Très sensible aux problèmes de violences sexuelles, Tristane Banon dénonce à la fois le comportement de Gérard Depardieu mais aussi le silence de ceux qui ont été témoins de ses propos et gestes déplacés. Elle qui avait déposé une plainte classée sans suite pour tentative de viol contre l’homme politique Dominique Strauss-Kahn, en 2011, pour des faits datant de 2003, a aussi connu l’expérience de s’attaquer à un homme puissant, ancien député, ministre de l’Économie puis directeur général du FMI. Sans être toujours prise au sérieux.
Comment avez-vous reçu les images montrant le comportement de Gérard Depardieu vis-à-vis des femmes ?
TRISTANE BANON. Une fois qu’on a condamné M. Depardieu pour des propos abjects et dégueulasses, ma question est de savoir : Comment ces images sont-elles possibles ? Comment une équipe peut-elle filmer aussi longtemps ce genre de propos sans que personne ne se dise « stop, c’est intolérable » ? Durant cinq ans (les images ont été tournées en 2018 en Corée du Nord), personne parmi ceux qui étaient au courant ne s’est dit que cela méritait d’être versé à la justice ou que cela réclamait a minima des explications. Au-delà du procès de Gérard Depardieu, il faut faire celui du système qui a rendu cela possible.
Existe-t-il toujours une protection pour les hommes puissants, et ce malgré des comportements problématiques ?
Cela a toujours existé. Ce sont des systèmes dont on n’a toujours pas fait le procès, que ce soit dans l’affaire Patrick Poivre d’Arvor ou Dominique Strauss-Kahn. Il y a autour de ces personnes un environnement qui permet l’existence de ces moments. Mais grâce à #MeToo, ils ne devraient plus exister. Aujourd’hui, si le même film était tourné avec des propos comme ceux tenus par Gérard Depardieu, j’espère qu’il y aurait une intervention de quelqu’un. De la même façon, les pressions qui ont existé lors de l’affaire DSK pour étouffer le scandale ne pourraient plus avoir lieu aujourd’hui.
La société a donc changé selon vous ?
On peut faire le procès de M. Depardieu mais je voudrais aussi qu’on fasse le procès de celui qui tient la caméra et de ceux qui sont présents autour. En 2018, lors du tournage de ce film, on est sept ans après l’affaire DSK et un an après le début de l’affaire Weinstein (célèbre producteur américain de cinéma, accusé par près de cent femmes de violences sexuelles et dont la chute en 2017 a engendré le mouvement #MeToo). Toutes les mentalités n’avaient pas encore évolué, mais il y avait déjà eu un vrai bouleversement autour de ces questions. En revanche, on ne recherchait pas la responsabilité collective au-delà de la culpabilité d’une personne. Je pense que cela a changé.
Très sensible aux problèmes de violences sexuelles, Tristane Banon dénonce à la fois le comportement de Gérard Depardieu mais aussi le silence de ceux qui ont été témoins de ses propos et gestes déplacés. Elle qui avait déposé une plainte classée sans suite pour tentative de viol contre l’homme politique Dominique Strauss-Kahn, en 2011, pour des faits datant de 2003, a aussi connu l’expérience de s’attaquer à un homme puissant, ancien député, ministre de l’Économie puis directeur général du FMI. Sans être toujours prise au sérieux.
Comment avez-vous reçu les images montrant le comportement de Gérard Depardieu vis-à-vis des femmes ?
TRISTANE BANON. Une fois qu’on a condamné M. Depardieu pour des propos abjects et dégueulasses, ma question est de savoir : Comment ces images sont-elles possibles ? Comment une équipe peut-elle filmer aussi longtemps ce genre de propos sans que personne ne se dise « stop, c’est intolérable » ? Durant cinq ans (les images ont été tournées en 2018 en Corée du Nord), personne parmi ceux qui étaient au courant ne s’est dit que cela méritait d’être versé à la justice ou que cela réclamait a minima des explications. Au-delà du procès de Gérard Depardieu, il faut faire celui du système qui a rendu cela possible.
Existe-t-il toujours une protection pour les hommes puissants, et ce malgré des comportements problématiques ?
Cela a toujours existé. Ce sont des systèmes dont on n’a toujours pas fait le procès, que ce soit dans l’affaire Patrick Poivre d’Arvor ou Dominique Strauss-Kahn. Il y a autour de ces personnes un environnement qui permet l’existence de ces moments. Mais grâce à #MeToo, ils ne devraient plus exister. Aujourd’hui, si le même film était tourné avec des propos comme ceux tenus par Gérard Depardieu, j’espère qu’il y aurait une intervention de quelqu’un. De la même façon, les pressions qui ont existé lors de l’affaire DSK pour étouffer le scandale ne pourraient plus avoir lieu aujourd’hui.
La société a donc changé selon vous ?
On peut faire le procès de M. Depardieu mais je voudrais aussi qu’on fasse le procès de celui qui tient la caméra et de ceux qui sont présents autour. En 2018, lors du tournage de ce film, on est sept ans après l’affaire DSK et un an après le début de l’affaire Weinstein (célèbre producteur américain de cinéma, accusé par près de cent femmes de violences sexuelles et dont la chute en 2017 a engendré le mouvement #MeToo). Toutes les mentalités n’avaient pas encore évolué, mais il y avait déjà eu un vrai bouleversement autour de ces questions. En revanche, on ne recherchait pas la responsabilité collective au-delà de la culpabilité d’une personne. Je pense que cela a changé.
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