Elle était Anne Gauthier dans "Un homme et une femme" de Claude Lelouch, la "Lola" de Jacques Demy, Maddalena au bras de Mastroianni dans "La Dolce Vita" de Federico Fellini. C'est une comédienne élégante, discrète et fascinante qui s'est éteinte mardi.
L'actrice Anouk Aimée est morte, a annoncé sa fille sur Instagram. "Avec ma fille, Galaad, et ma petite fille, Mila, nous avons l'immense tristesse de vous annoncer le départ de ma maman Anouk Aimée. J'étais tout auprès d'elle lorsqu’elle s'est éteinte ce matin, chez elle, à Paris", a écrit Manuela Papatakis mardi 18 juin. Connue notamment pour son rôle dans Un homme et une femme de Claude Lelouch, sorti en 1966, elle est morte à l'âge de 92 ans.
Avec le décès d'Anouk Aimée, c'est une page du cinéma du XXe siècle qui vient de se fermer. De Federico Fellini à Claude Lelouch en passant par Philippe de Broca, George Cukor, Robert Altman ou encore Jacques Demy, Anouk Aimée a tourné sous la direction des plus grands réalisateurs. Et elle a été la partenaire de grands acteurs, comme Jean-Louis Trintignant, Gérard Philipe et Marcello Mastroianni.
A jamais, Anouk Aimée restera Anne Gauthier dans le film oscarisé et palmé de Claude Lelouch Un homme et une femme, sorti sur les écrans en 1966. Sur la plage de Deauville, Jean-Louis Trintignant descend de sa Ford Mustang 184. Un appel de phare, en toile de fond la musique de Francis Lai et Pierre Barouh. "Da ba da ba da, ba da ba da ba", l'ambiance est posée. Trintignant s'élance vers Anouk Aimée. Les amants s'enlacent, la caméra de Lelouch part pour des tours et des tours, et l'une des plus populaires scènes du cinéma français est née. Anouk Aimée devient une icône.
Elle éclaire le film de son élégance et de son charme. Un homme et une femme deviendra un film culte, il aura des suites plus ou moins réussies, mais les retrouvailles entre la comédienne et Trintignant dans Les Plus Belles Années d'une vie, en 2019, seront un moment de cinéma d'une grande émotion tellement le couple a marqué les esprits.
Le début du tournage à Deauville ne fut pourtant pas si simple. Comme le déclare Claude Lelouch, sur le plateau de l'émission de télévision "Vivre pour vivre", en octobre 1967, dans un éclat de rire : "Elle m'embêtait avec Fellini, Fellini par-ci, Fellini par-là". A cette époque, Anouk Aimée menait sa carrière en Italie, dans les studios romains de Cinecittà.
Dés le début des années 1960, Anouk Aimée faisait des déclarations d'amour au cinéma italien. Elle qui fut dirigée par Federico Fellini, Vittorio De Sica, Antonio Lattuada ou Dino Risi avait coutume de dire : "J'aime tourner avec les réalisateurs italiens, j'aime l'atmosphère. (…) On laisse les acteurs beaucoup plus libres."
Sous l'œil de la caméra de Federico Fellini, elle tournera deux films, et pas des moindres : La Dolce Vita (1960) et Huit et demi (1963). Elle partage l'écran avec Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale et Anita Ekberg. En 2009, elle confiait au journal Paris Match : "Grâce à Fellini, j'ai appris qu'on pouvait travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. J'ai découvert le rire, la joie de vivre et je me suis mise à aimer mon métier d'actrice."
Car le cinéma n'était pas un destin tout tracé pour Anouk Aimée, propulsée sur les plateaux des plus grands réalisateurs par une série de belles rencontres.
Retour en arrière. La scène se passe rue du Colisée à Paris, à la sortie d'un cinéma en 1945. Elle s'appelle encore Françoise Dreyfus, elle a 13 ans et est accompagnée de sa mère, Geneviève Sorya, qui fut comédienne. Un réalisateur, Henri Calef, passe par là. Il connaît sa mère et les apostrophe : "Voulez-vous faire du cinéma ? J'ai un rôle pour vous." "J'ai regardé maman et j'ai répondu oui", racontait Anouk Aimée à L'Obs, en 2014.
Sans cette coïncidence, le cinéma du XXe siècle n'aurait peut-être pas été le même. "J'étais très grande, un air de pouliche, on me donnait 16 ans", aimait-elle raconter. La jeune femme tient son premier rôle, elle sera Anouk dans La Maison sous la mer, l'histoire d'une jeune servante dans un restaurant de mineurs dans La Manche.
Un premier rôle et un prénom. Il faudra attendre Marcel Carné et Jacques Prévert pour lui trouver un nom, ce sera Aimée. "Tu ne peux t'appeler Anouk toute ta vie. Imagine-toi à 40 ans ! Anouk, ce sera ridicule", lui dit Prévert. Le duo la baptise Aimée. Il y a pire comme parrains de cinéma. La jeune Françoise a maintenant un nom d'artiste et sa carrière de comédienne est lancée.
