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A la Berlinale, un documentaire français sur la psychiatrie remporte l'Ours d'Or à Berlin - Le Monde

Nicolas Philibert reçoit l’Ours d’or pour le meilleur film « Sur l’Adamant » lors de la cérémonie de remise des prix au Festival du film de la Berlinale à Berlin, en Allemagne, samedi 25 février 2023.

C’est un documentaire qui a remporté l’Ours d’Or du festival du film de Berlin, samedi 25 février. « Sur l’Adamant » est « une tentative de renverser l’image que nous avons des personnes atteintes de folie », a expliqué le Français Nicolas Philibert, en recevant son prix. Deux décennies après l’immense succès de « Etre et avoir », le documentariste de 72 ans quitte les bancs de l’école pour cette plongée dans l’univers psychiatrique, premier film d’une trilogie à ce sujet. « Sur l’Adamant », qui sort le 22 mars en France, est un documentaire sur une péniche parisienne accueillant des personnes atteintes de troubles psychiques.

Sans voix-off, scrutant les visages des patients accueillis chaque jour dans cette structure unique où une grande liberté leur est laissée. « Les personnes les plus folles ne sont pas celles que l’on croit », a ajouté le réalisateur de ce documentaire au long cours, dans lequel la frontière entre soignants et patients finit par se brouiller. On peut y voir des patients participer à des ateliers thérapeutiques ou artistiques, mais aussi oublier leur statut de malade pour construire une vie commune, aidant par exemple au contrôle du budget.

Des documentaires sont régulièrement sélectionnés dans les grandes compétitions internationales de cinéma, mais assez rarement primés. L’an dernier, la Mostra de Venise a décerné son Lion d’Or à un film sur la crise des opiacés aux Etats-Unis, signé Laura Poitras (« Toute la beauté et le sang versé »).

« Ce festival est là pour repousser les limites », a justifié l’actrice américaine Kristen Stewart, qui à 32 ans a été la plus jeune présidente du jury de l’histoire du festival. « Les paramètres invisibles forgés par l’industrie et l’académisme sur ce qu’est un film n’ont aucune chance avec celui-ci », a-t-elle ajouté avant de remettre le prix.

L’Ours d’Argent pour le Français Philippe Garrel

Un autre Français, Philippe Garrel, 74 ans, a reçu l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur pour « Le Grand Chariot », un film aux airs de testament artistique tourné avec ses enfants, dont le plus célèbre, son fils Louis, acteur et réalisateur. « Vive la révolution iranienne », a déclaré cet héritier de la Nouvelle Vague en recevant son prix qu’il a aussi dédié « à Jean-Luc Godard, qui est [...] un très grand maître, qui n’est plus de ce monde », décédé en septembre.

Philippe Garrel jure ne pas avoir voulu faire une « autofiction » avec « Le Grand Chariot », même si le film met en scène de façon quasi transparente sa propre famille et questionne l’idée de l’héritage artistique et du succès. Louis Garrel, l’aîné, y joue sous son propre nom, tout comme sa demi-soeur Léna, tandis que son autre soeur Esther a choisi de s’appeler Martha dans le film. Ils jouent les enfants d’un marionnettiste, métier qu’exerçait le propre père de Philippe Garrel avant de devenir comédien.

Au décès du marionnettiste, chaque enfant va faire ou non ses propres choix artistiques, Louis volant de ses propres ailes et devenant un acteur connu tandis que ses soeurs préfèrent reprendre le théâtre de marionnettes familial. C’est le destin de tous les artistes d’avoir la chance ou pas de leur côté », a expliqué Philippe Garrel, interrogé par l’Agence France-Presse lors du festival à Berlin. « Il y a des gens de talent qui réussissent, des gens de talent qui échouent, des gens sans talent qui réussissent et des gens sans talent qui échouent », a-t-il ajouté.

