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Tony Bennett, éminent styliste des standards musicaux américains, est mort à 96 ans - Le Monde

Tony Bennett lors du concert hommage du prix Gershwin de la Bibliothèque du Congrès en son honneur à Washington, DC, le 15 novembre 2017.

Styliste éminent et intemporel, sa dévotion aux chansons américaines classiques et son talent pour créer de nouveaux standards tels que I Left My Heart In San Francisco lui a valu l’admiration de Frank Sinatra ou de Lady Gaga. Tony Bennett est mort vendredi 21 juillet. Il avait 96 ans.

Son agente, Sylvia Weiner, a confirmé sa mort à l’Associated Press, affirmant qu’il était mort dans sa ville natale de New York. La cause de son décès n’a pas été précisée, mais on lui avait diagnostiqué, en 2016, la maladie d’Alzheimer.

Dernier des grands chanteurs ayant mêlé jazz et variété au milieu du XXe siècle, Tony Bennett a souvent dit que son ambition de toujours était de créer « un catalogue à succès plutôt que des disques à succès. » Il a publié plus de soixante-dix albums, qui lui ont permis de remporter dix-neuf Grammys – tous sauf deux une fois passé la soixantaine –, et il a bénéficié d’une affection profonde et durable de la part des fans et de ses collègues artistes.

« J’aime simplement faire en sorte que les gens se sentent bien quand je joue »

Tony Bennett ne racontait pas sa propre histoire lorsqu’il se produisait ; il laissait plutôt parler la musique – George et Ira Gershwin, Cole Porter, Irving Berlin, Jerome Kern. Contrairement à son ami et mentor Frank Sinatra, il interprétait une chanson plutôt que de l’incarner. Si son chant et sa vie publique n’ont pas l’intensité dramatique de Sinatra, Tony Bennett séduit par son aisance, ses manières courtoises et une voix inhabituellement riche et puissante, un grain qui le rendait immédiatement reconnaissable – « un ténor qui chante comme un baryton », disait-il lui-même – qui le rendent maître dans l’art de caresser une ballade ou d’enjoliver un numéro plus rapide.

« J’aime divertir le public, lui faire oublier ses problèmes », avait-il déclaré à l’Associated Press en 2006. « Je pense que les gens sont touchés s’ils entendent quelque chose de sincère et d’honnête, avec peut-être un peu d’humour. J’aime simplement faire en sorte que les gens se sentent bien quand je joue. »

Bennett a souvent été loué par ses pairs, mais jamais de manière aussi significative que par Sinatra, notamment dans une interview accordée au magazine Life en 1965 : « Tony Bennett est le meilleur chanteur du secteur. Il m’enthousiame quand je le regarde. Il m’émeut. C’est le chanteur qui fait passer ce que le compositeur a en tête, et probablement un peu plus. »

Il a survécu à l’essor de la musique rock, si longtemps et si bien qu’il a gagné de nouveaux fans et collaborateurs, dont certains assez jeunes pour être ses petits-enfants. En 2014, à l’âge de 88 ans, Tony Bennett a battu, avec le disque Cheek to Cheek, son projet de duos avec Lady Gaga, le record du plus vieil interprète vivant au sommet du classement des meilleures ventes d’albums.

Un artiste engagé

Trois ans plus tôt, il s’était hissé au sommet des classements avec Duets II, qui réunissait des stars contemporaines telles que Lady Gaga, Carrie Underwood et Amy Winehouse, dont c’était le dernier enregistrement en studio. Sa relation avec Amy Winehouse a été immortalisée dans le documentaire Amy, nommé aux Oscars, qui montre Tony Bennett encourageant patiemment la jeune chanteuse, peu sûre d’elle, lors d’une interprétation de Body and Soul.

Il fut aussi de ces artistes blancs engagés dans le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, en participant notamment en 1965 aux marches dans l’Alabama, mais aussi en refusant d’aller chanter en Afrique du Sud au temps de l’apartheid.

La France l’a longtemps boudé, au point qu’il a fallu attendre le milieu des années 1990 pour qu’il se produise dans l’Hexagone – où Frank Sinatra était pourtant vénéré. Des critiques de jazz distingués (il en est) l’ont qualifié de « chanteur pour mariage italo-américain » ou de « bonne grosse variétoche latino-yankee ». Tant pis pour eux si nombre de grands du jazz n’ont pas eu la même perception. Assurément, le jazz n’était pas le seul périmètre dans lequel il évoluait, mais il y était à son aise.

