Les Cinquante, c’est le nom de la dernière téléréalité lancée par W9 dans laquelle 50 candidats « emblématiques » de la téléréalité à la française s’opposent dans des épreuves aux allures enfantines pour tenter de faire gagner jusqu’à 50.000 € à l’un de leurs followers. Comme le veut le concept, la production de l’émission a organisé la plus grande réunion jamais orchestrée à la télévision de personnalités rendues célèbres par leurs apparitions dans des émissions du genre.
Au casting, on retrouve Victoria Mehault aux côtés de Maëva Ghennam, sa meilleure ennemie depuis qu’elle a refusé de participer à une émission où elle s’invitait dans le dressing d’autres influenceurs (on vous épargne les longues recherches qui nous ont permis de comprendre l’origine de la mésentente entre les deux candidates). De son côté, Maëva a retrouvé son ex, Greg - aussi surnommé « Bebew » mais ça, on n’a pas compris pourquoi - qui a des vues sur Marwa, révélée dans Les princes et princesses de l’amour. Marwa a participé au Reste du monde avec Simon Castaldi, où le fils Castaldi a trompé Adixia sous les yeux des caméras avec Virginie alors qu’elle sortait d’une relation tumultueuse avec Nicolo. Nicolo qui connaît d’ailleurs Amélie Neten depuis leur participation aux Anges de la téléréalité mais qui se verrait bien en couple avec Charlotte, repérée dans la dernière saison des Marseillais. Il finira finalement avec Victoria sous les yeux des 48 autres protagonistes du programme. Vous n’avez rien compris ? Au départ, nous non plus.
Car à l’inverse de Loft Story ou encore Secret Story, qui ont fait les beaux jours du genre au début des années 2000, la téléréalité est aujourd’hui organisée comme une série où chaque programme est un nouvel épisode et où l’on peut vite se perdre dans les relations nouées entre les personnages qui font leur vie sous nos yeux. Alors cette stratégie d’infinie série et de recyclage permanent de candidats et candidates est-elle en train de tuer ce format ? Et faudrait-il repartir de zéro pour tenter de faire à nouveau frémir le succès de ces émissions ? Peut-être. 20 Minutes tente de répondre.
« Télé développement durable »
Après un démarrage à 637.000 téléspectateurs (3,1 %) le 3 septembre, Les Cinquante stagnent désormais en dessous des 500.000 spectateurs quotidiens. De bons scores si l’on compare ces chiffres aux derniers enregistrés par la franchise Les Marseillais sur la même chaîne. Ce nouveau format semble donc bien reçu par le public tandis que W9 a fait le pari de miser sur une nouvelle émission après avoir tourné pendant des années autour des franchises mettant en scène des candidats venus de Marseille, lancées en 2012 et largement éprouvées par la chaîne.
Si le concept est nouveau, les candidats eux, ont tous déjà été vus dans un ou plusieurs autres programmes du genre. « C’est ce que j’appelle la télé développement durable, elle se recycle elle-même », indique Virginie Spies, sémiologue des médias. Car depuis Les Anges de la téléréalité diffusée sur NRJ 12 à partir de 2011, et la fin de Secret Story en 2017, les productions ont pris l’habitude de faire appel à des visages déjà connus des amateurs de ces émissions. Elle évoque encore « une télé autophage », qui se mange elle-même en tentant en permanence de rattacher de l’inconnu à du connu et en construisant toujours plus sur les mêmes vieilles fondations devenues bancales.
« C’est une sorte de produit d’appel », justifie Nathalie Nadaud-Albertini docteure en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de la téléréalité. « On sait que les candidats habituels sont là, on sait à peu près ce qu’ils vont faire et donc on attend un certain type de comportements de leur part. »
Des candidats qui grandissent avec le public
Certes, mais lorsqu’on n’est pas aficionados de cet écosystème, il y a de quoi être largué tant les références aux autres « aventures » - entendez par là les précédentes téléréalités auxquelles les candidats ont participé - mais aussi aux réseaux sociaux sont nombreuses. « C’est comme prendre les Feux de l’amour quand on n’a pas vu les épisodes précédents », constate Nathalie Nadaud-Albertini qui a fait l’expérience pour cet article de regarder l’émission avec une amie peu habituée de ce type d’émission. « On ne sait pas qui est ami avec qui, qui a fait quoi, qui veut embrouiller qui… »
Pour cette raison, le genre s’est offert un nouveau nom, passant de « téléréalités » à « série réalité ». « Il y a dix ans, quand on a lancé Les Marseillais, c’était unique d’installer un casting dans le temps, chaque fois le même et qu’on grandisse avec », a justifié Florence Fayard, directrice générale de Banijay Productions, qui produit Les Cinquante et Les Marseillais, au micro de Franceinfo.
