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EXCLUSIF. « Je serai toxicomane et alcoolique à vie » : quand Pierre Palmade se confiait à la police - Le Journal du dimanche

Les faits remontent à l’automne 2021, et déjà ils apparaissaient ensemble : Pierre Palmade et Sambou G. Ce dernier était l’un des deux passagers de l’humoriste au moment du tragique accident de Villiers-en-Bière (Seine-et-Marne) le 10 février, au cours duquel l’acteur, conduisant sous l’emprise de la cocaïne, a grièvement blessé trois membres d’une même famille.

Lors de cette précédente affaire gérée par le parquet de Paris pour des faits de trafic de stupéfiants, Palmade avait été l’objet d’une audition libre. Il s’était alors livré, sans fard, sur son addiction, son mode de consommation, ainsi que sur la nature de ses relations avec Sambou G. Ce dernier avait été entendu sous le régime de la garde à vue. Il est 10 h 55, ce 19 octobre 2021, lorsque Pierre Palmade fait face à un enquêteur de la brigade des stupéfiants de la police judiciaire de Paris. Le policier chargé d’enquêter sur un important trafic de drogue mettant en cause quatre prévenus* souhaite entendre l’humoriste après la découverte de sa carte bancaire sur l’un des suspects, Sambou G., 34 ans, employé dans un fast-food du 15e arrondissement.

 On a une relation sexuelle, on va dire, même si on fait presque rien. Puis, après, on consomme de la drogue ensemble 

Pierre Palmade

Comment cette carte de crédit a pu se retrouver entre ses mains ? À la question de l’enquêteur il répond :  « Je savais que c’était Malik [le deuxième prénom de Sambou G.]. Il y a des soirs où je suis fatigué et je dois être le seul con qui donne sa carte et son code à quelqu’un d’autre en demandant de retirer un certain montant, […] avance Pierre Palmade, qui s’est présenté sans avocat. Pour tout vous dire, je l’ai envoyé acheter des objets dans un sex-shop. » Dans un récit parfois glaçant, il décrit un univers désespéré où se mêlent sexe, drogue et argent, dans lequel il se débat. Il connaît Sambou G. depuis « 2007 ou 2008 ». « Je pense qu’on s’est abordés sur une application de rencontres. Puis, on est devenus partenaires sexuels réguliers », relate-t-il.

Une série d'épisodes répétés et cauchemardesques

Mais il conteste lui avoir laissé ce moyen de paiement pour retirer 2 000 euros en échange d’« une prestation sexuelle » tarifée. Pierre Palmade assure, au contraire, qu’il s’agissait d’une somme versée « en dédommagement des injections qu’il [lui] a faites » au cours d’une soirée. « Pardon, je balance, mais lui aussi s’est fait des injections », poursuit-il. Des injections, appelées slams, d’une drogue de synthèse connue sous le nom de 3-MMC, de la famille des cathinones de synthèse, qui provoquent stimulation, euphorie et augmentation de la libido et sont très répandues dans le milieu homosexuel lors de soirées de « sexe sous drogue », baptisées « chemsex ».

Sambou G., diplômé d’un master en management des systèmes d’information, ne présente pas la même chronologie des événements. Il date sa rencontre avec celui qu’il décrit comme « un ami », à 2020, via Grindr, un site de rencontres pour la communauté LGBTQ. « On a une relation sexuelle, on va dire, même si on fait presque rien. Puis, après, on consomme de la drogue ensemble », prétend-il. Les enquêteurs ont exhumé de son portable un SMS en date du 27 septembre 2021 dans lequel Pierre Palmade lui demande de « sauter dans un taxi et venir pour six slams » en échange de 300 euros. « J’arrive à piquer, il aime quand je le pique, ma façon de faire, quand je lui fais des injections de 3-MMC » rétorque Sambou G.

