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« Animalia », de Sofia Alaoui : au Maroc, une épouse brimée sauvée par les extraterrestres - Le Monde

Itto (Oumaïma Barid) dans « Animalia », de Sofia Alaoui.

La vague marocaine, amorcée par une forte présence au Festival de Cannes, continue donc de déferler sur nos écrans. Animalia, premier long-métrage de Sofia Alaoui, est avec Les Meutes de Kamal Lazraq (autre premier long-métrage sorti le 19 juillet) le titre incontestablement le plus séduisant et le plus prometteur, quoique absent des agapes cannoises. Signé par une jeune Franco-Marocaine qui y démontre autant de courage que de talent, sa première vertu consiste à renouveler la fiche cinémétrique maghrébine, qui, telle qu’elle s’exporte le plus volontiers en Occident, creuse le sillon des affres de la femme victime d’une société ultra-patriarcale.

Certes remise sur le métier par Sofia Alaoui, cette figure est ici projetée vers l’horizon d’un cinéma fantastique à forte teneur politique, dans la veine réaliste, retenue et d’autant plus percutante, cultivée par le cinéaste américain M. Night Shyamalan. Au centre d’une action souvent décadrée, Itto, jeune femme d’origine modeste, enceinte, mariée au rejeton d’une famille de riches parvenus, négociants en volailles. Méprisée par sa belle-famille, mariée à Amine, un fils à papa qui n’a pas voix au chapitre, elle se morfond dans une demeure au luxe clinquant, jusqu’au jour, qui vient assez vite dans le film, où tout bascule.

Alors qu’elle vient de refuser de se joindre à son mari et à sa belle-famille qui partent honorer une invitation chez des amis, les bulletins d’information annoncent que le Maroc est plongé dans l’état d’urgence. Itto, sur les conseils d’Amine, évacue la maison en compagnie du métayer qui a reçu comme instruction de la mener jusqu’à la ville où réside son mari. Au lieu de quoi, l’homme, soucieux de mettre prioritairement à l’abri sa propre famille, empoche l’argent que lui confie Itto et l’abandonne dans un village reculé de l’Atlas. Elle se réfugie dans un hôtel rempli d’hommes esseulés, esseulée elle-même dans un village qui semble avoir été vidé de ses habitants et est la proie des chiens errants. Un malinois, comme s’il voulait la protéger, s’attache à elle.

Atmosphère envoûtante

A ce stade des opérations filmiques, on ne sait encore de quelle nature est la calamité qui menace le pays. Elle se précisera au cours du récit par des « signes », des « phénomènes », pour reprendre la terminologie de Shyamalan : manifestations climatiques étranges, éclairs surréels, hommes et animaux décentrés d’eux-mêmes, comme discrètement possédés, devenus sans doute le siège d’une présence extraterrestre, qui semblent avoir élu Itto. Car, entre-temps, la jeune femme a convaincu le propriétaire de l’hôtel de la conduire jusqu’à la ville où se trouve son époux. La route sera longue, jusqu’à cette réplique assez gonflée des Oiseaux de Hitchcock, dans laquelle les volatiles sont rassemblés devant une mosquée où la dévotion ne semble plus être concernée par l’injustice entre les hommes.

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Itto (Oumaïma Barid) dans « Animalia », de Sofia Alaoui.

La vague marocaine, amorcée par une forte présence au Festival de Cannes, continue donc de déferler sur nos écrans. Animalia, premier long-métrage de Sofia Alaoui, est avec Les Meutes de Kamal Lazraq (autre premier long-métrage sorti le 19 juillet) le titre incontestablement le plus séduisant et le plus prometteur, quoique absent des agapes cannoises. Signé par une jeune Franco-Marocaine qui y démontre autant de courage que de talent, sa première vertu consiste à renouveler la fiche cinémétrique maghrébine, qui, telle qu’elle s’exporte le plus volontiers en Occident, creuse le sillon des affres de la femme victime d’une société ultra-patriarcale.

Certes remise sur le métier par Sofia Alaoui, cette figure est ici projetée vers l’horizon d’un cinéma fantastique à forte teneur politique, dans la veine réaliste, retenue et d’autant plus percutante, cultivée par le cinéaste américain M. Night Shyamalan. Au centre d’une action souvent décadrée, Itto, jeune femme d’origine modeste, enceinte, mariée au rejeton d’une famille de riches parvenus, négociants en volailles. Méprisée par sa belle-famille, mariée à Amine, un fils à papa qui n’a pas voix au chapitre, elle se morfond dans une demeure au luxe clinquant, jusqu’au jour, qui vient assez vite dans le film, où tout bascule.

Alors qu’elle vient de refuser de se joindre à son mari et à sa belle-famille qui partent honorer une invitation chez des amis, les bulletins d’information annoncent que le Maroc est plongé dans l’état d’urgence. Itto, sur les conseils d’Amine, évacue la maison en compagnie du métayer qui a reçu comme instruction de la mener jusqu’à la ville où réside son mari. Au lieu de quoi, l’homme, soucieux de mettre prioritairement à l’abri sa propre famille, empoche l’argent que lui confie Itto et l’abandonne dans un village reculé de l’Atlas. Elle se réfugie dans un hôtel rempli d’hommes esseulés, esseulée elle-même dans un village qui semble avoir été vidé de ses habitants et est la proie des chiens errants. Un malinois, comme s’il voulait la protéger, s’attache à elle.

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A ce stade des opérations filmiques, on ne sait encore de quelle nature est la calamité qui menace le pays. Elle se précisera au cours du récit par des « signes », des « phénomènes », pour reprendre la terminologie de Shyamalan : manifestations climatiques étranges, éclairs surréels, hommes et animaux décentrés d’eux-mêmes, comme discrètement possédés, devenus sans doute le siège d’une présence extraterrestre, qui semblent avoir élu Itto. Car, entre-temps, la jeune femme a convaincu le propriétaire de l’hôtel de la conduire jusqu’à la ville où se trouve son époux. La route sera longue, jusqu’à cette réplique assez gonflée des Oiseaux de Hitchcock, dans laquelle les volatiles sont rassemblés devant une mosquée où la dévotion ne semble plus être concernée par l’injustice entre les hommes.

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