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Claes Oldenburg, géant du pop art, est mort - Le Monde

Claes Oldenburg à Philadelphie, en août 2011.

Il partageait son temps entre Manhattan et un petit village de la Sarthe, mais ses œuvres sont partout. A Paris, un vélo de géant semi enterré dans une pelouse du parc de la Villette dont n’émergent que quelques éléments, et en particulier un fragment de roue qui fait la joie des galopins, lesquels s’en servent de toboggan. A Cassel (Allemagne), une pioche destinée aux personnes de très, très, très grande taille. Dans le jardin du musée Nelson-Atkins de Kansas City (Etats-Unis), des volants de badminton démesurés qui sont devenus le logo du lieu. A Tokyo, une scie égoïne qui attaque une pelouse en bordure de route et menace de s’en prendre à la passerelle qui la surplombe. Un cornet de glace (12 mètres de haut) écrasé sur le faîte d’un immeuble de Cologne, ou encore un W.-C. en caoutchouc mou, sur le siège duquel personne de sensé, même fort pressé, n’oserait s’asseoir.

A la biennale de Venise enfin, en septembre 1985, une étrange galère en forme de couteau suisse, créée avec son épouse Coosje van Bruggen (1942-2009) et la complicité de nombreux amis, dont l’architecte Frank Gehry, qui durant trois jours a joué les Bucentaure pour une performance intitulée Il Corso del Coltello. Des objets du quotidien, magnifiés par la taille et aussi par l’humour d’un maître du pop art, l’Américain Claes Oldenburg, mort le 18 juillet à New York à l’âge de 93 ans.

La Neumarkt-Galerie à Cologne avec le cornet de glace renversé (Dropped Cone) par Claes Oldenburg et Coosje van Bruggen.

Objets du quotidien, magnifiés par la taille et par l’humour

Né le 28 janvier 1929 à Stockholm, fils d’un diplomate et d’une chanteuse lyrique, il grandit à Chicago avant de suivre les cours de l’université de Yale (et ceux, dispensés le soir, de l’Art Institute de Chicago), puis de devenir journaliste. En 1956, à New York, il rencontre de nombreux artistes dont Allan Kaprow (1927-2006), considéré comme un des pères du happening. Cela l’encourage dans cette pratique, qu’il rend toutefois plus sculpturale avec des œuvres comme The Street (1959) une accumulation de détritus, ou The Store (1960 puis 1961), un vrai magasin du Lower East Side (son quartier, qui n’est pas des plus huppés) dans la vitrine duquel il présente des produits de consommation.

Mais, contrairement aux nouveaux réalistes qui auraient, eux, utilisé des objets réels, les siens sont sculptés (en collaboration avec sa première femme, Patricia Muschinski, dite Patty Mucha, artiste également) avec du tissu et du plâtre coloré. La vitrine de The Store proposait aux chalands une crème glacée dans son cône (approximativement 3 mètres de long), un hamburger (1,5 mètre par 2 mètres) et une tranche de cake (2,7 mètres)…

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Claes Oldenburg à Philadelphie, en août 2011.

Il partageait son temps entre Manhattan et un petit village de la Sarthe, mais ses œuvres sont partout. A Paris, un vélo de géant semi enterré dans une pelouse du parc de la Villette dont n’émergent que quelques éléments, et en particulier un fragment de roue qui fait la joie des galopins, lesquels s’en servent de toboggan. A Cassel (Allemagne), une pioche destinée aux personnes de très, très, très grande taille. Dans le jardin du musée Nelson-Atkins de Kansas City (Etats-Unis), des volants de badminton démesurés qui sont devenus le logo du lieu. A Tokyo, une scie égoïne qui attaque une pelouse en bordure de route et menace de s’en prendre à la passerelle qui la surplombe. Un cornet de glace (12 mètres de haut) écrasé sur le faîte d’un immeuble de Cologne, ou encore un W.-C. en caoutchouc mou, sur le siège duquel personne de sensé, même fort pressé, n’oserait s’asseoir.

A la biennale de Venise enfin, en septembre 1985, une étrange galère en forme de couteau suisse, créée avec son épouse Coosje van Bruggen (1942-2009) et la complicité de nombreux amis, dont l’architecte Frank Gehry, qui durant trois jours a joué les Bucentaure pour une performance intitulée Il Corso del Coltello. Des objets du quotidien, magnifiés par la taille et aussi par l’humour d’un maître du pop art, l’Américain Claes Oldenburg, mort le 18 juillet à New York à l’âge de 93 ans.

La Neumarkt-Galerie à Cologne avec le cornet de glace renversé (Dropped Cone) par Claes Oldenburg et Coosje van Bruggen.

Objets du quotidien, magnifiés par la taille et par l’humour

Né le 28 janvier 1929 à Stockholm, fils d’un diplomate et d’une chanteuse lyrique, il grandit à Chicago avant de suivre les cours de l’université de Yale (et ceux, dispensés le soir, de l’Art Institute de Chicago), puis de devenir journaliste. En 1956, à New York, il rencontre de nombreux artistes dont Allan Kaprow (1927-2006), considéré comme un des pères du happening. Cela l’encourage dans cette pratique, qu’il rend toutefois plus sculpturale avec des œuvres comme The Street (1959) une accumulation de détritus, ou The Store (1960 puis 1961), un vrai magasin du Lower East Side (son quartier, qui n’est pas des plus huppés) dans la vitrine duquel il présente des produits de consommation.

Mais, contrairement aux nouveaux réalistes qui auraient, eux, utilisé des objets réels, les siens sont sculptés (en collaboration avec sa première femme, Patricia Muschinski, dite Patty Mucha, artiste également) avec du tissu et du plâtre coloré. La vitrine de The Store proposait aux chalands une crème glacée dans son cône (approximativement 3 mètres de long), un hamburger (1,5 mètre par 2 mètres) et une tranche de cake (2,7 mètres)…

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