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La réalisatrice Catherine Breillat : “Je ne céderai pas aux nouveaux ayatollahs de la morale” - Télérama.fr

Dans “L’Été dernier”, elle met en scène une femme mûre qui a une liaison avec son beau-fils de 17 ans. La liberté chevillée au corps, Catherine Breillat dénonce l’hypocrisie et défend un certain féminisme qui n’exclut ni le sexe, ni les hommes.

Catherine Breillat, réalisatrice du film « L’Été dernier » : « Pour moi, le cinéma est devenu le langage de la chair, il se fait avec des corps, avec des acteurs qu’on transfigure. »

Catherine Breillat, réalisatrice du film « L’Été dernier » : « Pour moi, le cinéma est devenu le langage de la chair, il se fait avec des corps, avec des acteurs qu’on transfigure. » Photo Jean-Francois Robert pour Télérama

Par Frédéric Strauss

Publié le 17 septembre 2023 à 11h00

La réalisatrice de L’Été dernier a imprimé à son film sa personnalité forte, brillante, toujours singulière et parfois dérangeante. Avec sa liberté de parole qui la rend passionnante, elle nous parle de l’histoire d’amour qu’elle a mise en scène, du féminisme qu’elle défend et de celui sur lequel elle pose un regard critique.

Votre film se passe dans un milieu bourgeois mais, parce que votre héroïne, Anne, couche avec Théo, le fils né du premier mariage de son mari, ce monde bien élevé bascule dans une loi de la jungle. Vos trois personnages sont cruels ?
Ils sont humains. Pierre, le mari, aime sa femme, c’est évident. Il est un peu lâche, un peu le cocu ridicule mais il est très émouvant. Quand Anne lui ment, en niant avoir couché avec Théo, elle est à peine crédible, mais Pierre veut la croire car c’est la seule manière que sa famille s’en sorte. Chacun joue sa survie, Pierre comme Anne et comme Théo. La cruauté, c’est la cruauté de la vie.

Faut-il juger Anne, la condamner parce qu’elle a cette relation sexuelle avec un mineur ?
Dans le film danois dont le mien est inspiré [Queen Of Hearts, 2019, ndlr], le personnage d’Anne est une prédatrice. Pas chez moi. J’ai eu envie que le jeune garçon tombe amoureux d’elle. C’est très différent. Théo s’éprend vraiment d’Anne, il change, il s’affirme, il mûrit. Bien sûr, il n’a quand même que 17 ans alors qu’elle est adulte et qu’elle devrait être responsable. Mais nous, les adultes, nous gardons presque tous une part d’enfance et de déraison. Sinon, on est confits dans une mort vivante.

Être humain, c’est être faillible, avoir des émotions, des défaillances. Avec Théo, Anne s’illumine, elle retrouve sa jeunesse. Pasolini disait que l’amour est la chose toujours nouvelle, qu’on a toujours 15 ans quand on est amoureux, quel que soit notre âge. Anne vit cela. Elle se laisse embarquer. Elle ne devrait pas. Mais que les justiciers de la morale commencent par faire leur propre examen ! Nous vivons avec des savonaroles qui se dressent partout pour faire respecter une idéologie du Bien. Pour moi, c’est du fascisme. La société devrait être beaucoup plus nuancée.

Entre Anne et Théo, il n’y a ni bourreau, ni victime ?
Parfois, c’est Anne qui est victime, parfois elle est bourreau, et c’est pareil pour Théo, il est tantôt victime et tantôt bourreau. Quand Anne veut retrouver sa raison, elle affirme à Théo qu’elle n’est pas amoureuse. Elle ne comprend pas que, pour lui, c’est sa vie qui est en jeu. Il vit avec elle son premier grand amour et il pourrait mourir pour ça. Le fait qu’Anne dise qu’elle n’est pas amoureuse, c’est comme si elle refusait de reconnaître qu’il existe. C’est impossible à accepter pour lui.

Cette relation expose Anne à des jugements, des représailles. Vous dénoncez le fait qu’elle puisse être punie pour cet amour-là ?
Je ne voulais pas qu’elle soit punie, j’ai beaucoup résisté. Il y a des scènes que j’ai finalement refusé de tourner, d’autres que j’ai rejetées au montage, il y a des répliques que je n’ai pas voulu utiliser. En 1997, j’étais en Iran et j’ai prononcé publiquement un discours qui serait aujourd’hui dévastateur sur la place des femmes dans le cinéma et la représentation de leur corps. Je n’ai pas cédé aux vrais ayatollahs, ce n’est pas pour céder maintenant aux nouveaux ayatollahs de la morale.

