Search

Mort d'Akira Toriyama : quand la génération des "boomers" s'opposait à la diffusion de "Dragon Ball" - franceinfo

Dès la fin des années 1980, la jeunesse française se prend de passion pour le manga "Dragon Ball". Un enthousiasme qu'était loin de partager la génération des "boomers" de l'époque.

Radio France

Publié Mis à jour

Temps de lecture : 2 min
Le manga "Dragon Ball" débarque en France à la fin des années 80 et le dessin animé devient le produit d'appel de l'émission de télévision jeunesse "Le club Dorothée". (Photo d'illustration) (RICHARD A. BROOKS / AFP)

Akira Toriyama, qui vient de mourir, était le créateur japonais de la bande dessinée Dragon Ball. C'est ce manga vendu à 300 millions d'exemplaires dans le monde qui lance la "mangamania" en France dans les années 1980-1990. Un phénomène jouissif contre lequel les "boomers", la génération plus ancienne, ont bien tenté de s'opposer, sans succès. La quête de San Goku, ce petit garçon à queue de singe, pour récolter des boules de cristal magique devient le produit d'appel de l'émission de télévision jeunesse "Le club Dorothée" à partir de 1988.

Mais les scènes de combat du manga lui valent les foudres de la députée Ségolène Royal. "Les dessins animés japonais sont exécrables, terribles", juge-t-elle à l'époque. "Je pense que beaucoup de personnes pensent comme moi et n'osent pas le dire, de peur de se ridiculiser." Un jugement en déconnexion complète avec la jeune génération qui se rue déjà sur la suite, Dragon Ball Z, en réalité tirée du même manga. Ce succès en fait, en 1993, la première BD japonaise d'ampleur éditée en France (juste après le pionnier Akira, moins grand public), suscitant là encore la perplexité sinon l'hostilité des plus âgés. Dans un reportage de l'époque, un journaliste qualifie même le manga de Toriyama de "fer de lance de l'attaque en règle contre la bande dessinée traditionnelle."

Mais le vieux monde finit par s'incliner devant l'évidence. Ce n'est même pas que la jeunesse aime ça, c'est qu'elle en a besoin, comme une soupape de décompression. "Ça a été très utile pour beaucoup de gens", estime Brigitte Lecordier, doubleuse française de San Goku, interrogée par Olivier Bénis pour France Inter. "Ce petit Goku a donné de la force à beaucoup de jeunes gens qui étaient esseulés, qui n'arrivaient pas à bien grandir dans leur milieu social et affectif."

"Ces personnages montraient que quand on se battait, quand on était solidaires, on y arrivait. J'ai rencontré beaucoup de gens qui m'ont dit : 'Je me suis sorti de la galère grâce à vos personnages.'"

Brigitte Lecordier, doubleuse française de San Goku

France Inter

Toriyama et son éditeur français Glénat ont ouvert une voie dans laquelle s'engouffrent ensuite Naruto, One Piece et tant d'autres. Certes il y a le neuvième art, 300 millions d'exemplaires vendus, mais il y a aussi un juteux marché à prendre. La maison d'éditions japonaise d'Akira Toriyama lui avait fait signer un contrat d'exclusivité à vie et Tortue Géniale, Végéta, Freezer et compagnie se sont bientôt déclinés en produits dérivés, jouets, cartes et figurines. 

Un marché qui explique aussi les multiples reprises en animés, dont une énième suite baptisée Dragon Ball Daima est annoncée pour l'automne prochain. Il y a aussi eu des films, une vingtaine de longs-métrages au Japon et Akira Toriyama n'avait pas lâché la planche à dessin. Il sortait encore régulièrement de nouveaux volumes de la série manga Dragon Ball Super. Est-ce pour cette façon d'épuiser le filon ou bien par pur snobisme, qu'il a fallu attendre 2013 avant une première récompense au festival d'Angoulême ? L'auteur, qui se disait agoraphobe et se montrait très peu en public, n'est jamais venu récupérer son trophée.

Adblock test (Why?)