Sofia Otero reçoit l’Ours d’argent pour la meilleure performance d’acteur dans un rôle principal lors de la cérémonie de remise des prix du festival du film de Berlinale à Berlin, en Allemagne, samedi 25 février 2023.

Renouer avec la normalité, après les restrictions liées au Covid

Le jury, qui comptait également les anciens titulaires de l’Ours d’Or Radu Jude et Carla Simon, ou l’actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, a également récompensé la performance d’une fillette de 8 ans, l’Espagnole Sofia Otera, pour son rôle dans « 20 000 especies de abejas » (« 20 000 espèces d’abeilles »). L’actrice en herbe a reçu, les larmes aux yeux comme une grande, le prix de la meilleure interprétation, qui est non-genré et remplace à Berlin celui du meilleur acteur ou de la meilleure actrice.

Dans le film, signé de l’Espagnole Estíbaliz Urresola, elle joue un enfant de neuf ans, né garçon et qui se considère comme une fille. La question du genre et de la transidentité, sur lesquelles de plus en plus de cinéastes se penchent, a été présente à plusieurs reprises dans le palmarès.

L’Autrichienne Thea Ehre, très active pour le droit des personnes transgenres, a reçu le prix d’interprétation pour un personnage secondaire pour son rôle dans « Till The End of The Night », et le penseur Paul B. Preciado, figure incontournable sur ces questions, a été récompensé dans les sections parallèles pour son premier film (« Orlando, ma biographie politique »).

Au-delà de la compétition, cette 73e édition a permis à la Berlinale de renouer avec la normalité, après les restrictions liées au Covid-19, et a vu un certain nombre de stars revenir. On a notamment pu voir Sean Penn, venu présenter un documentaire sur ses pérégrinations dans l’Ukraine en guerre, le chanteur Bono et le légendaire réalisateur Steven Spielberg, qui a reçu un Ours d’or d’honneur. Vendredi soir, avait été remis un Teddy Bear (récompensant le meilleur film sur une thématique LGBT) à « All the Colours of the World Are Between Black and White », une histoire d’amour du Nigérian Babatunde Apalowo.

Le Monde avec AFP

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Nicolas Philibert reçoit l’Ours d’or pour le meilleur film « Sur l’Adamant » lors de la cérémonie de remise des prix au Festival du film de la Berlinale à Berlin, en Allemagne, samedi 25 février 2023.

C’est un documentaire qui a remporté l’Ours d’Or du festival du film de Berlin, samedi 25 février. « Sur l’Adamant » est « une tentative de renverser l’image que nous avons des personnes atteintes de folie », a expliqué le Français Nicolas Philibert, en recevant son prix. Deux décennies après l’immense succès de « Etre et avoir », le documentariste de 72 ans quitte les bancs de l’école pour cette plongée dans l’univers psychiatrique, premier film d’une trilogie à ce sujet. « Sur l’Adamant », qui sort le 22 mars en France, est un documentaire sur une péniche parisienne accueillant des personnes atteintes de troubles psychiques.

Sans voix-off, scrutant les visages des patients accueillis chaque jour dans cette structure unique où une grande liberté leur est laissée. « Les personnes les plus folles ne sont pas celles que l’on croit », a ajouté le réalisateur de ce documentaire au long cours, dans lequel la frontière entre soignants et patients finit par se brouiller. On peut y voir des patients participer à des ateliers thérapeutiques ou artistiques, mais aussi oublier leur statut de malade pour construire une vie commune, aidant par exemple au contrôle du budget.

Des documentaires sont régulièrement sélectionnés dans les grandes compétitions internationales de cinéma, mais assez rarement primés. L’an dernier, la Mostra de Venise a décerné son Lion d’Or à un film sur la crise des opiacés aux Etats-Unis, signé Laura Poitras (« Toute la beauté et le sang versé »).

« Ce festival est là pour repousser les limites », a justifié l’actrice américaine Kristen Stewart, qui à 32 ans a été la plus jeune présidente du jury de l’histoire du festival. « Les paramètres invisibles forgés par l’industrie et l’académisme sur ce qu’est un film n’ont aucune chance avec celui-ci », a-t-elle ajouté avant de remettre le prix.

