- L’audition d’Hervé Domingue à « The Voice » est diffusée ce samedi soir sur TF1.
- L’artiste de 47 ans a été révélé à l’âge de 19 ans dans « Les Années tubes » sur TF1. Il a aussi été à l’affiche de plusieurs spectacles de Roger Louret et exerce aussi avec la casquette d’auteur. En 2014, il a mis sa carrière en suspens lorsqu’il a appris qu’il était atteint d’une maladie génétique le condamnant à perdre la vue.
- « Je voulais qu’aller à ''The Voice'' soit un déclencheur, qu’il y ait un avant et un après, explique Hervé à 20 Minutes. Quand j’ai commencé à chanter (…), je me suis dit que j’étais peut-être à ma place. »
Le visage d’Hervé, candidat dont l’audition à l’aveugle dans « The Voice » sera diffusée ce samedi sur TF1, dira peut-être quelques choses aux téléspectateurs et téléspectatrices. Et pour cause, l’artiste a commencé sa carrière à 19 ans au milieu des années 1990 dans la compagnie Roger Louret. Pendant cinq ans, dans Les Années tubes, l’émission de variétés présentée par Jean-Pierre Foucault, il entourait l’animateur avec les autres membres de la troupe, dont Christelle Chollet. « J’ai eu la chance de chanter avec Céline Dion, Lara Fabian, Phil Collins, Madonna, Mylène Farmer… C’était une expérience extraordinaire, se remémore-t-il pour 20 Minutes. J’étais tellement inconscient à cet âge que je n’avais aucunement le trac, malgré le direct. » Sur les planches, il a aussi été à l’affiche, entre autres des shows de Roger Louret comme Les Années twist ou les Années zazous, mais aussi de l’ultime pièce de Jean Marais, L’Arlésienne. Sa carrière passe aussi par l’écriture, pour lui ou pour les autres, jusqu’au jour où on lui diagnostique une maladie génétique le condamnant à perdre la vue. « J’étais au fond du trou, c’était terrible », confie-t-il. Sa participation à « The Voice » ne se limite pas à des rêves de gloire, comme il nous l’explique.
C’est en 2014 que vous apprenez que vous allez perdre la vue…
Je jouais Fred dans Scooby-Doo sur scène. C’était des barres de rires tous les jours en coulisses, pendant cinq ans. En pleine tournée, en janvier 2014, lors d’une visite médicale de routine - je faisais renouveler mes lentilles - l’ophtalmo a détecté des tâches au fond de mes yeux. On a refait des tests le lendemain et, de but en blanc, il m’a annoncé que j’avais une rétinite pigmentaire. Il m’a dit que c’était une maladie génétique dégénérative et que j’allais perdre la vue petit à petit, jusqu’à devenir aveugle. Ça fait 50 euros, merci monsieur. Je devais reprendre la tournée, jouer ce gars sûr de lui, joyeux… Pour moi, c’était l’enfer. Il ne restait que cinq dates, heureusement. J’ai pu les faire et, après a commencé la descente.
Vous avez mis votre carrière sur pause ?
Le trou noir, sans mauvais jeux de mots, a duré pas mal d’années. Antidépresseurs, envie de mourir… Je ne savais plus quoi faire de ma vie. Je vois des photopsies, des cellules qui, en mourant, envoient des influx nerveux au cerveau. C’est comme si j’étais dans une discothèque avec des stroboscopes, du matin au soir, y compris quand j’ai les yeux fermés. Donc pour le moral, c’était et ce n’est pas top… Je ne vois plus rien sauf, au centre de ma vision. Il faut que je bouge les yeux énormément pour que mon cerveau capte une image dans l’ensemble. Je ne vois pas en bas, ni en haut, ni sur les côtés.
Comment le vivez-vous au quotidien ?
