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Dans "En thérapie" et sa saison 2 sur fond de Covid, le silence vaut plus que les mots - Le HuffPost

Capture d'écran Arte.tv

Frédéric Pierrot de retour dans son personnage du psychanalyste Dayan.

SÉRIES - L’heure est venue de retrouver le divan de Philippe Dayan. Ce jeudi 31 mars, En thérapie, aussi connue comme étant la série la plus regardée de l’histoire d’Arte.tv, fait son retour sur la plateforme gratuite, avant la diffusion des premiers épisodes de cette nouvelle saison sur la chaîne franco-allemande, le 7 avril prochain.

Changement de décor. Le psychanalyste, joué par Frédéric Pierrot, a déménagé. C’est aux Lilas, en banlieue parisienne, qu’il reçoit désormais ses “patients”. Changement de casting, aussi. Mélanie Thierry et Reda Kateb, entre autres, ont laissé leur place à quatre nouveaux arrivants: Eye Haïdara (Inès), Suzanne Lindon (Lydia), Aliocha Delmotte (Robin) et Jacques Weber (Alain). Charlotte Gainsbourg, elle, a remplacé Carole Bouquet dans le rôle de la superviseuse.

Ce n’est pas tout. Un invité de marque a fait son arrivée. Outre l’épidémie de Covid-19 (trame de fond de cette saison), c’est le silence. Oui, l’absence de dialogue, les gros blancs. Et ce, alors que Philippe Dayan, plus bavard que nombre des spécialistes de sa branche dans la vraie vie, nous a plutôt habitués à la conversation dans son “cabinet”.

Vers “la parole pleine”

“On a souvent dû dégraisser un peu le texte. On en enlevait parfois jusqu’à ne plus rien mettre, a expliqué Olivier Nakache, l’un des co-créateurs du show, lors d’une conférence de presse au mois de février. [...] À écouter le silence, on en apprend davantage.” Il leur est d’ailleurs arrivé d’inscrire noir sur blanc l’expression “silence signifiant” au script pour insister sur l’absence d’échanges.

Cette pratique a, semble-t-il, été difficile pour Emmanuelle Bercot, qui signe plusieurs épisodes cette saison comme d’autres réalisateurs français de renom, à l’instar d’Arnaud Desplechin et Agnès Jaoui. Celle dont les films laissent peu de place au silence a confié ignorer ’“tout de la psychanalyse” et n’avoir “jamais vu de psy”.

Car cette pratique du silence n’est pas anodine, elle est étroitement liée à un courant de la psychanalyse. “Dans les séances d’analyse, il y a du silence, rappelle Frédéric Pierrot. Il y en a trois principaux: anxiété, angoisse, pause. Toutes ces qualités de silence sont à ressentir un peu comme en musique. Ça permet de ressentir ce qu’on appelle ‘la parole pleine’.”

Un silence révélateur

C’est à Jacques Lacan qu’on doit cette théorie, comme l’explique la psychanalyste Patricia Dahan dans la revue Champ Lacanien. D’après la doctorante de l’Université Paris Diderot, observer la place du silence, que Lacan considère comme la parole vide, est essentiel. “Cela permet de montrer que le silence fait partie de la parole, qu’il n’en est pas dissocié”, précise-t-elle.

Le silence est en effet indiscernable de la verbalisation, il est le produit de l’articulation de la parole. Dans Le séminaire, Lacan prend l’exemple d’un silence, celui de la pulsion sexuelle. Ici, il est bien corrélatif à la parole puisqu’il permet d’exprimer un dire sans les mots. “L’introduction du langage fait exister le silence de la même manière que la création du vase fait exister le vide”, ajoute la chercheuse.

Le silence serait révélateur de l’objet de la parole, mais aussi d’une parole qu’on ne peut pas dire ou qu’on ne veut pas dire, un non-dit. Ses fonctions sont diverses. Comme un vide entre deux mots, on l’imagine enfin comme un creux à l’intérieur de nous-mêmes. En thérapie sort la pioche.

