres (1974), tous les trois réalisés par Claude Sautet. Il a aussi écrit pour François Truffaut (Une belle fille comme moi, en 1972), Yves Robert et Jean-Paul Rappeneau (Le Sauvage, en 1975).

Elu à l’Académie française en 2008

La France de Dabadie est celle des copains dans les films d’Yves Robert, Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, qui triomphent dans les années 1970. Celle aussi de la tendresse bourrue et de la famille malmenée dans La Gifle (1974) avec Isabelle Adjani et Lino Ventura.

Une France moyenne. Avec la crise économique, le chômage, les ruptures en toile de fond. Un monde de chefs d’entreprises à la dérive, de cadres licenciés, de jeunes qui débutent et de couples éclatés. Une France de l’amitié, essentiellement masculine – la crise de la quarantaine a longtemps été le point commun entre les personnages des films de Sautet et ceux d’Yves Robert. Un univers tendre et joyeux, semé de gags, dans la lignée des grands scénaristes du cinéma français.

Ses derniers succès au cinéma remontaient au début des années 1980. Jean-Loup Dabadie sembla ensuite moins en phase avec son époque. « Le métier de scénariste doit se faire dans une ombre infinie », aimait dire ce discret, qui ciselait ses répliques loin du tapage du show-business.

Elu en 2008 et reçu l’année suivante à l’Académie française, ce passionné de tennis avait fréquenté l’académie des sports bien avant le quai Conti. Il venait de terminer l’adaptation pour le cinéma d’un roman de Georges Simenon, Les Volets verts, dont le premier rôle devait être tenu par Gérard Depardieu.

Le Monde

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Jean-Loup Dabadie dans son costume d’académicien, le 12 mars 2009.
Jean-Loup Dabadie dans son costume d’académicien, le 12 mars 2009. BERTRAND GUAY / AFP

L’académicien Jean-Loup Dabadie est mort, dimanche 24 mai, à Paris, a annoncé son agent, Bertrand de Labbey, à l’Agence France-Presse (AFP). Il avait 81 ans. M. Dabadie est mort à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, d’une autre maladie que le Covid-19, a précisé son agent.

Né en 1938 à Paris, Jean-Loup Dabadie avait débuté comme écrivain et journaliste, avant de devenir auteur de sketches à grand succès, puis un immense parolier et un scénariste remarqué pour ses textes empreints de tendresse et de nostalgie.

« C’était un artiste complet, il avait réussi dans tous les arts : le sketch avec Guy Bedos ; la chanson avec Polnareff et Julien Clerc ; et également le cinéma en tant que scénariste et adaptateur », a rappelé M. de Labbey. M. Dabadie a écrit son premier roman, Les Yeux secs, à 19 ans, avant de débuter dans le journalisme, collaborant à la revue Tel quel au côté de Philippe Sollers, et aurait pu devenir un auteur « sérieux », s’il n’avait expédié ses premiers sketches – Paulette, Le Boxeur… – à Guy Bedos durant son service militaire.

De « La Gifle » à « Vincent, François, Paul et les autres »

Jean-Loup Dabadie a été parolier, écrivant plus de 300 chansons pour fournir en tubes plusieurs générations de chanteurs. Juliette Gréco, Yves Montand, Michel Sardou, Serge Reggiani… Avec là encore deux rencontres majeures : Michel Polnareff, pour lequel il écrivit un hymne au bonheur partagé, On ira tous au paradis, et Julien Clerc, avec qui il travaillera sur une dizaine d’albums et pour lequel il signera les chansons Le Cœur trop grand pour moi, Femmes, je vous aime, et tant d’autres.

Il est également l’auteur des scénarios ou dialogues d’une trentaine de films majeurs de ces cinquante dernières années. On pense à César et Rosalie (1972), Les Choses de la vie (1970) ou Vincent, François, Paul et les autres (1974), tous les trois réalisés par Claude Sautet. Il a aussi écrit pour François Truffaut (Une belle fille comme moi, en 1972), Yves Robert et Jean-Paul Rappeneau (Le Sauvage, en 1975).

Elu à l’Académie française en 2008

La France de Dabadie est celle des copains dans les films d’Yves Robert, Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, qui triomphent dans les années 1970. Celle aussi de la tendresse bourrue et de la famille malmenée dans La Gifle (1974) avec Isabelle Adjani et Lino Ventura.

Une France moyenne. Avec la crise économique, le chômage, les ruptures en toile de fond. Un monde de chefs d’entreprises à la dérive, de cadres licenciés, de jeunes qui débutent et de couples éclatés. Une France de l’amitié, essentiellement masculine – la crise de la quarantaine a longtemps été le point commun entre les personnages des films de Sautet et ceux d’Yves Robert. Un univers tendre et joyeux, semé de gags, dans la lignée des grands scénaristes du cinéma français.

Ses derniers succès au cinéma remontaient au début des années 1980. Jean-Loup Dabadie sembla ensuite moins en phase avec son époque. « Le métier de scénariste doit se faire dans une ombre infinie », aimait dire ce discret, qui ciselait ses répliques loin du tapage du show-business.

Elu en 2008 et reçu l’année suivante à l’Académie française, ce passionné de tennis avait fréquenté l’académie des sports bien avant le quai Conti. Il venait de terminer l’adaptation pour le cinéma d’un roman de Georges Simenon, Les Volets verts, dont le premier rôle devait être tenu par Gérard Depardieu.

Le Monde

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