La photographe franco-suisse Sabine Weiss, figure du courant humaniste, est morte - Le Monde
Elle aimait capturer les « morveux » et les « petits narquois » croisés dans la rue. La photographe franco-suisse Sabine Weiss est morte mardi 28 décembre à son domicile à l’âge de 97 ans, a fait savoir sa famille mercredi dans un communiqué.
Elle était la dernière représentante de l’école française humaniste, qui rassemblait les photographes Robert Doisneau, Willy Ronis ou encore Edouard Boubat, bien qu’elle ne s’en revendiquât pas. « Je n’ai jamais pensé faire de la photo humaniste. Une bonne photo doit toucher, être bien composée et dépouillée. La sensibilité des personnes doit sauter aux yeux », affirmait-elle dans La Croix.
En 2020, elle avait remporté le prix « Women in Motion pour la photographie » remis par Kering et les Rencontres d’Arles pour l’ensemble de son œuvre qui avait fait l’objet de plus de cent soixante expositions à travers le monde.
Photographe éclectique
Pionnière de la photo d’après-guerre, cette technicienne hors pair était née à Saint-Gingolph (Suisse) en 1924, avant d’être naturalisée française en 1995.
Elle acquiert à 12 ans son premier appareil avec son argent de poche. Pas scolaire, elle apprend à 16 ans le métier dans un célèbre studio genevois. Arrivée à Paris en 1946, elle travaille pour le photographe de mode Willy Maywald. L’année de son mariage, en 1950, elle ouvre son studio dans le 16e arrondissement tandis que Doisneau l’introduit à Vogue et au sein de l’agence Rapho (devenue Gamma-Rapho).
A partir de cette époque, elle se met aussi à arpenter, souvent de nuit, la capitale avec son mari, le peintre américain Hugh Weiss pour figer des instants fugaces : ouvriers en action, baisers furtifs, allées et venues dans les bouches de métro.
Sur ces clichés, les enfants sont très présents. Dans ce qu’elle nommait « mes images de morveux », elle accroche les sourires, les jeux ou les singeries de bouilles crasseuses aux vêtements déchirés. « C’est amusant de jouer avec les enfants de la rue », disait-elle, avec le désir d’avoir été le témoin de son époque et de dénoncer les injustices.
Elle va travailler, et réussir, dans plusieurs registres : reportage (elle voyage beaucoup), publicité, mode, spectacle, architecture. « J’ai fait de tout dans la photo », confiait-elle à l’Agence France-Presse en 2020. « Je suis allée dans des morgues, dans des usines, j’ai photographié des gens riches, j’ai fait des photos de mode… Mais ce qui reste, ce sont uniquement des photos que j’ai prises pour moi, à la sauvette. »
Portfolio réalisé à l’occasion du Festival de photographie de la baie de Saint-Brieuc en 2019 :
Elle aimait capturer les « morveux » et les « petits narquois » croisés dans la rue. La photographe franco-suisse Sabine Weiss est morte mardi 28 décembre à son domicile à l’âge de 97 ans, a fait savoir sa famille mercredi dans un communiqué.
Elle était la dernière représentante de l’école française humaniste, qui rassemblait les photographes Robert Doisneau, Willy Ronis ou encore Edouard Boubat, bien qu’elle ne s’en revendiquât pas. « Je n’ai jamais pensé faire de la photo humaniste. Une bonne photo doit toucher, être bien composée et dépouillée. La sensibilité des personnes doit sauter aux yeux », affirmait-elle dans La Croix.
En 2020, elle avait remporté le prix « Women in Motion pour la photographie » remis par Kering et les Rencontres d’Arles pour l’ensemble de son œuvre qui avait fait l’objet de plus de cent soixante expositions à travers le monde.
Photographe éclectique
Pionnière de la photo d’après-guerre, cette technicienne hors pair était née à Saint-Gingolph (Suisse) en 1924, avant d’être naturalisée française en 1995.
Elle acquiert à 12 ans son premier appareil avec son argent de poche. Pas scolaire, elle apprend à 16 ans le métier dans un célèbre studio genevois. Arrivée à Paris en 1946, elle travaille pour le photographe de mode Willy Maywald. L’année de son mariage, en 1950, elle ouvre son studio dans le 16e arrondissement tandis que Doisneau l’introduit à Vogue et au sein de l’agence Rapho (devenue Gamma-Rapho).
A partir de cette époque, elle se met aussi à arpenter, souvent de nuit, la capitale avec son mari, le peintre américain Hugh Weiss pour figer des instants fugaces : ouvriers en action, baisers furtifs, allées et venues dans les bouches de métro.
Sur ces clichés, les enfants sont très présents. Dans ce qu’elle nommait « mes images de morveux », elle accroche les sourires, les jeux ou les singeries de bouilles crasseuses aux vêtements déchirés. « C’est amusant de jouer avec les enfants de la rue », disait-elle, avec le désir d’avoir été le témoin de son époque et de dénoncer les injustices.
Elle va travailler, et réussir, dans plusieurs registres : reportage (elle voyage beaucoup), publicité, mode, spectacle, architecture. « J’ai fait de tout dans la photo », confiait-elle à l’Agence France-Presse en 2020. « Je suis allée dans des morgues, dans des usines, j’ai photographié des gens riches, j’ai fait des photos de mode… Mais ce qui reste, ce sont uniquement des photos que j’ai prises pour moi, à la sauvette. »
Portfolio réalisé à l’occasion du Festival de photographie de la baie de Saint-Brieuc en 2019 :
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