La forme en surprendra beaucoup. Barbara de, et avec, Mathieu Amalric s'éloigne considérablement d'un biopic classique. Les spectateurs qui espèrent voir un film semblable à La Môme où Marion Cotillard incarnait Edith Piaf se sentiront perdus.
Barbara n'est pas le récit d'une vie. On ne croise pas trois actrices, trois Barbara, chacune incarnant l'enfance, l'adolescence et enfin la maturité. Dans ce film, pas de construction chronologique des événements. Nul n'assistera à la naissance du personnage. Pas de genèse. On ne verra pas les déménagements de la famille de Jacques Serf, son père, juif alsacien et de sa mère Esther Brodsky. Rien de l'Occupation et des subterfuges pour échapper à la traque nazie.
Mathieu Amalric ne montrera pas non plus l'inceste du père sur la jeune Barbara. Une relation que la chanteuse évoquera avec pudeur plus tard. Beaucoup d'analyses feront le lien entre les paroles mystérieuse de L'Aigle noir et ce traumatisme. D'autres y verront une allusion à l'aigle du IIIème Reich. Pas de premières notes, pas de premier piano, pas de découverte de la célébrité... Barbara évite les figures imposées et le modèle du genre.
Le film dans le film
Barbara se construit comme une mise en abîme. On y suit l'histoire de Yves Zand (Mathieu Amalric), un réalisateur profondément amoureux de la chanteuse et qui est l'élu : il va pouvoir réaliser un biopic sur son idole. Brigitte (Jeanne Balibar), une actrice de grande renommée revenue de sa carrière aux États-Unis sera sa Barbara, la ressemblance entre les femmes est frappante.
Le réalisateur et l'actrice jouent leurs propres rôles et le film propose de découvrir Barbara par petites touches. Le biopic se rapproche en cela du pointillisme, ces peintures composées de petites touches de couleurs et dont la forme, le sujet, n'apparaissent que si l'on fait quelques pas en arrière pour contempler la toile dans son ensemble.
En sortant de la projection, les spectateurs auront une idée de l'âme de Barbara, de sa vie, de ses émotions. Le scénario de Philippe Di Folco et Mathieu Amalric distille avec ingéniosité les éléments biographiques. Le passé sous l'Occupation sera évoqué alors que Barbara (la vraie en images d'archives) et Brigitte/Jeanne Balibar discutent d'une même voix avant un concert à Châteauroux. L'origine des parents de Barbara et sa propre date de naissance - éléments qui appartiennent aux introductions des biopics - sont révélés à la quasi fin du film.
Le mélange entre l'archive, la fabrique du biopic et le film fini est permanent. On ne sait pas si l'on voit une chanteuse, une actrice ou un personnage et cette confusion façonne l'enchantement de tout bon biopic. L'illusion est parfaite et elle ne repose pas que sur la ressemblance physique ou de maquillage.
Amalric, invocateur et exorciste
Brigitte/Jeanne Balibar travaille dans son appartement. Elle veut ressembler au maximum à Barbara. Elle analyse ses moindres mouvements, la danse de ses doigts projetée sur un mur. Son visage se confond avec celui de la chanteuse. Le prestige est au cœur du film, mais le magicien Amalric nous montre quelques ficelles.
La voix reste souvent l'un des rares éléments qui permet de comprendre l'époque et à qui le spectateur à affaire. L'une soprano, l’autre mezzo... et pourtant lorsque Jeanne Balibar chante Nantes dans un immense hangar tel une cathédrale, notre cerveau ne peut pas saisir la différence. La force des paroles, l'émission, la mélodie, le phrasé, la gestuelle, Tout y est. Et Barbara possède Jeanne Balibar le temps d'une chanson. et Amalric, séduit, l'exorcise avant de l'invoquer dans une prochaine scène.
Barbara est un esprit sauvage, lourd à porter. Il ne faudrait que les cœurs de la chanteuse et de la comédienne ne restent greffés trop longtemps l'un à l'autre. Barbara le montre dans deux scènes. La première dans une voiture où, après une petite crise, la chanteuse s'effondre en lançant : "Je suis fatiguée". Son chauffeur répliquera : "Nous aussi", provoquant les rires de la petite équipée Barbara inclue. L'autre, plus violente, se passe dans sa loge. Barbara perdra ses nerfs pour une broutilles concernant son habit de scène. Ses calmants voleront dans toute la pièce avant un discours incohérent inquiétant.
Barbara est une cyclothymique et Mathieu Amalric semble vouloir protéger Jeanne Balibar d'une exposition prolongée au fantôme de la Dame en noir.
Il sait d'ailleurs se faire discret tout en étant parfaitement nécessaire. Dans son rôle de réalisateur, Mathieu Amalric/Yves Zand apparaît, transi, concentré, amoureux. Mais dès qu'on le voit trop et que l'on commence à se dire qu'il se regarde peut-être un peu trop le nombril, il se fait joliment recadrer par Brigitte/Jeanne Balibar : "C'est un film sur vous ou sur Barbara ?", lâche-t-elle après une première demie-heure. astucieuse façon de couper l'herbe sous le pied des critiques.
La force de Barbara est dans l'impression que le film donne. Sa vie n'est pas disséquée, son intimité est préservée et le mystère demeure. Ce sont les chansons et l'aura de la chanteuse mythique sont au premier plan. Tant mieux.
