Search

Le commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint Cyr est mort - Le Monde

Pierre Cornette de Saint Cyr, dans son bureau à la maison de ventes, à Paris, le 26 janvier 2015.

Par quoi commencer ? Par ses tenues chamarrées obéissant à un code couleur précis soufflé par une voyante – vert le vendredi, rose le mardi, jaune le dimanche… – qui tranchaient dans le petit monde gris des commissaires-priseurs français ? Par l’insatiable curiosité qui, jusqu’à la pandémie, lui faisait courir les vernissages, y compris de tout jeunes artistes ? Par l’irrésistible bonne humeur qu’il promenait de sauteries mondaines en plateaux télévisés ?

Pierre Cornette de Saint Cyr aimait l’art, les femmes, le spectacle. Tout chez lui était affaire de séduction. « Pierre a inventé la figure du commissaire-priseur flamboyant et médiatique, en transformant les ventes aux enchères en one-man-show », résume le marchand parisien Stéphane Corréard, qui travailla une demi-douzaine d’années à ses côtés.

Quarante ans durant, il ne cessa de promouvoir la scène artistique tricolore, à une époque où la France faisait figure de naine sur l’échiquier mondial. L’installation récente et massive de galeries internationales à Paris et le rachat en 2022 de sa propre maison de vente par le groupe britannique Bonhams lui ont donné raison. « Il fut l’ambassadeur de l’art français, comme le producteur Daniel Toscan du Plantier le fut pour le cinéma », salue son confrère Hervé Loevenbruck. L’atypique commissaire-priseur français s’est éteint le dimanche 20 août à Saint-Tropez (Var) à l’âge de 84 ans, des suites d’une maladie neurodégénérative.

Né le 1er janvier 1939 à Meknès, au Maroc, dans une vieille famille aristocratique issue des Antilles, le jeune Cornette de Saint Cyr est envoyé en France pour étudier l’agronomie. Préférant le droit à la perspective de gérer les terres familiales, il s’associe avec les commissaires-priseurs Guy Loudmer et Hervé Poulain, avant d’ouvrir sa propre étude en 1973. Très vite, Pierre Cornette de Saint Cyr se démarque de ses confrères, qui ne jurent alors que par le mobilier du XVIIIe siècle et les tableaux de maître, en ouvrant les enchères à de nouvelles disciplines comme le design, la bande dessinée ou la photographie, à une époque où ce média n’était pas encore considéré comme un art.

« Il ne vivait que pour les artistes »

Collectionneur assidu, il se passionne d’abord pour les dessins anciens avant de tomber dans le chaudron contemporain grâce au critique d’art Pierre Restany, qui le présente aux Nouveaux Réalistes. Pierre Cornette de Saint Cyr devient alors l’un des plus ardents défenseurs de ce mouvement, sans jamais cesser d’admirer les artistes américains comme Warhol et Basquiat, qu’il achète avec autant de ferveur. « Pour lui, le monde se divisait en trois “i” : les inventeurs, les imitateurs et les idiots. Lui ne jurait que par l’innovation, il ne vivait que pour les artistes, qui défilaient du matin au soir dans ses bureaux », se souvient Stéphane Corréard. « Il aimait plus l’art que le marché », reconnaît son fils Arnaud, qui a rejoint la maison de ventes paternelle en 1993, au pire de la crise.

Il vous reste 47.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Adblock test (Why?)

Read Again
Pierre Cornette de Saint Cyr, dans son bureau à la maison de ventes, à Paris, le 26 janvier 2015.

Par quoi commencer ? Par ses tenues chamarrées obéissant à un code couleur précis soufflé par une voyante – vert le vendredi, rose le mardi, jaune le dimanche… – qui tranchaient dans le petit monde gris des commissaires-priseurs français ? Par l’insatiable curiosité qui, jusqu’à la pandémie, lui faisait courir les vernissages, y compris de tout jeunes artistes ? Par l’irrésistible bonne humeur qu’il promenait de sauteries mondaines en plateaux télévisés ?

Pierre Cornette de Saint Cyr aimait l’art, les femmes, le spectacle. Tout chez lui était affaire de séduction. « Pierre a inventé la figure du commissaire-priseur flamboyant et médiatique, en transformant les ventes aux enchères en one-man-show », résume le marchand parisien Stéphane Corréard, qui travailla une demi-douzaine d’années à ses côtés.

Quarante ans durant, il ne cessa de promouvoir la scène artistique tricolore, à une époque où la France faisait figure de naine sur l’échiquier mondial. L’installation récente et massive de galeries internationales à Paris et le rachat en 2022 de sa propre maison de vente par le groupe britannique Bonhams lui ont donné raison. « Il fut l’ambassadeur de l’art français, comme le producteur Daniel Toscan du Plantier le fut pour le cinéma », salue son confrère Hervé Loevenbruck. L’atypique commissaire-priseur français s’est éteint le dimanche 20 août à Saint-Tropez (Var) à l’âge de 84 ans, des suites d’une maladie neurodégénérative.

Né le 1er janvier 1939 à Meknès, au Maroc, dans une vieille famille aristocratique issue des Antilles, le jeune Cornette de Saint Cyr est envoyé en France pour étudier l’agronomie. Préférant le droit à la perspective de gérer les terres familiales, il s’associe avec les commissaires-priseurs Guy Loudmer et Hervé Poulain, avant d’ouvrir sa propre étude en 1973. Très vite, Pierre Cornette de Saint Cyr se démarque de ses confrères, qui ne jurent alors que par le mobilier du XVIIIe siècle et les tableaux de maître, en ouvrant les enchères à de nouvelles disciplines comme le design, la bande dessinée ou la photographie, à une époque où ce média n’était pas encore considéré comme un art.

« Il ne vivait que pour les artistes »

Collectionneur assidu, il se passionne d’abord pour les dessins anciens avant de tomber dans le chaudron contemporain grâce au critique d’art Pierre Restany, qui le présente aux Nouveaux Réalistes. Pierre Cornette de Saint Cyr devient alors l’un des plus ardents défenseurs de ce mouvement, sans jamais cesser d’admirer les artistes américains comme Warhol et Basquiat, qu’il achète avec autant de ferveur. « Pour lui, le monde se divisait en trois “i” : les inventeurs, les imitateurs et les idiots. Lui ne jurait que par l’innovation, il ne vivait que pour les artistes, qui défilaient du matin au soir dans ses bureaux », se souvient Stéphane Corréard. « Il aimait plus l’art que le marché », reconnaît son fils Arnaud, qui a rejoint la maison de ventes paternelle en 1993, au pire de la crise.

Il vous reste 47.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Adblock test (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Le commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint Cyr est mort - Le Monde"

Post a Comment

Powered by Blogger.