La suite après cette publicité

L’histoire s’enchaîne en une série d’épisodes répétés et cauchemardesques. La veille de son interpellation dans cette affaire, il était encore en soirée avec l’acteur. Résultat : un dépistage positif aux amphétamines, métamphétamines et cocaïne. « Il y avait de la cocaïne, deux pochons et 3 à 4 grammes de 3-MMC » se souvient celui qui est aussi présenté comme l’un des escort-boys de l’humoriste. Un don de 1 500 euros, en mai 2021, de Pierre Palmade à son profit a aussi été découvert. « C’est la première fois qu’il me faisait un virement, assure-t-il. Il m’a dit qu’il voulait me faire un cadeau. C’était à la suite d’un slam. »

Pierre Palmade est interrogé sur ce SMS à Sambou G. dans lequel il lui demande de retirer 350 euros pour un certain Ethan. « Ethan est un garçon un peu de la nuit. On peut dire un gentil voyou sur lequel je craque un peu, concède le témoin. Dans les jeux que nous pratiquons dans nos relations sexuelles, je donne 20 euros en plus à chaque fois qu’il fait un acte qui me plaît. Donc cet argent était suite à des relations sexuelles. »

Des rechutes irrégulières

Pour autant, le policier lui précise encore que Sambou G. a décrit ce Ethan comme un dealer qui les fournissait tous les deux. « J’ai malheureusement découvert dans mes rechutes ce produit, la 3-MMC. Et je sais qu’Ethan en prend aussi. Après, je ne sais pas où il en trouve ou s’il en vend », tente d’esquiver l’acteur, avant d’avouer que cet homme est aussi son « fournisseur de 3-MMC » à « 40 euros le gramme ». Le même deale aussi du « GBL, de l’alpha PHP »« À votre demande, je dois reconnaître que je l’ai déjà entendu parler de revente de Tina [méthamphétamine] », reconnaît encore Pierre Palmade, qui ajoute se fournir auprès de celui-ci, « depuis qu’il est sorti de prison, avant l’été ». « On habitait pas très loin l’un de l’autre […], donc il pouvait être là rapidement. En fait, je lui envoie un message sur son téléphone en lui demandant si on peut se voir. Je lui demande également s’il peut m’apporter de la 3-MMC, en général 2 ou 3 grammes. » Sur sa fréquence d’achat, Pierre Palmade est moins précis : « Ça dépend de mes rechutes. Parfois rien pendant plusieurs semaines et parfois plusieurs fois dans la semaine. »

De cette recherche parfois frénétique de drogue, Pierre Palmade dédouane Sambou G. : il ne le fournit pas en produits stupéfiants. « J’ai dû lui demander une fois s’il avait un numéro de dealer qu’il pouvait me partager […]. C’est même moi qui lui en donne [de la drogue] au cours des soirées », décrit-il, avant de se reprendre : « Enfin, il en prend, il se sert. »

 Oui, c’est de la merde, je tombe sur des tocards, ils prennent du fric. Ils profitent de mon état […]. Je serai toxicomane et alcoolique à vie. 

Pierre Palmade

Il explique encore « effacer tous les numéros de dealers pour éviter d’avoir une réserve en cas de rechute » quand il va en cure de désintoxication ou lorsqu’il voit son addictologue. Questionné sur ses autres fournisseurs, l’acteur lâche que, lorsque qu’il rechute, il boit « deux bouteilles de vodka », prend « plusieurs grammes de 3-MMC et un peu de cocaïne », et ne plus « avoir de souvenirs ». Une consommation qu’il justifie pour « pouvoir se débrider sans honte dans le cadre de relations sexuelles homosexuelles », qu’il a commencées à l’âge de « 20 ans ».

Une vie sous emprise

Au terme de cette terrible description d’une vie sous emprise, le fonctionnaire policier lui demande s’il a conscience que l’usage de drogue est illicite. « Oui, c’est de la merde, je tombe sur des tocards, ils prennent du fric. Ils profitent de mon état […]. Je serai toxicomane et alcoolique à vie. Mais je souhaite être abstinent. C’est une véritable maladie pour moi, je suis suivi par un psychiatre, je vais aux narcotiques anonymes […]. Je veux vraiment arrêter tout ça. »

À l’issue de cette audition, Pierre Palmade s’est vu remettre sa carte bancaire et a pu quitter les locaux de la PJ parisienne, sans être poursuivi, alors qu’il avait déjà été condamné pour acquisition et usage de stupéfiants en 2019 et était donc en état de récidive. Sollicité, le parquet de Paris, – dont la procureure, Laure Beccuau, s’est exprimée cette semaine sur RTL en assurant que Pierre Palmade « sera jugé comme n’importe quel Français » et qu’« aucune consommation de produits stupéfiants n’est banale » – n’a pas donné suite. 

* Dans cette affaire de trafic de drogue, Sambou G. a été condamné, le 2 février, soit une semaine avant l’accident en Seine-et-Marne, à une peine de douze mois de prison assortie d’un sursis probatoire pendant trois ans par les juges de la 14e chambre du tribunal judiciaire de Paris. Il avait également pour interdiction d’entrer en contact avec Pierre Palmade. 