La forme en surprendra beaucoup. Barbara de, et avec, Mathieu Amalric s'éloigne considérablement d'un biopic classique. Les spectateurs qui espèrent voir un film semblable à La Môme où Marion Cotillard incarnait Edith Piaf se sentiront perdus.
Barbara n'est pas le récit d'une vie. On ne croise pas trois actrices, trois Barbara, chacune incarnant l'enfance, l'adolescence et enfin la maturité. Dans ce film, pas de construction chronologique des événements. Nul n'assistera à la naissance du personnage. Pas de genèse. On ne verra pas les déménagements de la famille de Jacques Serf, son père, juif alsacien et de sa mère Esther Brodsky. Rien de l'Occupation et des subterfuges pour échapper à la traque nazie.
Mathieu Amalric ne montrera pas non plus l'inceste du père sur la jeune Barbara. Une relation que la chanteuse évoquera avec pudeur plus tard. Beaucoup d'analyses feront le lien entre les paroles mystérieuse de L'Aigle noir et ce traumatisme. D'autres y verront une allusion à l'aigle du IIIème Reich. Pas de premières notes, pas de premier piano, pas de découverte de la célébrité... Barbara évite les figures imposées et le modèle du genre.
Le film dans le film
Barbara se construit comme une mise en abîme. On y suit l'histoire de Yves Zand (Mathieu Amalric), un réalisateur profondément amoureux de la chanteuse et qui est l'élu : il va pouvoir réaliser un biopic sur son idole. Brigitte (Jeanne Balibar), une actrice de grande renommée revenue de sa carrière aux États-Unis sera sa Barbara, la ressemblance entre les femmes est frappante.
Le réalisateur et l'actrice jouent leurs propres rôles et le film propose de découvrir Barbara par petites touches. Le biopic se rapproche en cela du pointillisme, ces peintures composées de petites touches de couleurs et dont la forme, le sujet, n'apparaissent que si l'on fait quelques pas en arrière pour contempler la toile dans son ensemble.
En sortant de la projection, les spectateurs auront une idée de l'âme de Barbara, de sa vie, de ses émotions. Le scénario de Philippe Di Folco et Mathieu Amalric distille avec ingéniosité les éléments biographiques. Le passé sous l'Occupation sera évoqué alors que Barbara (la vraie en images d'archives) et Brigitte/Jeanne Balibar discutent d'une même voix avant un concert à Châteauroux. L'origine des parents de Barbara et sa propre date de naissance - éléments qui appartiennent aux introductions des biopics - sont révélés à la quasi fin du film.
Le mélange entre l'archive, la fabrique du biopic et le film fini est permanent. On ne sait pas si l'on voit une chanteuse, une actrice ou un personnage et cette confusion façonne l'enchantement de tout bon biopic. L'illusion est parfaite et elle ne repose pas que sur la ressemblance physique ou de maquillage.
Amalric, invocateur et exorciste
Brigitte/Jeanne Balibar travaille dans son appartement. Elle veut ressembler au maximum à Barbara. Elle analyse ses moindres mouvements, la danse de ses doigts projetée sur un mur. Son visage se confond avec celui de la chanteuse. Le prestige est au cœur du film, mais le magicien Amalric nous montre quelques ficelles.
La voix reste souvent l'un des rares éléments qui permet de comprendre l'époque et à qui le spectateur à affaire. L'une soprano, l’autre mezzo... et pourtant lorsque Jeanne Balibar chante Nantes dans un immense hangar tel une cathédrale, notre cerveau ne peut pas saisir la différence. La force des paroles, l'émission, la mélodie, le phrasé, la gestuelle, Tout y est. Et Barbara possède Jeanne Balibar le temps d'une chanson. et Amalric, séduit, l'exorcise avant de l'invoquer dans une prochaine scène.
Barbara est un esprit sauvage, lourd à porter. Il ne faudrait que les cœurs de la chanteuse et de la comédienne ne restent greffés trop longtemps l'un à l'autre. Barbara le montre dans deux scènes. La première dans une voiture où, après une petite crise, la chanteuse s'effondre en lançant : "Je suis fatiguée". Son chauffeur répliquera : "Nous aussi", provoquant les rires de la petite équipée Barbara inclue. L'autre, plus violente, se passe dans sa loge. Barbara perdra ses nerfs pour une broutilles concernant son habit de scène. Ses calmants voleront dans toute la pièce avant un discours incohérent inquiétant.
Barbara est une cyclothymique et Mathieu Amalric semble vouloir protéger Jeanne Balibar d'une exposition prolongée au fantôme de la Dame en noir.
Il sait d'ailleurs se faire discret tout en étant parfaitement nécessaire. Dans son rôle de réalisateur, Mathieu Amalric/Yves Zand apparaît, transi, concentré, amoureux. Mais dès qu'on le voit trop et que l'on commence à se dire qu'il se regarde peut-être un peu trop le nombril, il se fait joliment recadrer par Brigitte/Jeanne Balibar : "C'est un film sur vous ou sur Barbara ?", lâche-t-elle après une première demie-heure. astucieuse façon de couper l'herbe sous le pied des critiques.
La force de Barbara est dans l'impression que le film donne. Sa vie n'est pas disséquée, son intimité est préservée et le mystère demeure. Ce sont les chansons et l'aura de la chanteuse mythique sont au premier plan. Tant mieux.
Bagikan Berita Ini
0 Response to ""Barbara" : le kaléidoscope émotionnel de Mathieu Amalric et Jeanne Balibar"
Post a Comment