Telle une cocotte sous pression, l’Accor Arena laisse d’abord échapper par à-coups des sifflements extatiques. Comme si une trop longue attente – mises en vente il y a un an, les 20 000 places de ce concert du mercredi 22 juin avaient trouvé preneurs en quelques minutes – rendait incontrôlable le bouillonnement intérieur. Jusqu’à ce que Billie Eilish, propulsée par un tremplin, bondisse soudain sur la scène, tel un diable de sa boîte pour le seul concert en France de sa nouvelle tournée, baptisée du nom de son deuxième album, Happier Than Ever.
Une apparition en phase avec son ascension météorique dans le paysage pop, saisi, en 2019, par cette jeune fille d’alors à peine 18 ans et son coup d’essai, When We All Fall Asleep, Where Do We Go ?, chantant l’anxiété adolescente sur fond de refrains aussi macabres qu’entraînants. Sept Grammy Awards et un Oscar plus tard, le phénomène générationnel ne s’est pas démenti, à en croire la ferveur d’une arène remplie très majoritairement de jeunes filles reprenant en un chœur assourdissant la quasi-intégralité des quelque vingt-cinq morceaux joués à Paris.
L’idolâtrie peut naître d’une forme d’inaccessibilité. Celle pour « Billie ! Billie ! Billie ! » semble se nourrir d’identification. Avec son tee-shirt rose « oversize », à l’effigie de femmes en armes, son short de cycliste et ses sneakers frappant le sol aux rythmes de danses bondissantes, la chanteuse ressemble plus à une copine fan de mangas qu’à une starlette choisissant de se distinguer par son glamour et le surjeu de son sex-appeal.
Une énergie rayonnante
Une proximité qui s’est d’abord liée autour de morceaux partageant mal-être, pulsions suicidaires, problèmes de santé mentale, en ayant le bon goût de faire danser ou rêver les petits monstres peuplant cette instabilité. Sur l’écran de fond de scène, plusieurs vilaines créatures – le colosse gothique de Bury a Friend, les chiens menaçants de I Didn’t Change My Number, l’araignée géante de You Should See Me in a Crown, les requins de Ilomilo… – illustrent des sons aussi perturbants qu’excitants.
Habitée d’une énergie rayonnante, alors que ce spleen pourrait tout assombrir, Billie Eilish emplit l’espace de sa présence, malgré le minimalisme de son accompagnement. A droite de la scène, le batteur Andrew Marshall réchauffe de sa frappe l’omniprésence des machines. Quand, à l’opposé, la timide silhouette du frère de Billie Eilish, Finneas O’Connell, déploie ses talents de multi-instrumentiste (guitare, basse, claviers…). Cocompositeur, réalisateur et « meilleur ami » de sa sœur, de quatre ans sa cadette, il prolonge sur scène l’autarcie créative qui fait leur réussite.
Il vous reste 46.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Read AgainTelle une cocotte sous pression, l’Accor Arena laisse d’abord échapper par à-coups des sifflements extatiques. Comme si une trop longue attente – mises en vente il y a un an, les 20 000 places de ce concert du mercredi 22 juin avaient trouvé preneurs en quelques minutes – rendait incontrôlable le bouillonnement intérieur. Jusqu’à ce que Billie Eilish, propulsée par un tremplin, bondisse soudain sur la scène, tel un diable de sa boîte pour le seul concert en France de sa nouvelle tournée, baptisée du nom de son deuxième album, Happier Than Ever.
Une apparition en phase avec son ascension météorique dans le paysage pop, saisi, en 2019, par cette jeune fille d’alors à peine 18 ans et son coup d’essai, When We All Fall Asleep, Where Do We Go ?, chantant l’anxiété adolescente sur fond de refrains aussi macabres qu’entraînants. Sept Grammy Awards et un Oscar plus tard, le phénomène générationnel ne s’est pas démenti, à en croire la ferveur d’une arène remplie très majoritairement de jeunes filles reprenant en un chœur assourdissant la quasi-intégralité des quelque vingt-cinq morceaux joués à Paris.
L’idolâtrie peut naître d’une forme d’inaccessibilité. Celle pour « Billie ! Billie ! Billie ! » semble se nourrir d’identification. Avec son tee-shirt rose « oversize », à l’effigie de femmes en armes, son short de cycliste et ses sneakers frappant le sol aux rythmes de danses bondissantes, la chanteuse ressemble plus à une copine fan de mangas qu’à une starlette choisissant de se distinguer par son glamour et le surjeu de son sex-appeal.
Une énergie rayonnante
Une proximité qui s’est d’abord liée autour de morceaux partageant mal-être, pulsions suicidaires, problèmes de santé mentale, en ayant le bon goût de faire danser ou rêver les petits monstres peuplant cette instabilité. Sur l’écran de fond de scène, plusieurs vilaines créatures – le colosse gothique de Bury a Friend, les chiens menaçants de I Didn’t Change My Number, l’araignée géante de You Should See Me in a Crown, les requins de Ilomilo… – illustrent des sons aussi perturbants qu’excitants.
Habitée d’une énergie rayonnante, alors que ce spleen pourrait tout assombrir, Billie Eilish emplit l’espace de sa présence, malgré le minimalisme de son accompagnement. A droite de la scène, le batteur Andrew Marshall réchauffe de sa frappe l’omniprésence des machines. Quand, à l’opposé, la timide silhouette du frère de Billie Eilish, Finneas O’Connell, déploie ses talents de multi-instrumentiste (guitare, basse, claviers…). Cocompositeur, réalisateur et « meilleur ami » de sa sœur, de quatre ans sa cadette, il prolonge sur scène l’autarcie créative qui fait leur réussite.
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