À voir également sur Le HuffPost: Découvrez “Nona et ses filles”, la série de Valérie Donzelli pour Arte

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Frédéric Pierrot de retour dans son personnage du psychanalyste Dayan.

SÉRIES - L’heure est venue de retrouver le divan de Philippe Dayan. Ce jeudi 31 mars, En thérapie, aussi connue comme étant la série la plus regardée de l’histoire d’Arte.tv, fait son retour sur la plateforme gratuite, avant la diffusion des premiers épisodes de cette nouvelle saison sur la chaîne franco-allemande, le 7 avril prochain.

Changement de décor. Le psychanalyste, joué par Frédéric Pierrot, a déménagé. C’est aux Lilas, en banlieue parisienne, qu’il reçoit désormais ses “patients”. Changement de casting, aussi. Mélanie Thierry et Reda Kateb, entre autres, ont laissé leur place à quatre nouveaux arrivants: Eye Haïdara (Inès), Suzanne Lindon (Lydia), Aliocha Delmotte (Robin) et Jacques Weber (Alain). Charlotte Gainsbourg, elle, a remplacé Carole Bouquet dans le rôle de la superviseuse.

Ce n’est pas tout. Un invité de marque a fait son arrivée. Outre l’épidémie de Covid-19 (trame de fond de cette saison), c’est le silence. Oui, l’absence de dialogue, les gros blancs. Et ce, alors que Philippe Dayan, plus bavard que nombre des spécialistes de sa branche dans la vraie vie, nous a plutôt habitués à la conversation dans son “cabinet”.

Vers “la parole pleine”

“On a souvent dû dégraisser un peu le texte. On en enlevait parfois jusqu’à ne plus rien mettre, a expliqué Olivier Nakache, l’un des co-créateurs du show, lors d’une conférence de presse au mois de février. [...] À écouter le silence, on en apprend davantage.” Il leur est d’ailleurs arrivé d’inscrire noir sur blanc l’expression “silence signifiant” au script pour insister sur l’absence d’échanges.

Cette pratique a, semble-t-il, été difficile pour Emmanuelle Bercot, qui signe plusieurs épisodes cette saison comme d’autres réalisateurs français de renom, à l’instar d’Arnaud Desplechin et Agnès Jaoui. Celle dont les films laissent peu de place au silence a confié ignorer ’“tout de la psychanalyse” et n’avoir “jamais vu de psy”.

Car cette pratique du silence n’est pas anodine, elle est étroitement liée à un courant de la psychanalyse. “Dans les séances d’analyse, il y a du silence, rappelle Frédéric Pierrot. Il y en a trois principaux: anxiété, angoisse, pause. Toutes ces qualités de silence sont à ressentir un peu comme en musique. Ça permet de ressentir ce qu’on appelle ‘la parole pleine’.”

Un silence révélateur

C’est à Jacques Lacan qu’on doit cette théorie, comme l’explique la psychanalyste Patricia Dahan dans la revue Champ Lacanien. D’après la doctorante de l’Université Paris Diderot, observer la place du silence, que Lacan considère comme la parole vide, est essentiel. “Cela permet de montrer que le silence fait partie de la parole, qu’il n’en est pas dissocié”, précise-t-elle.

Le silence est en effet indiscernable de la verbalisation, il est le produit de l’articulation de la parole. Dans Le séminaire, Lacan prend l’exemple d’un silence, celui de la pulsion sexuelle. Ici, il est bien corrélatif à la parole puisqu’il permet d’exprimer un dire sans les mots. “L’introduction du langage fait exister le silence de la même manière que la création du vase fait exister le vide”, ajoute la chercheuse.

Le silence serait révélateur de l’objet de la parole, mais aussi d’une parole qu’on ne peut pas dire ou qu’on ne veut pas dire, un non-dit. Ses fonctions sont diverses. Comme un vide entre deux mots, on l’imagine enfin comme un creux à l’intérieur de nous-mêmes. En thérapie sort la pioche.

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