C’est peut-être ce modèle, construit brique à brique depuis de nombreuses années et ayant fait émerger des superstars de la téléréalité sur les réseaux sociaux, qui perd les nouveaux téléspectateurs potentiels. « Maintenant quand on dit "téléréalité", on pense à ces candidats récurrents. On pense au format non plus comme un programme mais comme une histoire continue et transmédia », détaille Nathalie Nadaud-Albertini. Il existe une continuité entre ce qu’il se passe dans les programmes, d’un programme à l’autre mais aussi sur les réseaux sociaux et dans la presse spécialisée.
Marketing personnel et pratiques problématiques
Mais cette combinaison de différents supports où consulter cette « réalité » transposée à l’écran n’est pas nouvelle. Dès ses débuts, la téléréalité a été transposée sur différents supports offrant chacun ses histoires. Lorsque le Loft Story est lancé en 2000, il était possible pour eux de suivre l’intrigue en direct 24h/24 sur Internet ou sur le canal 27 de la TPS. Les quotidiennes animées par Benjamin Castaldi mais aussi les primes hebdomadaires condensaient les histoires vécues par les « lofteurs » pour ceux qui les avaient ratées. « Cette dimension transmédia a ensuite évolué au fur et à mesure des évolutions technologiques des différents supports disponibles », ajoute encore la spécialiste.
Le changement principal réside donc dans les lancements de programmes où les candidats ramènent chacun et chacune leur pièce du puzzle de leurs précédentes expériences télévisuelles ou des réseaux sociaux pour poursuivre leur propre histoire. « On est passés à une autre dimension où chacun cultive son marketing personnel, gère sa propre image de marque pour faire des revenus en dehors de la télévision. Les Cinquante c’est l’avènement de cela puisque cette émission rassemble uniquement d’anciens candidats de téléréalité », analyse Virginie Spies.
Mais ces derniers mois, la façon dont les influenceurs rendus célèbres au travers du petit écran utilisent leur image pose question. Arnaques, placements frauduleux, exil fiscal ont fait trembler ce petit milieu et entaché les figures les plus emblématiques du genre. Toutefois, « la téléréalité a toujours été attachée à une image plutôt négative », ajoute Nathalie Nadaud-Albertini. Mais elle rappelle aussi qu’elle s’est toujours construite sur ses critiques pour les intégrer et en faire des outils de son développement. « On ne regarde pas forcément que des histoires où le héros est habillé de blanc où il fait de bonnes actions. Parfois on aime aussi regarder des histoires de méchants qui font des choses méchantes à des gens qui n’ont rien demandé, cela fait aussi partie de ce qui fait qu’on aime regarder des fictions, tout comme la téléréalité. »
« La fin d’un cycle »
Face à ces critiques, une demande de renouveau exprimée par le public sur les réseaux sociaux et des audiences à la baisse sur les programmes traditionnels, les productions pourraient organiser un grand ménage dans leur casting pour renaître tel un phénix. Le format inédit des Cinquante prouve d’ailleurs que cette industrie, dont de nombreux analystes prédisent la fin depuis plus de dix ans, est encore créative.
« Le déclin de la téléréalité, ça fait 20 ans qu’on m’en parle », constate encore Nathalie Nadaud-Albertini qui refuse de miser sur une extinction du genre dans les années à venir. « La téléréalité elle s’est adaptée à ses critiques à ses erreurs. On peut tout à fait imaginer qu’elle parvienne à se renouveler. »
Sur Franceinfo, Florence Fayard s’est elle-même questionnée sur la potentielle « fin d’un cycle ». « Bien sûr qu’il y a des cycles », a-t-elle concédé. Comment pourrait rebondir la téléréalité si elle est à bout de souffle ? « On peut imaginer voir arriver des émissions avec 100 % d’anonymes ou d’autres types de célébrités », a détaillé la directrice de Banijay Productions à l’idée de reconduire le concept des Cinquante pour une seconde saison en cas de succès.
