"Bien trop petit", qui aborde l'éveil de la sexualité à l'adolescence, a été interdit de vente aux mineurs par un arrêté de Gérald Darmanin car jugé comme "un contenu à caractère pornographique".
L'histoire de Grégoire, un adolescent qui après une remarque désobligeante d'un de ses camarades sur la taille de son sexe, se réfugie dans l'écriture et apprend via les mots et l'imaginaire à découvrir sa sexualité, n'a pas plu au ministre de l'Intérieur. Bien trop petit, un roman jeunesse écrit par Manuel Causse, a été interdit de vente aux mineurs par un arrêté de Gérald Darmanin, le 17 juillet. Une "violente" décision qui a "laissé sans voix" sa maison d'édition Thierry Magnier.
La justification? La présence dans certaines pages "d'une description complaisante de nombreuses scènes de sexe très explicites" faisant de ce récit "un contenu à caractère pornographique, présentant un danger pour les mineurs qui pourraient l'acquérir ou le consulter", d'après ledit arrêté qui se base sur une loi datée du 16 juillet 1949.
Apprentissage de la sexualité
Son auteur réfute tout danger et défend son ouvrage dont le but est "d’offrir une voie progressiste vers l’apprentissage de la sexualité adulte", affirme-t-il au Parisien. Selon lui, Bien trop petit, paru en 2022, a vocation à éduquer la jeunesse à la sexualité, tout comme l'ensemble des ouvrages de la collection L'Ardeur dont il fait partie.
"Il y a eu beaucoup de travail d’édition sur ce roman, on a passé énormément de temps à déconstruire ces scènes pour éviter les écueils de la culture du viol ou des clichés machistes avec son éditrice. C’est un roman déconstructif en réalité et pas pornographique", explique-t-il.
L'éditeur Thierry Magnier avait été appelé dès janvier à défendre son ouvrage devant la commission de surveillance et de contrôle des publications pour la jeunesse, chargée d'examiner tous les livres publiés à destination de ce lectorat.
Il avait alors tenu à signaler qu'ils avaient "pris soin de faire figurer sur la quatrième de couverture une mention adressant ce livre à un lectorat averti, à partir de 15 ans". Mais cela n'a pas suffi. Le livre doit être retiré des librairies sous peine d'un an emprisonnement et de 3750 euros d'amende, comme prévu par la loi de 1949.
"Nous ferons le nécessaire pour que ce livre continue à exister, plus que jamais convaincus de l'importance de la littérature dans les combats qui restent à mener", écrit la maison d'édition dans un communiqué, tout en notifiant son respect de l'arrêté. Le livre, déjà vendu à 500 exemplaires selon les informations de Franceinfo, pourrait être remis en vente à destination des majeurs.
Outrage et inquiétude du monde de la littérature
La décision du ministre de l'Intérieur a suscité de vives réactions au sein du monde de l'édition et de la littérature. De nombreux professionnels se disent inquiets et outrés. Tant pour le symbole que représente la censure d'un livre que pour l'éducation à la sexualité, à l'heure où la fréquentation des sites pornographiques par les mineurs augmente.
La part des moins de 18 ans fréquentant des sites "adultes" a progressé de 9 points en 5 ans, passant de 19% fin 2017 à 28% fin 2022, a relevé l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) en mai dernier. Chaque mois, ils sont 2,3 millions à se rendre sur ces sites.
Les messages de soutien se multiplient sur les réseaux sociaux. "Ces textes sont engagés, politiques, courageux et nécessaires pour lever les tabous liés à la sexualité et au rapport au corps, décortiquer les injonctions pour s'en libérer, découvrir, explorer...", écrit la librairie Lilosimages sur Instagram.
"Notre soutien aux Éditions Thierry Magnier, à ses équipes et ses auteur·ices est inconditionnel", conclut le communiqué.
Même teneur du côté de l'écrivain Nicolas Mathieu: "Sans revenir sur la nature liberticide d'un tel acte, la manière dont il bafoue le droit à la création, sans détailler l'extrême nécessité où nous sommes de préserver l'espace fictionnel comme l'un de nos biens les plus précieux, on voudrait surtout insister sur l'hypocrisie dudit geste. À 15 ans, on aime et on désire comme des dingues".
Sous le hashtag #wheniwas15 (quand j'avais 15 ans), des auteurs racontent leurs premiers émois sexuels à l'âge de 15 ans. Et soulignent l'importance qu'a eu la littérature, les mots et l'imagination sur leur éveil sexuel.
