
Quel prénom ! S’appeler Zizi exige d’avoir une tête plus que bien faite et un joyeux culot. C’est Zizi Jeanmaire elle-même, qui s’appelait en réalité Renée, qui s’auto-baptisa ainsi lorsqu’elle était petite. Et ce pseudo lui resta, qu’elle accrocha aux affiches de la danse classique, du music-hall et du cinéma, dans le monde entier. Un trajet unique servi par un talent tout aussi exceptionnel que Raymond Queneau, Boris Vian et Serge Gainsbourg, entre autres, ont célébré.
Zizi Jeanmaire, créatrice de Carmen, dans la chorégraphie de Roland Petit (1924-2011), et de la chanson Mon truc en plumes, est morte le 17 juillet, chez elle, dans sa maison de Tolochenaz, en Suisse, des suites d’une hémorragie cérébrale. Elle avait 96 ans. Née Renée Jeanmaire en 1924, à Paris, elle a 9 ans lorsqu’elle intègre l’école de danse de l’Opéra national de Paris. Elle y croise celui qui deviendra son mari en 1954, Roland Petit, « l’homme de sa vie, son amour, dont elle parlait tous les jours », selon le danseur et ami Luigi Bonino qui a interprété avec elle nombre de spectacles entre 1975 et 1990. Elle intègre le corps de ballet de la troupe parisienne en 1940 et la quitte quatre ans plus tard. Elle collabore ensuite avec différentes compagnies puis rejoint en 1948 les Ballets de Paris, crées par Petit.
« Carmen, une concrétisation »
Zizi Jeanmaire, c’est d’abord Carmen, ballet époustouflant taillé sur mesure pour elle par Petit en 1949. « J’avais envie qu’il me chorégraphie un ballet pour moi toute seule, nous racontait-elle en 2006. Il fallait que je l’aie et je l’ai eu. Roland venait de voir l’opéra de Carmen à Baden-Baden. Cela a déclenché son désir de le chorégraphier. Je me suis dit que c’était pour moi et je l’ai convaincu… Carmen a été une concrétisation de tout ce que j’avais vécu à l’école de danse, tout ce dont je rêvais. C’est grâce à ce rôle que ma personnalité de danseuse a pu s’exprimer totalement. Je me suis en quelque sorte rencontrée moi-même en l’interprétant. »
Pour incarner ce personnage téméraire, elle accepta, à la demande du chorégraphe, de couper ses cheveux bouclés pour adopter ce casque court et profilé qui allait être le sien toute sa vie. C’est grâce aussi à ce spectacle dans lequel Roland Petit lui-même interprétait Don José que ces deux personnalités fusionnèrent. « Sur scène, il m’a beaucoup inspirée. On vivait une sorte d’osmose et on s’est rencontré à travers le ballet. Je suis tombée follement amoureuse de lui grâce à Carmen. Il était incroyable en Don José, très persuasif. Parfois, nous étions tellement à fond dans l’action qu’il lui est arrivé de me donner de vraies claques. »
Il vous reste 63.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Read Again
Quel prénom ! S’appeler Zizi exige d’avoir une tête plus que bien faite et un joyeux culot. C’est Zizi Jeanmaire elle-même, qui s’appelait en réalité Renée, qui s’auto-baptisa ainsi lorsqu’elle était petite. Et ce pseudo lui resta, qu’elle accrocha aux affiches de la danse classique, du music-hall et du cinéma, dans le monde entier. Un trajet unique servi par un talent tout aussi exceptionnel que Raymond Queneau, Boris Vian et Serge Gainsbourg, entre autres, ont célébré.
Zizi Jeanmaire, créatrice de Carmen, dans la chorégraphie de Roland Petit (1924-2011), et de la chanson Mon truc en plumes, est morte le 17 juillet, chez elle, dans sa maison de Tolochenaz, en Suisse, des suites d’une hémorragie cérébrale. Elle avait 96 ans. Née Renée Jeanmaire en 1924, à Paris, elle a 9 ans lorsqu’elle intègre l’école de danse de l’Opéra national de Paris. Elle y croise celui qui deviendra son mari en 1954, Roland Petit, « l’homme de sa vie, son amour, dont elle parlait tous les jours », selon le danseur et ami Luigi Bonino qui a interprété avec elle nombre de spectacles entre 1975 et 1990. Elle intègre le corps de ballet de la troupe parisienne en 1940 et la quitte quatre ans plus tard. Elle collabore ensuite avec différentes compagnies puis rejoint en 1948 les Ballets de Paris, crées par Petit.
« Carmen, une concrétisation »
Zizi Jeanmaire, c’est d’abord Carmen, ballet époustouflant taillé sur mesure pour elle par Petit en 1949. « J’avais envie qu’il me chorégraphie un ballet pour moi toute seule, nous racontait-elle en 2006. Il fallait que je l’aie et je l’ai eu. Roland venait de voir l’opéra de Carmen à Baden-Baden. Cela a déclenché son désir de le chorégraphier. Je me suis dit que c’était pour moi et je l’ai convaincu… Carmen a été une concrétisation de tout ce que j’avais vécu à l’école de danse, tout ce dont je rêvais. C’est grâce à ce rôle que ma personnalité de danseuse a pu s’exprimer totalement. Je me suis en quelque sorte rencontrée moi-même en l’interprétant. »
Pour incarner ce personnage téméraire, elle accepta, à la demande du chorégraphe, de couper ses cheveux bouclés pour adopter ce casque court et profilé qui allait être le sien toute sa vie. C’est grâce aussi à ce spectacle dans lequel Roland Petit lui-même interprétait Don José que ces deux personnalités fusionnèrent. « Sur scène, il m’a beaucoup inspirée. On vivait une sorte d’osmose et on s’est rencontré à travers le ballet. Je suis tombée follement amoureuse de lui grâce à Carmen. Il était incroyable en Don José, très persuasif. Parfois, nous étions tellement à fond dans l’action qu’il lui est arrivé de me donner de vraies claques. »
Il vous reste 63.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Zizi Jeanmaire s'est envolée - Le Monde"
Post a Comment