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« Parlement », saison 2, sur France.tv Slash : Noé Debré souffle sur les braises de l'idéal européen - Le Monde

Au premier plan, le député Michel Specklin (Philippe Duquesne). 

La date de mise en ligne de la deuxième saison de Parlement a quelque chose d’un peu incongru. La satire politique créée par Noé Debré vient, en effet, donner du grain à moudre à des Français à la fois soulagés et déprimés par l’issue de l’élection présidentielle, dont la défiance envers la chose publique n’a d’égale que leur désunion.

Dans ce contexte peu léger, Parlement propose une catharsis radicale, une grande purge irrévérencieuse qui ne recule devant aucun dispositif de comédie pour souffler sur les braises de l’idéal européen. Forte d’un succès d’audience inhabituel pour ce format relativement modeste – budget riquiqui, diffusion uniquement en ligne –, la série rempile avec une salve d’épisodes aussi rythmés que joyeux, très éloignés de la sinistrose collective actuelle.

Enfin émancipé de son député boulet, le jeune attaché parlementaire Samy (Xavier Lacaille) traîne ses chemises bien repassées dans les couloirs du Parlement, à la recherche d’un nouveau job. Il finit préposé au café dans le bureau de la députée française Valentine Cantet, humilié par un assistant plus jeune et meilleur que lui. Pour se faire une place à Strasbourg et gagner le respect de ses congénères, l’ambitieuse élue charge ses deux sbires de préparer un « blue deal » en faveur des océans, ensemble de textes que le trio devra faire accepter aux Néerlandais, grands pratiquants de la pêche électrique et, surtout, tenants de la présidence tournante du Conseil.

Tout comme dans la première saison, le suivi de ce dossier, fantaisiste mais doté d’indéniables vertus pédagogiques, s’appuie sur le contraste entre une vieille génération rompue aux négociations serrées et une nouvelle vague de fonctionnaires idéalistes mais têtes à claques, blancs-becs privilégiés et convaincus de leur bon droit.

Trio décoiffant

Ce sont eux qui donnent pourtant ses meilleures scènes à la série, ne serait-ce que grâce au charme de Rose (Liz Kingsman), Britannique partie dans les cartons du Brexit mais revenue à Strasbourg dans la peau d’une lobbyiste résignée, et au joli duo qu’elle forme avec Samy, plus discret cette saison. C’est qu’il faut laisser de la place à la tempête Georgia Scalliet, meilleur ajout de ces nouveaux épisodes. Dans le rôle de Valentine, parlementaire zélée et un peu folle, l’ancienne sociétaire de la Comédie-Française (s’)amuse beaucoup.

Autour de ce trio décoiffant gravitent des seconds rôles souvent très réussis – le lobbyiste dont le cynisme est déjoué par l’amour, la militante écolo qui se bat contre des moulins à vent, l’huissier incrusté dans le décor… Et toujours le très décalé Michel Specklin (Philippe Duquesne), député pour lequel travaillait Samy et qui se retrouve, cette saison, propulsé président du Parlement sur un malentendu. Ce sont les scènes les plus malaisantes de la saison, celles qui interrogent sur la frontière, très fine, qui distingue la satire politique du discours populiste.

Il vous reste 17.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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Au premier plan, le député Michel Specklin (Philippe Duquesne). 

La date de mise en ligne de la deuxième saison de Parlement a quelque chose d’un peu incongru. La satire politique créée par Noé Debré vient, en effet, donner du grain à moudre à des Français à la fois soulagés et déprimés par l’issue de l’élection présidentielle, dont la défiance envers la chose publique n’a d’égale que leur désunion.

Dans ce contexte peu léger, Parlement propose une catharsis radicale, une grande purge irrévérencieuse qui ne recule devant aucun dispositif de comédie pour souffler sur les braises de l’idéal européen. Forte d’un succès d’audience inhabituel pour ce format relativement modeste – budget riquiqui, diffusion uniquement en ligne –, la série rempile avec une salve d’épisodes aussi rythmés que joyeux, très éloignés de la sinistrose collective actuelle.

Enfin émancipé de son député boulet, le jeune attaché parlementaire Samy (Xavier Lacaille) traîne ses chemises bien repassées dans les couloirs du Parlement, à la recherche d’un nouveau job. Il finit préposé au café dans le bureau de la députée française Valentine Cantet, humilié par un assistant plus jeune et meilleur que lui. Pour se faire une place à Strasbourg et gagner le respect de ses congénères, l’ambitieuse élue charge ses deux sbires de préparer un « blue deal » en faveur des océans, ensemble de textes que le trio devra faire accepter aux Néerlandais, grands pratiquants de la pêche électrique et, surtout, tenants de la présidence tournante du Conseil.

Tout comme dans la première saison, le suivi de ce dossier, fantaisiste mais doté d’indéniables vertus pédagogiques, s’appuie sur le contraste entre une vieille génération rompue aux négociations serrées et une nouvelle vague de fonctionnaires idéalistes mais têtes à claques, blancs-becs privilégiés et convaincus de leur bon droit.

Trio décoiffant

Ce sont eux qui donnent pourtant ses meilleures scènes à la série, ne serait-ce que grâce au charme de Rose (Liz Kingsman), Britannique partie dans les cartons du Brexit mais revenue à Strasbourg dans la peau d’une lobbyiste résignée, et au joli duo qu’elle forme avec Samy, plus discret cette saison. C’est qu’il faut laisser de la place à la tempête Georgia Scalliet, meilleur ajout de ces nouveaux épisodes. Dans le rôle de Valentine, parlementaire zélée et un peu folle, l’ancienne sociétaire de la Comédie-Française (s’)amuse beaucoup.

Autour de ce trio décoiffant gravitent des seconds rôles souvent très réussis – le lobbyiste dont le cynisme est déjoué par l’amour, la militante écolo qui se bat contre des moulins à vent, l’huissier incrusté dans le décor… Et toujours le très décalé Michel Specklin (Philippe Duquesne), député pour lequel travaillait Samy et qui se retrouve, cette saison, propulsé président du Parlement sur un malentendu. Ce sont les scènes les plus malaisantes de la saison, celles qui interrogent sur la frontière, très fine, qui distingue la satire politique du discours populiste.

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