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« Enorme »: « Les artistes ont plus le droit de dire des conneries que les politiques » estime Marina Foïs - 20 Minutes

Marina Foïs dans «Enorme» de Sophie Letourneur — Mémento
  • Dans « Enorme », Marina Foïs incarne une pianiste à qui son mari fait un enfant contre sa volonté.
  • La comédienne s’est laissé séduire par cette comédie au sous-texte féministe.
  • Passionnée par les sujets sociétaux, elle n’hésite pas à s’engager.

Une pianiste virtuose se fait faire un enfant dans le dos par son mari dans Enorme de Sophie Letourneur. La pianiste, c’est  Marina Foïs, en pleine(s) forme(s) et en duo comique hilarant avec Jonathan Cohen, irrésistible en futur papa qui vit la grossesse de sa femme par procuration.

La comédienne dynamique, connue pour ses positions féministes, a profité de l’occasion pour confier à 20 Minutes ses vues sur la maternité et l’évolution de la société au fil d’une interview dépourvue de toute langue de bois.

En quoi le sujet du film vous a-t-il séduite ?

J’aime les choses qui secouent, qui sortent de l’ordinaire. Sans être un manifeste féministe, Enorme est dans la mouvance de #MeToo. Il s’en prend à un tabou en montrant une femme qui a choisi de consacrer sa vie à sa passion pour la musique, à son métier et à l’homme qu’elle aime sans avoir envie d’avoir un enfant. Je ne partage pas ce point de vue, mais je le comprends et le respecte.

Etre une femme sans vouloir d’enfant, est-ce mieux accepté aujourd’hui ?

On part de si loin qu’il va encore falloir du travail pour que ce soit le cas. Le boulot que font les féministes commence à modifier les regards. On comprend mieux que la maternité n’est pas une source d’épanouissement suprême pour toutes les femmes. On découvre que si la famille peut être une source de bonheur, elle peut aussi cacher beaucoup de violence. Dézinguer les clichés prend du temps mais on est sur la bonne voie.

Ressentez-vous des progrès vis-à-vis de votre métier d’actrice ?

Je ne me suis jamais sentie coincée dans l’exercice de mon métier. J’ai bien croisé deux ou trois vieux cons sans être traumatisée pour autant. C’était une minorité peut-être parce que j’habite Paris et que je bosse avec des gens qui me ressemblent. Je me sens bien entourée sur ces sujets.

La maternité vous a-t-elle posé problème au cours de votre carrière ?

Là encore, je suis une privilégiée parce que je ne travaille pas au sein de l’entreprise. Il me suffit de faire sauter un film dans l’année pour accoucher en paix. Et on ne peut pas remplacer une actrice par un acteur quand on a besoin d’un personnage féminin. Je suis payée comme mes partenaires masculins ce qui n’était sans doute pas le cas pour la génération précédente. On ne peut pas nier que je suis une femme : il faut faire avec. Et on fait avec !

Vous êtes très vigilante sur ces sujets ?

Absolument. Je ne suis pas aussi hors sol qu’on pourrait le croire. Je fais attention à toutes les questions sociétales. Je suis ravie de voir que les choses bougent pour ce qui concerne la parité. Il est indispensable de veiller au partage du pouvoir, qu’il ne soit pas uniquement aux mains d’hommes blancs. La jeunesse est en marche pour organiser le changement. Il faut que les vieux – c’est-à-dire nous – soient prêts à lâcher quelques privilèges.

Faites-vous attention à vos propos dans les médias ?

A partir du moment où on a une parole publique, on a une forme de responsabilité. Pourtant, je n’hésite pas à dire ma façon de penser. De toute façon, on se fait laminer sur les réseaux sociaux. On est à l’ère de la « polémique de la polémique sur la polémique ». Je m’en fous de me faire attaquer par la fachosphère. Je les laisse hurler et je ne réponds pas, mais j’essaye d’avoir une pensée pas trop approximative car je suis consciente du poids des mots. Je trouve que les artistes ont plus le droit de dire des conneries que les politiques. Leurs déclarations ont moins de conséquences.

