L’une des premières séquences des Promesses nous plante en plein naufrage. Coursives et paliers inondés, plafonds ruisselants, hommes et femmes s’escrimant à maîtriser le désastre avec les moyens du bord (balais, seaux, serpillières). La tuyauterie a lâché, le paquebot prend l’eau, prêt à sombrer. Le paquebot : en réalité, une barre d’immeuble de la cité des Bernardins, située dans la banlieue parisienne, qui constitue à la fois le point d’ancrage et l’enjeu du deuxième long-métrage de Thomas Kruithof. Le nœud de la guerre qui occupe chacun des personnages, détermine leurs agissements, et à partir duquel se définit leur personnalité.
En premier lieu, la maire de la banlieue en question, Clémence (Isabelle Huppert), qui, après deux mandats, s’apprête à céder la place à sa première adjointe (Naidra Ayadi) et, sans doute, à quitter définitivement la politique. Décision prise sans remords ni regrets, à condition de gagner son dernier combat : obtenir, pour les Bernardins et ses trois mille logements, la subvention de soixante-trois millions que projette d’allouer l’Etat à l’une des cités insalubres du Grand Paris. Clémence a fait cette promesse à ses administrés, elle tient à tenir parole. Elle bénéficie d’une aide précieuse en la personne de Yazid (Reda Kateb), son ambitieux chef de cabinet ,qui, issu de la cité, en connaît tous les résidents.
Elus en prise avec le réel
Côte à côte, liés par une complicité de longue date et une estime mutuelle, la maire et son bras droit mènent la bataille sur le terrain et dans les bureaux de l’Elysée. Celle-ci fournit au film une matière complexe, mordante et purement politique à laquelle le cinéaste et son scénariste Jean-Baptiste Delafon (coauteur avec Eric Benzekri de la série de Canal+ Baron noir, 2016) n’ont rien concédé. Pas même quelques scènes susceptibles de nous renseigner sur le passé des personnages. Les Promesses demeure fidèle à la ligne narrative qui commande son propos : montrer la façon dont s’exerce le pouvoir local. Sujet qui met en scène des élus en prise avec le réel, proches des habitants et de leurs préoccupations, contraints de composer avec le meilleur (le tissu associatif) comme le pire (les marchands de sommeil) et de rétablir la confiance quand tout fout le camp.
C’est à ce matériau humain que se frotte le film et qu’il restitue par le concret. L’action des élus mais aussi celle d’hommes et de femmes luttant, au jour le jour, pour sauver leur logement et obtenir des conditions de vie plus décentes. Qu’ils soient des propriétaires ayant économisé toute leur existence pour s’acheter un appartement qui, aujourd’hui, ne vaut plus rien, ou de simples locataires. Certains, regroupés en association, décident de ne plus payer leurs charges tant que les locaux ne sont pas rénovés. Tandis que, de leur côté, des marchands de sommeil s’enrichissent en louant aux plus démunis (notamment les demandeurs d’asile) des espaces insalubres.
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En premier lieu, la maire de la banlieue en question, Clémence (Isabelle Huppert), qui, après deux mandats, s’apprête à céder la place à sa première adjointe (Naidra Ayadi) et, sans doute, à quitter définitivement la politique. Décision prise sans remords ni regrets, à condition de gagner son dernier combat : obtenir, pour les Bernardins et ses trois mille logements, la subvention de soixante-trois millions que projette d’allouer l’Etat à l’une des cités insalubres du Grand Paris. Clémence a fait cette promesse à ses administrés, elle tient à tenir parole. Elle bénéficie d’une aide précieuse en la personne de Yazid (Reda Kateb), son ambitieux chef de cabinet ,qui, issu de la cité, en connaît tous les résidents.
Elus en prise avec le réel
Côte à côte, liés par une complicité de longue date et une estime mutuelle, la maire et son bras droit mènent la bataille sur le terrain et dans les bureaux de l’Elysée. Celle-ci fournit au film une matière complexe, mordante et purement politique à laquelle le cinéaste et son scénariste Jean-Baptiste Delafon (coauteur avec Eric Benzekri de la série de Canal+ Baron noir, 2016) n’ont rien concédé. Pas même quelques scènes susceptibles de nous renseigner sur le passé des personnages. Les Promesses demeure fidèle à la ligne narrative qui commande son propos : montrer la façon dont s’exerce le pouvoir local. Sujet qui met en scène des élus en prise avec le réel, proches des habitants et de leurs préoccupations, contraints de composer avec le meilleur (le tissu associatif) comme le pire (les marchands de sommeil) et de rétablir la confiance quand tout fout le camp.
C’est à ce matériau humain que se frotte le film et qu’il restitue par le concret. L’action des élus mais aussi celle d’hommes et de femmes luttant, au jour le jour, pour sauver leur logement et obtenir des conditions de vie plus décentes. Qu’ils soient des propriétaires ayant économisé toute leur existence pour s’acheter un appartement qui, aujourd’hui, ne vaut plus rien, ou de simples locataires. Certains, regroupés en association, décident de ne plus payer leurs charges tant que les locaux ne sont pas rénovés. Tandis que, de leur côté, des marchands de sommeil s’enrichissent en louant aux plus démunis (notamment les demandeurs d’asile) des espaces insalubres.
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