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La photographe franco-suisse Sabine Weiss, figure du courant humaniste, est morte - Le Monde

La photographe franco-suisse Sabine Weiss, le 16 juillet 2020 à Vannes.

Elle aimait capturer les « morveux » et les « petits narquois » croisés dans la rue. La photographe franco-suisse Sabine Weiss est morte mardi 28 décembre à son domicile à l’âge de 97 ans, a fait savoir sa famille mercredi dans un communiqué.

Elle était la dernière représentante de l’école française humaniste, qui rassemblait les photographes Robert Doisneau, Willy Ronis ou encore Edouard Boubat, bien qu’elle ne s’en revendiquât pas. « Je n’ai jamais pensé faire de la photo humaniste. Une bonne photo doit toucher, être bien composée et dépouillée. La sensibilité des personnes doit sauter aux yeux », affirmait-elle dans La Croix.

En 2020, elle avait remporté le prix « Women in Motion pour la photographie » remis par Kering et les Rencontres d’Arles pour l’ensemble de son œuvre qui avait fait l’objet de plus de cent soixante expositions à travers le monde.

Photographe éclectique

Pionnière de la photo d’après-guerre, cette technicienne hors pair était née à Saint-Gingolph (Suisse) en 1924, avant d’être naturalisée française en 1995.

Elle acquiert à 12 ans son premier appareil avec son argent de poche. Pas scolaire, elle apprend à 16 ans le métier dans un célèbre studio genevois. Arrivée à Paris en 1946, elle travaille pour le photographe de mode Willy Maywald. L’année de son mariage, en 1950, elle ouvre son studio dans le 16e arrondissement tandis que Doisneau l’introduit à Vogue et au sein de l’agence Rapho (devenue Gamma-Rapho).

A partir de cette époque, elle se met aussi à arpenter, souvent de nuit, la capitale avec son mari, le peintre américain Hugh Weiss pour figer des instants fugaces : ouvriers en action, baisers furtifs, allées et venues dans les bouches de métro.

Sur ces clichés, les enfants sont très présents. Dans ce qu’elle nommait « mes images de morveux », elle accroche les sourires, les jeux ou les singeries de bouilles crasseuses aux vêtements déchirés. « C’est amusant de jouer avec les enfants de la rue », disait-elle, avec le désir d’avoir été le témoin de son époque et de dénoncer les injustices.

Elle va travailler, et réussir, dans plusieurs registres : reportage (elle voyage beaucoup), publicité, mode, spectacle, architecture. « J’ai fait de tout dans la photo », confiait-elle à l’Agence France-Presse en 2020. « Je suis allée dans des morgues, dans des usines, j’ai photographié des gens riches, j’ai fait des photos de mode Mais ce qui reste, ce sont uniquement des photos que j’ai prises pour moi, à la sauvette. »

Portfolio réalisé à l’occasion du Festival de photographie de la baie de Saint-Brieuc en 2019 :

  • « Je me suis rendue en Bretagne à plusieurs reprises dans les années 1950. Pour mon plaisir, mais aussi pour le magazine “Vogue”, qui m’avait envoyée en reportage photographier un mariage breton.  »

    Bretagne, 1954

    « Je me suis rendue en Bretagne à plusieurs reprises dans les années 1950. Pour mon plaisir, mais aussi pour le magazine “Vogue”, qui m’avait envoyée en reportage photographier un mariage breton.  » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « De l’habillage de la mariée en toute intimité au défilé des nouveaux époux avec famille et invités sur fond de cornemuses en pleine nature, ces photographies dormaient jusqu’alors dans des boîtes. »

    Bretagne, 1954

    « De l’habillage de la mariée en toute intimité au défilé des nouveaux époux avec famille et invités sur fond de cornemuses en pleine nature, ces photographies dormaient jusqu’alors dans des boîtes. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Au détour d’une rue, je croise ces trois Bretonnes qui discutaient. Voyant que je sortais mon appareil, elles m’ont fait face avec amusement et plaisir. Elle ne se doute pas que les parapluies les encadrent si joliment. C’est une photographie que j’affectionne particulièrement et qui dépasse, pour moi, l’anecdote. »

    Bretagne, 1954

    « Au détour d’une rue, je croise ces trois Bretonnes qui discutaient. Voyant que je sortais mon appareil, elles m’ont fait face avec amusement et plaisir. Elle ne se doute pas que les parapluies les encadrent si joliment. C’est une photographie que j’affectionne particulièrement et qui dépasse, pour moi, l’anecdote. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « J’ai redécouvert cette photographie à l’occasion de ce travail de recherche sur la Bretagne des années 1950. Retrouverait-on encore aujourd’hui une telle scène ? Le peintre installé avec son chevalet, son parasol et sa femme qui attend patiemment le chef-d’œuvre achevé ».