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Marina Foïs dans «Enorme» de Sophie Letourneur — Mémento
  • Dans « Enorme », Marina Foïs incarne une pianiste à qui son mari fait un enfant contre sa volonté.
  • La comédienne s’est laissé séduire par cette comédie au sous-texte féministe.
  • Passionnée par les sujets sociétaux, elle n’hésite pas à s’engager.

Une pianiste virtuose se fait faire un enfant dans le dos par son mari dans Enorme de Sophie Letourneur. La pianiste, c’est  Marina Foïs, en pleine(s) forme(s) et en duo comique hilarant avec Jonathan Cohen, irrésistible en futur papa qui vit la grossesse de sa femme par procuration.

La comédienne dynamique, connue pour ses positions féministes, a profité de l’occasion pour confier à 20 Minutes ses vues sur la maternité et l’évolution de la société au fil d’une interview dépourvue de toute langue de bois.

En quoi le sujet du film vous a-t-il séduite ?

J’aime les choses qui secouent, qui sortent de l’ordinaire. Sans être un manifeste féministe, Enorme est dans la mouvance de #MeToo. Il s’en prend à un tabou en montrant une femme qui a choisi de consacrer sa vie à sa passion pour la musique, à son métier et à l’homme qu’elle aime sans avoir envie d’avoir un enfant. Je ne partage pas ce point de vue, mais je le comprends et le respecte.

Etre une femme sans vouloir d’enfant, est-ce mieux accepté aujourd’hui ?

On part de si loin qu’il va encore falloir du travail pour que ce soit le cas. Le boulot que font les féministes commence à modifier les regards. On comprend mieux que la maternité n’est pas une source d’épanouissement suprême pour toutes les femmes. On découvre que si la famille peut être une source de bonheur, elle peut aussi cacher beaucoup de violence. Dézinguer les clichés prend du temps mais on est sur la bonne voie.

Ressentez-vous des progrès vis-à-vis de votre métier d’actrice ?

Je ne me suis jamais sentie coincée dans l’exercice de mon métier. J’ai bien croisé deux ou trois vieux cons sans être traumatisée pour autant. C’était une minorité peut-être parce que j’habite Paris et que je bosse avec des gens qui me ressemblent. Je me sens bien entourée sur ces sujets.

La maternité vous a-t-elle posé problème au cours de votre carrière ?

Là encore, je suis une privilégiée parce que je ne travaille pas au sein de l’entreprise. Il me suffit de faire sauter un film dans l’année pour accoucher en paix. Et on ne peut pas remplacer une actrice par un acteur quand on a besoin d’un personnage féminin. Je suis payée comme mes partenaires masculins ce qui n’était sans doute pas le cas pour la génération précédente. On ne peut pas nier que je suis une femme : il faut faire avec. Et on fait avec !

Vous êtes très vigilante sur ces sujets ?

Absolument. Je ne suis pas aussi hors sol qu’on pourrait le croire. Je fais attention à toutes les questions sociétales. Je suis ravie de voir que les choses bougent pour ce qui concerne la parité. Il est indispensable de veiller au partage du pouvoir, qu’il ne soit pas uniquement aux mains d’hommes blancs. La jeunesse est en marche pour organiser le changement. Il faut que les vieux – c’est-à-dire nous – soient prêts à lâcher quelques privilèges.

Faites-vous attention à vos propos dans les médias ?

A partir du moment où on a une parole publique, on a une forme de responsabilité. Pourtant, je n’hésite pas à dire ma façon de penser. De toute façon, on se fait laminer sur les réseaux sociaux. On est à l’ère de la « polémique de la polémique sur la polémique ». Je m’en fous de me faire attaquer par la fachosphère. Je les laisse hurler et je ne réponds pas, mais j’essaye d’avoir une pensée pas trop approximative car je suis consciente du poids des mots. Je trouve que les artistes ont plus le droit de dire des conneries que les politiques. Leurs déclarations ont moins de conséquences.

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