Les propos d’Emmanuel Macron, qui, mercredi soir, a défendu Gérard Depardieu, visé par des plaintes pour viols et agressions sexuelles, ont été fortement critiqués, jeudi 21 décembre, par des personnalités du monde politique et associatif.
Dans l’émission « C à vous », diffusée sur France 5, le chef de l’Etat a déclaré que M. Depardieu avait « fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (…) ; il rend fière la France ». M. Macron a aussi dénoncé une « chasse à l’homme » contre l’acteur, à la suite de la diffusion d’une enquête de France 2 sur la star de cinéma. Gérard Depardieu, visé par deux plaintes en France pour viol et agression sexuelle, est mis en examen dans l’un des deux cas. Il réfute ces accusations. Au total, quatorze femmes ont témoigné, la plupart dans une enquête de Mediapart publiée en avril, de violences sexuelles de la part de l’acteur. La grande majorité d’entre elles n’ont pas porté plainte.
« Non, nous ne sommes pas fiers de Gérard Depardieu », a affirmé sur France Inter l’ancien président de la République François Hollande. M. Macron « a parlé de Gérard Depardieu, de son talent, et de la présomption d’innocence. Moi, je vais vous parler des quatorze femmes agressées, des femmes humiliées, des femmes bouleversées par les images qu’elles ont vues, de toutes ces femmes qui voient à travers Gérard Depardieu ce que peut être la violence, la domination, le mépris », a déclaré M. Hollande. Pour lui, ce qui était « attendu » de la part d’Emmanuel Macron, c’était « de parler des femmes, et pas simplement de dire qu’il était un grand acteur ». « Non, nous ne sommes pas fiers de Gérard Depardieu, a poursuivi l’ancien président, quand, regardant une jeune fille faisant du cheval et à peine âgée de 12 ans, il la sexualise » – une référence à un extrait de l’émission « Complément d’enquête » diffusée le 7 décembre.
« C’est d’une violence extrême »
S’il reconnaît « les excès » des réseaux sociaux, François Hollande souligne qu’« à un moment, il faut aussi parler clair, et dire ce qu’une action pour les femmes suppose ». « Il a fait de cette cause [la cause des femmes et de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes] la grande affaire de son quinquennat et voilà comment il traite la question de Gérard Depardieu ? », s’est-il encore étonné. Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), s’est aussi interrogé sur X sur cette « grande cause du quinquennat », encourageant « la ministre en charge » à se poser « sérieusement la question de rejoindre Aurélien Rousseau » – l’ancien ministre de la santé, qui a démissionné au lendemain de l’adoption du projet de loi « immigration ».
Sur le même réseau, la députée écologiste Sandrine Rousseau a dénoncé « une insulte au mouvement de libération de la parole des victimes de violences sexuelles », appelant à « prendre le pouvoir, (…) on n’a pas le choix ». La sénatrice PS et présidente de l’Assemblée des femmes, Laurence Rossignol, a pointé un discours similaire du chef de l’Etat à chaque affaire de violences sexuelles : « Confiance, admiration, tribunal médiatique ; jamais un mot pour les victimes. » Sur X, l’actrice Charlotte Arnould, à l’origine d’une plainte contre Gérard Depardieu, a publié un message laconique, en caractères blancs sur fond noir : « Juste… C’est super dur. »
Les propos du président de la République ont aussi fait réagir le monde associatif. « Entre nous et le chef de l’Etat, ce n’est plus un fossé, c’est un trou béant », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Maëlle Noir, de la coordination nationale du collectif Nous toutes. Les propos du président « ne sont pas seulement scandaleux mais dangereux, cela envoie un signal qui est de continuer à ne pas croire les victimes, à piétiner leur parole en toute impunité », a-t-elle estimé. « C’est d’une violence extrême, un énorme recul dans les prises de position politique contre les violences commises contre les femmes. »
Fin de l’apaisement relatif avec les associations féministes
Même analyse à la Fondation des femmes, dont la présidente, Anne-Cécile Mailfert, a épinglé les convictions « masculinistes » d’Emmanuel Macron et a dit ne « plus avoir d’espoir » ni « d’illusion » sur lui concernant les questions des droits des femmes. « On est clairement dans la culture du viol, dans le discours qui vise à renverser la culpabilité : ça n’est plus Gérard Depardieu le chasseur, le prédateur, ce sont les femmes qui chasseraient les hommes, qui les cibleraient. » « C’est d’autant plus grave qu’on parle du président de la République, sa parole engage notre pays et a un véritable impact », a-t-elle estimé auprès de l’AFP. « Il aurait pu dire que c’est insupportable de parler comme cela des femmes, que l’égalité entre les femmes et les hommes est inscrite dans la Constitution, il aurait pu avoir un message pour les victimes de Gérard Depardieu et les femmes en général. Il ne l’a pas fait. »
Ces crispations entre le chef de l’Etat et les associations féministes mettent un terme à l’apaisement relatif qui prévalait depuis la présentation mi-décembre d’un projet de loi constitutionnel visant à inscrire la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Si la formulation retenue – « liberté » et non « droit » – ne satisfaisait pas les militantes féministes, ces dernières avaient toutefois salué un « symbole fort » après la régression de ce droit aux Etats-Unis en 2022.
Dans ce contexte, la défense de Gérard Depardieu par Emmanuel Macron passe d’autant plus mal, relève Louise Delavier, de l’association En avant toute(s). « Faire tant de communication pour parler de la défense des femmes et de leurs droits, et ensuite aller outrageusement défendre quelqu’un comme Depardieu, cela crée de la dissonance cognitive », selon elle. « C’est du “en même temps” qui n’est pas heureux sur ces sujets-là. »
Les propos d’Emmanuel Macron, qui, mercredi soir, a défendu Gérard Depardieu, visé par des plaintes pour viols et agressions sexuelles, ont été fortement critiqués, jeudi 21 décembre, par des personnalités du monde politique et associatif.
