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« Anatomie d’une chute » : Six bonnes raisons d’aller voir le film de Justine Triet - 20 Minutes

« Anatomie d'une chute » de Justine Triet — Les Films Pelleas / Les Films de Pierre
  • « Anatomie d’une chute » de Justine Triet sort ce mercredi sur les écrans.
  • Ce film, dont le sens du suspense rappelle les meilleurs films d’Hitchcock, a reçu en mai la Palme d’or, la troisième décernée à une femme à Cannes.
  • Le discours politique de sa réalisatrice avait suscité de vives réactions et pourtant, le film vaut bien mieux que les déclarations polémiques émises à l’époque.

La Palme d’or remportée en mai par Justine Triet a fait couler beaucoup d’encre. Et pas uniquement pour des raisons cinématographiques. Car la réalisatrice, (la troisième récompensée à Cannes après Jane Campion et Julia Ducournau, la seconde en deux ans) avait pris la liberté de livrer un constat amer sur la politique du gouvernement plutôt que d’offrir des larmes glamours en guise de remerciements…

Mais Anatomie d’une chute vaut mieux que la polémique et toutes les réactions qui ont suivi. Car c’est tout simplement un grand film de cinéma et 20 Minutes vous explique pourquoi.

« Anatomie d’une chute » n’est pas une palme par défaut

Le choix de la palme d’or ne fait pas toujours de l’unanimité au sein d’un jury, mais relève le plus souvent d’un consensus. A l’issue du festival de Cannes, Ruben Ostlund a confié que la projection du film de Justine Triet avait été vécue par son équipe comme « une expérience collective très intense ». Et le président du jury d’ajouter : « c’est tout ce que j’attends du cinéma ».

« Anatomie d’une chute » va vous faire tomber de haut

Le pitch est simple et rapide. Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Mais parfois, les témoignages des uns s’emmêlent, la mémoire des autres flanche… Accident, suicide ou homicide ? Sandra est inculpée malgré le doute. Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère ou plutôt à la dissection du couple qu’elle formait avec son père.

Chaque propos se révèle tranchant comme un coup de scalpel qui, par l’effet de surprise qu’il produit, fait vaciller nos certitudes. Cela fonctionne d’autant mieux qu’on peut s’identifier à la plupart des protagonistes.

« Anatomie d’une chute » est un film de genres, au pluriel

C’est d’abord un drame conjugal qui se teinte de thriller avant de devenir un film de procès. C’est surtout un film doté d’un sens aigu du suspense. Le clin d’œil du titre à Anatomy of a murder d’Otto Preminger n’est pas fortuit. « C’est peut-être le film le plus intime que j’ai réalisé », a déclaré la cinéaste à Cannes.

Avec Arthur Harari, réalisateur d’Onoda et son compagnon dans la vie, Justine Triet a profité du confinement pour écrire un scénario au suspense haletant, où l’intrigue ressert son étau comme dans les meilleurs films d’Hitchcock, une autre référence de la réalisatrice.

« Anatomie d’une chute » est un film féministe qui ne dit pas son nom

Après La Bataille de Solférino, Victoria et Sybil, Justine Triet dresse un nouveau portrait de femme forte, très sûre d’elle. Du moins en apparence, car la réalisatrice n’aime rien moins que de révéler la fragilité et les doutes de ses héroïnes. Cette fois, ce sont les fêlures d’un couple, ses déséquilibres qui sont mis au jour. « Dans un couple, qu’est-ce qu’on se doit ? demande Justine Triet. Qu’est-ce qu’on se donne ? Est-ce qu’une réciprocité est possible ? Ce sont des questions qui me travaillent et qui ne sont pas tant que ça abordées au cinéma. »

Si on se place plutôt du côté de cette femme soupçonnée d’un crime qu’elle n’a peut-être pas commis, rien ne prouve qu’elle ne l’a pas commis, justement. Et on guette ses réactions, agaçantes ou désarmantes, dès que surgit un nouvel indice de sa possible culpabilité.

