C’était la fée Turquoise, des « Aventures de Pinocchio ». L’actrice italienne Gina Lollobrigida, brune voluptueuse qui creva l’écran après guerre à Hollywood, est morte à l’âge de 95 ans. Pardonnez-nous, mais si vous avez plus de 50 ans, vous comprendrez. Vous êtes comme nous, orphelins. De Gina Lollobrigida, disparue à 95 ans, et apparue dans notre émerveillement de mioche à la quarantaine mais qui en faisait bien moins, ou peut-être l’âge d’une petite maman idéale. Nous sommes beaucoup d’enfants à avoir grandi avec le feuilleton télévisé de Luigi Comencini, réalisé en 1972 pour la RAI, mais multidiffusé en France dans les années qui ont suivi.
Il y avait Pinocchio, joué par un petit garçon auxquels nous nous identifiions presque tous. Il y avait son inventeur, l’artisan Geppetto, gentil, mais pas toujours là pour protéger sa marionnette devenue vivante d’aventures qui nous apparaissaient très dangereuses, à 6 ou 7 ans, à en pleurer. Et il y avait la fée Turquoise qui surgissait pour sauver le petit héros aux instants dramatiques ou trop solitaires. Sublime. Solaire. Italienne en somme. Brune, les yeux sombres et ardents, mamma rassurante et nous ne le savions pas encore, trop gamins et pas assez coquins, fantasme absolu.
Lollobrigida... un nom qui la faisait rire
Ah, ce nom qui la faisait rire. Lollobrigida. Quand, après ses débuts en Italie, où elle a d’abord fini troisième de Miss Italie derrière Lucia Bose -les admirateurs du cinéaste Antonioni comprendront, les stars italiennes ont été des miss- Gina a débuté en France dans « Fanfan la Tulipe » (1952), et son producteur a voulu lui trouver un autre nom. « Il m’a dit que ça voulait dire jolis seins en français et que c’était gênant », racontait-elle en 1992 à Michel Field dans « Le Cercle de minuit ». Elle était d’accord pour changer, mais a découvert sur le générique que ces cinq syllabes folles et drôles y était écrites.
Lola ou lolos, Brigitte ou Brigida, on pouvait déjà tout fantasmer à partir de ce nom qui lui allait en vérité comme un gant, ou plutôt un corset très pigeonnant. Adeline la Franchise, tel est son blason qui pousse Fanfan la Tulipe à ne pas l’envoyer sur les roses. Premiers émois. Histoire d’amour à l’écran et dans nos cœurs. « Je dois à la France mon succès cinématographique », confirmait-elle. Nous aussi, on confirme.
Sinatra, Steve McQueen… un carnet de bal hollywoodien
Des images en noir et blanc où elle irradiait de couleurs. Inoubliable aussi en Esmeralda du « Notre-Dame-de-Paris » (1956) de Jean Delannoy, face à Anthony Quinn tout aussi mémorable en Quasimodo. Hollywood sur Seine. Deux films et un feuilleton avec lesquels on a grandi, quand la télé ne comptait que deux chaînes et qu’on nous repassait souvent les mêmes plats, mais pour les siens, on en redemandait. Peut-être était-elle synonyme de gourmandise, déjà dans « Pain, amour et fantaisie » (1953), de Luigi Comencini, suivi l’année d’après par « Pain, amour et jalousie », signé du même, pour ne pas oublier que le gratin du cinéma italien en avait déjà fait son égérie.
Elle ne sera pas Claudia Cardinale, bien plus jeune à l’époque, de onze ans, mais qui la dépassera. Elle ne découvrira pas son Sergio Leone d’« ll était une fois dans l’Ouest », son Visconti du « Guépard », son Fellini de « Huit et demi ». Peut-être lui manque-t-il quelques chefs-d’œuvre inscrits tout en haut du panthéon, même si son carnet de bal hollywoodien fait tourner la tête, jouant avec Frank Sinatra ou Steve McQueen, et sous la direction de John Huston, John Sturges et Jules Dassin. Et plus récemment, en 1997, dans « XXL », d’Ariel Zeitoun, avec Gérard Depardieu.
Retour en France. François Mitterrand l’a décorée de la Légion d’honneur en 1993. Mariée, divorcée, mère d’un fils, elle se présente ensuite sans succès aux élections européennes, se lance dans la sculpture et la photographie. Rendez-nous plutôt la fée Turquoise. On n’oublie jamais ses premières amours. Son personnage transforme la marionnette en enfant pour rendre heureux Geppetto, qui n’en avait pas. C’est presque biblique, cette sainte-famille. Divine Gina. Doux Jésus, l’actrice est partie. Déesse Lollobrigida. À jamais, tes enfants de la télé reconnaissants.