Renouer avec l’époque
Car si les personnages récurrents de la téléréalité ont grandi avec leur audience, les images qu’ils véhiculent n’ont quant à elles pas beaucoup bougé. C’est pourquoi les discours et modèles véhiculés par ce type d’émissions sont souvent en décalage avec les changements de la société, les candidats étant comme « bloqués » dans une époque révolue. Notamment pour tout ce qui touche aux rapports homme/femme et aux représentations des femmes.
Très hétéronormées, ces émissions ont majoritairement gardé pour enjeu central que les protagonistes forment des couples pour ensuite créer des histoires autour de ces romances. Depuis une décennie, les candidats qui veulent « percer » dans le milieu l’ont bien compris et n’hésitent pas à multiplier les relations amoureuses face à la caméra ou à se plier aux diktats physiques véhiculés par ces émissions. L’heure est-elle encore aux candidates à la féminité exacerbée par la chirurgie esthétique ? Les triptyques grosses lèvres, gros seins, grosses fesses pour les femmes et dents blanches, tablettes de chocolat et pectoraux pour les hommes présentent-ils encore un quelconque attrait en 2022 ?
Pour Nathalie Nadaud-Albertini, changer ce modèle pourrait être l’enjeu des années à venir. « Il se peut que les téléspectateurs et téléspectatrices ne se reconnaissent plus dans les rapports hommes/femmes présentés dans ces émissions. Et on sait très bien que pour qu’un programme fonctionne, il faut qu’il soit en adéquation avec son époque. Si le décalage devient vraiment trop important, cela deviendra des programmes de niche. » Elle estime donc qu’un renouvellement des castings comme des programmes pourrait donner un énième coup de boost à ces émissions, en ravivant la curiosité des téléspectateurs.
Read AgainLes Cinquante, c’est le nom de la dernière téléréalité lancée par W9 dans laquelle 50 candidats « emblématiques » de la téléréalité à la française s’opposent dans des épreuves aux allures enfantines pour tenter de faire gagner jusqu’à 50.000 € à l’un de leurs followers. Comme le veut le concept, la production de l’émission a organisé la plus grande réunion jamais orchestrée à la télévision de personnalités rendues célèbres par leurs apparitions dans des émissions du genre.
Au casting, on retrouve Victoria Mehault aux côtés de Maëva Ghennam, sa meilleure ennemie depuis qu’elle a refusé de participer à une émission où elle s’invitait dans le dressing d’autres influenceurs (on vous épargne les longues recherches qui nous ont permis de comprendre l’origine de la mésentente entre les deux candidates). De son côté, Maëva a retrouvé son ex, Greg - aussi surnommé « Bebew » mais ça, on n’a pas compris pourquoi - qui a des vues sur Marwa, révélée dans Les princes et princesses de l’amour. Marwa a participé au Reste du monde avec Simon Castaldi, où le fils Castaldi a trompé Adixia sous les yeux des caméras avec Virginie alors qu’elle sortait d’une relation tumultueuse avec Nicolo. Nicolo qui connaît d’ailleurs Amélie Neten depuis leur participation aux Anges de la téléréalité mais qui se verrait bien en couple avec Charlotte, repérée dans la dernière saison des Marseillais. Il finira finalement avec Victoria sous les yeux des 48 autres protagonistes du programme. Vous n’avez rien compris ? Au départ, nous non plus.
Car à l’inverse de Loft Story ou encore Secret Story, qui ont fait les beaux jours du genre au début des années 2000, la téléréalité est aujourd’hui organisée comme une série où chaque programme est un nouvel épisode et où l’on peut vite se perdre dans les relations nouées entre les personnages qui font leur vie sous nos yeux. Alors cette stratégie d’infinie série et de recyclage permanent de candidats et candidates est-elle en train de tuer ce format ? Et faudrait-il repartir de zéro pour tenter de faire à nouveau frémir le succès de ces émissions ? Peut-être. 20 Minutes tente de répondre.