Prévert est le scénariste de Carné pour La Fleur de l'âge en tournage à Belle-Ile-en-Mer, en 1947. Le film n'ira pas au bout, mais Anouk Aimée, en sept décennies de cinéma, tournera dans près de 90 longs métrages.
Dés 1949, avec Les Amants de Vérone d'André Cayatte, Anouk Aimée commence à tourner avec les plus prestigieux metteurs en scène de l'époque et au côté de grands noms du cinéma français.
Alors qu'elle est encore pensionnaire en Angleterre dans un collège très strict du Sussex et qu'elle n'a que 17 ans, Prévert lui écrit un scénario avec pour partenaire Serge Reggiani. Le slogan publicitaire du film disait "La première Juliette [de Romeo et Juliette] qui a vraiment 15 ans". Sous la lumière du plus grand éclairagiste de l'époque, Henri Alekan, elle est encore timide et un peu empruntée mais la comédienne précoce va poursuivre sa route.
En 1957, elle tourne avec Gérard Philipe Pot-Bouille de Julien Duvivier ; en 1958, Montparnasse 19 de Jacques Becker. Gérard Philipe est Modigliani et Anouk Aimée joue Jeanne Hébuterne, maîtresse du peintre au destin tragique. Sur le tournage, elle rencontre Yves Montand et Simone Signoret ; plus tard Prévert lui présente Picasso et Genet. Un bottin talentueux des artistes du moment.
Avec Un homme et une femme, l'autre apparition culte d'Anouk Aimée est la Lola de Jacques Demy dans le film éponyme. Lola, c'est Cécile, une grande fille brune, danseuse et chanteuse travaillant comme entraîneuse à L'Eldorado, un cabaret de Nantes, ville fétiche de Jacques Demy.
En 2012, la comédienne confiait au magazine Trois Couleurs au sujet de son rôle et de sa relation avec le réalisateur : "Demy s'est inspiré de ma tendance à passer du coq à l'âne : oh, il fait chaud, oh, j'ai mal à la tête, oh, j'ai envie d’une cigarette."
Anouk Aimée se résume élégamment dans cette citation : c'était le charme, le mystère et une fausse légèreté ; le talent, la discrétion et l'air d'être toujours un peu ailleurs. Tout en imprimant pourtant sur les écrans des salles obscures des personnages entrés dans le patrimoine du cinéma.
Elle était Anne Gauthier dans "Un homme et une femme" de Claude Lelouch, la "Lola" de Jacques Demy, Maddalena au bras de Mastroianni dans "La Dolce Vita" de Federico Fellini. C'est une comédienne élégante, discrète et fascinante qui s'est éteinte mardi.
L'actrice Anouk Aimée est morte, a annoncé sa fille sur Instagram. "Avec ma fille, Galaad, et ma petite fille, Mila, nous avons l'immense tristesse de vous annoncer le départ de ma maman Anouk Aimée. J'étais tout auprès d'elle lorsqu’elle s'est éteinte ce matin, chez elle, à Paris", a écrit Manuela Papatakis mardi 18 juin. Connue notamment pour son rôle dans Un homme et une femme de Claude Lelouch, sorti en 1966, elle est morte à l'âge de 92 ans.
Avec le décès d'Anouk Aimée, c'est une page du cinéma du XXe siècle qui vient de se fermer. De Federico Fellini à Claude Lelouch en passant par Philippe de Broca, George Cukor, Robert Altman ou encore Jacques Demy, Anouk Aimée a tourné sous la direction des plus grands réalisateurs. Et elle a été la partenaire de grands acteurs, comme Jean-Louis Trintignant, Gérard Philipe et Marcello Mastroianni.
A jamais, Anouk Aimée restera Anne Gauthier dans le film oscarisé et palmé de Claude Lelouch Un homme et une femme, sorti sur les écrans en 1966. Sur la plage de Deauville, Jean-Louis Trintignant descend de sa Ford Mustang 184. Un appel de phare, en toile de fond la musique de Francis Lai et Pierre Barouh. "Da ba da ba da, ba da ba da ba", l'ambiance est posée. Trintignant s'élance vers Anouk Aimée. Les amants s'enlacent, la caméra de Lelouch part pour des tours et des tours, et l'une des plus populaires scènes du cinéma français est née. Anouk Aimée devient une icône.
Elle éclaire le film de son élégance et de son charme. Un homme et une femme deviendra un film culte, il aura des suites plus ou moins réussies, mais les retrouvailles entre la comédienne et Trintignant dans Les Plus Belles Années d'une vie, en 2019, seront un moment de cinéma d'une grande émotion tellement le couple a marqué les esprits.