Dans votre travail de cinéaste, vous avez pris conscience rapidement d’une menace sur la représentation de la femme ?
Oui, parce que je suis une fille, parce que je voulais faire du cinéma et cela m’a été interdit. Je voulais vraiment me former dans une école, je n’ai pas d’emblée été une rebelle. J’ai donc passé le concours de l’Idhec [aujourd’hui La Fémis, ndlr] et j’ai été brillante. Mais le directeur de l’Idhec a dit à mon père qu’il ne pouvait pas me prendre dans la section metteur en scène car il ferait de moi une chômeuse. Il fallait que je sois scripte ou monteuse. Créer, c’était réservé aux hommes ! Moi, je n’étais qu’une fille, le rabaissement total. Mon cerveau était performant. Ce qui me diminuait, c’était donc mon sexe. L’identité sexuelle est la première humiliation pour les femmes. J’ai voulu comprendre cet acharnement, pourquoi il fallait toujours diminuer les femmes. Pourquoi on leur fermait les portes de la création en refusant de leur donner un enseignement dont bénéficiaient les hommes.

C’est parce que je n’étais pas libre de mon corps que j’ai dû devenir réalisatrice.

En parlant des femmes, vous avez d’emblée eu le courage de parler de sexe ?
Non, rien n’était simple. D’abord, comme toutes les femmes, j’ai dû apprendre la pudeur féminine. C’est le premier carcan. Quand j’ai vu les premiers films pornos, qui étaient assez libertaires, j’ai été sidérée, tout spécialement par Marilyn Chambers dans Derrière la porte verte (1972). Cette fille était magnifique, on aurait dit Grace Kelly, et elle faisait ces choses suffocantes que je n’aurais, moi, même pas pu esquisser. Le cadre dans lequel elle se trouvait, le cinéma porno, était horrible. Mais quand même, elle se libérait de ne pas pouvoir faire ça, elle était donc plus forte que moi. J’étais enfermée, hyper pudique, hyper timide. C’est parce que je n’étais pas libre de mon corps que j’ai dû devenir réalisatrice. C’est parce que je ressentais la honte de mon propre corps, celle qu’on apprend aux femmes, que j’ai voulu faire des films où je défiais la censure qu’on m’avait infligée dans ma propre chair. On m’avait présenté mon corps comme honteux, abominable, à cacher absolument. Pour moi, le cinéma est devenu le langage de la chair, il se fait avec des corps, avec des acteurs qu’on transfigure.

L’Été dernier est-il un film féministe ?
J’ai toujours été féministe, mais jamais dans la doxa féministe de mon époque. L’histoire des hommes se raconte contre les femmes, dans une volonté de les soumettre, d’inventer des lois contre elles, c’est objectif. Il faut que cette histoire soit racontée pour qu’on puisse la dépasser. Mais moi, je suis pour les hommes. On disait que je ne les aimais pas, quand j’ai fait mes premiers films, simplement parce que je les montrais comme ils sont. Ils sont ignobles. Mais il y a quelque chose de la rédemption dans leur rapport avec la femme. Dans Sale comme un ange (1991), Claude Brasseur est un abominable macho, mais il tombe vraiment amoureux du personnage de Lio et, tout à coup, il devient humain.

Je montre toujours dans mes films cette forme de grâce que finissent par révéler les hommes. Aujourd’hui, un certain discours féministe les condamne. Mais il faut que les hommes puissent être des hommes. Pour L’Été dernier, j’ai fait des essais avec des jeunes hommes qui ne savent plus comment se comporter avec une fille et sont terrifiés. S’il faut convoquer un huissier pour se sentir en droit de faire le premier pas, on ne le fait pas ! Les féministes d’aujourd’hui veulent codifier le désir, ce n’est pas possible.

Le mouvement #MeToo a fait du bien ?
Non. Si, cela a permis que les gens prennent conscience d’une réalité. Et que les hommes comprennent qu’ils devaient changer de comportement. Mais cela a eu immédiatement un effet pervers. On a fait du sexe une chose survalorisée. Cela conduit à appeler viol des situations qui ne relèvent pas du viol. Une femme peut se laisser circonvenir par un homme qui a, certes, développé une stratégie manipulatrice, mais ce n’est pas ça être un violeur. Circonvenir une femme, c’est une conduite qu’il faut analyser, mais cela ne relève pas de la criminalité. Si une femme s’est laissé circonvenir, cela ne fait pas de l’homme un criminel et cela ne veut pas dire qu’elle est déshonorée. Il y a des hommes avec qui je ne suis pas fière d’avoir couché. J’aurais mieux fait de m’abstenir. Mais cela ne m’a pas abaissée, cela ne m’a pas salie, je suis restée moi ! Il faut arrêter de dire que le sexe peut avilir à la moindre difficulté. On est en train de nous mettre des idées dans la tête.

À lire : Je ne crois qu’en moi, le livre d’entretiens de Murielle Joudet avec Catherine Breillat, la traversée très mouvementée d’un parcours unique dans le cinéma français (éd. Capricci, 232 p., 17 €).

