La démission vendredi dernier de la directrice du Printemps des poètes, Sophie Nauleau est le dernier épisode en date de la polémique déclenchée après la nomination de l’écrivain Sylvain Tesson comme parrain de la manifestation Le Printemps des Poètes censée se tenir en mars prochain. Tout a commencé par une pétition en écriture inclusive publiée le 18 janvier dernier dans Libération dénonçant la "banalisation d’une idéologie réactionnaire incarnée par Sylvain Tesson, étape supplémentaire dans la dérive politique de la France, après le vote de la loi 'immigration' et le glissement du second mandat d’Emmanuel Macron (…) vers un projet politique plus que jamais proche de l’extrême droite".
Signée par plus de 2 000 écrivains, des traducteurs, des bibliothécaires parmi lesquels surnageaient les noms de Nancy Huston, Chloé Delaume, Fatima Daas, Martin Winckler, Rim Battal, Jacques Bonnaffé et des éditeurs tels Alexandre Bord (L’Iconoclaste), Isabelle Sauvage ou Yves Boudier, cette tribune a immédiatement provoquée une levée de boucliers prévisibles. Pascal Praud sur CNews : "une foule d’inconnus s’en prennent à l’un des meilleurs écrivains actuels", Valeurs actuelles a dénoncé des "cafards", et des "poètes d’extrême gauche sans talent et sans public", Eric Naulleau tweete "cette tribune transpire la haine du talent, de la grandeur, de la transcendance, le culte de la laideur, la passion de l’abaissement". Daniel Salvatore Schiffer a lancé une tribune collective dans Le Point pour défendre Sylvain Tesson, Rachida Dati défend Tesson, et depuis Bercy, Bruno Le Maire, dénonce "l’exclusion sectaire d’une plume aventureuse".
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Cafards contre transcendance, extrême-droite contre poésie des masses, les couteaux sont donc tirés pour une de ces polémiques dont la France a le secret.
Les invités du jour
Marc Weitzmann reçoit :
Etienne Gernelle souligne la faiblesse des arguments de la tribune de Libération et rappelle que Sylvain Tesson n'a pas écrit la préface du Camp des saints de Jean Raspail, il ajoute "je suis toujours un peu dans le malaise quand des écrivains essaient d'en exclure un autre (...), à la manière de la police politique".
Sylvain Pattieu décrit le contexte d'un combat culturel mené par l'extrême droite et pointe cette incompatibilité à être représenté par un auteur proche de l'extrême droite, qui propage un imaginaire néo-colonialiste ; il s'appuie sur l'enquête de François Krug. Rim Battal prolonge ce raisonnement : "Sylvain Tesson ne représente pas la vitalité de la poésie française, il y a un problème de représentation".
William Marx, ayant à cœur d'être l'avocat de l'histoire de la poésie ainsi que de l'honnêteté intellectuelle, poursuit : la tribune de Libération a politisé cette nomination, qui ne se voulait pas politique. William Marx estime regrettable de ne pas préserver l'indépendance du champ littéraire et poétique.
Pour en savoir plus
Bibliographie
Réactions françaises : enquête sur l'extrême droite littéraire de François Krug, Seuil, 2023.
- "Affaire Sylvain Tesson : la poésie mérite mieux que cette haine", tribune de William Marx, Libération, 25 janvier 2024.
- "Nous refusons que Sylvain Tesson parraine le Printemps des poètes", tribune collective, Libération, 18 janvier 2024.
- "Pour Sylvain Tesson, au nom de l'imprescriptible liberté de parole et de pensée", tribune collective, Le Point, 22 janvier 2024.
Générique
Musique : New alphabet de Eels
Poésie et ainsi de suite
29 min
L'Info culturelle : reportages, enquêtes, analyses
5 min
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Signée par plus de 2 000 écrivains, des traducteurs, des bibliothécaires parmi lesquels surnageaient les noms de Nancy Huston, Chloé Delaume, Fatima Daas, Martin Winckler, Rim Battal, Jacques Bonnaffé et des éditeurs tels Alexandre Bord (L’Iconoclaste), Isabelle Sauvage ou Yves Boudier, cette tribune a immédiatement provoquée une levée de boucliers prévisibles. Pascal Praud sur CNews : "une foule d’inconnus s’en prennent à l’un des meilleurs écrivains actuels", Valeurs actuelles a dénoncé des "cafards", et des "poètes d’extrême gauche sans talent et sans public", Eric Naulleau tweete "cette tribune transpire la haine du talent, de la grandeur, de la transcendance, le culte de la laideur, la passion de l’abaissement". Daniel Salvatore Schiffer a lancé une tribune collective dans Le Point pour défendre Sylvain Tesson, Rachida Dati défend Tesson, et depuis Bercy, Bruno Le Maire, dénonce "l’exclusion sectaire d’une plume aventureuse".
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William Marx, ayant à cœur d'être l'avocat de l'histoire de la poésie ainsi que de l'honnêteté intellectuelle, poursuit : la tribune de Libération a politisé cette nomination, qui ne se voulait pas politique. William Marx estime regrettable de ne pas préserver l'indépendance du champ littéraire et poétique.
Pour en savoir plus
Bibliographie
Réactions françaises : enquête sur l'extrême droite littéraire de François Krug, Seuil, 2023.
- "Affaire Sylvain Tesson : la poésie mérite mieux que cette haine", tribune de William Marx, Libération, 25 janvier 2024.
- "Nous refusons que Sylvain Tesson parraine le Printemps des poètes", tribune collective, Libération, 18 janvier 2024.
- "Pour Sylvain Tesson, au nom de l'imprescriptible liberté de parole et de pensée", tribune collective, Le Point, 22 janvier 2024.
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