Avec ses effets spéciaux dignes de Méliès et les scènes d’émotion intense qu’il provoque à partir de simples éléments de décor, l’hommage vibrant de la comédienne à la star canadienne offre un très agréable moment de cinéma à la télé.
Publié le 05 novembre 2023 à 20h00
Évidemment, il y a la performance de Valérie Lemercier, d’ailleurs récompensée par un César, en 2022, pour son incarnation transformiste, à tous les âges, de cette Aline-Céline Dieu-Dion. Mais Aline (2021), la déclaration d’amour de la comédienne réalisatrice à la star sous forme de mélo fantaisie, diffusé ce dimanche 5 novembre sur TF1, doit être revu, même sur petit écran, pour deux autres raisons de… taille.
Le sens des proportions
Si le film use de quelques effets spéciaux numériques (le visage de Valérie Lemercier dans le corps d’une enfant), sa singularité vient d’abord de trucages dignes de Méliès. Pour la séquence où Aline, 12 ans, patine, la fidèle cheffe costumière de Lemercier, Catherine Leterrier, qui travaille avec elle depuis Palais royal !, a conçu un anorak avec des dessins de flocons de neige très grands et un autre avec des dessins plus petits, réduits à l’échelle normale, pour la vraie petite fille qui la doublait. Emmanuelle Duplay, la cheffe décoratrice, a, elle, créé des accessoires surdimensionnés comme la trousse d’écolière, mais aussi les micros quand la jeune Aline chante au début du film. La chaise sur laquelle elle est assise lors de sa rencontre avec Guy-Claude fut construite immense pour que Valérie Lemercier paraisse toute petite, ses pieds balançant dans le vide.
Ces jeux de proportions font écho à des allusions « volumétriques » dans les dialogues. Ainsi, Aline avoue, à la québécoise, son attachement à son manager : « Je l’aime gros » pour « je l’aime fort ». Et sa mère, affolée, refuse d’imaginer son « bébé toute nue avec un gros poilu ». Le corps et l’espace : la porte d’entrée de la maison de la famille Dieu où Aline grandit fut pensée, calculée trop petite pour qu’elle soit obligée de passer par la fenêtre avec sa robe de mariée. C’est l’inverse avec la villa de Las Vegas, si démesurée qu’Aline s’y perd littéralement. Le petit, le grand : on se souvient que c’est déjà cette correspondance qui offrait le meilleur gag de Palais royal ! quand la princesse (Valérie Lemercier) changeait en douce la taille des slips de son prince (Lambert Wilson) pour lui faire croire qu’il avait grossi !
Le sens du détail
Restons au rayon princesse avec cette paire d’escarpins qui symbolise le tout début du conte de fées (la gamine dort avec) pour finir sur le dressing spécial chaussures de la villa de Las Vegas, qui ne contient pas treize mille paires comme le veut la légende de Céline Dion mais beaucoup moins grâce à des jeux de miroirs, autre joli trucage à l’ancienne. Aline reste l’histoire d’une petite fille pauvre et pas très gâtée physiquement (elle est la seule parmi ses treize frères et sœurs à avoir des canines aussi grandes) qui devient une icône mondiale : pour donner de la texture à cette métamorphose, Catherine Leterrier créa cent cinquante costumes rien que pour Valérie Lemercier. Dans l’atelier costumes, un petit groupe de couturières n’avait qu’une seule mission : enfiler des perles au sens propre.
Mais, tels les cailloux du Petit Poucet, seuls comptent, à la fin, de petits sachets de sucre : ces sachets gratuits que la star chipe partout pour sa mère, censés rappeler ses origines modestes. Là encore, ce détail finit en apothéose lorsque le frère d’Aline, qui a fugué, explique que le sac de la chanteuse est toujours vide, à part ces quelques grammes de sucre. Tellement star, tellement prise en charge depuis la nuit des temps qu’elle n’a besoin de rien dans son sac à main : tout est dit d’une solitude hors du commun. Lors de cette fugue dans les rues quasi vides de Las Vegas, peut-être la plus belle séquence du film, où Aline redevient anonyme au son de Going to a Town, de Rufus Wainwright (« J’en ai assez de l’Amérique »), elle croise deux sosies d’Elvis. Conseil de l’un d’eux à celle qu’ils prennent pour une collègue : « Nez trop petit, seins trop gros, mais c’est un bon début. » Toujours une question de proportions…
r Aline, de et avec Valérie Lemercier (France, 2021). Dimanche 5 novembre à 21h10 sur TF1.