Dans l’émission « C à vous », diffusée sur France 5, le chef de l’Etat a déclaré que M. Depardieu avait « fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (…) ; il rend fière la France ». M. Macron a aussi dénoncé une « chasse à l’homme » contre l’acteur, à la suite de la diffusion d’une enquête de France 2 sur la star de cinéma. Gérard Depardieu, visé par deux plaintes en France pour viol et agression sexuelle, est mis en examen dans l’un des deux cas. Il réfute ces accusations. Au total, quatorze femmes ont témoigné, la plupart dans une enquête de Mediapart publiée en avril, de violences sexuelles de la part de l’acteur. La grande majorité d’entre elles n’ont pas porté plainte.
« Non, nous ne sommes pas fiers de Gérard Depardieu », a affirmé sur France Inter l’ancien président de la République François Hollande. M. Macron « a parlé de Gérard Depardieu, de son talent, et de la présomption d’innocence. Moi, je vais vous parler des quatorze femmes agressées, des femmes humiliées, des femmes bouleversées par les images qu’elles ont vues, de toutes ces femmes qui voient à travers Gérard Depardieu ce que peut être la violence, la domination, le mépris », a déclaré M. Hollande. Pour lui, ce qui était « attendu » de la part d’Emmanuel Macron, c’était « de parler des femmes, et pas simplement de dire qu’il était un grand acteur ». « Non, nous ne sommes pas fiers de Gérard Depardieu, a poursuivi l’ancien président, quand, regardant une jeune fille faisant du cheval et à peine âgée de 12 ans, il la sexualise » – une référence à un extrait de l’émission « Complément d’enquête » diffusée le 7 décembre.
« C’est d’une violence extrême »
S’il reconnaît « les excès » des réseaux sociaux, François Hollande souligne qu’« à un moment, il faut aussi parler clair, et dire ce qu’une action pour les femmes suppose ». « Il a fait de cette cause [la cause des femmes et de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes] la grande affaire de son quinquennat et voilà comment il traite la question de Gérard Depardieu ? », s’est-il encore étonné. Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), s’est aussi interrogé sur X sur cette « grande cause du quinquennat », encourageant « la ministre en charge » à se poser « sérieusement la question de rejoindre Aurélien Rousseau » – l’ancien ministre de la santé, qui a démissionné au lendemain de l’adoption du projet de loi « immigration ».
Sur le même réseau, la députée écologiste Sandrine Rousseau a dénoncé « une insulte au mouvement de libération de la parole des victimes de violences sexuelles », appelant à « prendre le pouvoir, (…) on n’a pas le choix ». La sénatrice PS et présidente de l’Assemblée des femmes, Laurence Rossignol, a pointé un discours similaire du chef de l’Etat à chaque affaire de violences sexuelles : « Confiance, admiration, tribunal médiatique ; jamais un mot pour les victimes. » Sur X, l’actrice Charlotte Arnould, à l’origine d’une plainte contre Gérard Depardieu, a publié un message laconique, en caractères blancs sur fond noir : « Juste… C’est super dur. »
Les propos du président de la République ont aussi fait réagir le monde associatif. « Entre nous et le chef de l’Etat, ce n’est plus un fossé, c’est un trou béant », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Maëlle Noir, de la coordination nationale du collectif Nous toutes. Les propos du président « ne sont pas seulement scandaleux mais dangereux, cela envoie un signal qui est de continuer à ne pas croire les victimes, à piétiner leur parole en toute impunité », a-t-elle estimé. « C’est d’une violence extrême, un énorme recul dans les prises de position politique contre les violences commises contre les femmes. »
Fin de l’apaisement relatif avec les associations féministes
Même analyse à la Fondation des femmes, dont la présidente, Anne-Cécile Mailfert, a épinglé les convictions « masculinistes » d’Emmanuel Macron et a dit ne « plus avoir d’espoir » ni « d’illusion » sur lui concernant les questions des droits des femmes. « On est clairement dans la culture du viol, dans le discours qui vise à renverser la culpabilité : ça n’est plus Gérard Depardieu le chasseur, le prédateur, ce sont les femmes qui chasseraient les hommes, qui les cibleraient. » « C’est d’autant plus grave qu’on parle du président de la République, sa parole engage notre pays et a un véritable impact », a-t-elle estimé auprès de l’AFP. « Il aurait pu dire que c’est insupportable de parler comme cela des femmes, que l’égalité entre les femmes et les hommes est inscrite dans la Constitution, il aurait pu avoir un message pour les victimes de Gérard Depardieu et les femmes en général. Il ne l’a pas fait. »
Ces crispations entre le chef de l’Etat et les associations féministes mettent un terme à l’apaisement relatif qui prévalait depuis la présentation mi-décembre d’un projet de loi constitutionnel visant à inscrire la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Si la formulation retenue – « liberté » et non « droit » – ne satisfaisait pas les militantes féministes, ces dernières avaient toutefois salué un « symbole fort » après la régression de ce droit aux Etats-Unis en 2022.
Dans ce contexte, la défense de Gérard Depardieu par Emmanuel Macron passe d’autant plus mal, relève Louise Delavier, de l’association En avant toute(s). « Faire tant de communication pour parler de la défense des femmes et de leurs droits, et ensuite aller outrageusement défendre quelqu’un comme Depardieu, cela crée de la dissonance cognitive », selon elle. « C’est du “en même temps” qui n’est pas heureux sur ces sujets-là. »
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