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Dans “L’Été dernier”, elle met en scène une femme mûre qui a une liaison avec son beau-fils de 17 ans. La liberté chevillée au corps, Catherine Breillat dénonce l’hypocrisie et défend un certain féminisme qui n’exclut ni le sexe, ni les hommes.

Catherine Breillat, réalisatrice du film « L’Été dernier » : « Pour moi, le cinéma est devenu le langage de la chair, il se fait avec des corps, avec des acteurs qu’on transfigure. »

Catherine Breillat, réalisatrice du film « L’Été dernier » : « Pour moi, le cinéma est devenu le langage de la chair, il se fait avec des corps, avec des acteurs qu’on transfigure. » Photo Jean-Francois Robert pour Télérama

Par Frédéric Strauss

Publié le 17 septembre 2023 à 11h00

La réalisatrice de L’Été dernier a imprimé à son film sa personnalité forte, brillante, toujours singulière et parfois dérangeante. Avec sa liberté de parole qui la rend passionnante, elle nous parle de l’histoire d’amour qu’elle a mise en scène, du féminisme qu’elle défend et de celui sur lequel elle pose un regard critique.

Votre film se passe dans un milieu bourgeois mais, parce que votre héroïne, Anne, couche avec Théo, le fils né du premier mariage de son mari, ce monde bien élevé bascule dans une loi de la jungle. Vos trois personnages sont cruels ?
Ils sont humains. Pierre, le mari, aime sa femme, c’est évident. Il est un peu lâche, un peu le cocu ridicule mais il est très émouvant. Quand Anne lui ment, en niant avoir couché avec Théo, elle est à peine crédible, mais Pierre veut la croire car c’est la seule manière que sa famille s’en sorte. Chacun joue sa survie, Pierre comme Anne et comme Théo. La cruauté, c’est la cruauté de la vie.

Faut-il juger Anne, la condamner parce qu’elle a cette relation sexuelle avec un mineur ?
Dans le film danois dont le mien est inspiré [Queen Of Hearts, 2019, ndlr], le personnage d’Anne est une prédatrice. Pas chez moi. J’ai eu envie que le jeune garçon tombe amoureux d’elle. C’est très différent. Théo s’éprend vraiment d’Anne, il change, il s’affirme, il mûrit. Bien sûr, il n’a quand même que 17 ans alors qu’elle est adulte et qu’elle devrait être responsable. Mais nous, les adultes, nous gardons presque tous une part d’enfance et de déraison. Sinon, on est confits dans une mort vivante.

Être humain, c’est être faillible, avoir des émotions, des défaillances. Avec Théo, Anne s’illumine, elle retrouve sa jeunesse. Pasolini disait que l’amour est la chose toujours nouvelle, qu’on a toujours 15 ans quand on est amoureux, quel que soit notre âge. Anne vit cela. Elle se laisse embarquer. Elle ne devrait pas. Mais que les justiciers de la morale commencent par faire leur propre examen ! Nous vivons avec des savonaroles qui se dressent partout pour faire respecter une idéologie du Bien. Pour moi, c’est du fascisme. La société devrait être beaucoup plus nuancée.

Entre Anne et Théo, il n’y a ni bourreau, ni victime ?
Parfois, c’est Anne qui est victime, parfois elle est bourreau, et c’est pareil pour Théo, il est tantôt victime et tantôt bourreau. Quand Anne veut retrouver sa raison, elle affirme à Théo qu’elle n’est pas amoureuse. Elle ne comprend pas que, pour lui, c’est sa vie qui est en jeu. Il vit avec elle son premier grand amour et il pourrait mourir pour ça. Le fait qu’Anne dise qu’elle n’est pas amoureuse, c’est comme si elle refusait de reconnaître qu’il existe. C’est impossible à accepter pour lui.

Cette relation expose Anne à des jugements, des représailles. Vous dénoncez le fait qu’elle puisse être punie pour cet amour-là ?
Je ne voulais pas qu’elle soit punie, j’ai beaucoup résisté. Il y a des scènes que j’ai finalement refusé de tourner, d’autres que j’ai rejetées au montage, il y a des répliques que je n’ai pas voulu utiliser. En 1997, j’étais en Iran et j’ai prononcé publiquement un discours qui serait aujourd’hui dévastateur sur la place des femmes dans le cinéma et la représentation de leur corps. Je n’ai pas cédé aux vrais ayatollahs, ce n’est pas pour céder maintenant aux nouveaux ayatollahs de la morale.

