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«Je partirai de Télématin avec le sourire» : Laurent Bignolas, l'animateur de France 2 sur la sellette - Le Parisien

« Ah bon, Télématin, c'est fini pour moi? Vous me l'apprenez! » Moment de gêne. Au téléphone, Laurent Bignolas a vraiment l'air surpris par notre appel. Pourtant, d'après nos informations, il a bien été averti que son départ est dans la balance depuis un mois : il ne devrait pas être reconduit pour une cinquième saison. Ne manque plus que le tampon officiel de la direction de France Télévisions, qui doit le recevoir et définitivement sceller son sort dans les prochains jours. Un dossier très sensible, classé en haut de la pile.

« Si je dois arrêter, ça sera un peu brutal, concède l'animateur de 59 ans. Mais je peux très bien le comprendre. Peut-être que j'ai scié la branche sur laquelle j'étais assise ? Je me suis souvent remis en question. Déjà, quand on m'a demandé de succéder à William Leymergie, je leur ai dit : Vous êtes sûrs, je suis la bonne personne ? Aucune place ne nous appartient. Il y aura toujours quelqu'un pour nous remplacer. J'ai eu l'impression de rendre service. Je partirai avec le sourire. » En interne, un autre nom, au fort capital sympathie, a sérieusement été envisagé pour reprendre la matinale de France 2. Sans rien concrétiser, pour le moment.

Contactée, la direction de France Télévisions n'a pas souhaité faire de commentaire.

Une lente érosion des audiences

La raison d'un tel changement ? Une lente érosion des audiences. Celle-ci a commencé il y a une dizaine d'années et Laurent Bignolas n'a pas réussi à l'enrayer. Depuis le début de la saison, « Télématin » rassemble en moyenne 686 000 téléspectateurs (21,3% du public), six jours sur sept. Soit une baisse de près de 20% par rapport à la dernière saison de Leymergie, en 2016-2017.

En face, BFMTV, portée par une actualité très chargée, est devenue un sérieux concurrent. Sur la même tranche horaire (6h30-9h30), la chaîne d'informations en continu affiche 567 000 fidèles (17,6%), quasiment trois fois plus qu'il y a dix ans. Il y a également CNews qui grignote des parts d'audience. « Avec les chaînes infos, on ne joue pas dans la même cour, nuance le présentateur de France 2. Mais c'est vrai que les mesures sanitaires, notamment la distanciation en plateau qu'on a été les premiers à mettre en place, n'ont rien arrangé. »

En coulisses, l'ambiance est «exécrable»

Pour Laurent Bignolas, les problèmes ont commencé dès son arrivée à « Télématin », le 3 juillet 2017. A l'époque, une partie des chroniqueurs ont déploré l'exil forcé sur C8 de leur mentor William Leymergie, qui les avait tous embauchés avec de bons salaires. Et n'ont rien fait pour intégrer leur nouveau chef de bande, transfuge de la chaîne Franceinfo.

Dans la presse, Bignolas est attaqué par une partie de ses nouveaux collègues, sous couvert d'anonymat. « On a pu critiquer William Leymergie, mais à côté de Laurent Bignolas, c'est un enfant de chœur », nous confiait l'un d'entre eux, tandis que d'autres prétendaient qu'il voulait « lancer les sujets seul et avoir le moins de chroniqueurs possible ». Sur fond de réorganisation et de diminution des budgets, l'ambiance en coulisses était devenue « exécrable » jusqu'au départ d'une dizaine de visages historiques de l'émission, fin septembre 2019. Une éternité en télé.

