NOt SO YOUNG ADULT
Si Harry Potter a plus ou moins lancé la bataille et que Twilight a renforcé son potentiel, c'est avec Hunger Games que le genre du young adult a complètement explosé au cinéma et à Hollywood. Pendant la première moitié des années 2010, les studios se sont arraché les sagas littéraires les plus prisées (notamment SF) pour les porter sur grand écran et espérer des succès retentissants.
Sauf que finalement, le phénomène a rapidement implosé. Et finalement, il a sombré au fur et à mesure des échecs de nombreuses adaptations (Divergente jamais terminée, le chaotique Chaos Walking, l'inaperçu Darkest Minds, l'anodin La 5e vague...), en moins de temps qu'il ne faut pour le dire (c'est à dire dès la deuxième moitié des années 2010).
Le genre du young adult a toutefois retrouvé quelques couleurs grâce à l'essor des plateformes de streaming entre Shadow & Bone sur Netflix, À la croisée des mondes sur HBO, La Roue du temps sur Prime Video et bientôt le retour de Percy Jackson sur Disney+. Rien de franchement mémorable pour le moment... avant l'adaptation de la saga Silo de Hugh Howey par Apple TV+.
"Bordel, regarde Ecran Large parle de nous"
En vérité, Silo n'est pas, à proprement parler, issue du genre du young adult puisque son récit ne tourne pas autour d'adolescents et de leur évolution vers l'âge adulte. Malgré tout, s'il n'a aucune contrainte du YA à gérer, Silo repose en grande partie sur des thématiques similaires (notamment la quête d'identité) et c'est peut-être bien ce qui pourrait en faire sa force.
Silo se déroule en effet dans un silo de 144 étages sous la surface de la Terre. Une sorte d'immense bunker où une dizaine de milliers d'habitants sont reclus pour se protéger du monde extérieur dit toxique et mortel depuis plus d'un siècle. Cependant, personne ne sait vraiment pourquoi le silo a été construit et quiconque tentera de le découvrir s'exposera à des conséquences fatales. Et en suivant ici des personnages adultes – loin des clichés adolescents en pleine mutation pullulant dans le YA –, la série a tout pour convaincre un public plus vaste.
Un univers fascinantconfinement 3.0
Dès son premier épisode, la série showrunnée par Graham Yost (notamment créateur de Justified et scénariste de Speed et Mission to Mars) réussit d'ailleurs un petit coup de maître dans le genre. En effet, il n'est pas toujours facile de construire un univers sans manquer de naturel, sans faire ressentir au spectateur le poids de l'exposition en cours. Toutefois, Silo se met en place avec une intelligence d'écriture remarquable. L'aisance et fluidité de son introduction est particulièrement impressionnante tant ce nouveau monde est foisonnant entre les étages, les modes de vie, les strates politiques ou le mystère entourant l'existence des personnages.
En quelques minutes, le scénario de Graham Yost et la caméra de Morten Tyldum parviennent à capter l'essence même du silo tout en nous plongeant au coeur des enjeux qui vont guider les personnages principaux. Il faut dire que la série a l'avantage d'être produite par Apple TV+. Sa tenue visuelle est donc plus qu'à la hauteur permettant une immersion rapide dans ce monde et son fonctionnement. Mais plus encore, c'est l'aplomb du récit qui vient rapidement donner de l'ampleur à la série.
Ancien look pour une ancienne vie
À l'instar de Game of Thrones (pour ne citer qu'elle), Silo n'a pas peur de prendre des risques et de prendre de cours les spectateurs. À ce niveau, ce sont carrément les deux (voire trois) premiers épisodes de la série qui fascinent par leur audace, confrontant les spectateurs à des destins tragiques et les obligeant à jongler entre les personnages malgré eux. Bien sûr, dans un souci évident de cohérence et de narration, la série Apple TV+ va finir par calmer sa folie destructrice. Cependant, les spectateurs sont prévenus : personne n'est à l'abri dans le silo et quiconque s'approchera trop près de son obscure vérité risquera sa vie (et pas uniquement).
C'est ce qui rend aussi captivante et palpitante l'histoire de Silo. La série a beau suivre avant tout Juliette, l'héroïne incarnée par l'excellente Rebecca Ferguson, et notamment son enquête sur les meurtres sévissant dans le silo (et, par effet domino, le grand mystère des lieux), elle n'oublie jamais de développer avec passion les autres personnages. Qu'ils aient un rôle majeur à jouer dans le récit ou soient de simples étapes dans son avancée, ils ont tous le droit à leurs backgrounds, leurs raisons d'être, d'agir ou de laisser faire.
C'est à ce moment-là que tout va commencer à basculerles reliques de l'amour
Le moyen parfait pour confirmer la densité de l'ensemble qui scrute les mouvements de chaque personnage et ne lésine jamais sur les détails de chaque appartement, étage ou bureau. D'autant plus que l'importance de certains se révèlera capitale alors même qu'on ne l'aurait pas vraiment soupçonné (en voilà de jolis miroirs) sans parler de cette étrange fenêtre-écran vers l'extérieur.