Cette maladie est perfide parce que c’est un handicap invisible. Les gens ne comprennent pas que je sois plus lent que d’autres, pourquoi je ne vois pas une main qui se tend, pourquoi je suis maladroit… Je suis handicapé à plus de 80 % mais je peux lire et faire un contact visuel. Il y a trois semaines, je suis descendu d’un véhicule pour personnes à mobilité réduite. Un chauffeur m’avait amené faire du sport. J’avançais lentement, sans ma canne car j’ai de petits repères, et j’ai regardé mon téléphone. Quelqu’un a commencé à vociférer. Il s’est mis devant moi, il m’a craché dessus, c’est allé sur mes chaussures, et il est parti. Il pensait que je simulais, que j’utilisais le système. C’est mon quotidien.
Comment avez-vous remonté la pente ?
L’acceptation a été très longue. Ça a duré des années, et un jour, j’ai eu un déclic. Mes proches m’encourageaient à reprendre l’écriture. Je me suis dit "OK, tu ne peux plus faire ce que tu faisais avant mais, et si tu continuais à vivre ? Tu es encore sur Terre pour des années, est-ce que tu vas rester dans cet état dépressif ? Non. » J’ai recommencé à écrire et ça a été un exutoire. J’ai écrit une chanson en trente minutes à l’époque, que je viens de sortir, Après l’éclipse. Elle parle d’espoir et de résilience. J’ai aussi écrit trois pièces qui sont en cours de lecture pour une production, j’ai écrit pour Anny Duperey - qui joue dans le clip de ma chanson, elle fait partie des personnes du métier qui m’ont soutenu –, pour les Funambules…
Comment vous êtes-vous retrouvé à participer à « The Voice » ?
Je ne me sentais pas légitime à faire « The Voice ». Je sais que je chante bien, mais je mise davantage sur l’écriture, sur l’univers. Je ne pensais pas avoir ma place dans l’émission. Mes proches m’ont encouragé à contacter le directeur de casting, Bruno Berberes. Je me suis dit que cela pouvait me mettre un coup de pied au derrière et que je pouvais, à mon tout petit niveau, être un exemple pour des personnes en difficulté.
Vous avez choisi de chanter « C’est beau la vie » de Jean Ferrat. Pourquoi ?
Certes, c’est une chanson qui n’est pas très « The Voice », mais elle me correspond. Elle semble écrite pour moi : « Pouvoir encore regarder, pouvoir encore écouter et surtout pouvoir chanter, que c’est beau, c’est beau la vie. » Certes, il n’y a pas une explosion vocale, mais je voulais faire passer un message. Je voulais aussi ne plus avoir honte. Pendant des années, j’ai eu honte de ma condition parce que les gens m’avaient toujours vu en train de chanter, de danser, et là je me retrouvais handicapé, avec une canne. Cela a été dur d’accepter de demander de l’aide.
En allant à « The Voice », vous remontiez sur une scène pour la première fois depuis 2014. Qu’avez-vous ressenti ?
Je voulais qu’aller à « The Voice » soit un déclencheur, qu’il y ait un avant et un après. Ne plus avoir honte. Quand je suis arrivé sur le plateau, dans ce silence de cathédrale, accompagné par quelqu’un vers le micro, ça y est, j’acceptais. J’étais en pleine résilience. Cela m’a décidé à remonter sur scène. Quand j’ai commencé à chanter, j’avais l’impression que mes épaules grandissaient et, de chaque côté, allaient toucher le public. J’étais heureux, tout se bousculait dans ma tête. Je me suis dit que j’étais peut-être à ma place.
Sans nous révéler l’issue de votre audition, quel souvenir en gardez-vous ?
J’étais très ému. C’est un pas de géant que j’ai fait. Les gens ne peuvent pas se rendre compte. Comme j’avais du recul, j’ai pu voir le visage des coachs et c’était merveilleux. J’étais heureux qu’on me laisse la parole. Je me suis senti libéré. La vie continue, j’ai pu remonter sur scène et je veux continuer.
