Pour l’ouverture de Jazz à Vienne, 41e édition, MC Solaar et son New Big Band Project font le plein : le plein de public, le plein de joie, le plein d’intelligence, le tout sans s’en faire. MC Solaar se lance peinard, la main dans la poche, à fond dans le sens de ses allitérations ailées, impeccable sur le rythme et le secret des dieux du jazz : la « mise en place ». Voix ou instrument calés sans une nanoseconde de décalage, dans le tempo, la pulsation, l’équilibre général.
Telle est donc l’ouverture de Jazz à Vienne, invention fastueuse de Jean-Paul Boutellier, ses 150 événements et ses sites multiples. Gratuits, les concerts dans le jardin de Cybèle (qui accueille le toujours vibrant David Linx avec des arrangements quelque peu empesés de David Bowie), gratuites les prestations en ville et les surprises qu’elles réservent.
Ce qui est devenu coton, c’est de remplir le Théâtre antique. Jazzmen et chanteuses ne sont pas formatés pour ce pari. Autant dire qu’il faut tricoter, chaque soir, des combinaisons de style impossibles. Ce n’est pas bien nouveau. Miles Davis et quelques autres monstres ayant tiré leur révérence, il a toujours, peu ou prou, fallu procéder ainsi.
Et si MC Solaar offrait une autre chance ? Il se présente ici pour la troisième fois, mais en ouverture des quinze jours pléthoriques. Alors, soudain, se pose la question métaphysique de la légitimité. Jazz ou pas jazz ? Carpe ou lapin ? MC Solaar règle l’affaire plaisamment, comme d’habitude. Il choisit de contrer les sourcilleux par la malice : « Disons que je me suis “sinatra-ïsé” pour la conception orchestrale, et “barrywhite-ïsé” pour la voix. » Rien de plus vrai. De Sinatra, il retient la méthode : laisser la place à l’orchestre, aux interprètes, cornaqué(e)s par un phénoménal Issam Krimi.
Un pur tour de prestidigitation
Natif d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), claviériste au sourire craquant, Issam Krimi est le Quincy Jones de la planète hip-hop : Soprano, IAM, Oxmo Puccino et bien d’autres lui doivent souplesse et personnalité. En directeur musical du New Big Band Project, il crève le mur du son. Rien de plus difficile que de réunir ces divers éléments : un ensemble symphonique (l’Orchestre des Pays de Savoie, en l’occurrence), une section de cuivres de catégorie juchée au-dessus de la mêlée, un batteur bien abrité derrière une paroi de plastique, et un groupe de choristes remuantes, très efficace. Plus MC Solaar, et, fondamental, le bassiste.
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Read AgainPour l’ouverture de Jazz à Vienne, 41e édition, MC Solaar et son New Big Band Project font le plein : le plein de public, le plein de joie, le plein d’intelligence, le tout sans s’en faire. MC Solaar se lance peinard, la main dans la poche, à fond dans le sens de ses allitérations ailées, impeccable sur le rythme et le secret des dieux du jazz : la « mise en place ». Voix ou instrument calés sans une nanoseconde de décalage, dans le tempo, la pulsation, l’équilibre général.
Telle est donc l’ouverture de Jazz à Vienne, invention fastueuse de Jean-Paul Boutellier, ses 150 événements et ses sites multiples. Gratuits, les concerts dans le jardin de Cybèle (qui accueille le toujours vibrant David Linx avec des arrangements quelque peu empesés de David Bowie), gratuites les prestations en ville et les surprises qu’elles réservent.
Ce qui est devenu coton, c’est de remplir le Théâtre antique. Jazzmen et chanteuses ne sont pas formatés pour ce pari. Autant dire qu’il faut tricoter, chaque soir, des combinaisons de style impossibles. Ce n’est pas bien nouveau. Miles Davis et quelques autres monstres ayant tiré leur révérence, il a toujours, peu ou prou, fallu procéder ainsi.
Et si MC Solaar offrait une autre chance ? Il se présente ici pour la troisième fois, mais en ouverture des quinze jours pléthoriques. Alors, soudain, se pose la question métaphysique de la légitimité. Jazz ou pas jazz ? Carpe ou lapin ? MC Solaar règle l’affaire plaisamment, comme d’habitude. Il choisit de contrer les sourcilleux par la malice : « Disons que je me suis “sinatra-ïsé” pour la conception orchestrale, et “barrywhite-ïsé” pour la voix. » Rien de plus vrai. De Sinatra, il retient la méthode : laisser la place à l’orchestre, aux interprètes, cornaqué(e)s par un phénoménal Issam Krimi.
Un pur tour de prestidigitation
Natif d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), claviériste au sourire craquant, Issam Krimi est le Quincy Jones de la planète hip-hop : Soprano, IAM, Oxmo Puccino et bien d’autres lui doivent souplesse et personnalité. En directeur musical du New Big Band Project, il crève le mur du son. Rien de plus difficile que de réunir ces divers éléments : un ensemble symphonique (l’Orchestre des Pays de Savoie, en l’occurrence), une section de cuivres de catégorie juchée au-dessus de la mêlée, un batteur bien abrité derrière une paroi de plastique, et un groupe de choristes remuantes, très efficace. Plus MC Solaar, et, fondamental, le bassiste.
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