- Mise en chantier en 1941, la base sous-marine de Bordeaux est livrée en 1943, et reste opérationnelle jusqu’à la libération de Bordeaux en août 1944.
- Elle servait à protéger et réparer les sous-marins allemands.
- Cet énorme blockhaus, protégé par un toit de 9 m d’épaisseur, a résisté à plusieurs bombardements alliés.
C’est ce mercredi que les Bassins de Lumières, nouveau centre d’art numérique de Culturespaces, ouvrent enfin leurs portes au grand public. Implanté dans les alvéoles de la base sous-marine de Bordeaux, ce centre propose des projections numérisées et animées d’œuvres d’art. 20 Minutes en a profité pour interroger Mathieu Marsan, historien de l’art, sur cette base sous-marine, construite par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale.
Que faut-il retenir de l’histoire de cette base sous-marine ?
Cette base a été mise en chantier en septembre 1941, dans un contexte de guerre maritime et sous-marine. Les Allemands construisent en tout cinq bases de sous-marins comme celles-ci en France : à Brest, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle et la dernière à Bordeaux. Ce chantier dure près de deux ans, mobilise 6.500 personnes de jour comme de nuit, et la base est inaugurée le 13 mai 1943, et elle restera opérationnelle durant un peu moins de deux ans, jusqu’à la libération de Bordeaux en août 1944.
Qui trouve-t-on parmi les travailleurs qui construisent la base ?
Des Allemands, des Français, mais aussi des travailleurs forcés, notamment des Républicains espagnols, qui étaient parqués à la caserne Niel, devenue Darwin aujourd’hui. Ils faisaient l’aller-retour tous les jours, d’abord à pied, mais après plusieurs tentatives d’évasion au niveau du pont de Pierre, le trajet s’est fait par la suite en navettes.
Pourquoi les Allemands ont-ils choisi Bordeaux pour installer une base ?
Bordeaux offre un éloignement suffisant de l’ennemi anglais, puis des Américains, et surtout le port de Bordeaux était bien équipé avant la Seconde Guerre mondiale, il jouissait d’un rayonnement international. Ils profitent aussi de l’arrière-pays bordelais et girondin qui est extrêmement riche. Ce port, enfin, ouvre un champ d’action important vers l’océan Atlantique.
Avec ce port, les Allemands se situent-ils dans une stratégie défensive ou offensive ?
La stratégie est offensive : ils s’inscrivent dans une démarche qui vise à attaquer et affaiblir la Grande-Bretagne, pour y faire un débarquement. Sauf que très rapidement ce projet est repoussé. En revanche, tous les blockhaus que l’on trouve sur la côte girondine, construits à partir de mars 1942, se font dans une démarche défensive, pour anticiper une attaque.
Et concrètement, à quoi servait cette base ?
La fonction de la base est de protéger les sous-marins qui reviennent de mission. Et on y fait des réparations. La base compte 11 bassins, et chaque bassin communique avec une cellule qui a une fonction particulière, comme la réparation des moteurs diesel, le réapprovisionnement en torpilles, une autre pour le carburant… Sa capacité maximale est de quinze sous-marins, qu’elle n’atteindra jamais, puisque le pic est monté à 11 sous-marins à l’été 1943.
Y a-t-il eu des tentatives d’attaquer cette base sous-marine ?
La base a été bombardée, c’était une des cibles privilégiées de l’aviation alliée. Mais les Alliés savaient très bien que ce bâtiment était indestructible : le toit fait par endroits plus de 9 m d’épaisseur, avec des structures qui permettent de réduire la déflagration des bombes. On a donc un bâtiment qui est extrêmement bien protégé. Le point faible de la base, c’était son accès à l’estuaire de la Gironde, et les Alliés l’ont très bien compris. Par exemple, le 17 mai 1943, quatre jours après l’inauguration de la base, les Américains bombardent Bordeaux, et surtout les écluses en vue de les détruire : les écluses étant détruites, la base ne sert plus à rien.
Il y a eu aussi des raids contre des sous-marins dans l’estuaire de la Gironde ?
Il y a eu l'opération Frankton, mais on n’est plus à Bordeaux, on est vraiment beaucoup plus haut. Aucun plongeur allié n’a atteint le port de Bordeaux, c’était beaucoup trop dangereux, avec des dizaines de milliers de soldats allemands répartis de part et d’autre de l’estuaire.
Et après la guerre, que devient le site ?
La marine nationale récupère la base, pendant moins d’un mois, puis elle en confie la gestion au port de Bordeaux. C’est un peu le cadeau empoisonné, car le port n’a pas forcément besoin d’une base comme celle-ci. Elle va donc accueillir quelques activités industrielles, mais de façon épisodique. Il faut attendre le début des années 1990 pour qu’elle ouvre ses portes, avec un espace dédié à la plaisance, qui sera remplacé à la fin des années 1990 par un espace dédié à l’art contemporain.