- L’audition d’Hervé Domingue à « The Voice » est diffusée ce samedi soir sur TF1.
- L’artiste de 47 ans a été révélé à l’âge de 19 ans dans « Les Années tubes » sur TF1. Il a aussi été à l’affiche de plusieurs spectacles de Roger Louret et exerce aussi avec la casquette d’auteur. En 2014, il a mis sa carrière en suspens lorsqu’il a appris qu’il était atteint d’une maladie génétique le condamnant à perdre la vue.
- « Je voulais qu’aller à ''The Voice'' soit un déclencheur, qu’il y ait un avant et un après, explique Hervé à 20 Minutes. Quand j’ai commencé à chanter (…), je me suis dit que j’étais peut-être à ma place. »
Le visage d’Hervé, candidat dont l’audition à l’aveugle dans « The Voice » sera diffusée ce samedi sur TF1, dira peut-être quelques choses aux téléspectateurs et téléspectatrices. Et pour cause, l’artiste a commencé sa carrière à 19 ans au milieu des années 1990 dans la compagnie Roger Louret. Pendant cinq ans, dans Les Années tubes, l’émission de variétés présentée par Jean-Pierre Foucault, il entourait l’animateur avec les autres membres de la troupe, dont Christelle Chollet. « J’ai eu la chance de chanter avec Céline Dion, Lara Fabian, Phil Collins, Madonna, Mylène Farmer… C’était une expérience extraordinaire, se remémore-t-il pour 20 Minutes. J’étais tellement inconscient à cet âge que je n’avais aucunement le trac, malgré le direct. » Sur les planches, il a aussi été à l’affiche, entre autres des shows de Roger Louret comme Les Années twist ou les Années zazous, mais aussi de l’ultime pièce de Jean Marais, L’Arlésienne. Sa carrière passe aussi par l’écriture, pour lui ou pour les autres, jusqu’au jour où on lui diagnostique une maladie génétique le condamnant à perdre la vue. « J’étais au fond du trou, c’était terrible », confie-t-il. Sa participation à « The Voice » ne se limite pas à des rêves de gloire, comme il nous l’explique.
C’est en 2014 que vous apprenez que vous allez perdre la vue…
Je jouais Fred dans Scooby-Doo sur scène. C’était des barres de rires tous les jours en coulisses, pendant cinq ans. En pleine tournée, en janvier 2014, lors d’une visite médicale de routine - je faisais renouveler mes lentilles - l’ophtalmo a détecté des tâches au fond de mes yeux. On a refait des tests le lendemain et, de but en blanc, il m’a annoncé que j’avais une rétinite pigmentaire. Il m’a dit que c’était une maladie génétique dégénérative et que j’allais perdre la vue petit à petit, jusqu’à devenir aveugle. Ça fait 50 euros, merci monsieur. Je devais reprendre la tournée, jouer ce gars sûr de lui, joyeux… Pour moi, c’était l’enfer. Il ne restait que cinq dates, heureusement. J’ai pu les faire et, après a commencé la descente.
Vous avez mis votre carrière sur pause ?
Le trou noir, sans mauvais jeux de mots, a duré pas mal d’années. Antidépresseurs, envie de mourir… Je ne savais plus quoi faire de ma vie. Je vois des photopsies, des cellules qui, en mourant, envoient des influx nerveux au cerveau. C’est comme si j’étais dans une discothèque avec des stroboscopes, du matin au soir, y compris quand j’ai les yeux fermés. Donc pour le moral, c’était et ce n’est pas top… Je ne vois plus rien sauf, au centre de ma vision. Il faut que je bouge les yeux énormément pour que mon cerveau capte une image dans l’ensemble. Je ne vois pas en bas, ni en haut, ni sur les côtés.
Comment le vivez-vous au quotidien ?