« Télé développement durable »
Après un démarrage à 637.000 téléspectateurs (3,1 %) le 3 septembre, Les Cinquante stagnent désormais en dessous des 500.000 spectateurs quotidiens. De bons scores si l’on compare ces chiffres aux derniers enregistrés par la franchise Les Marseillais sur la même chaîne. Ce nouveau format semble donc bien reçu par le public tandis que W9 a fait le pari de miser sur une nouvelle émission après avoir tourné pendant des années autour des franchises mettant en scène des candidats venus de Marseille, lancées en 2012 et largement éprouvées par la chaîne.
Si le concept est nouveau, les candidats eux, ont tous déjà été vus dans un ou plusieurs autres programmes du genre. « C’est ce que j’appelle la télé développement durable, elle se recycle elle-même », indique Virginie Spies, sémiologue des médias. Car depuis Les Anges de la téléréalité diffusée sur NRJ 12 à partir de 2011, et la fin de Secret Story en 2017, les productions ont pris l’habitude de faire appel à des visages déjà connus des amateurs de ces émissions. Elle évoque encore « une télé autophage », qui se mange elle-même en tentant en permanence de rattacher de l’inconnu à du connu et en construisant toujours plus sur les mêmes vieilles fondations devenues bancales.
« C’est une sorte de produit d’appel », justifie Nathalie Nadaud-Albertini docteure en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de la téléréalité. « On sait que les candidats habituels sont là, on sait à peu près ce qu’ils vont faire et donc on attend un certain type de comportements de leur part. »
Des candidats qui grandissent avec le public
Certes, mais lorsqu’on n’est pas aficionados de cet écosystème, il y a de quoi être largué tant les références aux autres « aventures » - entendez par là les précédentes téléréalités auxquelles les candidats ont participé - mais aussi aux réseaux sociaux sont nombreuses. « C’est comme prendre les Feux de l’amour quand on n’a pas vu les épisodes précédents », constate Nathalie Nadaud-Albertini qui a fait l’expérience pour cet article de regarder l’émission avec une amie peu habituée de ce type d’émission. « On ne sait pas qui est ami avec qui, qui a fait quoi, qui veut embrouiller qui… »
Pour cette raison, le genre s’est offert un nouveau nom, passant de « téléréalités » à « série réalité ». « Il y a dix ans, quand on a lancé Les Marseillais, c’était unique d’installer un casting dans le temps, chaque fois le même et qu’on grandisse avec », a justifié Florence Fayard, directrice générale de Banijay Productions, qui produit Les Cinquante et Les Marseillais, au micro de Franceinfo.
C’est peut-être ce modèle, construit brique à brique depuis de nombreuses années et ayant fait émerger des superstars de la téléréalité sur les réseaux sociaux, qui perd les nouveaux téléspectateurs potentiels. « Maintenant quand on dit "téléréalité", on pense à ces candidats récurrents. On pense au format non plus comme un programme mais comme une histoire continue et transmédia », détaille Nathalie Nadaud-Albertini. Il existe une continuité entre ce qu’il se passe dans les programmes, d’un programme à l’autre mais aussi sur les réseaux sociaux et dans la presse spécialisée.
Marketing personnel et pratiques problématiques
Mais cette combinaison de différents supports où consulter cette « réalité » transposée à l’écran n’est pas nouvelle. Dès ses débuts, la téléréalité a été transposée sur différents supports offrant chacun ses histoires. Lorsque le Loft Story est lancé en 2000, il était possible pour eux de suivre l’intrigue en direct 24h/24 sur Internet ou sur le canal 27 de la TPS. Les quotidiennes animées par Benjamin Castaldi mais aussi les primes hebdomadaires condensaient les histoires vécues par les « lofteurs » pour ceux qui les avaient ratées. « Cette dimension transmédia a ensuite évolué au fur et à mesure des évolutions technologiques des différents supports disponibles », ajoute encore la spécialiste.
