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Sur les écrans de Cinemed, un contrechamp à la guerre au Proche-Orient - Le Monde

Shlomi (Ido Tako) dans « Le Déserteur », de Dani Rosenberg.

Tout était prêt, ou presque. Le programme était bouclé, et les invitations envoyées à près de 250 professionnels – cinéastes, acteurs, producteurs… –, originaires de tout le bassin méditerranéen. Il ne restait que quelques détails à fignoler, comme avant chaque édition du Cinemed, ce festival qui, depuis quarante-cinq ans à Montpellier, donne à voir la poudrière méditerranéenne, ses solidarités comme ses disparités.

Et puis la terreur a surgi, aux premières heures du 7 octobre, en Israël d’abord, en Palestine ensuite. Les manifestations cinématographiques ont été annulées les unes après les autres, en Egypte, au Qatar, en Tunisie… Les équipes de Cinemed ont gambergé, à mesure que les invités israéliens et palestiniens renonçaient à venir. Certains préféraient veiller sur leurs proches. D’autres pleuraient leur disparition. L’Israélienne Shaylee Atary, dont le court-métrage Single Light a été sélectionné, a perdu son mari, Yahav Winner. Lui aussi réalisateur, il a été tué par un terroriste du Hamas alors qu’il défendait leur maison, dans le kibboutz de Kfar Aza. Maintenir le festival, prévu du 20 au 28 octobre, n’était-il pas dérisoire, voire indécent ?

« On a hésité. Puis on s’est dit : “Si nous ne montrons pas ces œuvres-là, qui le fera ?” », rembobine le directeur, Christophe Leparc, pour justifier sa décision d’aller, malgré tout, de l’avant. Lors de la soirée d’ouverture, deux messages vidéo ont été diffusés. Le premier a été envoyé par le cinéaste israélien Dani Rosenberg, 44 ans, dont le deuxième long-métrage, Le Déserteur, est en compétition. Le second, par une figure du cinéma palestinien, l’acteur et réalisateur Mohammad Bakri, 69 ans, à qui une rétrospective est consacrée, conjointement à l’un de ses fils, le comédien Saleh Bakri, 46 ans.

D’une vidéo à l’autre, les visages trahissaient le même abattement. Dani Rosenberg est resté avec sa famille à Tel-Aviv. Le 7 octobre, il venait d’atterrir en Corée du Sud pour se rendre au festival de Busan. La projection, sur place, du Déserteur, qui suit la cavale d’un soldat israélien fuyant Gaza pour rejoindre son amoureuse, à Tel-Aviv, fut « une expérience effrayante », retrace-t-il, tant le film résonnait avec l’actualité. « On a tourné à la frontière de Gaza, et le personnage du soldat, Shlomi [Ido Tako], arrive en Israël par la base de Zikim, l’un des points par lesquels le Hamas est entré en Israël, le 7 octobre. Ensuite, Shlomi traverse un village, l’un de ceux qui ont été attaqués… C’est comme si mon film s’écrasait sur les murs de la réalité. »

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Shlomi (Ido Tako) dans « Le Déserteur », de Dani Rosenberg.

Tout était prêt, ou presque. Le programme était bouclé, et les invitations envoyées à près de 250 professionnels – cinéastes, acteurs, producteurs… –, originaires de tout le bassin méditerranéen. Il ne restait que quelques détails à fignoler, comme avant chaque édition du Cinemed, ce festival qui, depuis quarante-cinq ans à Montpellier, donne à voir la poudrière méditerranéenne, ses solidarités comme ses disparités.

Et puis la terreur a surgi, aux premières heures du 7 octobre, en Israël d’abord, en Palestine ensuite. Les manifestations cinématographiques ont été annulées les unes après les autres, en Egypte, au Qatar, en Tunisie… Les équipes de Cinemed ont gambergé, à mesure que les invités israéliens et palestiniens renonçaient à venir. Certains préféraient veiller sur leurs proches. D’autres pleuraient leur disparition. L’Israélienne Shaylee Atary, dont le court-métrage Single Light a été sélectionné, a perdu son mari, Yahav Winner. Lui aussi réalisateur, il a été tué par un terroriste du Hamas alors qu’il défendait leur maison, dans le kibboutz de Kfar Aza. Maintenir le festival, prévu du 20 au 28 octobre, n’était-il pas dérisoire, voire indécent ?

« On a hésité. Puis on s’est dit : “Si nous ne montrons pas ces œuvres-là, qui le fera ?” », rembobine le directeur, Christophe Leparc, pour justifier sa décision d’aller, malgré tout, de l’avant. Lors de la soirée d’ouverture, deux messages vidéo ont été diffusés. Le premier a été envoyé par le cinéaste israélien Dani Rosenberg, 44 ans, dont le deuxième long-métrage, Le Déserteur, est en compétition. Le second, par une figure du cinéma palestinien, l’acteur et réalisateur Mohammad Bakri, 69 ans, à qui une rétrospective est consacrée, conjointement à l’un de ses fils, le comédien Saleh Bakri, 46 ans.

D’une vidéo à l’autre, les visages trahissaient le même abattement. Dani Rosenberg est resté avec sa famille à Tel-Aviv. Le 7 octobre, il venait d’atterrir en Corée du Sud pour se rendre au festival de Busan. La projection, sur place, du Déserteur, qui suit la cavale d’un soldat israélien fuyant Gaza pour rejoindre son amoureuse, à Tel-Aviv, fut « une expérience effrayante », retrace-t-il, tant le film résonnait avec l’actualité. « On a tourné à la frontière de Gaza, et le personnage du soldat, Shlomi [Ido Tako], arrive en Israël par la base de Zikim, l’un des points par lesquels le Hamas est entré en Israël, le 7 octobre. Ensuite, Shlomi traverse un village, l’un de ceux qui ont été attaqués… C’est comme si mon film s’écrasait sur les murs de la réalité. »

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