
Dans ses propos, Kirill Serebrennikov se gardait bien de critiquer ouvertement le Kremlin. Mais, sur scène, il provoquait et dénonçait le pouvoir. Il risque de payer cher ses audaces. Arrêté en plein tournage, le cinéaste et homme de théâtre a été inculpé mardi pour « fraude à grande échelle ». Lors de sa garde à vue, il a réfuté les charges contre lui : le détournement présumé de près d'un million d'euros de fonds publics pour un projet théâtral qui, selon les enquêteurs, n'a pas vu le jour mais qui, dans les faits, s'est étendu sur trois ans avec plus de cent représentations. « Une situation absurde et schizophrénique », ironisait déjà Serebrennikov après les perquisitions musclées en mai à son domicile et dans son théâtre, le Gogol centre.
Censure
Le début de l'offensive judiciaire contre ce trublion de la culture moscovite, invité sur de nombreuses scènes en Russie et ailleurs en Europe, avait suscité une première vague d'indignation. Le réalisateur Pavel Bardine et l'écrivaine Lioudmila Oulitskaïa ont dénoncé « un acte d'intimidation ». Même des figures proches du Kremlin ont exprimé leurs inquiétudes et, selon la presse, plaidé au plus haut niveau. Parmi eux : le directeur du Bolchoï Vladimir Ourine. C'est sur la scène du plus célèbre théâtre russe qu'en juillet, l'offensive des autorités contre Kirill Serebrennikov a pris un dangereux virage vers la censure. Fait inédit, son spectacle dédié à Rudolf Noureev a été annulé juste avant la première : des scènes de nu évoquant l'homosexualité du légendaire danseur étoile et chorégraphe auraient provoqué l'ire de l'église orthodoxe et des autorités, soucieuses de faire respecter leur loi contre la propagande des valeurs sexuelles non traditionnelles.
Menacé de dix ans de prison pour les faits qui lui sont officiellement reprochés, Kirill Serebrennikov est aujourd'hui à nouveau soutenu par la communauté culturelle. « C'est évidemment une arrestation politique », a dénoncé Olivier Py, directeur du Festival d'Avignon, louant « l'un des plus grands metteurs en scène russes actuels ». A sept mois de la présidentielle, l'affaire prend aussi une dimension politique. « Un signal parmi d'autres envoyé aux artistes : ne pensez même pas à soutenir l'opposition clairement ou par allusions », a prévenu Alexeï Navalny, leader de l'opposition. En mai, dans le final d'une de ses dernières mises en scène, version caustique de la pièce « Du malheur d'avoir de l'esprit » d'Alexandre Griboïedov, Kirill Serebrennikov faisait l'éloge d'un mot : liberté.
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Dans ses propos, Kirill Serebrennikov se gardait bien de critiquer ouvertement le Kremlin. Mais, sur scène, il provoquait et dénonçait le pouvoir. Il risque de payer cher ses audaces. Arrêté en plein tournage, le cinéaste et homme de théâtre a été inculpé mardi pour « fraude à grande échelle ». Lors de sa garde à vue, il a réfuté les charges contre lui : le détournement présumé de près d'un million d'euros de fonds publics pour un projet théâtral qui, selon les enquêteurs, n'a pas vu le jour mais qui, dans les faits, s'est étendu sur trois ans avec plus de cent représentations. « Une situation absurde et schizophrénique », ironisait déjà Serebrennikov après les perquisitions musclées en mai à son domicile et dans son théâtre, le Gogol centre.
Censure
Le début de l'offensive judiciaire contre ce trublion de la culture moscovite, invité sur de nombreuses scènes en Russie et ailleurs en Europe, avait suscité une première vague d'indignation. Le réalisateur Pavel Bardine et l'écrivaine Lioudmila Oulitskaïa ont dénoncé « un acte d'intimidation ». Même des figures proches du Kremlin ont exprimé leurs inquiétudes et, selon la presse, plaidé au plus haut niveau. Parmi eux : le directeur du Bolchoï Vladimir Ourine. C'est sur la scène du plus célèbre théâtre russe qu'en juillet, l'offensive des autorités contre Kirill Serebrennikov a pris un dangereux virage vers la censure. Fait inédit, son spectacle dédié à Rudolf Noureev a été annulé juste avant la première : des scènes de nu évoquant l'homosexualité du légendaire danseur étoile et chorégraphe auraient provoqué l'ire de l'église orthodoxe et des autorités, soucieuses de faire respecter leur loi contre la propagande des valeurs sexuelles non traditionnelles.
Menacé de dix ans de prison pour les faits qui lui sont officiellement reprochés, Kirill Serebrennikov est aujourd'hui à nouveau soutenu par la communauté culturelle. « C'est évidemment une arrestation politique », a dénoncé Olivier Py, directeur du Festival d'Avignon, louant « l'un des plus grands metteurs en scène russes actuels ». A sept mois de la présidentielle, l'affaire prend aussi une dimension politique. « Un signal parmi d'autres envoyé aux artistes : ne pensez même pas à soutenir l'opposition clairement ou par allusions », a prévenu Alexeï Navalny, leader de l'opposition. En mai, dans le final d'une de ses dernières mises en scène, version caustique de la pièce « Du malheur d'avoir de l'esprit » d'Alexandre Griboïedov, Kirill Serebrennikov faisait l'éloge d'un mot : liberté.
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