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«Killers of the Flower Moon» de Martin Scorsese, les proies du pétrole - Libération

Anti-western

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S’inspirant de l’enquête de David Grann, le cinéaste jette dans son anti-western un regard sombre et virtuose sur les origines des Etats-Unis en rejouant, dans l’Oklahoma des années 20, la tragédie des Osage. Un temps richissime grâce à l’or noir de ses terres, le peuple autochtone est bientôt dévoré par une série de meurtres impunis.

Ainsi donc, au crépuscule de sa vie, tel un vieux sorcier tenant au bout de ses doigts les secrets et faisceaux de sa maestria, de sa virtuosité d’ordonnateur de spectacle total, Martin Scorsese aura choisi de composer ce film terrible sur la faute originelle des Etats-Unis. Comme si, regardant en arrière vers ses décennies de cinéma, n’ayant plus rien à prouver, le cinéaste s’était retrouvé travaillé par un manque, un angle mort dans sa filmographie, le massacre des populations autochtones sur lequel s’est construit ce pays. Comme une dette dont il aurait voulu s’acquitter, lui, le cinéaste de l’éventuelle rédemption, à laquelle il offrirait à tout le moins la pleine puissance de ses moyens. Vivre avec la culpabilité, et qu’en faire ? Prendre la parole, au dernier mouvement de son film, au dernier moment de sa vie, pour, lors d’un instant terrassant, offrir un sobre tombeau à ceux qui ont péri par la faute des colons, à Mollie Kyle, l’autochtone osage, et à tous les siens, à tous les autres, alors qu’essuyant une larme, chaque spectateur, attrapé par le col et jeté dans ce torrent de venin, serait sommé de jeter «un regard sérieux sur ce que nous sommes, en tant que culture», selon le souhait du cinéaste. Killers of the Flower Moon, bel anti-western scorsesien, premier flirt avec le

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S’inspirant de l’enquête de David Grann, le cinéaste jette dans son anti-western un regard sombre et virtuose sur les origines des Etats-Unis en rejouant, dans l’Oklahoma des années 20, la tragédie des Osage. Un temps richissime grâce à l’or noir de ses terres, le peuple autochtone est bientôt dévoré par une série de meurtres impunis.

Ainsi donc, au crépuscule de sa vie, tel un vieux sorcier tenant au bout de ses doigts les secrets et faisceaux de sa maestria, de sa virtuosité d’ordonnateur de spectacle total, Martin Scorsese aura choisi de composer ce film terrible sur la faute originelle des Etats-Unis. Comme si, regardant en arrière vers ses décennies de cinéma, n’ayant plus rien à prouver, le cinéaste s’était retrouvé travaillé par un manque, un angle mort dans sa filmographie, le massacre des populations autochtones sur lequel s’est construit ce pays. Comme une dette dont il aurait voulu s’acquitter, lui, le cinéaste de l’éventuelle rédemption, à laquelle il offrirait à tout le moins la pleine puissance de ses moyens. Vivre avec la culpabilité, et qu’en faire ? Prendre la parole, au dernier mouvement de son film, au dernier moment de sa vie, pour, lors d’un instant terrassant, offrir un sobre tombeau à ceux qui ont péri par la faute des colons, à Mollie Kyle, l’autochtone osage, et à tous les siens, à tous les autres, alors qu’essuyant une larme, chaque spectateur, attrapé par le col et jeté dans ce torrent de venin, serait sommé de jeter «un regard sérieux sur ce que nous sommes, en tant que culture», selon le souhait du cinéaste. Killers of the Flower Moon, bel anti-western scorsesien, premier flirt avec le

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