Read Again

Dès la fin des années 1980, la jeunesse française se prend de passion pour le manga "Dragon Ball". Un enthousiasme qu'était loin de partager la génération des "boomers" de l'époque.

Radio France

Publié Mis à jour

Temps de lecture : 2 min
Le manga "Dragon Ball" débarque en France à la fin des années 80 et le dessin animé devient le produit d'appel de l'émission de télévision jeunesse "Le club Dorothée". (Photo d'illustration) (RICHARD A. BROOKS / AFP)

Akira Toriyama, qui vient de mourir, était le créateur japonais de la bande dessinée Dragon Ball. C'est ce manga vendu à 300 millions d'exemplaires dans le monde qui lance la "mangamania" en France dans les années 1980-1990. Un phénomène jouissif contre lequel les "boomers", la génération plus ancienne, ont bien tenté de s'opposer, sans succès. La quête de San Goku, ce petit garçon à queue de singe, pour récolter des boules de cristal magique devient le produit d'appel de l'émission de télévision jeunesse "Le club Dorothée" à partir de 1988.

Mais les scènes de combat du manga lui valent les foudres de la députée Ségolène Royal. "Les dessins animés japonais sont exécrables, terribles", juge-t-elle à l'époque. "Je pense que beaucoup de personnes pensent comme moi et n'osent pas le dire, de peur de se ridiculiser." Un jugement en déconnexion complète avec la jeune génération qui se rue déjà sur la suite, Dragon Ball Z, en réalité tirée du même manga. Ce succès en fait, en 1993, la première BD japonaise d'ampleur éditée en France (juste après le pionnier Akira, moins grand public), suscitant là encore la perplexité sinon l'hostilité des plus âgés. Dans un reportage de l'époque, un journaliste qualifie même le manga de Toriyama de "fer de lance de l'attaque en règle contre la bande dessinée traditionnelle."

Mais le vieux monde finit par s'incliner devant l'évidence. Ce n'est même pas que la jeunesse aime ça, c'est qu'elle en a besoin, comme une soupape de décompression. "Ça a été très utile pour beaucoup de gens", estime Brigitte Lecordier, doubleuse française de San Goku, interrogée par Olivier Bénis pour France Inter. "Ce petit Goku a donné de la force à beaucoup de jeunes gens qui étaient esseulés, qui n'arrivaient pas à bien grandir dans leur milieu social et affectif."

"Ces personnages montraient que quand on se battait, quand on était solidaires, on y arrivait. J'ai rencontré beaucoup de gens qui m'ont dit : 'Je me suis sorti de la galère grâce à vos personnages.'"

Brigitte Lecordier, doubleuse française de San Goku

France Inter

Toriyama et son éditeur français Glénat ont ouvert une voie dans laquelle s'engouffrent ensuite Naruto, One Piece et tant d'autres. Certes il y a le neuvième art, 300 millions d'exemplaires vendus, mais il y a aussi un juteux marché à prendre. La maison d'éditions japonaise d'Akira Toriyama lui avait fait signer un contrat d'exclusivité à vie et Tortue Géniale, Végéta, Freezer et compagnie se sont bientôt déclinés en produits dérivés, jouets, cartes et figurines. 

Un marché qui explique aussi les multiples reprises en animés, dont une énième suite baptisée Dragon Ball Daima est annoncée pour l'automne prochain. Il y a aussi eu des films, une vingtaine de longs-métrages au Japon et Akira Toriyama n'avait pas lâché la planche à dessin. Il sortait encore régulièrement de nouveaux volumes de la série manga Dragon Ball Super. Est-ce pour cette façon d'épuiser le filon ou bien par pur snobisme, qu'il a fallu attendre 2013 avant une première récompense au festival d'Angoulême ? L'auteur, qui se disait agoraphobe et se montrait très peu en public, n'est jamais venu récupérer son trophée.

Adblock test (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Mort d'Akira Toriyama : quand la génération des "boomers" s'opposait à la diffusion de "Dragon Ball" - franceinfo"

Post a Comment

Powered by Blogger.