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"Personne ne la connaît !" : quelle histoire vraie glaçante inconnue en France a inspiré Un silence, le nouveau film de Daniel Auteuil ? - AlloCiné

Un récit glaçant au coeur du film "Un Silence" : pourquoi ne connait-on pas cette affaire en France ? Rencontre avec Joachim Lafosse, réalisateur et scénariste du film à l'affiche depuis mercredi.

C'est une affaire glaçante quasi inconnue en France : elle est au coeur d'Un Silence ! Peut être qu'en sortant de votre séance, vous vous interrogerez sur le fait divers qui a été la source d'inspiration du film de Joachim Lafosse, sorti ce mercredi.

Le nom de cette affaire ? L'affaire Hissel, en l'occurrence l'avocat que campe Daniel Auteuil dans le film, sans être adapté directement du fait divers. Il s'appelle ici François Schaar.

Attention, la suite contient des spoilers sur les rebondissements du film :

Victor Hissel, l'ancien avocat de familles de victimes de Marc Dutroux, a été mis en cause en 2007 pour détention d’images pédopornographiques. Il a été condamné à 10 mois de prison ferme. Autre caractéristique de cette affaire : le fils Hissel, Romain, a poignardé son père à plusieurs reprises en 2009, le blessant gravement. Il n'avait pas supporté que son père, qui était un symbole de la lutte contre les violences sexuelles en Belgique, ait lui-même des penchants pédophiles.

Et ce qui marque en premier lieu lorsqu'on s'interroge sur le film est : pourquoi ne connait-on pas ou quasiment pas cette histoire en France ? Il suffit de faire une rapide recherche pour constater qu'assez peu d'articles ressortent sur le sujet en France. Or, cette affaire est directement liée à l'affaire Dutroux, affaire qui elle avait été très largement médiatisée en France!

Nous avons l'opportunité de nous entretenir avec Joachim Lafosse, afin d'évoquer notamment avec lui cette question. Il nous répond du tac au tac : "Personne ne la connait !" Et nous indique en effet que cette affaire est très connue en Belgique, mais pas du tout en France.

A tel point qu'un spectateur français pourrait se dire que c'est inimaginable en dehors de la fiction. "Le spectateur doit accepter que c'est envisageable", nous répond Joachim Lafosse, habité par le sujet du film.

"Il y a une chose qui me semblait aussi très intéressante et raison pour laquelle je m'engage dans l'écriture de la fiction. Au fond, dans l'affaire Hissel, il y a une espèce de résumé de ce qu'il se passe depuis l'affaire Dutroux donc à peu près 30 ans."

Et d'ajouter : "Il y a 30 ans, on sort tous dans la rue en Belgique pour dire plus jamais ça. Plus jamais de prédateurs isolés, plus jamais de Marc Dutroux. Mais, 30 ans plus tard, on est en train de commencer à s'interroger sur ce qui se passe sur nos propres actes, sur ce qui se passe dans nos maisons, dans nos familles, nos comportements vis à vis du féminin, sur ce que ça engendre. On est passé du loup garou à une introspection lucide et à une demande de vigilance."

Sorties, news, interviews... Retrouvez toute l'actualité des films Indés

Faire fiction !

Si Joachim Lafosse prend pour déclencheur de son écriture une histoire réelle, il s'en éloigne, en prenant une base d'inspiration. "Je fais fiction. L'objectivité journalistique, c'est un outil démocratique que je ne conteste pas, qui est magnifique, qui me nourrit, mais ça n'est pas mon travail. Mon travail, c'est l'écriture du personnage et de la fiction."

Il poursuit : "Pour cette écriture, je refuse absolument de rencontrer les protagonistes des affaires dont je m'inspire. J'ai jamais rencontré Geneviève Lhermitte, la maman qui m'a inspiré A perdre la raison. Je n'ai jamais rencontré les protagonistes de l'affaire de l'arche de Zoé. Et aussi, c'est une manière tous de les respecter en disant c'est une fiction. Je serais dingue de vous dire que je détiens la vérité des affaires sur lesquelles j'ai écrit. Pas du tout. Dans ces films, il s'agit aussi de moi. J'y ai mis autant de ma vie que de celles que je lis dans les journaux."

Dans le dossier de presse, il complète : "la réalité est toujours une source, plus ou moins directe, d’inspirations. Mais s’agissant d’une œuvre de fiction, et évidemment pas d’un documentaire, la fiction se substitue à la réalité. Les personnages – de fiction – ont une autonomie propre.

La question de la honte

Si j’ai écrit à partir de ce qu’on a appelé en Belgique l’affaire Hissel c’est parce qu’il était peut-être question là, dans ce fait divers, de ce que chacun d’entre nous fait avec la honte, la culpabilité et le silence. Quand j’ai découvert que l’avocat des parents de Julie et Melissa, les petites filles victimes de Marc Dutroux, était condamné par la justice à son tour, que nous avons tous en Belgique découvert le geste de son fils, j’ai tout de suite eu envie de chercher à explorer la dimension tragique de ce fait divers."

Il ajoute : "À nouveau, il est ici question de honte, la honte d’un adolescent qui voit son père être un héros médiatique, le défenseur de la veuve et l’orphelin tout en connaissant les déviances que le puissant patriarche cache au cœur de la maison familiale.

La sœur, la mère, le père ont beau tenter soit d’étouffer la vérité, soit de la dire en toute transparence, c’est une déflagration pour le fils du criminel qui devient criminel à son tour. Comme dans toutes tragédies, l’issue est fatale, inévitable et dévastatrice."

