En 1973, au lendemain de Noël, le diable prit possession des écrans de cinéma américain. Après avoir enfiévré les Etats-Unis, la transe satanique de L’Exorciste se propagea de par le monde, emplissant les coffres de la Warner, le studio qui l’avait financé sans y croire, transformant les codes du film d’horreur. Deux ans plus tôt, l’artisan de ce triomphe démoniaque, William Friedkin avait déjà bouleversé les règles du film policier. Popeye Doyle, le héros de French Connection, était raciste, brutal et même pas beau (c’était Gene Hackman). Il n’empêche, cette histoire franco-américaine de trafic d’héroïne avait déplacé les foules.
Au début des années 1970, William Friedkin était le premier parmi les jeunes (il avait à peine 35 ans) princes qui venaient de prendre le pouvoir à Hollywood. Mais là où Coppola, Scorsese ou Lucas réussirent à transformer leurs premiers succès en carrières au long cours, Friedkin passa d’un coup du Capitole à la roche Tarpéienne. Il lui fallut quatre ans pour réaliser le successeur de L’Exorciste. A sa sortie, au printemps 1977, une semaine après Star Wars, Le Convoi de la peur, remake du Salaire de la peur d’Henri-Georges Clouzot fut un échec critique et public dont William Friedkin ne se releva jamais tout à fait.
Ce qui ne veut pas dire que son chemin de cinéaste s’est arrêté là. En comptant les clips vidéo et les épisodes de séries, sa filmographie compte une quarantaine de titres, dont certains, comme le très noir To Live and Die in L.A. (sorti en France sous le titre Police fédérale Los Angeles), sont devenus des classiques au fil des ans. On découvrira son ultime production, un remake d’Ouragan sur le Caine d’Edward Dmytryk, à Venise, sans William Friedkin. L’auteur de L’Exorciste est mort lundi 7 août à Los Angeles, à 87 ans.
William Friedkin est né le 29 août 1935 à Chicago de parents qui avaient fui les pogroms en Ukraine au début du XXe siècle. Après le lycée, le jeune homme est embauché au service courrier d’une station de télévision locale, WGN-TV. Il a à peine 18 ans qu’il est promu au rang de réalisateur, dirigeant des directs et des documentaires.
Oscar du meilleur réalisateur
En 1962, il réalise The People vs Paul Crump, évocation du cas d’un condamné à mort afro-américain qui affirme que ses aveux ont été obtenus sous la torture. Présenté au festival de San Francisco, le documentaire y est primé, mais la chaîne qui l’a commandé refuse de le diffuser. Paul Crump verra sa peine commuée. L’affaire a un retentissement suffisant pour qu’un des grands producteurs de la télévision américaine des années 1960 et 1970, David Wolper, prenne William Friedkin sous son aile. Le débutant réalise l’un des derniers épisodes de la série Alfred Hitchcock présente (le vieux maître lui aurait reproché de ne pas porter de cravate sur le plateau) et passe bientôt au grand écran.
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Read AgainEn 1973, au lendemain de Noël, le diable prit possession des écrans de cinéma américain. Après avoir enfiévré les Etats-Unis, la transe satanique de L’Exorciste se propagea de par le monde, emplissant les coffres de la Warner, le studio qui l’avait financé sans y croire, transformant les codes du film d’horreur. Deux ans plus tôt, l’artisan de ce triomphe démoniaque, William Friedkin avait déjà bouleversé les règles du film policier. Popeye Doyle, le héros de French Connection, était raciste, brutal et même pas beau (c’était Gene Hackman). Il n’empêche, cette histoire franco-américaine de trafic d’héroïne avait déplacé les foules.
Au début des années 1970, William Friedkin était le premier parmi les jeunes (il avait à peine 35 ans) princes qui venaient de prendre le pouvoir à Hollywood. Mais là où Coppola, Scorsese ou Lucas réussirent à transformer leurs premiers succès en carrières au long cours, Friedkin passa d’un coup du Capitole à la roche Tarpéienne. Il lui fallut quatre ans pour réaliser le successeur de L’Exorciste. A sa sortie, au printemps 1977, une semaine après Star Wars, Le Convoi de la peur, remake du Salaire de la peur d’Henri-Georges Clouzot fut un échec critique et public dont William Friedkin ne se releva jamais tout à fait.
Ce qui ne veut pas dire que son chemin de cinéaste s’est arrêté là. En comptant les clips vidéo et les épisodes de séries, sa filmographie compte une quarantaine de titres, dont certains, comme le très noir To Live and Die in L.A. (sorti en France sous le titre Police fédérale Los Angeles), sont devenus des classiques au fil des ans. On découvrira son ultime production, un remake d’Ouragan sur le Caine d’Edward Dmytryk, à Venise, sans William Friedkin. L’auteur de L’Exorciste est mort lundi 7 août à Los Angeles, à 87 ans.
William Friedkin est né le 29 août 1935 à Chicago de parents qui avaient fui les pogroms en Ukraine au début du XXe siècle. Après le lycée, le jeune homme est embauché au service courrier d’une station de télévision locale, WGN-TV. Il a à peine 18 ans qu’il est promu au rang de réalisateur, dirigeant des directs et des documentaires.
Oscar du meilleur réalisateur
En 1962, il réalise The People vs Paul Crump, évocation du cas d’un condamné à mort afro-américain qui affirme que ses aveux ont été obtenus sous la torture. Présenté au festival de San Francisco, le documentaire y est primé, mais la chaîne qui l’a commandé refuse de le diffuser. Paul Crump verra sa peine commuée. L’affaire a un retentissement suffisant pour qu’un des grands producteurs de la télévision américaine des années 1960 et 1970, David Wolper, prenne William Friedkin sous son aile. Le débutant réalise l’un des derniers épisodes de la série Alfred Hitchcock présente (le vieux maître lui aurait reproché de ne pas porter de cravate sur le plateau) et passe bientôt au grand écran.
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