Le début du tournage à Deauville ne fut pourtant pas si simple. Comme le déclare Claude Lelouch, sur le plateau de l'émission de télévision "Vivre pour vivre", en octobre 1967, dans un éclat de rire : "Elle m'embêtait avec Fellini, Fellini par-ci, Fellini par-là". A cette époque, Anouk Aimée menait sa carrière en Italie, dans les studios romains de Cinecittà.
Dés le début des années 1960, Anouk Aimée faisait des déclarations d'amour au cinéma italien. Elle qui fut dirigée par Federico Fellini, Vittorio De Sica, Antonio Lattuada ou Dino Risi avait coutume de dire : "J'aime tourner avec les réalisateurs italiens, j'aime l'atmosphère. (…) On laisse les acteurs beaucoup plus libres."
Sous l'œil de la caméra de Federico Fellini, elle tournera deux films, et pas des moindres : La Dolce Vita (1960) et Huit et demi (1963). Elle partage l'écran avec Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale et Anita Ekberg. En 2009, elle confiait au journal Paris Match : "Grâce à Fellini, j'ai appris qu'on pouvait travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. J'ai découvert le rire, la joie de vivre et je me suis mise à aimer mon métier d'actrice."
Car le cinéma n'était pas un destin tout tracé pour Anouk Aimée, propulsée sur les plateaux des plus grands réalisateurs par une série de belles rencontres.
Retour en arrière. La scène se passe rue du Colisée à Paris, à la sortie d'un cinéma en 1945. Elle s'appelle encore Françoise Dreyfus, elle a 13 ans et est accompagnée de sa mère, Geneviève Sorya, qui fut comédienne. Un réalisateur, Henri Calef, passe par là. Il connaît sa mère et les apostrophe : "Voulez-vous faire du cinéma ? J'ai un rôle pour vous." "J'ai regardé maman et j'ai répondu oui", racontait Anouk Aimée à L'Obs, en 2014.
Sans cette coïncidence, le cinéma du XXe siècle n'aurait peut-être pas été le même. "J'étais très grande, un air de pouliche, on me donnait 16 ans", aimait-elle raconter. La jeune femme tient son premier rôle, elle sera Anouk dans La Maison sous la mer, l'histoire d'une jeune servante dans un restaurant de mineurs dans La Manche.
Un premier rôle et un prénom. Il faudra attendre Marcel Carné et Jacques Prévert pour lui trouver un nom, ce sera Aimée. "Tu ne peux t'appeler Anouk toute ta vie. Imagine-toi à 40 ans ! Anouk, ce sera ridicule", lui dit Prévert. Le duo la baptise Aimée. Il y a pire comme parrains de cinéma. La jeune Françoise a maintenant un nom d'artiste et sa carrière de comédienne est lancée.
Prévert est le scénariste de Carné pour La Fleur de l'âge en tournage à Belle-Ile-en-Mer, en 1947. Le film n'ira pas au bout, mais Anouk Aimée, en sept décennies de cinéma, tournera dans près de 90 longs métrages.
Dés 1949, avec Les Amants de Vérone d'André Cayatte, Anouk Aimée commence à tourner avec les plus prestigieux metteurs en scène de l'époque et au côté de grands noms du cinéma français.
Alors qu'elle est encore pensionnaire en Angleterre dans un collège très strict du Sussex et qu'elle n'a que 17 ans, Prévert lui écrit un scénario avec pour partenaire Serge Reggiani. Le slogan publicitaire du film disait "La première Juliette [de Romeo et Juliette] qui a vraiment 15 ans". Sous la lumière du plus grand éclairagiste de l'époque, Henri Alekan, elle est encore timide et un peu empruntée mais la comédienne précoce va poursuivre sa route.
En 1957, elle tourne avec Gérard Philipe Pot-Bouille de Julien Duvivier ; en 1958, Montparnasse 19 de Jacques Becker. Gérard Philipe est Modigliani et Anouk Aimée joue Jeanne Hébuterne, maîtresse du peintre au destin tragique. Sur le tournage, elle rencontre Yves Montand et Simone Signoret ; plus tard Prévert lui présente Picasso et Genet. Un bottin talentueux des artistes du moment.
Avec Un homme et une femme, l'autre apparition culte d'Anouk Aimée est la Lola de Jacques Demy dans le film éponyme. Lola, c'est Cécile, une grande fille brune, danseuse et chanteuse travaillant comme entraîneuse à L'Eldorado, un cabaret de Nantes, ville fétiche de Jacques Demy.
En 2012, la comédienne confiait au magazine Trois Couleurs au sujet de son rôle et de sa relation avec le réalisateur : "Demy s'est inspiré de ma tendance à passer du coq à l'âne : oh, il fait chaud, oh, j'ai mal à la tête, oh, j'ai envie d’une cigarette."
Anouk Aimée se résume élégamment dans cette citation : c'était le charme, le mystère et une fausse légèreté ; le talent, la discrétion et l'air d'être toujours un peu ailleurs. Tout en imprimant pourtant sur les écrans des salles obscures des personnages entrés dans le patrimoine du cinéma.
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