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Les faits remontent à l’automne 2021, et déjà ils apparaissaient ensemble : Pierre Palmade et Sambou G. Ce dernier était l’un des deux passagers de l’humoriste au moment du tragique accident de Villiers-en-Bière (Seine-et-Marne) le 10 février, au cours duquel l’acteur, conduisant sous l’emprise de la cocaïne, a grièvement blessé trois membres d’une même famille.

Lors de cette précédente affaire gérée par le parquet de Paris pour des faits de trafic de stupéfiants, Palmade avait été l’objet d’une audition libre. Il s’était alors livré, sans fard, sur son addiction, son mode de consommation, ainsi que sur la nature de ses relations avec Sambou G. Ce dernier avait été entendu sous le régime de la garde à vue. Il est 10 h 55, ce 19 octobre 2021, lorsque Pierre Palmade fait face à un enquêteur de la brigade des stupéfiants de la police judiciaire de Paris. Le policier chargé d’enquêter sur un important trafic de drogue mettant en cause quatre prévenus* souhaite entendre l’humoriste après la découverte de sa carte bancaire sur l’un des suspects, Sambou G., 34 ans, employé dans un fast-food du 15e arrondissement.

 On a une relation sexuelle, on va dire, même si on fait presque rien. Puis, après, on consomme de la drogue ensemble 

Pierre Palmade

Comment cette carte de crédit a pu se retrouver entre ses mains ? À la question de l’enquêteur il répond :  « Je savais que c’était Malik [le deuxième prénom de Sambou G.]. Il y a des soirs où je suis fatigué et je dois être le seul con qui donne sa carte et son code à quelqu’un d’autre en demandant de retirer un certain montant, […] avance Pierre Palmade, qui s’est présenté sans avocat. Pour tout vous dire, je l’ai envoyé acheter des objets dans un sex-shop. » Dans un récit parfois glaçant, il décrit un univers désespéré où se mêlent sexe, drogue et argent, dans lequel il se débat. Il connaît Sambou G. depuis « 2007 ou 2008 ». « Je pense qu’on s’est abordés sur une application de rencontres. Puis, on est devenus partenaires sexuels réguliers », relate-t-il.

Une série d'épisodes répétés et cauchemardesques

Mais il conteste lui avoir laissé ce moyen de paiement pour retirer 2 000 euros en échange d’« une prestation sexuelle » tarifée. Pierre Palmade assure, au contraire, qu’il s’agissait d’une somme versée « en dédommagement des injections qu’il [lui] a faites » au cours d’une soirée. « Pardon, je balance, mais lui aussi s’est fait des injections », poursuit-il. Des injections, appelées slams, d’une drogue de synthèse connue sous le nom de 3-MMC, de la famille des cathinones de synthèse, qui provoquent stimulation, euphorie et augmentation de la libido et sont très répandues dans le milieu homosexuel lors de soirées de « sexe sous drogue », baptisées « chemsex ».

Sambou G., diplômé d’un master en management des systèmes d’information, ne présente pas la même chronologie des événements. Il date sa rencontre avec celui qu’il décrit comme « un ami », à 2020, via Grindr, un site de rencontres pour la communauté LGBTQ. « On a une relation sexuelle, on va dire, même si on fait presque rien. Puis, après, on consomme de la drogue ensemble », prétend-il. Les enquêteurs ont exhumé de son portable un SMS en date du 27 septembre 2021 dans lequel Pierre Palmade lui demande de « sauter dans un taxi et venir pour six slams » en échange de 300 euros. « J’arrive à piquer, il aime quand je le pique, ma façon de faire, quand je lui fais des injections de 3-MMC » rétorque Sambou G.

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L’histoire s’enchaîne en une série d’épisodes répétés et cauchemardesques. La veille de son interpellation dans cette affaire, il était encore en soirée avec l’acteur. Résultat : un dépistage positif aux amphétamines, métamphétamines et cocaïne. « Il y avait de la cocaïne, deux pochons et 3 à 4 grammes de 3-MMC » se souvient celui qui est aussi présenté comme l’un des escort-boys de l’humoriste. Un don de 1 500 euros, en mai 2021, de Pierre Palmade à son profit a aussi été découvert. « C’est la première fois qu’il me faisait un virement, assure-t-il. Il m’a dit qu’il voulait me faire un cadeau. C’était à la suite d’un slam. »