« Anatomie d’une chute » confronte deux comédiens époustouflants

« Je tenais à retourner un film avec Sandra Hüller, confie Justine Triet à 20 Minutes. Déjà sur le tournage de Sybil, ça avait été très, très fort. Virginie Efira et Adèle Exarchopoulos étaient complètement fascinées par elle. Tout passe par son corps. Il y a chez elle un lâcher prise exceptionnel, qui donne à son jeu un côté très intense et très simple, très vrai. » Face à l'actrice allemande, découverte en France dans Toni Erdmann, il fallait un acteur de la trempe d’Antoine Reinartz en procureur qui revient sans cesse à la charge. 

« C’est un personnage qui veut faire entendre sa vérité et ne ménage pas ses efforts pour contrer l’avocat de la défense joué par Swann Arlaud, nous racontait Antoine Reinartz à Cannes. Le travail qui consiste à convaincre les jurés n’est pas très éloigné de celui d’un acteur tentant de séduire son public. » Le comédien s’est rasé la tête ce qui rend son personnage de culbuto obstiné aussi « séduisant » qu’inquiétant.

« Anatomie d’une chute » est un film qui a du chien

Il ne faudrait surtout pas oublier que la veille de la Palme d’or, le chien du film, Messi, avait reçu la Palm dog. Le jury de ce prix s’est laissé subjuguer par « la véritable performance cinématographique canine » du boarder collie qui incarne Snoop, le chien guide d’un enfant malvoyant. Il faut le voir, par exemple, simuler avec force et conviction, un évanouissement et un vomissement. 

« Le regard du chien est quelque chose qui est très intéressant, explique Justine Triet à 20 Minutes, parce que c'est un regard qui ne triche pas. C'est aussi une façon de se mettre des bâtons dans les roues quand on tourne, parce que tourner avec un animal, c'est compliqué. Dans Victoria, il y avait déjà un petit chien qui vient remettre une preuve… Mais le chien de Victoria était infernal, il ne savait rien faire. Celui là était beaucoup plus doué. La vie est plutôt bien fait. Ils ont donné la Palm Dog au bon chien. »

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« Anatomie d'une chute » de Justine Triet — Les Films Pelleas / Les Films de Pierre
  • « Anatomie d’une chute » de Justine Triet sort ce mercredi sur les écrans.
  • Ce film, dont le sens du suspense rappelle les meilleurs films d’Hitchcock, a reçu en mai la Palme d’or, la troisième décernée à une femme à Cannes.
  • Le discours politique de sa réalisatrice avait suscité de vives réactions et pourtant, le film vaut bien mieux que les déclarations polémiques émises à l’époque.

La Palme d’or remportée en mai par Justine Triet a fait couler beaucoup d’encre. Et pas uniquement pour des raisons cinématographiques. Car la réalisatrice, (la troisième récompensée à Cannes après Jane Campion et Julia Ducournau, la seconde en deux ans) avait pris la liberté de livrer un constat amer sur la politique du gouvernement plutôt que d’offrir des larmes glamours en guise de remerciements…

Mais Anatomie d’une chute vaut mieux que la polémique et toutes les réactions qui ont suivi. Car c’est tout simplement un grand film de cinéma et 20 Minutes vous explique pourquoi.

« Anatomie d’une chute » n’est pas une palme par défaut

Le choix de la palme d’or ne fait pas toujours de l’unanimité au sein d’un jury, mais relève le plus souvent d’un consensus. A l’issue du festival de Cannes, Ruben Ostlund a confié que la projection du film de Justine Triet avait été vécue par son équipe comme « une expérience collective très intense ». Et le président du jury d’ajouter : « c’est tout ce que j’attends du cinéma ».

« Anatomie d’une chute » va vous faire tomber de haut

Le pitch est simple et rapide. Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Mais parfois, les témoignages des uns s’emmêlent, la mémoire des autres flanche… Accident, suicide ou homicide ? Sandra est inculpée malgré le doute. Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère ou plutôt à la dissection du couple qu’elle formait avec son père.

