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Paul Kircher, le « lycéen » du réalisateur Christophe Honoré - Le Monde

Le comédien Paul Kircher, dans « Le Lycéen », de Christophe Honoré.

On s’attendait à voir arriver Paul Kircher, le « lycéen » qui donne son titre au dernier film de Christophe Honoré, flanqué d’un parent ou au moins d’une attachée de presse. Mais le comédien débutant se présente seul dans un café de Pigalle, pas loin de chez lui. Il n’a pas cours, et pour cause : Kircher, qui incarne à l’écran un post-adolescent confronté à la mort soudaine de son père, va en réalité sur ses 21 ans. L’année dernière, il a mis sur pause ses études de géographie à la fac pour se consacrer à deux tournages programmés pile pendant les partiels : Le Lycéen, donc, et Le Règne animal, de Thomas Cailley, en salle l’automne prochain.

Pour le premier, il a déjà reçu, en septembre, la Concha d’argent de la meilleure interprétation au festival de San Sebastián. Une entrée en fanfare dans le cinéma pour cet enfant de la balle qui a grandi à Paris avec deux parents comédiens (Irène Jacob et Jérôme Kircher), mais qui pendant longtemps s’imaginait ­plutôt chanteur. Au lycée, il joue dans plusieurs groupes de rock avec des copains et goûte à la lumière sur les scènes de quelques petites salles parisiennes. « J’aimais bien l’idée d’être acteur, mais ça me faisait un peu peur, dit-il. Je me disais que je ferais peut-être une école de théâtre, mais après ma licence. »

Recommandé par le père d’un ami à un directeur de casting, il décroche pourtant un rôle en 2020 dans le film d’Adeline Picault, T’as pécho ?. Dans la foulée, il trouve un agent et se met à suivre des cours de théâtre pendant les vacances scolaires. C’est à ce moment, assure-t-il, que son désir de jeu « se confirme ». Sur son ordinateur d’abord, puis dans les cinémas du Quartier latin, il rattrape les classiques et se forge une cinéphilie. « Ma mère m’avait montré beaucoup de films, mais, bizarrement, je ne me souviens de rien », sourit le comédien. Il aime le cinéma de James Gray et celui de Sidney Lumet.

Le visage arrondi de l’adolescence

Le mois dernier, Paul Kircher est allé passer quatre jours au Festival Lumière, à Lyon, pour découvrir quelques longs-métrages du Coréen Lee Chang-dong. Il n’avait vu aucune des œuvres de Christophe Honoré quand il a passé le casting du Lycéen et ignorait donc à quel point son apparition en jeune premier ­torturé et libre rappelle des images de Louis Garrel, de Romain Duris et plus récemment de Vincent Lacoste (son frère dans le film), autant d’alter ego de cinéma qui, au fil des ans, ont marqué la filmographie du réalisateur de Dans Paris, Ma mère et Plaire, aimer et courir vite.

De manière « pudique et informelle », Christophe Honoré lui a recommandé quelques lectures et visionnages en préparation du tournage : La Tendresse sur la peau, d’Edmund White, La Piscine-Bibliothèque, de ­l’Anglais Allan Hollinghurst, Manchester by the Sea, de Kenneth Lonergan, A nos amours, de Maurice Pialat, ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind, de Michel Gondry.

Mature, porté par une diction un peu désuète et par ce visage encore plein des arrondis de l’adolescence, le jeu de Paul Kircher illumine Le Lycéen, jusque dans des scènes de sexe explicites et tendres, qui ne lui ont pas posé problème : « La sexualité du personnage de Lucas est une pièce motrice de l’histoire, analyse-t-il, le seul endroit qu’il possède et maîtrise, où il sache ce qu’il veut, sans douter. Ces scènes étaient évidentes et même essentielles. » La suite ? On verra bien. Le 1er décembre, le jeune acteur partira pour deux mois avec un ami faire du woofing en Islande : il travaillera en échange du gîte et du couvert. Le cinéma l’attendra.

