C’est un accord majeur pour le cinéma, la télévision et le streaming qui a été signé ce lundi, au ministère de la Culture, après de longs mois de négociations. Il porte sur la « chronologie des médias », cette exception française qui oblige à un délai entre la sortie d’un film au cinéma et sa diffusion sur les chaînes hertziennes, les plates-formes, sur Canal+, mais aussi en DVD ou en VOD. Dans d’autres pays, ce délai n’existe pas ou s’avère bien moindre. Ce nouvel accord a été signé, pour une durée de trois ans, par pratiquement toutes les organisations du cinéma (exploitants, producteurs, distributeurs…) et par toutes les chaînes, Netflix… mais pas par Disney+. Pour le spectateur, il va signifier un important changement. Décryptage.
Jusqu’ici, Canal+ pouvait diffuser un long-métrage huit mois après sa sortie, et les plates-formes de streaming 36 mois après. Pour ces dernières, de plus en plus présentes — en nombre d’abonnés — dans le paysage audiovisuel français, cette attente était devenue intenable. Canal+ et Netflix+ ont mené la bataille pour que les délais soient raccourcis. L’accord signé les réduit fortement : à six mois pour la chaîne cryptée, et à 15 mois pour la plate-forme. Sur Disney+ et Amazon Prime Video, le délai passe à 17 mois. Les chaînes hertziennes, elles, conservent leurs 22 mois.
Canal+ grand gagnant
Depuis plusieurs mois, le groupe Canal+ faisait valoir son statut particulier de premier financeur du cinéma français pour rester le diffuseur prioritaire — avant les plates-formes — des longs-métrages après leur sortie, mais aussi que son délai de huit mois soit raboté. Le fait d’avoir récemment signé un accord avec le 7e art français qui stipule que la chaîne cryptée va financer ce dernier à hauteur de 600 millions d’euros pour trois ans a pesé dans la balance. Désormais, les spectateurs pourront donc voir les longs métrages sur la chaîne cryptée et ses filiales six mois après leur sortie en salle, ce dont le groupe s’est « félicité » via un communiqué.
Depuis le mois de juillet 2021, les plates-formes de streaming ont l’obligation de financer les œuvres audiovisuelles françaises à hauteur d’au moins 20 % de leur chiffre d’affaires, à la suite d’un accord qui a aussi été conclu au terme d’intenses négociations avec le ministère de la Culture et tous les acteurs du secteur. Mais en contrepartie, elles demandaient aussi que les délais de diffusion soient raccourcis, d’où le nouvel accord de ce lundi. Celui-ci prévoit que ce délai sera ramené à 17 mois, sauf accord annexe entre les plates-formes et les professionnels du cinéma.
Et c’est là que Netflix, contrairement à Amazon ou Disney+, a bien joué, en menant des négociations parallèles avec la filière cinématographique. En faisant valoir ses importants investissements en cours et à venir dans des séries et films français, le géant américain a obtenu de voir ramener son délai à 15 mois : ce sera donc la première plate-forme de streaming à diffuser des longs-métrages en exclusivité, après Canal+.
Les chaînes hertziennes s’y retrouvent
Le délai pour les chaînes hertziennes reste inchangé : 22 mois entre la sortie d’un film et sa programmation sur TF1, M 6 ou France Télévisions. Mais ces dernières ont argué du fait qu’elles devenaient ainsi la dernière roue du carrosse et perdaient leur avantage par rapport aux plates-formes de streaming et elles ont obtenu une compensation. Cela s’appelle la « fenêtre d’étanchéité », une période durant laquelle les plates-formes devront « relâcher » les longs métrages quand viendra leur temps d’être diffusé sur les chaînes hertziennes.
Par exemple : si Netflix peut diffuser un film au bout de 15 mois, il devra le retirer de son offre au 22e mois, quand TF1, M 6 ou France Télévisions pourront le diffuser. Sauf que c’est encore plus subtil : le document prévoit que des accords pourront être conclus entre une plate-forme et une chaîne hertzienne pour qu’elles diffusent le film en même temps. En clair : Netflix gardera le film au 22e mois qui sera alors diffusé en même temps sur la chaîne avec qui l’accord aura été passé. Les droits de diffusion seront alors partagés entre la chaîne et la plate-forme. Malin.