C’était la fée Turquoise, des « Aventures de Pinocchio ». L’actrice italienne Gina Lollobrigida, brune voluptueuse qui creva l’écran après guerre à Hollywood, est morte à l’âge de 95 ans. Pardonnez-nous, mais si vous avez plus de 50 ans, vous comprendrez. Vous êtes comme nous, orphelins. De Gina Lollobrigida, disparue à 95 ans, et apparue dans notre émerveillement de mioche à la quarantaine mais qui en faisait bien moins, ou peut-être l’âge d’une petite maman idéale. Nous sommes beaucoup d’enfants à avoir grandi avec le feuilleton télévisé de Luigi Comencini, réalisé en 1972 pour la RAI, mais multidiffusé en France dans les années qui ont suivi.
Il y avait Pinocchio, joué par un petit garçon auxquels nous nous identifiions presque tous. Il y avait son inventeur, l’artisan Geppetto, gentil, mais pas toujours là pour protéger sa marionnette devenue vivante d’aventures qui nous apparaissaient très dangereuses, à 6 ou 7 ans, à en pleurer. Et il y avait la fée Turquoise qui surgissait pour sauver le petit héros aux instants dramatiques ou trop solitaires. Sublime. Solaire. Italienne en somme. Brune, les yeux sombres et ardents, mamma rassurante et nous ne le savions pas encore, trop gamins et pas assez coquins, fantasme absolu.
Lollobrigida... un nom qui la faisait rire
Ah, ce nom qui la faisait rire. Lollobrigida. Quand, après ses débuts en Italie, où elle a d’abord fini troisième de Miss Italie derrière Lucia Bose -les admirateurs du cinéaste Antonioni comprendront, les stars italiennes ont été des miss- Gina a débuté en France dans « Fanfan la Tulipe » (1952), et son producteur a voulu lui trouver un autre nom. « Il m’a dit que ça voulait dire jolis seins en français et que c’était gênant », racontait-elle en 1992 à Michel Field dans « Le Cercle de minuit ». Elle était d’accord pour changer, mais a découvert sur le générique que ces cinq syllabes folles et drôles y était écrites.
Lola ou lolos, Brigitte ou Brigida, on pouvait déjà tout fantasmer à partir de ce nom qui lui allait en vérité comme un gant, ou plutôt un corset très pigeonnant. Adeline la Franchise, tel est son blason qui pousse Fanfan la Tulipe à ne pas l’envoyer sur les roses. Premiers émois. Histoire d’amour à l’écran et dans nos cœurs. « Je dois à la France mon succès cinématographique », confirmait-elle. Nous aussi, on confirme.
Sinatra, Steve McQueen… un carnet de bal hollywoodien
Des images en noir et blanc où elle irradiait de couleurs. Inoubliable aussi en Esmeralda du « Notre-Dame-de-Paris » (1956) de Jean Delannoy, face à Anthony Quinn tout aussi mémorable en Quasimodo. Hollywood sur Seine. Deux films et un feuilleton avec lesquels on a grandi, quand la télé ne comptait que deux chaînes et qu’on nous repassait souvent les mêmes plats, mais pour les siens, on en redemandait. Peut-être était-elle synonyme de gourmandise, déjà dans « Pain, amour et fantaisie » (1953), de Luigi Comencini, suivi l’année d’après par « Pain, amour et jalousie », signé du même, pour ne pas oublier que le gratin du cinéma italien en avait déjà fait son égérie.
Elle ne sera pas Claudia Cardinale, bien plus jeune à l’époque, de onze ans, mais qui la dépassera. Elle ne découvrira pas son Sergio Leone d’« ll était une fois dans l’Ouest », son Visconti du « Guépard », son Fellini de « Huit et demi ». Peut-être lui manque-t-il quelques chefs-d’œuvre inscrits tout en haut du panthéon, même si son carnet de bal hollywoodien fait tourner la tête, jouant avec Frank Sinatra ou Steve McQueen, et sous la direction de John Huston, John Sturges et Jules Dassin. Et plus récemment, en 1997, dans « XXL », d’Ariel Zeitoun, avec Gérard Depardieu.
Retour en France. François Mitterrand l’a décorée de la Légion d’honneur en 1993. Mariée, divorcée, mère d’un fils, elle se présente ensuite sans succès aux élections européennes, se lance dans la sculpture et la photographie. Rendez-nous plutôt la fée Turquoise. On n’oublie jamais ses premières amours. Son personnage transforme la marionnette en enfant pour rendre heureux Geppetto, qui n’en avait pas. C’est presque biblique, cette sainte-famille. Divine Gina. Doux Jésus, l’actrice est partie. Déesse Lollobrigida. À jamais, tes enfants de la télé reconnaissants.
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