Read Again- Mise en chantier en 1941, la base sous-marine de Bordeaux est livrée en 1943, et reste opérationnelle jusqu’à la libération de Bordeaux en août 1944.
- Elle servait à protéger et réparer les sous-marins allemands.
- Cet énorme blockhaus, protégé par un toit de 9 m d’épaisseur, a résisté à plusieurs bombardements alliés.
C’est ce mercredi que les Bassins de Lumières, nouveau centre d’art numérique de Culturespaces, ouvrent enfin leurs portes au grand public. Implanté dans les alvéoles de la base sous-marine de Bordeaux, ce centre propose des projections numérisées et animées d’œuvres d’art. 20 Minutes en a profité pour interroger Mathieu Marsan, historien de l’art, sur cette base sous-marine, construite par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale.
Que faut-il retenir de l’histoire de cette base sous-marine ?
Cette base a été mise en chantier en septembre 1941, dans un contexte de guerre maritime et sous-marine. Les Allemands construisent en tout cinq bases de sous-marins comme celles-ci en France : à Brest, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle et la dernière à Bordeaux. Ce chantier dure près de deux ans, mobilise 6.500 personnes de jour comme de nuit, et la base est inaugurée le 13 mai 1943, et elle restera opérationnelle durant un peu moins de deux ans, jusqu’à la libération de Bordeaux en août 1944.
Qui trouve-t-on parmi les travailleurs qui construisent la base ?
Des Allemands, des Français, mais aussi des travailleurs forcés, notamment des Républicains espagnols, qui étaient parqués à la caserne Niel, devenue Darwin aujourd’hui. Ils faisaient l’aller-retour tous les jours, d’abord à pied, mais après plusieurs tentatives d’évasion au niveau du pont de Pierre, le trajet s’est fait par la suite en navettes.
Pourquoi les Allemands ont-ils choisi Bordeaux pour installer une base ?
Bordeaux offre un éloignement suffisant de l’ennemi anglais, puis des Américains, et surtout le port de Bordeaux était bien équipé avant la Seconde Guerre mondiale, il jouissait d’un rayonnement international. Ils profitent aussi de l’arrière-pays bordelais et girondin qui est extrêmement riche. Ce port, enfin, ouvre un champ d’action important vers l’océan Atlantique.
Avec ce port, les Allemands se situent-ils dans une stratégie défensive ou offensive ?
La stratégie est offensive : ils s’inscrivent dans une démarche qui vise à attaquer et affaiblir la Grande-Bretagne, pour y faire un débarquement. Sauf que très rapidement ce projet est repoussé. En revanche, tous les blockhaus que l’on trouve sur la côte girondine, construits à partir de mars 1942, se font dans une démarche défensive, pour anticiper une attaque.
Et concrètement, à quoi servait cette base ?
La fonction de la base est de protéger les sous-marins qui reviennent de mission. Et on y fait des réparations. La base compte 11 bassins, et chaque bassin communique avec une cellule qui a une fonction particulière, comme la réparation des moteurs diesel, le réapprovisionnement en torpilles, une autre pour le carburant… Sa capacité maximale est de quinze sous-marins, qu’elle n’atteindra jamais, puisque le pic est monté à 11 sous-marins à l’été 1943.
Y a-t-il eu des tentatives d’attaquer cette base sous-marine ?
La base a été bombardée, c’était une des cibles privilégiées de l’aviation alliée. Mais les Alliés savaient très bien que ce bâtiment était indestructible : le toit fait par endroits plus de 9 m d’épaisseur, avec des structures qui permettent de réduire la déflagration des bombes. On a donc un bâtiment qui est extrêmement bien protégé. Le point faible de la base, c’était son accès à l’estuaire de la Gironde, et les Alliés l’ont très bien compris. Par exemple, le 17 mai 1943, quatre jours après l’inauguration de la base, les Américains bombardent Bordeaux, et surtout les écluses en vue de les détruire : les écluses étant détruites, la base ne sert plus à rien.
Il y a eu aussi des raids contre des sous-marins dans l’estuaire de la Gironde ?
Il y a eu l'opération Frankton, mais on n’est plus à Bordeaux, on est vraiment beaucoup plus haut. Aucun plongeur allié n’a atteint le port de Bordeaux, c’était beaucoup trop dangereux, avec des dizaines de milliers de soldats allemands répartis de part et d’autre de l’estuaire.
Et après la guerre, que devient le site ?
La marine nationale récupère la base, pendant moins d’un mois, puis elle en confie la gestion au port de Bordeaux. C’est un peu le cadeau empoisonné, car le port n’a pas forcément besoin d’une base comme celle-ci. Elle va donc accueillir quelques activités industrielles, mais de façon épisodique. Il faut attendre le début des années 1990 pour qu’elle ouvre ses portes, avec un espace dédié à la plaisance, qui sera remplacé à la fin des années 1990 par un espace dédié à l’art contemporain.
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