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La dernière fois qu’on l’aura vu sur scène fut le 4 juillet 2019 à la Fondation Louis-Vuitton, deux jours après avoir fêté son quatre-vingt-neuvième anniversaire. Porté par un exceptionnel Herling Riley aux baguettes, le pianiste surnommé «le vieux lion de Pittsburgh» revisitait ses classiques, leur redonnant, comme toujours avec lui, une nouvelle jeunesse. Combien de fois a-t-il pu parcourir Poinciana, son thème fétiche, sans que jamais l’on ait la sensation qu’il ne se répète une seule seconde ? C’était ça l’essence – titre d’un album en 1994 qui rimait alors avec renaissance dans la carrière du pianiste – de l’art d’Ahmad Jamal, décédé chez lui le 16 avril : un désir de s’inscrire dans l’urgence du temps présent doublé d’une science du presque silence.
En 1994, Jay-Z et son producteur Ski Beatz samplaient Angel Eyes sur I Can’t Get Wid Dat. Le rappeur n’était pas le premier, et ne sera pas le dernier, à puiser dans la vaste discographie d’Ahmad Jamal. Toujours en 1994, Nas lui empruntait sur The World is Yours quelques mesures d’une superbe ballade de 1970, où le pianiste s’épanche quatre minutes seul au piano, moment rare quand on sait qu’il n’aura jamais livré d’album au complet en solo (même Ballades, son ultime recueil pensé pour lui seul, accueille sur trois plages un contrebassiste). Son titre : I Love Music. Une véritable déclaration d’intention pour l’esthète du Steinway qui plus que de jazz, «un mot trop restrictif et c
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La dernière fois qu’on l’aura vu sur scène fut le 4 juillet 2019 à la Fondation Louis-Vuitton, deux jours après avoir fêté son quatre-vingt-neuvième anniversaire. Porté par un exceptionnel Herling Riley aux baguettes, le pianiste surnommé «le vieux lion de Pittsburgh» revisitait ses classiques, leur redonnant, comme toujours avec lui, une nouvelle jeunesse. Combien de fois a-t-il pu parcourir Poinciana, son thème fétiche, sans que jamais l’on ait la sensation qu’il ne se répète une seule seconde ? C’était ça l’essence – titre d’un album en 1994 qui rimait alors avec renaissance dans la carrière du pianiste – de l’art d’Ahmad Jamal, décédé chez lui le 16 avril : un désir de s’inscrire dans l’urgence du temps présent doublé d’une science du presque silence.
En 1994, Jay-Z et son producteur Ski Beatz samplaient Angel Eyes sur I Can’t Get Wid Dat. Le rappeur n’était pas le premier, et ne sera pas le dernier, à puiser dans la vaste discographie d’Ahmad Jamal. Toujours en 1994, Nas lui empruntait sur The World is Yours quelques mesures d’une superbe ballade de 1970, où le pianiste s’épanche quatre minutes seul au piano, moment rare quand on sait qu’il n’aura jamais livré d’album au complet en solo (même Ballades, son ultime recueil pensé pour lui seul, accueille sur trois plages un contrebassiste). Son titre : I Love Music. Une véritable déclaration d’intention pour l’esthète du Steinway qui plus que de jazz, «un mot trop restrictif et c
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