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« Everything Everywhere All at Once » : une comédie familiale engloutie dans un blockbuster hypnotique - Le Monde

Tallie Medel et Stephanie Hsu dans « « Everything Everywhere All at Once », de Daniel Scheinert et Daniel Kwan.

Sorti en mars aux Etats-Unis, Everything Everywhere All at Once fut, dans un contexte d’interminable engourdissement post-Covid, la belle surprise de ce printemps : avec un nombre restreint d’écrans, le film aura rapporté plus de 100 millions de dollars, devenant le plus gros succès de la boîte de production A24, davantage connue pour ses films d’auteur exigeants (Ari Aster, les frères Safdie) que pour ses blockbusters ébouriffants.

La recette d’un tel succès est inscrite dès le titre (« tout, partout, tout à la fois »), les « Daniels » (Daniel Scheinert et Daniel Kwan) ont patiemment coché toutes les cases de ce qu’on est en mesure d’exiger d’un grand spectacle hollywoodien : premiers rôles 100 % sino-américains, à la suite du carton de Crazy Rich Asians (2018), de Jon M. Chu, venant réparer des décennies de manque de visibilité, film de super-héros baroque et œuvre de science-fiction aussi sibylline qu’un film signé Christopher Nolan, et, enfin, comédie familiale.

Tout commence sur un terrain parfaitement réaliste : celui d’une laverie automatique tenue par la famille Wang. Epuisée, Evelyn Wang jongle entre les paniers de linge et la paperasse administrative et craint l’arrivée imminente, depuis la Chine, de son père. Sa venue est l’occasion d’observer le triste spectacle qu’offrent les siens : Waymond, son mari, n’a pas encore eu le temps de lui demander le divorce, et sa fille Joy est, pour le plus grand malheur de sa mère, en couple avec une fille.

Las, Evelyn dénombre ses échecs, observe son rêve américain cruellement rétréci au lavage. Ce premier rôle est confié à Michelle Yeoh, actrice malaisienne de 60 ans abonnée aux films d’action – un choix fort. C’est là que tout se complique : un jour, devant le bureau de l’inspectrice des impôts (Jamie Lee Curtis), Evelyn bascule dans une autre dimension et fait la connaissance d’une version alternative de son propre mari qui lui explique qu’à côté de la réalité (l’Alphaverse), il existe de nombreux univers parallèles où s’ébattent d’autres versions de soi. L’occasion pour Evelyn de découvrir que, dans un autre monde, elle est une star de cinéma, cheffe cuisinière, lesbienne avec des hot-dogs à la place des doigts… A cela s’ajoute, forcément, un danger : une certaine Jobu Tupaki (la propre fille d’Evelyn), dont l’esprit s’est fêlé à force de voyages, menace l’intégrité du multivers. En résumé, la famille Wang règle ses comptes à cheval sur des centaines d’univers différents.

Spectateur mutant

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Tallie Medel et Stephanie Hsu dans « « Everything Everywhere All at Once », de Daniel Scheinert et Daniel Kwan.

Sorti en mars aux Etats-Unis, Everything Everywhere All at Once fut, dans un contexte d’interminable engourdissement post-Covid, la belle surprise de ce printemps : avec un nombre restreint d’écrans, le film aura rapporté plus de 100 millions de dollars, devenant le plus gros succès de la boîte de production A24, davantage connue pour ses films d’auteur exigeants (Ari Aster, les frères Safdie) que pour ses blockbusters ébouriffants.

La recette d’un tel succès est inscrite dès le titre (« tout, partout, tout à la fois »), les « Daniels » (Daniel Scheinert et Daniel Kwan) ont patiemment coché toutes les cases de ce qu’on est en mesure d’exiger d’un grand spectacle hollywoodien : premiers rôles 100 % sino-américains, à la suite du carton de Crazy Rich Asians (2018), de Jon M. Chu, venant réparer des décennies de manque de visibilité, film de super-héros baroque et œuvre de science-fiction aussi sibylline qu’un film signé Christopher Nolan, et, enfin, comédie familiale.

Tout commence sur un terrain parfaitement réaliste : celui d’une laverie automatique tenue par la famille Wang. Epuisée, Evelyn Wang jongle entre les paniers de linge et la paperasse administrative et craint l’arrivée imminente, depuis la Chine, de son père. Sa venue est l’occasion d’observer le triste spectacle qu’offrent les siens : Waymond, son mari, n’a pas encore eu le temps de lui demander le divorce, et sa fille Joy est, pour le plus grand malheur de sa mère, en couple avec une fille.

Las, Evelyn dénombre ses échecs, observe son rêve américain cruellement rétréci au lavage. Ce premier rôle est confié à Michelle Yeoh, actrice malaisienne de 60 ans abonnée aux films d’action – un choix fort. C’est là que tout se complique : un jour, devant le bureau de l’inspectrice des impôts (Jamie Lee Curtis), Evelyn bascule dans une autre dimension et fait la connaissance d’une version alternative de son propre mari qui lui explique qu’à côté de la réalité (l’Alphaverse), il existe de nombreux univers parallèles où s’ébattent d’autres versions de soi. L’occasion pour Evelyn de découvrir que, dans un autre monde, elle est une star de cinéma, cheffe cuisinière, lesbienne avec des hot-dogs à la place des doigts… A cela s’ajoute, forcément, un danger : une certaine Jobu Tupaki (la propre fille d’Evelyn), dont l’esprit s’est fêlé à force de voyages, menace l’intégrité du multivers. En résumé, la famille Wang règle ses comptes à cheval sur des centaines d’univers différents.

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