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En distinguant Jean-Baptiste Andrea, l'Académie Goncourt ne remporte pas le prix de l'audace - Télérama.fr

Le jury du prestigieux prix littéraire a préféré “Veiller sur elle”, un roman de pure imagination sans vrais enjeux formels, à “Sarah, Susanne et l’écrivain”, l’ébouriffant et virtuose récit d’Éric Reinhardt. Dommage ?

Jean-Baptiste Andrea lors de la remise du prix Goncourt au restaurant Drouant, à Paris (2e), le 7 novembre 2023.

Jean-Baptiste Andrea lors de la remise du prix Goncourt au restaurant Drouant, à Paris (2e), le 7 novembre 2023. Photo Olivier Dion/LH/opale.photo

Par Nathalie Crom

Publié le 07 novembre 2023 à 15h35

Mis à jour le 07 novembre 2023 à 20h25

On aurait parié que le moment était (enfin !) venu de voir Éric Reinhardt distingué par un des grands prix littéraires d’automne. Et pourquoi pas le plus prestigieux d’entre eux, le Goncourt, dont il était pour une fois finaliste – en compagnie notamment de Neige Sinno et Triste Tigre (éd. P.O.L), qui, distinguée hier par le jury Femina, n’était plus vraiment en lice, en vertu de la règle tacite qui veut qu’un même livre ne puisse recevoir plusieurs grands prix.

Eh bien non, Éric Reinhardt a beau avoir donné, avec Sarah, Susanne et l’écrivain (éd. Gallimard), l’un de ses plus beaux livres, et assurément l’une des incontestables réussites littéraires de cet automne 2023, c’est à Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea (éd. L’Iconoclaste), que l’Académie Goncourt a choisi, ce mardi 7 novembre, de décerner ses lauriers convoités. Réaffirmant ainsi son faible appétit pour les gestes romanesques singuliers, trop hardis ou virtuoses, sa préférence décidément bien ancrée pour le fameux « roman d’imagination », sans vrais enjeux formels, vers lequel tendent régulièrement ses choix.

Le pire est que, si cette décision du jury est décevante, il n’y a pas vraiment matière à crier au scandale – on aurait bien aimé, pourtant… Déjà couronné en septembre par le prix Fnac, et vendu à quelque 50 000 exemplaires, Veiller sur elle, quatrième roman de Jean-Baptiste Andrea, s’est attiré depuis sa parution mi-août les faveurs conjuguées d’une partie de la critique et d’un large public – que le Goncourt démultipliera, lui dont les livres lauréats atteignent en moyenne les 400 000 exemplaires vendus.

Le Goncourt vient aussi saluer le travail d’une éditrice, Sophie de Sivry, fondatrice et directrice des éditions L’Iconoclaste, décédée le 31 mai dernier, à l’âge de 64 ans. C’est avec elle que Jean-Baptiste Andrea a publié en 2017 son premier roman, Ma reine. Avec elle qu’il a continué son chemin de romancier, aujourd’hui couronné. Pour l’hommage rendu à une éditrice enthousiaste et fervente, on peut acquiescer au choix des Goncourt – pour ce qui est de la défense d’une littérature contemporaine audacieuse, on s’en désole.

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Le jury du prestigieux prix littéraire a préféré “Veiller sur elle”, un roman de pure imagination sans vrais enjeux formels, à “Sarah, Susanne et l’écrivain”, l’ébouriffant et virtuose récit d’Éric Reinhardt. Dommage ?

Jean-Baptiste Andrea lors de la remise du prix Goncourt au restaurant Drouant, à Paris (2e), le 7 novembre 2023.

Jean-Baptiste Andrea lors de la remise du prix Goncourt au restaurant Drouant, à Paris (2e), le 7 novembre 2023. Photo Olivier Dion/LH/opale.photo

Par Nathalie Crom

Publié le 07 novembre 2023 à 15h35

Mis à jour le 07 novembre 2023 à 20h25

On aurait parié que le moment était (enfin !) venu de voir Éric Reinhardt distingué par un des grands prix littéraires d’automne. Et pourquoi pas le plus prestigieux d’entre eux, le Goncourt, dont il était pour une fois finaliste – en compagnie notamment de Neige Sinno et Triste Tigre (éd. P.O.L), qui, distinguée hier par le jury Femina, n’était plus vraiment en lice, en vertu de la règle tacite qui veut qu’un même livre ne puisse recevoir plusieurs grands prix.

Eh bien non, Éric Reinhardt a beau avoir donné, avec Sarah, Susanne et l’écrivain (éd. Gallimard), l’un de ses plus beaux livres, et assurément l’une des incontestables réussites littéraires de cet automne 2023, c’est à Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea (éd. L’Iconoclaste), que l’Académie Goncourt a choisi, ce mardi 7 novembre, de décerner ses lauriers convoités. Réaffirmant ainsi son faible appétit pour les gestes romanesques singuliers, trop hardis ou virtuoses, sa préférence décidément bien ancrée pour le fameux « roman d’imagination », sans vrais enjeux formels, vers lequel tendent régulièrement ses choix.

Le pire est que, si cette décision du jury est décevante, il n’y a pas vraiment matière à crier au scandale – on aurait bien aimé, pourtant… Déjà couronné en septembre par le prix Fnac, et vendu à quelque 50 000 exemplaires, Veiller sur elle, quatrième roman de Jean-Baptiste Andrea, s’est attiré depuis sa parution mi-août les faveurs conjuguées d’une partie de la critique et d’un large public – que le Goncourt démultipliera, lui dont les livres lauréats atteignent en moyenne les 400 000 exemplaires vendus.

Le Goncourt vient aussi saluer le travail d’une éditrice, Sophie de Sivry, fondatrice et directrice des éditions L’Iconoclaste, décédée le 31 mai dernier, à l’âge de 64 ans. C’est avec elle que Jean-Baptiste Andrea a publié en 2017 son premier roman, Ma reine. Avec elle qu’il a continué son chemin de romancier, aujourd’hui couronné. Pour l’hommage rendu à une éditrice enthousiaste et fervente, on peut acquiescer au choix des Goncourt – pour ce qui est de la défense d’une littérature contemporaine audacieuse, on s’en désole.

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