    Bretagne, 1954

    « J’ai redécouvert cette photographie à l’occasion de ce travail de recherche sur la Bretagne des années 1950. Retrouverait-on encore aujourd’hui une telle scène ? Le peintre installé avec son chevalet, son parasol et sa femme qui attend patiemment le chef-d’œuvre achevé ». SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Ces lavandières en Bretagne sont devenues l’une de mes photographies emblématiques. Il était devenu assez rare à l’époque de croiser encore des femmes lavant au lavoir ou, comme ici, à la rivière. J’étais heureuse de trouver cette scène sur mon passage. J’attache depuis toujours dans mon travail une très grande importance au cadrage et à la composition. Cette photographie en est un bon exemple. »

    Bretagne, 1954

    « Ces lavandières en Bretagne sont devenues l’une de mes photographies emblématiques. Il était devenu assez rare à l’époque de croiser encore des femmes lavant au lavoir ou, comme ici, à la rivière. J’étais heureuse de trouver cette scène sur mon passage. J’attache depuis toujours dans mon travail une très grande importance au cadrage et à la composition. Cette photographie en est un bon exemple. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Cette photographie est très mystérieuse pour moi, car différente de ce que j’avais l’habitude de photographier : des sujets proches, rarement de dos. La poésie qu’évoque cette image me plaît beaucoup aujourd’hui. C’est une redécouverte ».

    Bretagne, 1954

    « Cette photographie est très mystérieuse pour moi, car différente de ce que j’avais l’habitude de photographier : des sujets proches, rarement de dos. La poésie qu’évoque cette image me plaît beaucoup aujourd’hui. C’est une redécouverte ». SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Paris, réveillon du 31 décembre 1954. La fête bat son plein dans les rues. Et ces amoureux, amusés que je les photographie, ont fini sous mes yeux par échanger leur partenaire ! »

    Paris, 1954

    « Paris, réveillon du 31 décembre 1954. La fête bat son plein dans les rues. Et ces amoureux, amusés que je les photographie, ont fini sous mes yeux par échanger leur partenaire ! » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Jardin du Palais-Royal à Paris, 1985. Chacun a ses propres préoccupations sans réaliser vraiment ce qu’il se passe de l’autre côté. Et c’est exactement ce qui m’a plu dans ma vie de photographe : saisir ces instants où l’humain et ses émotions occupent le tout premier plan. »

    Paris, 1954

    « Jardin du Palais-Royal à Paris, 1985. Chacun a ses propres préoccupations sans réaliser vraiment ce qu’il se passe de l’autre côté. Et c’est exactement ce qui m’a plu dans ma vie de photographe : saisir ces instants où l’humain et ses émotions occupent le tout premier plan. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

Le Monde avec AFP

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La photographe franco-suisse Sabine Weiss, le 16 juillet 2020 à Vannes.

Elle aimait capturer les « morveux » et les « petits narquois » croisés dans la rue. La photographe franco-suisse Sabine Weiss est morte mardi 28 décembre à son domicile à l’âge de 97 ans, a fait savoir sa famille mercredi dans un communiqué.

Elle était la dernière représentante de l’école française humaniste, qui rassemblait les photographes Robert Doisneau, Willy Ronis ou encore Edouard Boubat, bien qu’elle ne s’en revendiquât pas. « Je n’ai jamais pensé faire de la photo humaniste. Une bonne photo doit toucher, être bien composée et dépouillée. La sensibilité des personnes doit sauter aux yeux », affirmait-elle dans La Croix.

En 2020, elle avait remporté le prix « Women in Motion pour la photographie » remis par Kering et les Rencontres d’Arles pour l’ensemble de son œuvre qui avait fait l’objet de plus de cent soixante expositions à travers le monde.

Photographe éclectique

Pionnière de la photo d’après-guerre, cette technicienne hors pair était née à Saint-Gingolph (Suisse) en 1924, avant d’être naturalisée française en 1995.

Elle acquiert à 12 ans son premier appareil avec son argent de poche. Pas scolaire, elle apprend à 16 ans le métier dans un célèbre studio genevois. Arrivée à Paris en 1946, elle travaille pour le photographe de mode Willy Maywald. L’année de son mariage, en 1950, elle ouvre son studio dans le 16e arrondissement tandis que Doisneau l’introduit à Vogue et au sein de l’agence Rapho (devenue Gamma-Rapho).

A partir de cette époque, elle se met aussi à arpenter, souvent de nuit, la capitale avec son mari, le peintre américain Hugh Weiss pour figer des instants fugaces : ouvriers en action, baisers furtifs, allées et venues dans les bouches de métro.

Sur ces clichés, les enfants sont très présents. Dans ce qu’elle nommait « mes images de morveux », elle accroche les sourires, les jeux ou les singeries de bouilles crasseuses aux vêtements déchirés. « C’est amusant de jouer avec les enfants de la rue », disait-elle, avec le désir d’avoir été le témoin de son époque et de dénoncer les injustices.

