Le réalisateur américain William Friedkin est mort, annonce sa femme Sherry Lansing à plusieurs médias américains. Il était âgé de 87 ans. Il avait notamment réalisé le polar "French Connection" (1971). Dans cette adaptation du roman de Robin Moore, deux flics new-yorkais tentent d'intercepter une cargaison de stupéfiants acheminée par la mafia marseillaise. Drogue, planques interminables et course-poursuite mythique : le polar nerveux remporte cinq Oscars, dont celui du meilleur réalisateur. Deux ans plus tard, le dérangeant film "L'Exorciste" (1973) sortait en salles.
Explorateur de l'âme humaine à la frontière du bien et du mal, William Friedkin est une figure de la nouvelle génération hollywoodienne qui s'est affranchie des codes classiques, aux côtés de Francis Ford Coppola et Martin Scorsese.
"L'Exorciste", horreur et malaise
Friedkin s'impose réellement comme un cinéaste incontournable avec l'histoire d'une jeune fille de 12 ans habitée par un démon, adaptée du roman de William Peter Blatty. "L'Exorciste", deux Oscars et quatre Golden Globes en 1974, mélange horreur, malaise et perversion. Non-croyant, Friedkin raconte que ce classique à la bande originale aussi glaçante qu'une main froide posée sur la nuque, est basé sur un cas "authentique" de possession démoniaque.
The Exorcist Soundtrack
Quatre décennies plus tard, il reviendra sur le sujet avec "The Devil and Father Amorth" (2017), documentaire sur l'exorciste du Vatican. "Je ne serai jamais plus le même après cette expérience", assure-t-il.
Adepte des premières prises et des scènes d'action tournées caméra à l'épaule, William Friedkin est aussi réputé pour son caractère difficile et ses tournages houleux. Dans "l'Exorciste" il n'hésite pas à tirer à blanc près des acteurs ou à les gifler pour obtenir la réaction recherchée. Le summum est atteint avec le tournage catastrophique du "Convoi de la peur" ("Sorcerer") : désistement d'acteurs, cas de gangrène, scènes dangereuses. Sorti en 1977, ce remake du "Salaire de la peur" d'Henri-Georges Clouzot est un échec commercial, car éclipsé par le premier opus de "Star Wars", mais connaît un retour en grâce inattendu lors de sa sortie en version restaurée en 2015.
Il débarque à Hollywood en 1965
Né le 29 août 1935 à Chicago dans une famille modeste, admiratif de "Citizen Kane" d'Orson Welles, le jeune Friedkin fourbit ses premières armes dans une télé de Chicago: coursier, réalisateur d'émissions puis auteur d'un premier documentaire, "The People vs. Paul Crump" (1962), qui réussit à sauver un condamné de la chaise électrique.
Arrivé à Hollywood en 1965, il tourne des épisodes de séries, dont l'un pour "Suspicion", où un certain Alfred Hitchcock le rabroue pour ne pas porter de cravate. Le réalisateur égratigne aussi les penchants malsains de ses congénères : thriller immoral ("Police fédérale, Los Angeles", 1985), enquête d'un policier (Al Pacino) dans le monde sado-masochiste homosexuel new-yorkais ("Cruising", 1980), comédie noire et sanglante avec Matthew McConaughey ("Killer Joe", 2011).
Friedkin s'invite aussi là où on l'attend moins, réalisateur du clip angoissant "Self control", tube disco de la starlette Laura Branigan, puis metteur en scène d'opéras dans les années 1990.
Éphémère mari de Jeanne Moreau
Connaisseur du cinéma français, il tombe amoureux de l'une de ses plus grandes actrices, Jeanne Moreau. Premier mariage pour lui, second pour l'héroïne de "Jules et Jim" : leurs noces célébrées à Paris en 1977 s'achèvent deux ans tard.
Avant leur divorce, Jeanne Moreau lui inocule la passion de Proust. Friedkin dévore "A la recherche du temps perdu" et devient un inconditionnel, parcourant la capitale et Illiers-Combray dans les pas de l'écrivain.
Père de deux fils, William Friedkin a été marié à trois autres reprises et vit avec la productrice Sherry Lansing. Affublé de ses éternelles lunettes aviateur - et toujours sans cravate - il a reçu, à 78 ans, un Lion d'or spécial pour l'ensemble de sa carrière à la 70e Mostra de Venise en 2013.