L’Ours d’Argent pour le Français Philippe Garrel

Un autre Français, Philippe Garrel, 74 ans, a reçu l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur pour « Le Grand Chariot », un film aux airs de testament artistique tourné avec ses enfants, dont le plus célèbre, son fils Louis, acteur et réalisateur. « Vive la révolution iranienne », a déclaré cet héritier de la Nouvelle Vague en recevant son prix qu’il a aussi dédié « à Jean-Luc Godard, qui est [...] un très grand maître, qui n’est plus de ce monde », décédé en septembre.

Philippe Garrel jure ne pas avoir voulu faire une « autofiction » avec « Le Grand Chariot », même si le film met en scène de façon quasi transparente sa propre famille et questionne l’idée de l’héritage artistique et du succès. Louis Garrel, l’aîné, y joue sous son propre nom, tout comme sa demi-soeur Léna, tandis que son autre soeur Esther a choisi de s’appeler Martha dans le film. Ils jouent les enfants d’un marionnettiste, métier qu’exerçait le propre père de Philippe Garrel avant de devenir comédien.

Au décès du marionnettiste, chaque enfant va faire ou non ses propres choix artistiques, Louis volant de ses propres ailes et devenant un acteur connu tandis que ses soeurs préfèrent reprendre le théâtre de marionnettes familial. C’est le destin de tous les artistes d’avoir la chance ou pas de leur côté », a expliqué Philippe Garrel, interrogé par l’Agence France-Presse lors du festival à Berlin. « Il y a des gens de talent qui réussissent, des gens de talent qui échouent, des gens sans talent qui réussissent et des gens sans talent qui échouent », a-t-il ajouté.

Sofia Otero reçoit l’Ours d’argent pour la meilleure performance d’acteur dans un rôle principal lors de la cérémonie de remise des prix du festival du film de Berlinale à Berlin, en Allemagne, samedi 25 février 2023.

Renouer avec la normalité, après les restrictions liées au Covid

Le jury, qui comptait également les anciens titulaires de l’Ours d’Or Radu Jude et Carla Simon, ou l’actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, a également récompensé la performance d’une fillette de 8 ans, l’Espagnole Sofia Otera, pour son rôle dans « 20 000 especies de abejas » (« 20 000 espèces d’abeilles »). L’actrice en herbe a reçu, les larmes aux yeux comme une grande, le prix de la meilleure interprétation, qui est non-genré et remplace à Berlin celui du meilleur acteur ou de la meilleure actrice.

Dans le film, signé de l’Espagnole Estíbaliz Urresola, elle joue un enfant de neuf ans, né garçon et qui se considère comme une fille. La question du genre et de la transidentité, sur lesquelles de plus en plus de cinéastes se penchent, a été présente à plusieurs reprises dans le palmarès.

L’Autrichienne Thea Ehre, très active pour le droit des personnes transgenres, a reçu le prix d’interprétation pour un personnage secondaire pour son rôle dans « Till The End of The Night », et le penseur Paul B. Preciado, figure incontournable sur ces questions, a été récompensé dans les sections parallèles pour son premier film (« Orlando, ma biographie politique »).

Au-delà de la compétition, cette 73e édition a permis à la Berlinale de renouer avec la normalité, après les restrictions liées au Covid-19, et a vu un certain nombre de stars revenir. On a notamment pu voir Sean Penn, venu présenter un documentaire sur ses pérégrinations dans l’Ukraine en guerre, le chanteur Bono et le légendaire réalisateur Steven Spielberg, qui a reçu un Ours d’or d’honneur. Vendredi soir, avait été remis un Teddy Bear (récompensant le meilleur film sur une thématique LGBT) à « All the Colours of the World Are Between Black and White », une histoire d’amour du Nigérian Babatunde Apalowo.

Le Monde avec AFP

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