Read AgainAvec ses effets spéciaux dignes de Méliès et les scènes d’émotion intense qu’il provoque à partir de simples éléments de décor, l’hommage vibrant de la comédienne à la star canadienne offre un très agréable moment de cinéma à la télé.
Publié le 05 novembre 2023 à 20h00
Évidemment, il y a la performance de Valérie Lemercier, d’ailleurs récompensée par un César, en 2022, pour son incarnation transformiste, à tous les âges, de cette Aline-Céline Dieu-Dion. Mais Aline (2021), la déclaration d’amour de la comédienne réalisatrice à la star sous forme de mélo fantaisie, diffusé ce dimanche 5 novembre sur TF1, doit être revu, même sur petit écran, pour deux autres raisons de… taille.
Le sens des proportions
Si le film use de quelques effets spéciaux numériques (le visage de Valérie Lemercier dans le corps d’une enfant), sa singularité vient d’abord de trucages dignes de Méliès. Pour la séquence où Aline, 12 ans, patine, la fidèle cheffe costumière de Lemercier, Catherine Leterrier, qui travaille avec elle depuis Palais royal !, a conçu un anorak avec des dessins de flocons de neige très grands et un autre avec des dessins plus petits, réduits à l’échelle normale, pour la vraie petite fille qui la doublait. Emmanuelle Duplay, la cheffe décoratrice, a, elle, créé des accessoires surdimensionnés comme la trousse d’écolière, mais aussi les micros quand la jeune Aline chante au début du film. La chaise sur laquelle elle est assise lors de sa rencontre avec Guy-Claude fut construite immense pour que Valérie Lemercier paraisse toute petite, ses pieds balançant dans le vide.
Ces jeux de proportions font écho à des allusions « volumétriques » dans les dialogues. Ainsi, Aline avoue, à la québécoise, son attachement à son manager : « Je l’aime gros » pour « je l’aime fort ». Et sa mère, affolée, refuse d’imaginer son « bébé toute nue avec un gros poilu ». Le corps et l’espace : la porte d’entrée de la maison de la famille Dieu où Aline grandit fut pensée, calculée trop petite pour qu’elle soit obligée de passer par la fenêtre avec sa robe de mariée. C’est l’inverse avec la villa de Las Vegas, si démesurée qu’Aline s’y perd littéralement. Le petit, le grand : on se souvient que c’est déjà cette correspondance qui offrait le meilleur gag de Palais royal ! quand la princesse (Valérie Lemercier) changeait en douce la taille des slips de son prince (Lambert Wilson) pour lui faire croire qu’il avait grossi !
Le sens du détail
Restons au rayon princesse avec cette paire d’escarpins qui symbolise le tout début du conte de fées (la gamine dort avec) pour finir sur le dressing spécial chaussures de la villa de Las Vegas, qui ne contient pas treize mille paires comme le veut la légende de Céline Dion mais beaucoup moins grâce à des jeux de miroirs, autre joli trucage à l’ancienne. Aline reste l’histoire d’une petite fille pauvre et pas très gâtée physiquement (elle est la seule parmi ses treize frères et sœurs à avoir des canines aussi grandes) qui devient une icône mondiale : pour donner de la texture à cette métamorphose, Catherine Leterrier créa cent cinquante costumes rien que pour Valérie Lemercier. Dans l’atelier costumes, un petit groupe de couturières n’avait qu’une seule mission : enfiler des perles au sens propre.
Mais, tels les cailloux du Petit Poucet, seuls comptent, à la fin, de petits sachets de sucre : ces sachets gratuits que la star chipe partout pour sa mère, censés rappeler ses origines modestes. Là encore, ce détail finit en apothéose lorsque le frère d’Aline, qui a fugué, explique que le sac de la chanteuse est toujours vide, à part ces quelques grammes de sucre. Tellement star, tellement prise en charge depuis la nuit des temps qu’elle n’a besoin de rien dans son sac à main : tout est dit d’une solitude hors du commun. Lors de cette fugue dans les rues quasi vides de Las Vegas, peut-être la plus belle séquence du film, où Aline redevient anonyme au son de Going to a Town, de Rufus Wainwright (« J’en ai assez de l’Amérique »), elle croise deux sosies d’Elvis. Conseil de l’un d’eux à celle qu’ils prennent pour une collègue : « Nez trop petit, seins trop gros, mais c’est un bon début. » Toujours une question de proportions…
r Aline, de et avec Valérie Lemercier (France, 2021). Dimanche 5 novembre à 21h10 sur TF1.
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