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Kevin Lambert – Nicolas Mathieu : Le président du Goncourt, Didier Decoin, réagit à la polémique - Le Figaro

«Une polémique stupide». Le président du Goncourt a réagi au choix de Kevin Lambert de faire appel à un «sensitivity reader» pour son dernier roman

«Une polémique stupide.» Hier, et comme chaque année, l'Académie Goncourt était présente, par la voix de son président Didier Decoin, au Festival du livre sur la place de Nancy. «J'aime ce Festival, car sa première caractéristique, c'est d'être une fête, les auteurs sont contents de venir à Nancy, s'est exprimé l'écrivain. C'est la fin de l'été, la fin des vacances et le début d'une vraie aventure. Certains livres vont devenir célèbres, rapporter à leurs éditeurs et il va y avoir des polémiques. Il a ainsi réagi à celle qui anime le monde de l'édition depuis quelques jours. «Quand on est un auteur, on a le droit de faire appel à qui on veut pour relire un texte.»

À découvrir

Rappelons les faits: le 4 septembre dernier, la maison d'édition, Le Nouvel Attila a publié un post Instagram indiquant que son auteur Kevin Lambert, présent dans la première liste du Goncourt, avait fait appel à un «sensitivity reader» , dit «démineur éditorial», dont le métier est de désamorcer tout mot ou phrase qui pourrait poser des problèmes aux lecteurs issus des minorités, afin de s'assurer de ne pas tomber «dans certains pièges de la représentation des personnes noires par des auteur.es blanc.hes. (…) La lecture sensible, contrairement à ce qu'en disent les réactionnaires, n'est pas une censure. Elle amplifie la liberté d'écriture et la richesse du texte.»

«C’est tout bonnement une saloperie»

Nicolas Mathieu, Goncourt 2018, avait alors réagi dans un post sur le même réseau social. Il écrivait notamment : «Faire de professionnels des sensibilités, d'experts des stéréotypes, de spécialistes de ce qui s'accepte et s'ose à un moment donné la boussole de notre travail, voilà qui nous laisse pour le moins circonspect. Qu'on s'en vante, voilà qui au mieux est amusant, à la vérité pitoyable. Qu'on discrédite d'un mot ceux qui pensent que la littérature n'a rien à faire avec ces douanes d'un nouveau genre, et sous-entendre qu'ils font le jeu des oppressions en cours, c'est tout bonnement une saloperie. Ecrivains, écrivaines, nous nous devons de bosser, et de prendre notre risque, sans tutelle, ni police. C'est bien là la moindre des choses.»

Faire appel à un « sensitivity reader » outre-Atlantique est devenu une pratique courante, mais non pas moins décriée en France (voir nos articles sur la réécriture des œuvres d'Agatha Christie, Roald Dahl, Ian Fleming). Didier Decoin n'y voit pas malice. «Je comprends que Kevin Lambert ait voulu ne pas donner un texte susceptible de froisser des gens. Quand on écrit un livre, on n'a pas envie de faire de la peine.»

Faudrait-il alors que tous les auteurs s'entourent désormais de «sensitivity readers»? «Non, répond Didier Decoin. Ceux qui le veulent le font, ce qui ne le veulent pas, ne le font pas. On a tous les droits.» Et de conclure une bonne fois pour toutes : «Je ne vois rien à redire à la démarche de Kevin Lambert sinon une démarche de ne pas faire de mal. Il y a eu par le passé des polémiques, et il y en aura. Mais là, ce n'en est pas une.»

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«C’est tout bonnement une saloperie»

Nicolas Mathieu, Goncourt 2018, avait alors réagi dans un post sur le même réseau social. Il écrivait notamment : «Faire de professionnels des sensibilités, d'experts des stéréotypes, de spécialistes de ce qui s'accepte et s'ose à un moment donné la boussole de notre travail, voilà qui nous laisse pour le moins circonspect. Qu'on s'en vante, voilà qui au mieux est amusant, à la vérité pitoyable. Qu'on discrédite d'un mot ceux qui pensent que la littérature n'a rien à faire avec ces douanes d'un nouveau genre, et sous-entendre qu'ils font le jeu des oppressions en cours, c'est tout bonnement une saloperie. Ecrivains, écrivaines, nous nous devons de bosser, et de prendre notre risque, sans tutelle, ni police. C'est bien là la moindre des choses.»

Faire appel à un « sensitivity reader » outre-Atlantique est devenu une pratique courante, mais non pas moins décriée en France (voir nos articles sur la réécriture des œuvres d'Agatha Christie, Roald Dahl, Ian Fleming). Didier Decoin n'y voit pas malice. «Je comprends que Kevin Lambert ait voulu ne pas donner un texte susceptible de froisser des gens. Quand on écrit un livre, on n'a pas envie de faire de la peine.»

Faudrait-il alors que tous les auteurs s'entourent désormais de «sensitivity readers»? «Non, répond Didier Decoin. Ceux qui le veulent le font, ce qui ne le veulent pas, ne le font pas. On a tous les droits.» Et de conclure une bonne fois pour toutes : «Je ne vois rien à redire à la démarche de Kevin Lambert sinon une démarche de ne pas faire de mal. Il y a eu par le passé des polémiques, et il y en aura. Mais là, ce n'en est pas une.»

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