Elle va travailler, et réussir, dans plusieurs registres : reportage (elle voyage beaucoup), publicité, mode, spectacle, architecture. « J’ai fait de tout dans la photo », confiait-elle à l’Agence France-Presse en 2020. « Je suis allée dans des morgues, dans des usines, j’ai photographié des gens riches, j’ai fait des photos de mode Mais ce qui reste, ce sont uniquement des photos que j’ai prises pour moi, à la sauvette. »

Portfolio réalisé à l’occasion du Festival de photographie de la baie de Saint-Brieuc en 2019 :

  • « Je me suis rendue en Bretagne à plusieurs reprises dans les années 1950. Pour mon plaisir, mais aussi pour le magazine “Vogue”, qui m’avait envoyée en reportage photographier un mariage breton.  »

    Bretagne, 1954

    « Je me suis rendue en Bretagne à plusieurs reprises dans les années 1950. Pour mon plaisir, mais aussi pour le magazine “Vogue”, qui m’avait envoyée en reportage photographier un mariage breton.  » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « De l’habillage de la mariée en toute intimité au défilé des nouveaux époux avec famille et invités sur fond de cornemuses en pleine nature, ces photographies dormaient jusqu’alors dans des boîtes. »

    Bretagne, 1954

    « De l’habillage de la mariée en toute intimité au défilé des nouveaux époux avec famille et invités sur fond de cornemuses en pleine nature, ces photographies dormaient jusqu’alors dans des boîtes. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Au détour d’une rue, je croise ces trois Bretonnes qui discutaient. Voyant que je sortais mon appareil, elles m’ont fait face avec amusement et plaisir. Elle ne se doute pas que les parapluies les encadrent si joliment. C’est une photographie que j’affectionne particulièrement et qui dépasse, pour moi, l’anecdote. »

    Bretagne, 1954

    « Au détour d’une rue, je croise ces trois Bretonnes qui discutaient. Voyant que je sortais mon appareil, elles m’ont fait face avec amusement et plaisir. Elle ne se doute pas que les parapluies les encadrent si joliment. C’est une photographie que j’affectionne particulièrement et qui dépasse, pour moi, l’anecdote. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « J’ai redécouvert cette photographie à l’occasion de ce travail de recherche sur la Bretagne des années 1950. Retrouverait-on encore aujourd’hui une telle scène ? Le peintre installé avec son chevalet, son parasol et sa femme qui attend patiemment le chef-d’œuvre achevé ».

    Bretagne, 1954

    « J’ai redécouvert cette photographie à l’occasion de ce travail de recherche sur la Bretagne des années 1950. Retrouverait-on encore aujourd’hui une telle scène ? Le peintre installé avec son chevalet, son parasol et sa femme qui attend patiemment le chef-d’œuvre achevé ». SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Ces lavandières en Bretagne sont devenues l’une de mes photographies emblématiques. Il était devenu assez rare à l’époque de croiser encore des femmes lavant au lavoir ou, comme ici, à la rivière. J’étais heureuse de trouver cette scène sur mon passage. J’attache depuis toujours dans mon travail une très grande importance au cadrage et à la composition. Cette photographie en est un bon exemple. »

    Bretagne, 1954

    « Ces lavandières en Bretagne sont devenues l’une de mes photographies emblématiques. Il était devenu assez rare à l’époque de croiser encore des femmes lavant au lavoir ou, comme ici, à la rivière. J’étais heureuse de trouver cette scène sur mon passage. J’attache depuis toujours dans mon travail une très grande importance au cadrage et à la composition. Cette photographie en est un bon exemple. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Cette photographie est très mystérieuse pour moi, car différente de ce que j’avais l’habitude de photographier : des sujets proches, rarement de dos. La poésie qu’évoque cette image me plaît beaucoup aujourd’hui. C’est une redécouverte ».

    Bretagne, 1954

    « Cette photographie est très mystérieuse pour moi, car différente de ce que j’avais l’habitude de photographier : des sujets proches, rarement de dos. La poésie qu’évoque cette image me plaît beaucoup aujourd’hui. C’est une redécouverte ». SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Paris, réveillon du 31 décembre 1954. La fête bat son plein dans les rues. Et ces amoureux, amusés que je les photographie, ont fini sous mes yeux par échanger leur partenaire ! »

    Paris, 1954

    « Paris, réveillon du 31 décembre 1954. La fête bat son plein dans les rues. Et ces amoureux, amusés que je les photographie, ont fini sous mes yeux par échanger leur partenaire ! » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

  • « Jardin du Palais-Royal à Paris, 1985. Chacun a ses propres préoccupations sans réaliser vraiment ce qu’il se passe de l’autre côté. Et c’est exactement ce qui m’a plu dans ma vie de photographe : saisir ces instants où l’humain et ses émotions occupent le tout premier plan. »

    Paris, 1954

    « Jardin du Palais-Royal à Paris, 1985. Chacun a ses propres préoccupations sans réaliser vraiment ce qu’il se passe de l’autre côté. Et c’est exactement ce qui m’a plu dans ma vie de photographe : saisir ces instants où l’humain et ses émotions occupent le tout premier plan. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019

Le Monde avec AFP

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