Après sept années sans tourner, Patrice Leconte est revenu en 2022 avec le populaire Maigret, interprété par Gérard Depardieu. A 75 ans, cet amoureux du cinéma rêve encore de monter de nouveaux projets. Incapable de rester inactif, il s’est consacré, en attendant, à une autre de ses passions, la bande dessinée, avec un ouvrage consacré à Tintin.
Je ne serais pas arrivé là si…
… Si je n’avais pas été issu d’un milieu aisé, provincial, avec des parents médecins et un père cinéphile. Dans ma vie, il n’y a pas eu de court-circuit, pas eu de coup de Trafalgar, je n’ai pas été empêché. Mon but, mon rêve, a toujours été de faire des films. Quand j’ai dit : « Je veux faire du cinéma », on m’a répondu : « Très bien ! »
Quelle chance ! Ce n’est pas toujours la réaction type des milieux bourgeois de province de cette époque…
On ne choisit pas son milieu. Je ne crois pas qu’il faille s’excuser d’être un privilégié ni en avoir honte, il faut juste le savoir, être conscient de la chance qu’on a. Mes parents s’étaient rencontrés en médecine. Ma mère était une des pionnières de l’accouchement sans douleur. Ils travaillaient ensemble à Tours : ma mère préparait les femmes et mon père, gynécologue, attendait que les bébés sortent. Nous étions quatre enfants, ma mère a fini par raccrocher les gants pour s’occuper de nous.
J’ai le souvenir d’une enfance heureuse, nous ne faisions pas de vagues. Je pense qu’aucun professeur ne s’est jamais souvenu de moi. Si cela existait, mon signe astrologique aurait été Caméléon. Je ne voulais pas me faire remarquer. J’avais simplement hâte que ma scolarité se termine en faisant le nécessaire pour passer de justesse dans la classe supérieure. Tout s’est passé comme un long fleuve assez tranquille.
Est-ce votre père qui vous initie au cinéma ?
C’était son loisir principal. Il nous emmenait au ciné-club avec mon frère, mais aussi voir des films populaires, des Jerry Lewis. Il faisait également des homemade movies, il nous filmait dans notre quotidien, à la plage. Il avait une caméra 16 millimètres, une Beaulieu. Il me la prêtait, ce qui m’a permis de faire des petits films d’animation en papier découpé ou avec des copains le week-end.
A l’époque, à Tours, il y avait un festival du court-métrage qui durait quatre jours. Très à l’avance, mon père rayait tous ses rendez-vous. Et, surtout, il nous faisait sécher le lycée pour nous permettre d’y assister avec lui. On a vu ainsi les premiers courts-métrages de Polanski, d’Agnès Varda, de William Klein, c’était inouï. Il ne m’a pas poussé, mais il m’a insufflé dès l’adolescence l’envie de m’exprimer à travers cet art voyou. J’ai beaucoup appris en regardant des films et en bricolant, mais le cinéma me paraissait encore loin. L’arrivée de la Nouvelle Vague, avec sa grammaire cinématographique tellement libre, a rendu à ma génération le cinéma possible. Par un hasard incroyable, j’ai été reçu au concours de l’Institut des hautes études cinématographiques [Idhec], et me voilà parti à Paris.
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Read AgainAprès sept années sans tourner, Patrice Leconte est revenu en 2022 avec le populaire Maigret, interprété par Gérard Depardieu. A 75 ans, cet amoureux du cinéma rêve encore de monter de nouveaux projets. Incapable de rester inactif, il s’est consacré, en attendant, à une autre de ses passions, la bande dessinée, avec un ouvrage consacré à Tintin.
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… Si je n’avais pas été issu d’un milieu aisé, provincial, avec des parents médecins et un père cinéphile. Dans ma vie, il n’y a pas eu de court-circuit, pas eu de coup de Trafalgar, je n’ai pas été empêché. Mon but, mon rêve, a toujours été de faire des films. Quand j’ai dit : « Je veux faire du cinéma », on m’a répondu : « Très bien ! »
Quelle chance ! Ce n’est pas toujours la réaction type des milieux bourgeois de province de cette époque…
On ne choisit pas son milieu. Je ne crois pas qu’il faille s’excuser d’être un privilégié ni en avoir honte, il faut juste le savoir, être conscient de la chance qu’on a. Mes parents s’étaient rencontrés en médecine. Ma mère était une des pionnières de l’accouchement sans douleur. Ils travaillaient ensemble à Tours : ma mère préparait les femmes et mon père, gynécologue, attendait que les bébés sortent. Nous étions quatre enfants, ma mère a fini par raccrocher les gants pour s’occuper de nous.
J’ai le souvenir d’une enfance heureuse, nous ne faisions pas de vagues. Je pense qu’aucun professeur ne s’est jamais souvenu de moi. Si cela existait, mon signe astrologique aurait été Caméléon. Je ne voulais pas me faire remarquer. J’avais simplement hâte que ma scolarité se termine en faisant le nécessaire pour passer de justesse dans la classe supérieure. Tout s’est passé comme un long fleuve assez tranquille.
Est-ce votre père qui vous initie au cinéma ?
C’était son loisir principal. Il nous emmenait au ciné-club avec mon frère, mais aussi voir des films populaires, des Jerry Lewis. Il faisait également des homemade movies, il nous filmait dans notre quotidien, à la plage. Il avait une caméra 16 millimètres, une Beaulieu. Il me la prêtait, ce qui m’a permis de faire des petits films d’animation en papier découpé ou avec des copains le week-end.
A l’époque, à Tours, il y avait un festival du court-métrage qui durait quatre jours. Très à l’avance, mon père rayait tous ses rendez-vous. Et, surtout, il nous faisait sécher le lycée pour nous permettre d’y assister avec lui. On a vu ainsi les premiers courts-métrages de Polanski, d’Agnès Varda, de William Klein, c’était inouï. Il ne m’a pas poussé, mais il m’a insufflé dès l’adolescence l’envie de m’exprimer à travers cet art voyou. J’ai beaucoup appris en regardant des films et en bricolant, mais le cinéma me paraissait encore loin. L’arrivée de la Nouvelle Vague, avec sa grammaire cinématographique tellement libre, a rendu à ma génération le cinéma possible. Par un hasard incroyable, j’ai été reçu au concours de l’Institut des hautes études cinématographiques [Idhec], et me voilà parti à Paris.
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