Ainsi, la série regorge de nombreuses surprises qui viennent remettre en cause tout un système établi (qui est derrière tout ça ? Pourquoi la vérité est-elle si crainte ? Quelqu'un en a-t-il seulement connaissance ?) et posent de jolies réflexions (quoique classiques) sur la réalité de notre existence dans une continuité futuriste de la fameuse allégorie de la caverne de Platon.
Un savoir-faire narratif bienvenu pour ce genre de production capable de mêler habilement le thriller paranoïaque (tendance néo-noir) au grand spectacle d'action (l'épisode 3 est un énorme morceau de tension), de fusionner sa dystopie post-apocalyptique à une analyse des hiérarchies sociales et une quête existentielle reposant avant tout sur de simples relations humaines. Et même si elle n'est pas exempte de personnages parfois caricaturaux, Silo parvient à créer une émotion qui prend tout son sens dans un dernier épisode haletant (bien aidé par la musique zimmerienne de Atli Örvarsson).
Regarder l'extérieur ou regarder ce que l'on souhaite me montrer de l'intérieurPour autant, on ne peut pas nier que la série manque régulièrement de rythme sur ses dix épisodes. En enfermant son récit dans un bunker, la série tourne parfois un peu en rond et le récit patine régulièrement. Il est d'ailleurs facile d'imaginer que la série aurait gagné à être un peu moins étirée sur la durée d’un voire deux épisodes (ce qui fait en vérité déjà beaucoup). Mais plus encore, ce qui risque de faire du mal à Silo, c'est finalement son rythme de diffusion.
En s'appuyant quasiment systématiquement sur des cliffhangers de fin d'épisode (tantôt insoutenable, tantôt superficiel), la série aurait pu être un énorme carton sur une plateforme comme Netflix adepte du binge-watching. En revanche, avec une diffusion hebdomadaire, Silo va probablement en agacer plus d'un (surtout quand le rebondissement sera vite mis de côté pour un épisode plus intimiste). C'est ici que Silo risque gros, mais où chaque spectateur doit s'accrocher pour profiter pleinement du voyage. Car si cette saison 1 sait séduire par sa générosité, nul doute qu'elle a bien plus à offrir dans ses éventuelles futures saisons et que le grand chambardement ne fait que commencer.
Les deux premiers épisodes de Silo sont disponibles sur Apple TV+ depuis le 5 mai 2023. Un nouvel épisode est diffusé chaque vendredi.
Read AgainNOt SO YOUNG ADULT
Si Harry Potter a plus ou moins lancé la bataille et que Twilight a renforcé son potentiel, c'est avec Hunger Games que le genre du young adult a complètement explosé au cinéma et à Hollywood. Pendant la première moitié des années 2010, les studios se sont arraché les sagas littéraires les plus prisées (notamment SF) pour les porter sur grand écran et espérer des succès retentissants.
Sauf que finalement, le phénomène a rapidement implosé. Et finalement, il a sombré au fur et à mesure des échecs de nombreuses adaptations (Divergente jamais terminée, le chaotique Chaos Walking, l'inaperçu Darkest Minds, l'anodin La 5e vague...), en moins de temps qu'il ne faut pour le dire (c'est à dire dès la deuxième moitié des années 2010).
Le genre du young adult a toutefois retrouvé quelques couleurs grâce à l'essor des plateformes de streaming entre Shadow & Bone sur Netflix, À la croisée des mondes sur HBO, La Roue du temps sur Prime Video et bientôt le retour de Percy Jackson sur Disney+. Rien de franchement mémorable pour le moment... avant l'adaptation de la saga Silo de Hugh Howey par Apple TV+.
"Bordel, regarde Ecran Large parle de nous"
En vérité, Silo n'est pas, à proprement parler, issue du genre du young adult puisque son récit ne tourne pas autour d'adolescents et de leur évolution vers l'âge adulte. Malgré tout, s'il n'a aucune contrainte du YA à gérer, Silo repose en grande partie sur des thématiques similaires (notamment la quête d'identité) et c'est peut-être bien ce qui pourrait en faire sa force.
Silo se déroule en effet dans un silo de 144 étages sous la surface de la Terre. Une sorte d'immense bunker où une dizaine de milliers d'habitants sont reclus pour se protéger du monde extérieur dit toxique et mortel depuis plus d'un siècle. Cependant, personne ne sait vraiment pourquoi le silo a été construit et quiconque tentera de le découvrir s'exposera à des conséquences fatales. Et en suivant ici des personnages adultes – loin des clichés adolescents en pleine mutation pullulant dans le YA –, la série a tout pour convaincre un public plus vaste.
Un univers fascinantconfinement 3.0
Dès son premier épisode, la série showrunnée par Graham Yost (notamment créateur de Justified et scénariste de Speed et Mission to Mars) réussit d'ailleurs un petit coup de maître dans le genre. En effet, il n'est pas toujours facile de construire un univers sans manquer de naturel, sans faire ressentir au spectateur le poids de l'exposition en cours. Toutefois, Silo se met en place avec une intelligence d'écriture remarquable. L'aisance et fluidité de son introduction est particulièrement impressionnante tant ce nouveau monde est foisonnant entre les étages, les modes de vie, les strates politiques ou le mystère entourant l'existence des personnages.