Un Silence avec Daniel Auteuil et Emmanuelle Devos est au cinéma depuis mercredi.

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Un récit glaçant au coeur du film "Un Silence" : pourquoi ne connait-on pas cette affaire en France ? Rencontre avec Joachim Lafosse, réalisateur et scénariste du film à l'affiche depuis mercredi.

C'est une affaire glaçante quasi inconnue en France : elle est au coeur d'Un Silence ! Peut être qu'en sortant de votre séance, vous vous interrogerez sur le fait divers qui a été la source d'inspiration du film de Joachim Lafosse, sorti ce mercredi.

Le nom de cette affaire ? L'affaire Hissel, en l'occurrence l'avocat que campe Daniel Auteuil dans le film, sans être adapté directement du fait divers. Il s'appelle ici François Schaar.

Attention, la suite contient des spoilers sur les rebondissements du film :

Victor Hissel, l'ancien avocat de familles de victimes de Marc Dutroux, a été mis en cause en 2007 pour détention d’images pédopornographiques. Il a été condamné à 10 mois de prison ferme. Autre caractéristique de cette affaire : le fils Hissel, Romain, a poignardé son père à plusieurs reprises en 2009, le blessant gravement. Il n'avait pas supporté que son père, qui était un symbole de la lutte contre les violences sexuelles en Belgique, ait lui-même des penchants pédophiles.

Et ce qui marque en premier lieu lorsqu'on s'interroge sur le film est : pourquoi ne connait-on pas ou quasiment pas cette histoire en France ? Il suffit de faire une rapide recherche pour constater qu'assez peu d'articles ressortent sur le sujet en France. Or, cette affaire est directement liée à l'affaire Dutroux, affaire qui elle avait été très largement médiatisée en France!

Nous avons l'opportunité de nous entretenir avec Joachim Lafosse, afin d'évoquer notamment avec lui cette question. Il nous répond du tac au tac : "Personne ne la connait !" Et nous indique en effet que cette affaire est très connue en Belgique, mais pas du tout en France.

A tel point qu'un spectateur français pourrait se dire que c'est inimaginable en dehors de la fiction. "Le spectateur doit accepter que c'est envisageable", nous répond Joachim Lafosse, habité par le sujet du film.

"Il y a une chose qui me semblait aussi très intéressante et raison pour laquelle je m'engage dans l'écriture de la fiction. Au fond, dans l'affaire Hissel, il y a une espèce de résumé de ce qu'il se passe depuis l'affaire Dutroux donc à peu près 30 ans."

Et d'ajouter : "Il y a 30 ans, on sort tous dans la rue en Belgique pour dire plus jamais ça. Plus jamais de prédateurs isolés, plus jamais de Marc Dutroux. Mais, 30 ans plus tard, on est en train de commencer à s'interroger sur ce qui se passe sur nos propres actes, sur ce qui se passe dans nos maisons, dans nos familles, nos comportements vis à vis du féminin, sur ce que ça engendre. On est passé du loup garou à une introspection lucide et à une demande de vigilance."

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Faire fiction !

Si Joachim Lafosse prend pour déclencheur de son écriture une histoire réelle, il s'en éloigne, en prenant une base d'inspiration. "Je fais fiction. L'objectivité journalistique, c'est un outil démocratique que je ne conteste pas, qui est magnifique, qui me nourrit, mais ça n'est pas mon travail. Mon travail, c'est l'écriture du personnage et de la fiction."

Il poursuit : "Pour cette écriture, je refuse absolument de rencontrer les protagonistes des affaires dont je m'inspire. J'ai jamais rencontré Geneviève Lhermitte, la maman qui m'a inspiré A perdre la raison. Je n'ai jamais rencontré les protagonistes de l'affaire de l'arche de Zoé. Et aussi, c'est une manière tous de les respecter en disant c'est une fiction. Je serais dingue de vous dire que je détiens la vérité des affaires sur lesquelles j'ai écrit. Pas du tout. Dans ces films, il s'agit aussi de moi. J'y ai mis autant de ma vie que de celles que je lis dans les journaux."

Dans le dossier de presse, il complète : "la réalité est toujours une source, plus ou moins directe, d’inspirations. Mais s’agissant d’une œuvre de fiction, et évidemment pas d’un documentaire, la fiction se substitue à la réalité. Les personnages – de fiction – ont une autonomie propre.

La question de la honte

Si j’ai écrit à partir de ce qu’on a appelé en Belgique l’affaire Hissel c’est parce qu’il était peut-être question là, dans ce fait divers, de ce que chacun d’entre nous fait avec la honte, la culpabilité et le silence. Quand j’ai découvert que l’avocat des parents de Julie et Melissa, les petites filles victimes de Marc Dutroux, était condamné par la justice à son tour, que nous avons tous en Belgique découvert le geste de son fils, j’ai tout de suite eu envie de chercher à explorer la dimension tragique de ce fait divers."

Il ajoute : "À nouveau, il est ici question de honte, la honte d’un adolescent qui voit son père être un héros médiatique, le défenseur de la veuve et l’orphelin tout en connaissant les déviances que le puissant patriarche cache au cœur de la maison familiale.

La sœur, la mère, le père ont beau tenter soit d’étouffer la vérité, soit de la dire en toute transparence, c’est une déflagration pour le fils du criminel qui devient criminel à son tour. Comme dans toutes tragédies, l’issue est fatale, inévitable et dévastatrice."

Un Silence avec Daniel Auteuil et Emmanuelle Devos est au cinéma depuis mercredi.

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