Cette maladie est perfide parce que c’est un handicap invisible. Les gens ne comprennent pas que je sois plus lent que d’autres, pourquoi je ne vois pas une main qui se tend, pourquoi je suis maladroit… Je suis handicapé à plus de 80 % mais je peux lire et faire un contact visuel. Il y a trois semaines, je suis descendu d’un véhicule pour personnes à mobilité réduite. Un chauffeur m’avait amené faire du sport. J’avançais lentement, sans ma canne car j’ai de petits repères, et j’ai regardé mon téléphone. Quelqu’un a commencé à vociférer. Il s’est mis devant moi, il m’a craché dessus, c’est allé sur mes chaussures, et il est parti. Il pensait que je simulais, que j’utilisais le système. C’est mon quotidien.
Comment avez-vous remonté la pente ?
L’acceptation a été très longue. Ça a duré des années, et un jour, j’ai eu un déclic. Mes proches m’encourageaient à reprendre l’écriture. Je me suis dit "OK, tu ne peux plus faire ce que tu faisais avant mais, et si tu continuais à vivre ? Tu es encore sur Terre pour des années, est-ce que tu vas rester dans cet état dépressif ? Non. » J’ai recommencé à écrire et ça a été un exutoire. J’ai écrit une chanson en trente minutes à l’époque, que je viens de sortir, Après l’éclipse. Elle parle d’espoir et de résilience. J’ai aussi écrit trois pièces qui sont en cours de lecture pour une production, j’ai écrit pour Anny Duperey - qui joue dans le clip de ma chanson, elle fait partie des personnes du métier qui m’ont soutenu –, pour les Funambules…
Comment vous êtes-vous retrouvé à participer à « The Voice » ?
Je ne me sentais pas légitime à faire « The Voice ». Je sais que je chante bien, mais je mise davantage sur l’écriture, sur l’univers. Je ne pensais pas avoir ma place dans l’émission. Mes proches m’ont encouragé à contacter le directeur de casting, Bruno Berberes. Je me suis dit que cela pouvait me mettre un coup de pied au derrière et que je pouvais, à mon tout petit niveau, être un exemple pour des personnes en difficulté.
Vous avez choisi de chanter « C’est beau la vie » de Jean Ferrat. Pourquoi ?
Certes, c’est une chanson qui n’est pas très « The Voice », mais elle me correspond. Elle semble écrite pour moi : « Pouvoir encore regarder, pouvoir encore écouter et surtout pouvoir chanter, que c’est beau, c’est beau la vie. » Certes, il n’y a pas une explosion vocale, mais je voulais faire passer un message. Je voulais aussi ne plus avoir honte. Pendant des années, j’ai eu honte de ma condition parce que les gens m’avaient toujours vu en train de chanter, de danser, et là je me retrouvais handicapé, avec une canne. Cela a été dur d’accepter de demander de l’aide.
En allant à « The Voice », vous remontiez sur une scène pour la première fois depuis 2014. Qu’avez-vous ressenti ?
Je voulais qu’aller à « The Voice » soit un déclencheur, qu’il y ait un avant et un après. Ne plus avoir honte. Quand je suis arrivé sur le plateau, dans ce silence de cathédrale, accompagné par quelqu’un vers le micro, ça y est, j’acceptais. J’étais en pleine résilience. Cela m’a décidé à remonter sur scène. Quand j’ai commencé à chanter, j’avais l’impression que mes épaules grandissaient et, de chaque côté, allaient toucher le public. J’étais heureux, tout se bousculait dans ma tête. Je me suis dit que j’étais peut-être à ma place.
Sans nous révéler l’issue de votre audition, quel souvenir en gardez-vous ?
J’étais très ému. C’est un pas de géant que j’ai fait. Les gens ne peuvent pas se rendre compte. Comme j’avais du recul, j’ai pu voir le visage des coachs et c’était merveilleux. J’étais heureux qu’on me laisse la parole. Je me suis senti libéré. La vie continue, j’ai pu remonter sur scène et je veux continuer.
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