«Si vous saviez comme j'ai encaissé»

« J'en ai été terriblement meurtri, confie Laurent Bignolas. Tous ces mensonges, c'était très cruel. Insupportable, même. Il y a eu de nombreux propos diffamatoires à mon égard. Ça pousse les gens à l'extrême. » S'il a eu des idées noires ? « Non, mais quelqu'un d'un peu plus faible aurait fini en burn-out, poursuit-il. Que certains aient mal vécu cette période, qu'ils aient éprouvé de la peine ou du désespoir, je le conçois. Mais m'accuser d'en être responsable, ça non ! Si vous saviez comme j'ai encaissé. Heureusement, on passe de bons moments avec ceux qui sont restés. Ils sont très heureux d'être là et ont su s'adapter aux envies de téléspectateurs. C'est pour eux qu'on supprime des rubriques et qu'on en invente d'autres. »

Une porte de sortie devrait lui être proposée afin de le garder dans les rangs, pour celui qui a tenu la barre pendant la tempête. Laurent Bignolas pourrait également se mettre en retrait de lui-même. « J'ai plein d'idées de programmes en tête que je ne souhaite pas forcément incarner », assure-t-il. « C'est un visage de France Télévisions, un vrai passionné. Quoi qu'il en soit, il sera à l'antenne », confie un cadre du service public.

Un nouveau décor à l'étude

Un changement de présentateur ne serait pas la seule piste du « chantier Télématin », lancé en janvier par la production et la chaîne. Et auquel Laurent Bignolas a également pris part. Lui a plaidé pour « davantage de proximité, avec des lumières plus feutrées », « des tenues plus décontractées » et « davantage d'ouverture sur les régions et les territoires d'Outre-mer » afin qu'il n'y ait « plus de frontière entre l'Auvergne et la Martinique ». Autre option proposée : « Se démarquer des chaînes d'infos, notamment avec des sujets culturels, sur lesquels on a été en avance ces six derniers mois. »

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Nos coups de cœur pour se divertir et se cultiver.

Côté production, on planche sur le bon équilibre entre la partie magazine et la partie info qui dynamise la tranche, tout en gardant à l'esprit la bienveillance, qui est l'ADN de « Télématin ». Sur la forme, un nouveau décor est à l'étude, plus chaleureux. L'actuel étant jugé trop froid. Cette nouvelle version doit voir le jour à la rentrée. Avec un objectif très clair : rester premiers le matin.

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« Ah bon, Télématin, c'est fini pour moi? Vous me l'apprenez! » Moment de gêne. Au téléphone, Laurent Bignolas a vraiment l'air surpris par notre appel. Pourtant, d'après nos informations, il a bien été averti que son départ est dans la balance depuis un mois : il ne devrait pas être reconduit pour une cinquième saison. Ne manque plus que le tampon officiel de la direction de France Télévisions, qui doit le recevoir et définitivement sceller son sort dans les prochains jours. Un dossier très sensible, classé en haut de la pile.

« Si je dois arrêter, ça sera un peu brutal, concède l'animateur de 59 ans. Mais je peux très bien le comprendre. Peut-être que j'ai scié la branche sur laquelle j'étais assise ? Je me suis souvent remis en question. Déjà, quand on m'a demandé de succéder à William Leymergie, je leur ai dit : Vous êtes sûrs, je suis la bonne personne ? Aucune place ne nous appartient. Il y aura toujours quelqu'un pour nous remplacer. J'ai eu l'impression de rendre service. Je partirai avec le sourire. » En interne, un autre nom, au fort capital sympathie, a sérieusement été envisagé pour reprendre la matinale de France 2. Sans rien concrétiser, pour le moment.

Contactée, la direction de France Télévisions n'a pas souhaité faire de commentaire.

Une lente érosion des audiences

La raison d'un tel changement ? Une lente érosion des audiences. Celle-ci a commencé il y a une dizaine d'années et Laurent Bignolas n'a pas réussi à l'enrayer. Depuis le début de la saison, « Télématin » rassemble en moyenne 686 000 téléspectateurs (21,3% du public), six jours sur sept. Soit une baisse de près de 20% par rapport à la dernière saison de Leymergie, en 2016-2017.