En quelques minutes, le scénario de Graham Yost et la caméra de Morten Tyldum parviennent à capter l'essence même du silo tout en nous plongeant au coeur des enjeux qui vont guider les personnages principaux. Il faut dire que la série a l'avantage d'être produite par Apple TV+. Sa tenue visuelle est donc plus qu'à la hauteur permettant une immersion rapide dans ce monde et son fonctionnement. Mais plus encore, c'est l'aplomb du récit qui vient rapidement donner de l'ampleur à la série.
Ancien look pour une ancienne vie
À l'instar de Game of Thrones (pour ne citer qu'elle), Silo n'a pas peur de prendre des risques et de prendre de cours les spectateurs. À ce niveau, ce sont carrément les deux (voire trois) premiers épisodes de la série qui fascinent par leur audace, confrontant les spectateurs à des destins tragiques et les obligeant à jongler entre les personnages malgré eux. Bien sûr, dans un souci évident de cohérence et de narration, la série Apple TV+ va finir par calmer sa folie destructrice. Cependant, les spectateurs sont prévenus : personne n'est à l'abri dans le silo et quiconque s'approchera trop près de son obscure vérité risquera sa vie (et pas uniquement).
C'est ce qui rend aussi captivante et palpitante l'histoire de Silo. La série a beau suivre avant tout Juliette, l'héroïne incarnée par l'excellente Rebecca Ferguson, et notamment son enquête sur les meurtres sévissant dans le silo (et, par effet domino, le grand mystère des lieux), elle n'oublie jamais de développer avec passion les autres personnages. Qu'ils aient un rôle majeur à jouer dans le récit ou soient de simples étapes dans son avancée, ils ont tous le droit à leurs backgrounds, leurs raisons d'être, d'agir ou de laisser faire.
C'est à ce moment-là que tout va commencer à basculerles reliques de l'amour
Le moyen parfait pour confirmer la densité de l'ensemble qui scrute les mouvements de chaque personnage et ne lésine jamais sur les détails de chaque appartement, étage ou bureau. D'autant plus que l'importance de certains se révèlera capitale alors même qu'on ne l'aurait pas vraiment soupçonné (en voilà de jolis miroirs) sans parler de cette étrange fenêtre-écran vers l'extérieur.
Ainsi, la série regorge de nombreuses surprises qui viennent remettre en cause tout un système établi (qui est derrière tout ça ? Pourquoi la vérité est-elle si crainte ? Quelqu'un en a-t-il seulement connaissance ?) et posent de jolies réflexions (quoique classiques) sur la réalité de notre existence dans une continuité futuriste de la fameuse allégorie de la caverne de Platon.
Un savoir-faire narratif bienvenu pour ce genre de production capable de mêler habilement le thriller paranoïaque (tendance néo-noir) au grand spectacle d'action (l'épisode 3 est un énorme morceau de tension), de fusionner sa dystopie post-apocalyptique à une analyse des hiérarchies sociales et une quête existentielle reposant avant tout sur de simples relations humaines. Et même si elle n'est pas exempte de personnages parfois caricaturaux, Silo parvient à créer une émotion qui prend tout son sens dans un dernier épisode haletant (bien aidé par la musique zimmerienne de Atli Örvarsson).
Regarder l'extérieur ou regarder ce que l'on souhaite me montrer de l'intérieurPour autant, on ne peut pas nier que la série manque régulièrement de rythme sur ses dix épisodes. En enfermant son récit dans un bunker, la série tourne parfois un peu en rond et le récit patine régulièrement. Il est d'ailleurs facile d'imaginer que la série aurait gagné à être un peu moins étirée sur la durée d’un voire deux épisodes (ce qui fait en vérité déjà beaucoup). Mais plus encore, ce qui risque de faire du mal à Silo, c'est finalement son rythme de diffusion.
En s'appuyant quasiment systématiquement sur des cliffhangers de fin d'épisode (tantôt insoutenable, tantôt superficiel), la série aurait pu être un énorme carton sur une plateforme comme Netflix adepte du binge-watching. En revanche, avec une diffusion hebdomadaire, Silo va probablement en agacer plus d'un (surtout quand le rebondissement sera vite mis de côté pour un épisode plus intimiste). C'est ici que Silo risque gros, mais où chaque spectateur doit s'accrocher pour profiter pleinement du voyage. Car si cette saison 1 sait séduire par sa générosité, nul doute qu'elle a bien plus à offrir dans ses éventuelles futures saisons et que le grand chambardement ne fait que commencer.
Les deux premiers épisodes de Silo sont disponibles sur Apple TV+ depuis le 5 mai 2023. Un nouvel épisode est diffusé chaque vendredi.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Silo : critique du renouveau "young adult" sur Apple TV+ - EcranLarge"
Post a Comment