Pierre Palmade est interrogé sur ce SMS à Sambou G. dans lequel il lui demande de retirer 350 euros pour un certain Ethan. « Ethan est un garçon un peu de la nuit. On peut dire un gentil voyou sur lequel je craque un peu, concède le témoin. Dans les jeux que nous pratiquons dans nos relations sexuelles, je donne 20 euros en plus à chaque fois qu’il fait un acte qui me plaît. Donc cet argent était suite à des relations sexuelles. »

Des rechutes irrégulières

Pour autant, le policier lui précise encore que Sambou G. a décrit ce Ethan comme un dealer qui les fournissait tous les deux. « J’ai malheureusement découvert dans mes rechutes ce produit, la 3-MMC. Et je sais qu’Ethan en prend aussi. Après, je ne sais pas où il en trouve ou s’il en vend », tente d’esquiver l’acteur, avant d’avouer que cet homme est aussi son « fournisseur de 3-MMC » à « 40 euros le gramme ». Le même deale aussi du « GBL, de l’alpha PHP »« À votre demande, je dois reconnaître que je l’ai déjà entendu parler de revente de Tina [méthamphétamine] », reconnaît encore Pierre Palmade, qui ajoute se fournir auprès de celui-ci, « depuis qu’il est sorti de prison, avant l’été ». « On habitait pas très loin l’un de l’autre […], donc il pouvait être là rapidement. En fait, je lui envoie un message sur son téléphone en lui demandant si on peut se voir. Je lui demande également s’il peut m’apporter de la 3-MMC, en général 2 ou 3 grammes. » Sur sa fréquence d’achat, Pierre Palmade est moins précis : « Ça dépend de mes rechutes. Parfois rien pendant plusieurs semaines et parfois plusieurs fois dans la semaine. »

De cette recherche parfois frénétique de drogue, Pierre Palmade dédouane Sambou G. : il ne le fournit pas en produits stupéfiants. « J’ai dû lui demander une fois s’il avait un numéro de dealer qu’il pouvait me partager […]. C’est même moi qui lui en donne [de la drogue] au cours des soirées », décrit-il, avant de se reprendre : « Enfin, il en prend, il se sert. »

 Oui, c’est de la merde, je tombe sur des tocards, ils prennent du fric. Ils profitent de mon état […]. Je serai toxicomane et alcoolique à vie. 

Pierre Palmade

Il explique encore « effacer tous les numéros de dealers pour éviter d’avoir une réserve en cas de rechute » quand il va en cure de désintoxication ou lorsqu’il voit son addictologue. Questionné sur ses autres fournisseurs, l’acteur lâche que, lorsque qu’il rechute, il boit « deux bouteilles de vodka », prend « plusieurs grammes de 3-MMC et un peu de cocaïne », et ne plus « avoir de souvenirs ». Une consommation qu’il justifie pour « pouvoir se débrider sans honte dans le cadre de relations sexuelles homosexuelles », qu’il a commencées à l’âge de « 20 ans ».

Une vie sous emprise

Au terme de cette terrible description d’une vie sous emprise, le fonctionnaire policier lui demande s’il a conscience que l’usage de drogue est illicite. « Oui, c’est de la merde, je tombe sur des tocards, ils prennent du fric. Ils profitent de mon état […]. Je serai toxicomane et alcoolique à vie. Mais je souhaite être abstinent. C’est une véritable maladie pour moi, je suis suivi par un psychiatre, je vais aux narcotiques anonymes […]. Je veux vraiment arrêter tout ça. »

À l’issue de cette audition, Pierre Palmade s’est vu remettre sa carte bancaire et a pu quitter les locaux de la PJ parisienne, sans être poursuivi, alors qu’il avait déjà été condamné pour acquisition et usage de stupéfiants en 2019 et était donc en état de récidive. Sollicité, le parquet de Paris, – dont la procureure, Laure Beccuau, s’est exprimée cette semaine sur RTL en assurant que Pierre Palmade « sera jugé comme n’importe quel Français » et qu’« aucune consommation de produits stupéfiants n’est banale » – n’a pas donné suite. 

* Dans cette affaire de trafic de drogue, Sambou G. a été condamné, le 2 février, soit une semaine avant l’accident en Seine-et-Marne, à une peine de douze mois de prison assortie d’un sursis probatoire pendant trois ans par les juges de la 14e chambre du tribunal judiciaire de Paris. Il avait également pour interdiction d’entrer en contact avec Pierre Palmade. 

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