La colère de Disney+
Si Amazon, non-signataire de l’accord, n’a pas encore réagi, Disney+ a fait entendre sa voix quelques minutes après la signature via un communiqué. Et le ton est véhément : « Nous pensons que la nouvelle chronologie des médias (…) n’établit pas un cadre équitable et proportionné entre les différents acteurs de l’écosystème audiovisuel en France. Ceci est d’autant plus frustrant que nous avons augmenté nos investissements dans la création de contenus originaux français tout en continuant de soutenir le cinéma français à travers la sortie de nos films en salle. »
Selon nos informations, ce qui choquerait le plus la filiale du groupe Disney serait autant le délai de 17 mois que la question de la fenêtre d’étanchéité. Selon certains professionnels, la seule manière de faire pression pour le groupe serait… de ne plus sortir ses longs-métrages dans les salles françaises, mais uniquement sur Disney+, ce qui lui redonnerait l’avantage… et constituerait aussi une perte financière majeure pour nos cinémas.
Mais cela générerait aussi un manque à gagner pour Disney, expliquait entre les lignes Olivier Henrard, directeur général du Centre national du cinéma (CNC), principal maître d’œuvre de l’accord, lors d’un point organisé au ministère ce lundi après-midi. « Le marché français est le plus important d’Europe », souligne-t-il, précisant que les signataires de l’accord « n’avaient pas été destinataires de cette menace ». Et s’empressant d’ajouter que le ministère et Roselyne Bachelot ont insisté jusqu’au bout pour que Disney fasse une contre-proposition, sans succès. « L’accord a donc été signé par défaut, mais il est évolutif », rappelle Olivier Henrard. En effet, il doit être révisé chaque année, ce qui laisserait à Disney et à d’autres la possibilité de renégocier…
C’est un accord majeur pour le cinéma, la télévision et le streaming qui a été signé ce lundi, au ministère de la Culture, après de longs mois de négociations. Il porte sur la « chronologie des médias », cette exception française qui oblige à un délai entre la sortie d’un film au cinéma et sa diffusion sur les chaînes hertziennes, les plates-formes, sur Canal+, mais aussi en DVD ou en VOD. Dans d’autres pays, ce délai n’existe pas ou s’avère bien moindre. Ce nouvel accord a été signé, pour une durée de trois ans, par pratiquement toutes les organisations du cinéma (exploitants, producteurs, distributeurs…) et par toutes les chaînes, Netflix… mais pas par Disney+. Pour le spectateur, il va signifier un important changement. Décryptage.
Jusqu’ici, Canal+ pouvait diffuser un long-métrage huit mois après sa sortie, et les plates-formes de streaming 36 mois après. Pour ces dernières, de plus en plus présentes — en nombre d’abonnés — dans le paysage audiovisuel français, cette attente était devenue intenable. Canal+ et Netflix+ ont mené la bataille pour que les délais soient raccourcis. L’accord signé les réduit fortement : à six mois pour la chaîne cryptée, et à 15 mois pour la plate-forme. Sur Disney+ et Amazon Prime Video, le délai passe à 17 mois. Les chaînes hertziennes, elles, conservent leurs 22 mois.
Canal+ grand gagnant
Depuis plusieurs mois, le groupe Canal+ faisait valoir son statut particulier de premier financeur du cinéma français pour rester le diffuseur prioritaire — avant les plates-formes — des longs-métrages après leur sortie, mais aussi que son délai de huit mois soit raboté. Le fait d’avoir récemment signé un accord avec le 7e art français qui stipule que la chaîne cryptée va financer ce dernier à hauteur de 600 millions d’euros pour trois ans a pesé dans la balance. Désormais, les spectateurs pourront donc voir les longs métrages sur la chaîne cryptée et ses filiales six mois après leur sortie en salle, ce dont le groupe s’est « félicité » via un communiqué.