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Le comédien Paul Kircher, dans « Le Lycéen », de Christophe Honoré.

On s’attendait à voir arriver Paul Kircher, le « lycéen » qui donne son titre au dernier film de Christophe Honoré, flanqué d’un parent ou au moins d’une attachée de presse. Mais le comédien débutant se présente seul dans un café de Pigalle, pas loin de chez lui. Il n’a pas cours, et pour cause : Kircher, qui incarne à l’écran un post-adolescent confronté à la mort soudaine de son père, va en réalité sur ses 21 ans. L’année dernière, il a mis sur pause ses études de géographie à la fac pour se consacrer à deux tournages programmés pile pendant les partiels : Le Lycéen, donc, et Le Règne animal, de Thomas Cailley, en salle l’automne prochain.

Pour le premier, il a déjà reçu, en septembre, la Concha d’argent de la meilleure interprétation au festival de San Sebastián. Une entrée en fanfare dans le cinéma pour cet enfant de la balle qui a grandi à Paris avec deux parents comédiens (Irène Jacob et Jérôme Kircher), mais qui pendant longtemps s’imaginait ­plutôt chanteur. Au lycée, il joue dans plusieurs groupes de rock avec des copains et goûte à la lumière sur les scènes de quelques petites salles parisiennes. « J’aimais bien l’idée d’être acteur, mais ça me faisait un peu peur, dit-il. Je me disais que je ferais peut-être une école de théâtre, mais après ma licence. »

Recommandé par le père d’un ami à un directeur de casting, il décroche pourtant un rôle en 2020 dans le film d’Adeline Picault, T’as pécho ?. Dans la foulée, il trouve un agent et se met à suivre des cours de théâtre pendant les vacances scolaires. C’est à ce moment, assure-t-il, que son désir de jeu « se confirme ». Sur son ordinateur d’abord, puis dans les cinémas du Quartier latin, il rattrape les classiques et se forge une cinéphilie. « Ma mère m’avait montré beaucoup de films, mais, bizarrement, je ne me souviens de rien », sourit le comédien. Il aime le cinéma de James Gray et celui de Sidney Lumet.

Le visage arrondi de l’adolescence

Le mois dernier, Paul Kircher est allé passer quatre jours au Festival Lumière, à Lyon, pour découvrir quelques longs-métrages du Coréen Lee Chang-dong. Il n’avait vu aucune des œuvres de Christophe Honoré quand il a passé le casting du Lycéen et ignorait donc à quel point son apparition en jeune premier ­torturé et libre rappelle des images de Louis Garrel, de Romain Duris et plus récemment de Vincent Lacoste (son frère dans le film), autant d’alter ego de cinéma qui, au fil des ans, ont marqué la filmographie du réalisateur de Dans Paris, Ma mère et Plaire, aimer et courir vite.

De manière « pudique et informelle », Christophe Honoré lui a recommandé quelques lectures et visionnages en préparation du tournage : La Tendresse sur la peau, d’Edmund White, La Piscine-Bibliothèque, de ­l’Anglais Allan Hollinghurst, Manchester by the Sea, de Kenneth Lonergan, A nos amours, de Maurice Pialat, ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind, de Michel Gondry.

Mature, porté par une diction un peu désuète et par ce visage encore plein des arrondis de l’adolescence, le jeu de Paul Kircher illumine Le Lycéen, jusque dans des scènes de sexe explicites et tendres, qui ne lui ont pas posé problème : « La sexualité du personnage de Lucas est une pièce motrice de l’histoire, analyse-t-il, le seul endroit qu’il possède et maîtrise, où il sache ce qu’il veut, sans douter. Ces scènes étaient évidentes et même essentielles. » La suite ? On verra bien. Le 1er décembre, le jeune acteur partira pour deux mois avec un ami faire du woofing en Islande : il travaillera en échange du gîte et du couvert. Le cinéma l’attendra.

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