Chaque propos se révèle tranchant comme un coup de scalpel qui, par l’effet de surprise qu’il produit, fait vaciller nos certitudes. Cela fonctionne d’autant mieux qu’on peut s’identifier à la plupart des protagonistes.

« Anatomie d’une chute » est un film de genres, au pluriel

C’est d’abord un drame conjugal qui se teinte de thriller avant de devenir un film de procès. C’est surtout un film doté d’un sens aigu du suspense. Le clin d’œil du titre à Anatomy of a murder d’Otto Preminger n’est pas fortuit. « C’est peut-être le film le plus intime que j’ai réalisé », a déclaré la cinéaste à Cannes.

Avec Arthur Harari, réalisateur d’Onoda et son compagnon dans la vie, Justine Triet a profité du confinement pour écrire un scénario au suspense haletant, où l’intrigue ressert son étau comme dans les meilleurs films d’Hitchcock, une autre référence de la réalisatrice.

« Anatomie d’une chute » est un film féministe qui ne dit pas son nom

Après La Bataille de Solférino, Victoria et Sybil, Justine Triet dresse un nouveau portrait de femme forte, très sûre d’elle. Du moins en apparence, car la réalisatrice n’aime rien moins que de révéler la fragilité et les doutes de ses héroïnes. Cette fois, ce sont les fêlures d’un couple, ses déséquilibres qui sont mis au jour. « Dans un couple, qu’est-ce qu’on se doit ? demande Justine Triet. Qu’est-ce qu’on se donne ? Est-ce qu’une réciprocité est possible ? Ce sont des questions qui me travaillent et qui ne sont pas tant que ça abordées au cinéma. »

Si on se place plutôt du côté de cette femme soupçonnée d’un crime qu’elle n’a peut-être pas commis, rien ne prouve qu’elle ne l’a pas commis, justement. Et on guette ses réactions, agaçantes ou désarmantes, dès que surgit un nouvel indice de sa possible culpabilité.

« Anatomie d’une chute » confronte deux comédiens époustouflants

« Je tenais à retourner un film avec Sandra Hüller, confie Justine Triet à 20 Minutes. Déjà sur le tournage de Sybil, ça avait été très, très fort. Virginie Efira et Adèle Exarchopoulos étaient complètement fascinées par elle. Tout passe par son corps. Il y a chez elle un lâcher prise exceptionnel, qui donne à son jeu un côté très intense et très simple, très vrai. » Face à l'actrice allemande, découverte en France dans Toni Erdmann, il fallait un acteur de la trempe d’Antoine Reinartz en procureur qui revient sans cesse à la charge. 

« C’est un personnage qui veut faire entendre sa vérité et ne ménage pas ses efforts pour contrer l’avocat de la défense joué par Swann Arlaud, nous racontait Antoine Reinartz à Cannes. Le travail qui consiste à convaincre les jurés n’est pas très éloigné de celui d’un acteur tentant de séduire son public. » Le comédien s’est rasé la tête ce qui rend son personnage de culbuto obstiné aussi « séduisant » qu’inquiétant.

« Anatomie d’une chute » est un film qui a du chien

Il ne faudrait surtout pas oublier que la veille de la Palme d’or, le chien du film, Messi, avait reçu la Palm dog. Le jury de ce prix s’est laissé subjuguer par « la véritable performance cinématographique canine » du boarder collie qui incarne Snoop, le chien guide d’un enfant malvoyant. Il faut le voir, par exemple, simuler avec force et conviction, un évanouissement et un vomissement. 

« Le regard du chien est quelque chose qui est très intéressant, explique Justine Triet à 20 Minutes, parce que c'est un regard qui ne triche pas. C'est aussi une façon de se mettre des bâtons dans les roues quand on tourne, parce que tourner avec un animal, c'est compliqué. Dans Victoria, il y avait déjà un petit chien qui vient remettre une preuve… Mais le chien de Victoria était infernal, il ne savait rien faire. Celui là était beaucoup plus doué. La vie est plutôt bien fait. Ils ont donné la Palm Dog au bon chien. »

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