En face, BFMTV, portée par une actualité très chargée, est devenue un sérieux concurrent. Sur la même tranche horaire (6h30-9h30), la chaîne d'informations en continu affiche 567 000 fidèles (17,6%), quasiment trois fois plus qu'il y a dix ans. Il y a également CNews qui grignote des parts d'audience. « Avec les chaînes infos, on ne joue pas dans la même cour, nuance le présentateur de France 2. Mais c'est vrai que les mesures sanitaires, notamment la distanciation en plateau qu'on a été les premiers à mettre en place, n'ont rien arrangé. »

En coulisses, l'ambiance est «exécrable»

Pour Laurent Bignolas, les problèmes ont commencé dès son arrivée à « Télématin », le 3 juillet 2017. A l'époque, une partie des chroniqueurs ont déploré l'exil forcé sur C8 de leur mentor William Leymergie, qui les avait tous embauchés avec de bons salaires. Et n'ont rien fait pour intégrer leur nouveau chef de bande, transfuge de la chaîne Franceinfo.

Dans la presse, Bignolas est attaqué par une partie de ses nouveaux collègues, sous couvert d'anonymat. « On a pu critiquer William Leymergie, mais à côté de Laurent Bignolas, c'est un enfant de chœur », nous confiait l'un d'entre eux, tandis que d'autres prétendaient qu'il voulait « lancer les sujets seul et avoir le moins de chroniqueurs possible ». Sur fond de réorganisation et de diminution des budgets, l'ambiance en coulisses était devenue « exécrable » jusqu'au départ d'une dizaine de visages historiques de l'émission, fin septembre 2019. Une éternité en télé.

«Si vous saviez comme j'ai encaissé»

« J'en ai été terriblement meurtri, confie Laurent Bignolas. Tous ces mensonges, c'était très cruel. Insupportable, même. Il y a eu de nombreux propos diffamatoires à mon égard. Ça pousse les gens à l'extrême. » S'il a eu des idées noires ? « Non, mais quelqu'un d'un peu plus faible aurait fini en burn-out, poursuit-il. Que certains aient mal vécu cette période, qu'ils aient éprouvé de la peine ou du désespoir, je le conçois. Mais m'accuser d'en être responsable, ça non ! Si vous saviez comme j'ai encaissé. Heureusement, on passe de bons moments avec ceux qui sont restés. Ils sont très heureux d'être là et ont su s'adapter aux envies de téléspectateurs. C'est pour eux qu'on supprime des rubriques et qu'on en invente d'autres. »

Une porte de sortie devrait lui être proposée afin de le garder dans les rangs, pour celui qui a tenu la barre pendant la tempête. Laurent Bignolas pourrait également se mettre en retrait de lui-même. « J'ai plein d'idées de programmes en tête que je ne souhaite pas forcément incarner », assure-t-il. « C'est un visage de France Télévisions, un vrai passionné. Quoi qu'il en soit, il sera à l'antenne », confie un cadre du service public.

Un nouveau décor à l'étude

Un changement de présentateur ne serait pas la seule piste du « chantier Télématin », lancé en janvier par la production et la chaîne. Et auquel Laurent Bignolas a également pris part. Lui a plaidé pour « davantage de proximité, avec des lumières plus feutrées », « des tenues plus décontractées » et « davantage d'ouverture sur les régions et les territoires d'Outre-mer » afin qu'il n'y ait « plus de frontière entre l'Auvergne et la Martinique ». Autre option proposée : « Se démarquer des chaînes d'infos, notamment avec des sujets culturels, sur lesquels on a été en avance ces six derniers mois. »

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Nos coups de cœur pour se divertir et se cultiver.

Côté production, on planche sur le bon équilibre entre la partie magazine et la partie info qui dynamise la tranche, tout en gardant à l'esprit la bienveillance, qui est l'ADN de « Télématin ». Sur la forme, un nouveau décor est à l'étude, plus chaleureux. L'actuel étant jugé trop froid. Cette nouvelle version doit voir le jour à la rentrée. Avec un objectif très clair : rester premiers le matin.

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