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Tony Bennett lors du concert hommage du prix Gershwin de la Bibliothèque du Congrès en son honneur à Washington, DC, le 15 novembre 2017.

Styliste éminent et intemporel, sa dévotion aux chansons américaines classiques et son talent pour créer de nouveaux standards tels que I Left My Heart In San Francisco lui a valu l’admiration de Frank Sinatra ou de Lady Gaga. Tony Bennett est mort vendredi 21 juillet. Il avait 96 ans.

Son agente, Sylvia Weiner, a confirmé sa mort à l’Associated Press, affirmant qu’il était mort dans sa ville natale de New York. La cause de son décès n’a pas été précisée, mais on lui avait diagnostiqué, en 2016, la maladie d’Alzheimer.

Dernier des grands chanteurs ayant mêlé jazz et variété au milieu du XXe siècle, Tony Bennett a souvent dit que son ambition de toujours était de créer « un catalogue à succès plutôt que des disques à succès. » Il a publié plus de soixante-dix albums, qui lui ont permis de remporter dix-neuf Grammys – tous sauf deux une fois passé la soixantaine –, et il a bénéficié d’une affection profonde et durable de la part des fans et de ses collègues artistes.

« J’aime simplement faire en sorte que les gens se sentent bien quand je joue »

Tony Bennett ne racontait pas sa propre histoire lorsqu’il se produisait ; il laissait plutôt parler la musique – George et Ira Gershwin, Cole Porter, Irving Berlin, Jerome Kern. Contrairement à son ami et mentor Frank Sinatra, il interprétait une chanson plutôt que de l’incarner. Si son chant et sa vie publique n’ont pas l’intensité dramatique de Sinatra, Tony Bennett séduit par son aisance, ses manières courtoises et une voix inhabituellement riche et puissante, un grain qui le rendait immédiatement reconnaissable – « un ténor qui chante comme un baryton », disait-il lui-même – qui le rendent maître dans l’art de caresser une ballade ou d’enjoliver un numéro plus rapide.

« J’aime divertir le public, lui faire oublier ses problèmes », avait-il déclaré à l’Associated Press en 2006. « Je pense que les gens sont touchés s’ils entendent quelque chose de sincère et d’honnête, avec peut-être un peu d’humour. J’aime simplement faire en sorte que les gens se sentent bien quand je joue. »

Bennett a souvent été loué par ses pairs, mais jamais de manière aussi significative que par Sinatra, notamment dans une interview accordée au magazine Life en 1965 : « Tony Bennett est le meilleur chanteur du secteur. Il m’enthousiame quand je le regarde. Il m’émeut. C’est le chanteur qui fait passer ce que le compositeur a en tête, et probablement un peu plus. »

Il a survécu à l’essor de la musique rock, si longtemps et si bien qu’il a gagné de nouveaux fans et collaborateurs, dont certains assez jeunes pour être ses petits-enfants. En 2014, à l’âge de 88 ans, Tony Bennett a battu, avec le disque Cheek to Cheek, son projet de duos avec Lady Gaga, le record du plus vieil interprète vivant au sommet du classement des meilleures ventes d’albums.

Un artiste engagé

Trois ans plus tôt, il s’était hissé au sommet des classements avec Duets II, qui réunissait des stars contemporaines telles que Lady Gaga, Carrie Underwood et Amy Winehouse, dont c’était le dernier enregistrement en studio. Sa relation avec Amy Winehouse a été immortalisée dans le documentaire Amy, nommé aux Oscars, qui montre Tony Bennett encourageant patiemment la jeune chanteuse, peu sûre d’elle, lors d’une interprétation de Body and Soul.

Il fut aussi de ces artistes blancs engagés dans le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, en participant notamment en 1965 aux marches dans l’Alabama, mais aussi en refusant d’aller chanter en Afrique du Sud au temps de l’apartheid.

La France l’a longtemps boudé, au point qu’il a fallu attendre le milieu des années 1990 pour qu’il se produise dans l’Hexagone – où Frank Sinatra était pourtant vénéré. Des critiques de jazz distingués (il en est) l’ont qualifié de « chanteur pour mariage italo-américain » ou de « bonne grosse variétoche latino-yankee ». Tant pis pour eux si nombre de grands du jazz n’ont pas eu la même perception. Assurément, le jazz n’était pas le seul périmètre dans lequel il évoluait, mais il y était à son aise.

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