Le changement principal réside donc dans les lancements de programmes où les candidats ramènent chacun et chacune leur pièce du puzzle de leurs précédentes expériences télévisuelles ou des réseaux sociaux pour poursuivre leur propre histoire. « On est passés à une autre dimension où chacun cultive son marketing personnel, gère sa propre image de marque pour faire des revenus en dehors de la télévision. Les Cinquante c’est l’avènement de cela puisque cette émission rassemble uniquement d’anciens candidats de téléréalité », analyse Virginie Spies.
Mais ces derniers mois, la façon dont les influenceurs rendus célèbres au travers du petit écran utilisent leur image pose question. Arnaques, placements frauduleux, exil fiscal ont fait trembler ce petit milieu et entaché les figures les plus emblématiques du genre. Toutefois, « la téléréalité a toujours été attachée à une image plutôt négative », ajoute Nathalie Nadaud-Albertini. Mais elle rappelle aussi qu’elle s’est toujours construite sur ses critiques pour les intégrer et en faire des outils de son développement. « On ne regarde pas forcément que des histoires où le héros est habillé de blanc où il fait de bonnes actions. Parfois on aime aussi regarder des histoires de méchants qui font des choses méchantes à des gens qui n’ont rien demandé, cela fait aussi partie de ce qui fait qu’on aime regarder des fictions, tout comme la téléréalité. »
« La fin d’un cycle »
Face à ces critiques, une demande de renouveau exprimée par le public sur les réseaux sociaux et des audiences à la baisse sur les programmes traditionnels, les productions pourraient organiser un grand ménage dans leur casting pour renaître tel un phénix. Le format inédit des Cinquante prouve d’ailleurs que cette industrie, dont de nombreux analystes prédisent la fin depuis plus de dix ans, est encore créative.
« Le déclin de la téléréalité, ça fait 20 ans qu’on m’en parle », constate encore Nathalie Nadaud-Albertini qui refuse de miser sur une extinction du genre dans les années à venir. « La téléréalité elle s’est adaptée à ses critiques à ses erreurs. On peut tout à fait imaginer qu’elle parvienne à se renouveler. »
Sur Franceinfo, Florence Fayard s’est elle-même questionnée sur la potentielle « fin d’un cycle ». « Bien sûr qu’il y a des cycles », a-t-elle concédé. Comment pourrait rebondir la téléréalité si elle est à bout de souffle ? « On peut imaginer voir arriver des émissions avec 100 % d’anonymes ou d’autres types de célébrités », a détaillé la directrice de Banijay Productions à l’idée de reconduire le concept des Cinquante pour une seconde saison en cas de succès.
Renouer avec l’époque
Car si les personnages récurrents de la téléréalité ont grandi avec leur audience, les images qu’ils véhiculent n’ont quant à elles pas beaucoup bougé. C’est pourquoi les discours et modèles véhiculés par ce type d’émissions sont souvent en décalage avec les changements de la société, les candidats étant comme « bloqués » dans une époque révolue. Notamment pour tout ce qui touche aux rapports homme/femme et aux représentations des femmes.
Très hétéronormées, ces émissions ont majoritairement gardé pour enjeu central que les protagonistes forment des couples pour ensuite créer des histoires autour de ces romances. Depuis une décennie, les candidats qui veulent « percer » dans le milieu l’ont bien compris et n’hésitent pas à multiplier les relations amoureuses face à la caméra ou à se plier aux diktats physiques véhiculés par ces émissions. L’heure est-elle encore aux candidates à la féminité exacerbée par la chirurgie esthétique ? Les triptyques grosses lèvres, gros seins, grosses fesses pour les femmes et dents blanches, tablettes de chocolat et pectoraux pour les hommes présentent-ils encore un quelconque attrait en 2022 ?
Pour Nathalie Nadaud-Albertini, changer ce modèle pourrait être l’enjeu des années à venir. « Il se peut que les téléspectateurs et téléspectatrices ne se reconnaissent plus dans les rapports hommes/femmes présentés dans ces émissions. Et on sait très bien que pour qu’un programme fonctionne, il faut qu’il soit en adéquation avec son époque. Si le décalage devient vraiment trop important, cela deviendra des programmes de niche. » Elle estime donc qu’un renouvellement des castings comme des programmes pourrait donner un énième coup de boost à ces émissions, en ravivant la curiosité des téléspectateurs.
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