"Bien trop petit", qui aborde l'éveil de la sexualité à l'adolescence, a été interdit de vente aux mineurs par un arrêté de Gérald Darmanin car jugé comme "un contenu à caractère pornographique".
L'histoire de Grégoire, un adolescent qui après une remarque désobligeante d'un de ses camarades sur la taille de son sexe, se réfugie dans l'écriture et apprend via les mots et l'imaginaire à découvrir sa sexualité, n'a pas plu au ministre de l'Intérieur. Bien trop petit, un roman jeunesse écrit par Manuel Causse, a été interdit de vente aux mineurs par un arrêté de Gérald Darmanin, le 17 juillet. Une "violente" décision qui a "laissé sans voix" sa maison d'édition Thierry Magnier.
La justification? La présence dans certaines pages "d'une description complaisante de nombreuses scènes de sexe très explicites" faisant de ce récit "un contenu à caractère pornographique, présentant un danger pour les mineurs qui pourraient l'acquérir ou le consulter", d'après ledit arrêté qui se base sur une loi datée du 16 juillet 1949.
Apprentissage de la sexualité
Son auteur réfute tout danger et défend son ouvrage dont le but est "d’offrir une voie progressiste vers l’apprentissage de la sexualité adulte", affirme-t-il au Parisien. Selon lui, Bien trop petit, paru en 2022, a vocation à éduquer la jeunesse à la sexualité, tout comme l'ensemble des ouvrages de la collection L'Ardeur dont il fait partie.
"Il y a eu beaucoup de travail d’édition sur ce roman, on a passé énormément de temps à déconstruire ces scènes pour éviter les écueils de la culture du viol ou des clichés machistes avec son éditrice. C’est un roman déconstructif en réalité et pas pornographique", explique-t-il.
L'éditeur Thierry Magnier avait été appelé dès janvier à défendre son ouvrage devant la commission de surveillance et de contrôle des publications pour la jeunesse, chargée d'examiner tous les livres publiés à destination de ce lectorat.
Il avait alors tenu à signaler qu'ils avaient "pris soin de faire figurer sur la quatrième de couverture une mention adressant ce livre à un lectorat averti, à partir de 15 ans". Mais cela n'a pas suffi. Le livre doit être retiré des librairies sous peine d'un an emprisonnement et de 3750 euros d'amende, comme prévu par la loi de 1949.
"Nous ferons le nécessaire pour que ce livre continue à exister, plus que jamais convaincus de l'importance de la littérature dans les combats qui restent à mener", écrit la maison d'édition dans un communiqué, tout en notifiant son respect de l'arrêté. Le livre, déjà vendu à 500 exemplaires selon les informations de Franceinfo, pourrait être remis en vente à destination des majeurs.
Outrage et inquiétude du monde de la littérature
La décision du ministre de l'Intérieur a suscité de vives réactions au sein du monde de l'édition et de la littérature. De nombreux professionnels se disent inquiets et outrés. Tant pour le symbole que représente la censure d'un livre que pour l'éducation à la sexualité, à l'heure où la fréquentation des sites pornographiques par les mineurs augmente.
La part des moins de 18 ans fréquentant des sites "adultes" a progressé de 9 points en 5 ans, passant de 19% fin 2017 à 28% fin 2022, a relevé l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) en mai dernier. Chaque mois, ils sont 2,3 millions à se rendre sur ces sites.
Les messages de soutien se multiplient sur les réseaux sociaux. "Ces textes sont engagés, politiques, courageux et nécessaires pour lever les tabous liés à la sexualité et au rapport au corps, décortiquer les injonctions pour s'en libérer, découvrir, explorer...", écrit la librairie Lilosimages sur Instagram.
"Notre soutien aux Éditions Thierry Magnier, à ses équipes et ses auteur·ices est inconditionnel", conclut le communiqué.
Même teneur du côté de l'écrivain Nicolas Mathieu: "Sans revenir sur la nature liberticide d'un tel acte, la manière dont il bafoue le droit à la création, sans détailler l'extrême nécessité où nous sommes de préserver l'espace fictionnel comme l'un de nos biens les plus précieux, on voudrait surtout insister sur l'hypocrisie dudit geste. À 15 ans, on aime et on désire comme des dingues".
Sous le hashtag #wheniwas15 (quand j'avais 15 ans), des auteurs racontent leurs premiers émois sexuels à l'âge de 15 ans. Et soulignent l'importance qu'a eu la littérature, les mots et l'imagination sur leur éveil sexuel.
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