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Hervé Le Tellier récompensé du prix Goncourt pour « L'Anomalie », roman à la fois grand public et littéraire - Le Monde

Hervé Le Tellier et son roman « L’Anomalie » (Gallimard), après l’annonce du prix Goncourt, le 30 novembre, à Paris.

Un prix Goncourt remis par visioconférence (« Gardez bien vos micros éteints ! »), sans la cérémonie annuelle au restaurant parisien Drouant avec sa traditionnelle bousculade de journalistes et de caméras, ses serveurs en surchauffe, et son lauréat, ému, qui fend la foule pour rejoindre le jury à l’étage, est-il un « vrai » prix Goncourt ? La question devrait passionner Hervé Le Tellier, sacré, lundi 30 novembre, pour L’Anomalie (Gallimard, 336 pages, 20 euros), roman tout entier travaillé par la question des réalités alternatives et la possibilité que nous vivions dans une simulation. Le président de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) l’a emporté par huit voix contre deux à Maël Renouard pour L’Historiographe du royaume (Grasset, 336 pages, 22 euros). Etaient également en lice Les Impatientes, de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas, 252 pages, 17 euros) et Thésée, sa vie nouvelle, de Camille de Toledo (Verdier, 256 pages, 18,50 euros).

Après l’annonce faite sur la plate-forme Zoom par le président de l’académie Goncourt, Didier Decoin, Hervé Le Tellier est apparu depuis les éditions Gallimard, pour un échange avec les huit des dix jurés connectés, qui n’ont pas mégoté l’expression de leur enthousiasme à l’égard de L’Anomalie. Un roman monde, qui nous entraîne de la France aux Etats-Unis en passant par le Nigeria et l’Inde, sur les traces d’un avion inexplicablement atterri au même endroit à deux reprises, avec les mêmes passagers, à trois mois d’écart. Voici les personnages – un tueur à gages porté sur le végétarisme, une star nigériane dissimulant son homosexualité, une avocate américaine fragile sous ses airs de « killeuse », un écrivain français habitué aux tirages confidentiels, dont le livre posthume, L’Anomalie, deviendra un immense best-seller… – confrontés à leurs doubles. Les uns ont vécu trois mois de plus que les autres, laps de temps suffisant pour finir ou commencer une histoire d’amour, concevoir un enfant, écrire un livre, tomber gravement malade ou se suicider.

Ainsi L’Anomalie flirte-t-il avec le thriller, le roman d’anticipation et la science-fiction, tout en lorgnant les séries télévisées par son orchestration très efficace du suspense : Hervé Le Tellier revendique volontiers s’être inspiré du principe des « arches narratives », qui permettent de construire l’intrigue en tirant plusieurs fils. Il a construit un roman à la fois grand public et littéraire, bourré de clins d’œil à de grandes œuvres, et dopé à la malice et à la fantaisie que connaissent à l’auteur les anciens auditeurs de l’émission « Des papous dans la tête » (France-Culture), où Hervé Le Tellier, 63 ans, a eu longtemps son rond de serviette. Pour peu que l’on s’y penche, on trouve aussi, sous les abords irrationnels de son intrigue, la rigueur de l’ancien journaliste scientifique qu’est ce diplômé en mathématiques et en astrophysique.

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Hervé Le Tellier et son roman « L’Anomalie » (Gallimard), après l’annonce du prix Goncourt, le 30 novembre, à Paris.

Un prix Goncourt remis par visioconférence (« Gardez bien vos micros éteints ! »), sans la cérémonie annuelle au restaurant parisien Drouant avec sa traditionnelle bousculade de journalistes et de caméras, ses serveurs en surchauffe, et son lauréat, ému, qui fend la foule pour rejoindre le jury à l’étage, est-il un « vrai » prix Goncourt ? La question devrait passionner Hervé Le Tellier, sacré, lundi 30 novembre, pour L’Anomalie (Gallimard, 336 pages, 20 euros), roman tout entier travaillé par la question des réalités alternatives et la possibilité que nous vivions dans une simulation. Le président de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) l’a emporté par huit voix contre deux à Maël Renouard pour L’Historiographe du royaume (Grasset, 336 pages, 22 euros). Etaient également en lice Les Impatientes, de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas, 252 pages, 17 euros) et Thésée, sa vie nouvelle, de Camille de Toledo (Verdier, 256 pages, 18,50 euros).

Après l’annonce faite sur la plate-forme Zoom par le président de l’académie Goncourt, Didier Decoin, Hervé Le Tellier est apparu depuis les éditions Gallimard, pour un échange avec les huit des dix jurés connectés, qui n’ont pas mégoté l’expression de leur enthousiasme à l’égard de L’Anomalie. Un roman monde, qui nous entraîne de la France aux Etats-Unis en passant par le Nigeria et l’Inde, sur les traces d’un avion inexplicablement atterri au même endroit à deux reprises, avec les mêmes passagers, à trois mois d’écart. Voici les personnages – un tueur à gages porté sur le végétarisme, une star nigériane dissimulant son homosexualité, une avocate américaine fragile sous ses airs de « killeuse », un écrivain français habitué aux tirages confidentiels, dont le livre posthume, L’Anomalie, deviendra un immense best-seller… – confrontés à leurs doubles. Les uns ont vécu trois mois de plus que les autres, laps de temps suffisant pour finir ou commencer une histoire d’amour, concevoir un enfant, écrire un livre, tomber gravement malade ou se suicider.

Ainsi L’Anomalie flirte-t-il avec le thriller, le roman d’anticipation et la science-fiction, tout en lorgnant les séries télévisées par son orchestration très efficace du suspense : Hervé Le Tellier revendique volontiers s’être inspiré du principe des « arches narratives », qui permettent de construire l’intrigue en tirant plusieurs fils. Il a construit un roman à la fois grand public et littéraire, bourré de clins d’œil à de grandes œuvres, et dopé à la malice et à la fantaisie que connaissent à l’auteur les anciens auditeurs de l’émission « Des papous dans la tête » (France-Culture), où Hervé Le Tellier, 63 ans, a eu longtemps son rond de serviette. Pour peu que l’on s’y penche, on trouve aussi, sous les abords irrationnels de son intrigue, la rigueur de l’ancien journaliste scientifique qu’est ce diplômé en mathématiques et en astrophysique.

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