Read AgainLe réalisateur américain William Friedkin est mort, annonce sa femme Sherry Lansing à plusieurs médias américains. Il était âgé de 87 ans. Il avait notamment réalisé le polar "French Connection" (1971). Dans cette adaptation du roman de Robin Moore, deux flics new-yorkais tentent d'intercepter une cargaison de stupéfiants acheminée par la mafia marseillaise. Drogue, planques interminables et course-poursuite mythique : le polar nerveux remporte cinq Oscars, dont celui du meilleur réalisateur. Deux ans plus tard, le dérangeant film "L'Exorciste" (1973) sortait en salles.
Explorateur de l'âme humaine à la frontière du bien et du mal, William Friedkin est une figure de la nouvelle génération hollywoodienne qui s'est affranchie des codes classiques, aux côtés de Francis Ford Coppola et Martin Scorsese.
"L'Exorciste", horreur et malaise
Friedkin s'impose réellement comme un cinéaste incontournable avec l'histoire d'une jeune fille de 12 ans habitée par un démon, adaptée du roman de William Peter Blatty. "L'Exorciste", deux Oscars et quatre Golden Globes en 1974, mélange horreur, malaise et perversion. Non-croyant, Friedkin raconte que ce classique à la bande originale aussi glaçante qu'une main froide posée sur la nuque, est basé sur un cas "authentique" de possession démoniaque.
The Exorcist Soundtrack
Quatre décennies plus tard, il reviendra sur le sujet avec "The Devil and Father Amorth" (2017), documentaire sur l'exorciste du Vatican. "Je ne serai jamais plus le même après cette expérience", assure-t-il.
Adepte des premières prises et des scènes d'action tournées caméra à l'épaule, William Friedkin est aussi réputé pour son caractère difficile et ses tournages houleux. Dans "l'Exorciste" il n'hésite pas à tirer à blanc près des acteurs ou à les gifler pour obtenir la réaction recherchée. Le summum est atteint avec le tournage catastrophique du "Convoi de la peur" ("Sorcerer") : désistement d'acteurs, cas de gangrène, scènes dangereuses. Sorti en 1977, ce remake du "Salaire de la peur" d'Henri-Georges Clouzot est un échec commercial, car éclipsé par le premier opus de "Star Wars", mais connaît un retour en grâce inattendu lors de sa sortie en version restaurée en 2015.
Il débarque à Hollywood en 1965
Né le 29 août 1935 à Chicago dans une famille modeste, admiratif de "Citizen Kane" d'Orson Welles, le jeune Friedkin fourbit ses premières armes dans une télé de Chicago: coursier, réalisateur d'émissions puis auteur d'un premier documentaire, "The People vs. Paul Crump" (1962), qui réussit à sauver un condamné de la chaise électrique.
Arrivé à Hollywood en 1965, il tourne des épisodes de séries, dont l'un pour "Suspicion", où un certain Alfred Hitchcock le rabroue pour ne pas porter de cravate. Le réalisateur égratigne aussi les penchants malsains de ses congénères : thriller immoral ("Police fédérale, Los Angeles", 1985), enquête d'un policier (Al Pacino) dans le monde sado-masochiste homosexuel new-yorkais ("Cruising", 1980), comédie noire et sanglante avec Matthew McConaughey ("Killer Joe", 2011).
Friedkin s'invite aussi là où on l'attend moins, réalisateur du clip angoissant "Self control", tube disco de la starlette Laura Branigan, puis metteur en scène d'opéras dans les années 1990.
Éphémère mari de Jeanne Moreau
Connaisseur du cinéma français, il tombe amoureux de l'une de ses plus grandes actrices, Jeanne Moreau. Premier mariage pour lui, second pour l'héroïne de "Jules et Jim" : leurs noces célébrées à Paris en 1977 s'achèvent deux ans tard.
Avant leur divorce, Jeanne Moreau lui inocule la passion de Proust. Friedkin dévore "A la recherche du temps perdu" et devient un inconditionnel, parcourant la capitale et Illiers-Combray dans les pas de l'écrivain.
Père de deux fils, William Friedkin a été marié à trois autres reprises et vit avec la productrice Sherry Lansing. Affublé de ses éternelles lunettes aviateur - et toujours sans cravate - il a reçu, à 78 ans, un Lion d'or spécial pour l'ensemble de sa carrière à la 70e Mostra de Venise en 2013.
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