Dans votre travail de cinéaste, vous avez pris conscience rapidement d’une menace sur la représentation de la femme ?
Oui, parce que je suis une fille, parce que je voulais faire du cinéma et cela m’a été interdit. Je voulais vraiment me former dans une école, je n’ai pas d’emblée été une rebelle. J’ai donc passé le concours de l’Idhec [aujourd’hui La Fémis, ndlr] et j’ai été brillante. Mais le directeur de l’Idhec a dit à mon père qu’il ne pouvait pas me prendre dans la section metteur en scène car il ferait de moi une chômeuse. Il fallait que je sois scripte ou monteuse. Créer, c’était réservé aux hommes ! Moi, je n’étais qu’une fille, le rabaissement total. Mon cerveau était performant. Ce qui me diminuait, c’était donc mon sexe. L’identité sexuelle est la première humiliation pour les femmes. J’ai voulu comprendre cet acharnement, pourquoi il fallait toujours diminuer les femmes. Pourquoi on leur fermait les portes de la création en refusant de leur donner un enseignement dont bénéficiaient les hommes.

C’est parce que je n’étais pas libre de mon corps que j’ai dû devenir réalisatrice.

En parlant des femmes, vous avez d’emblée eu le courage de parler de sexe ?
Non, rien n’était simple. D’abord, comme toutes les femmes, j’ai dû apprendre la pudeur féminine. C’est le premier carcan. Quand j’ai vu les premiers films pornos, qui étaient assez libertaires, j’ai été sidérée, tout spécialement par Marilyn Chambers dans Derrière la porte verte (1972). Cette fille était magnifique, on aurait dit Grace Kelly, et elle faisait ces choses suffocantes que je n’aurais, moi, même pas pu esquisser. Le cadre dans lequel elle se trouvait, le cinéma porno, était horrible. Mais quand même, elle se libérait de ne pas pouvoir faire ça, elle était donc plus forte que moi. J’étais enfermée, hyper pudique, hyper timide. C’est parce que je n’étais pas libre de mon corps que j’ai dû devenir réalisatrice. C’est parce que je ressentais la honte de mon propre corps, celle qu’on apprend aux femmes, que j’ai voulu faire des films où je défiais la censure qu’on m’avait infligée dans ma propre chair. On m’avait présenté mon corps comme honteux, abominable, à cacher absolument. Pour moi, le cinéma est devenu le langage de la chair, il se fait avec des corps, avec des acteurs qu’on transfigure.

L’Été dernier est-il un film féministe ?
J’ai toujours été féministe, mais jamais dans la doxa féministe de mon époque. L’histoire des hommes se raconte contre les femmes, dans une volonté de les soumettre, d’inventer des lois contre elles, c’est objectif. Il faut que cette histoire soit racontée pour qu’on puisse la dépasser. Mais moi, je suis pour les hommes. On disait que je ne les aimais pas, quand j’ai fait mes premiers films, simplement parce que je les montrais comme ils sont. Ils sont ignobles. Mais il y a quelque chose de la rédemption dans leur rapport avec la femme. Dans Sale comme un ange (1991), Claude Brasseur est un abominable macho, mais il tombe vraiment amoureux du personnage de Lio et, tout à coup, il devient humain.

Je montre toujours dans mes films cette forme de grâce que finissent par révéler les hommes. Aujourd’hui, un certain discours féministe les condamne. Mais il faut que les hommes puissent être des hommes. Pour L’Été dernier, j’ai fait des essais avec des jeunes hommes qui ne savent plus comment se comporter avec une fille et sont terrifiés. S’il faut convoquer un huissier pour se sentir en droit de faire le premier pas, on ne le fait pas ! Les féministes d’aujourd’hui veulent codifier le désir, ce n’est pas possible.

Le mouvement #MeToo a fait du bien ?
Non. Si, cela a permis que les gens prennent conscience d’une réalité. Et que les hommes comprennent qu’ils devaient changer de comportement. Mais cela a eu immédiatement un effet pervers. On a fait du sexe une chose survalorisée. Cela conduit à appeler viol des situations qui ne relèvent pas du viol. Une femme peut se laisser circonvenir par un homme qui a, certes, développé une stratégie manipulatrice, mais ce n’est pas ça être un violeur. Circonvenir une femme, c’est une conduite qu’il faut analyser, mais cela ne relève pas de la criminalité. Si une femme s’est laissé circonvenir, cela ne fait pas de l’homme un criminel et cela ne veut pas dire qu’elle est déshonorée. Il y a des hommes avec qui je ne suis pas fière d’avoir couché. J’aurais mieux fait de m’abstenir. Mais cela ne m’a pas abaissée, cela ne m’a pas salie, je suis restée moi ! Il faut arrêter de dire que le sexe peut avilir à la moindre difficulté. On est en train de nous mettre des idées dans la tête.

À lire : Je ne crois qu’en moi, le livre d’entretiens de Murielle Joudet avec Catherine Breillat, la traversée très mouvementée d’un parcours unique dans le cinéma français (éd. Capricci, 232 p., 17 €).

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