Depuis le mois de juillet 2021, les plates-formes de streaming ont l’obligation de financer les œuvres audiovisuelles françaises à hauteur d’au moins 20 % de leur chiffre d’affaires, à la suite d’un accord qui a aussi été conclu au terme d’intenses négociations avec le ministère de la Culture et tous les acteurs du secteur. Mais en contrepartie, elles demandaient aussi que les délais de diffusion soient raccourcis, d’où le nouvel accord de ce lundi. Celui-ci prévoit que ce délai sera ramené à 17 mois, sauf accord annexe entre les plates-formes et les professionnels du cinéma.
Et c’est là que Netflix, contrairement à Amazon ou Disney+, a bien joué, en menant des négociations parallèles avec la filière cinématographique. En faisant valoir ses importants investissements en cours et à venir dans des séries et films français, le géant américain a obtenu de voir ramener son délai à 15 mois : ce sera donc la première plate-forme de streaming à diffuser des longs-métrages en exclusivité, après Canal+.
Les chaînes hertziennes s’y retrouvent
Le délai pour les chaînes hertziennes reste inchangé : 22 mois entre la sortie d’un film et sa programmation sur TF1, M 6 ou France Télévisions. Mais ces dernières ont argué du fait qu’elles devenaient ainsi la dernière roue du carrosse et perdaient leur avantage par rapport aux plates-formes de streaming et elles ont obtenu une compensation. Cela s’appelle la « fenêtre d’étanchéité », une période durant laquelle les plates-formes devront « relâcher » les longs métrages quand viendra leur temps d’être diffusé sur les chaînes hertziennes.
Par exemple : si Netflix peut diffuser un film au bout de 15 mois, il devra le retirer de son offre au 22e mois, quand TF1, M 6 ou France Télévisions pourront le diffuser. Sauf que c’est encore plus subtil : le document prévoit que des accords pourront être conclus entre une plate-forme et une chaîne hertzienne pour qu’elles diffusent le film en même temps. En clair : Netflix gardera le film au 22e mois qui sera alors diffusé en même temps sur la chaîne avec qui l’accord aura été passé. Les droits de diffusion seront alors partagés entre la chaîne et la plate-forme. Malin.
La colère de Disney+
Si Amazon, non-signataire de l’accord, n’a pas encore réagi, Disney+ a fait entendre sa voix quelques minutes après la signature via un communiqué. Et le ton est véhément : « Nous pensons que la nouvelle chronologie des médias (…) n’établit pas un cadre équitable et proportionné entre les différents acteurs de l’écosystème audiovisuel en France. Ceci est d’autant plus frustrant que nous avons augmenté nos investissements dans la création de contenus originaux français tout en continuant de soutenir le cinéma français à travers la sortie de nos films en salle. »
Selon nos informations, ce qui choquerait le plus la filiale du groupe Disney serait autant le délai de 17 mois que la question de la fenêtre d’étanchéité. Selon certains professionnels, la seule manière de faire pression pour le groupe serait… de ne plus sortir ses longs-métrages dans les salles françaises, mais uniquement sur Disney+, ce qui lui redonnerait l’avantage… et constituerait aussi une perte financière majeure pour nos cinémas.
Mais cela générerait aussi un manque à gagner pour Disney, expliquait entre les lignes Olivier Henrard, directeur général du Centre national du cinéma (CNC), principal maître d’œuvre de l’accord, lors d’un point organisé au ministère ce lundi après-midi. « Le marché français est le plus important d’Europe », souligne-t-il, précisant que les signataires de l’accord « n’avaient pas été destinataires de cette menace ». Et s’empressant d’ajouter que le ministère et Roselyne Bachelot ont insisté jusqu’au bout pour que Disney fasse une contre-proposition, sans succès. « L’accord a donc été signé par défaut, mais il est évolutif », rappelle Olivier Henrard. En effet, il doit être révisé chaque année, ce qui laisserait à Disney et à d’autres la possibilité de renégocier…
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