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Le scandale d'«Intervilles» ou Chiabodo Gate en cinq actes

Olivier Chiabodo, Fabrice, Nathalie Simon, Jean-Pierre Foucault dans l'emission « Intervilles » sur TF1 dans les années 1990.

Olivier Chiabodo, Fabrice, Nathalie Simon, Jean-Pierre Foucault dans l'emission « Intervilles » sur TF1 dans les années 1990. — CHOGNARD/TF1/SIPA

Une tricherie qui a marqué les enfants de la télé. Vingt ans après le début de l’affaire, l’ex-animateur d’Intervilles, Olivier Chiabodo, porte plainte contre TF1 et son ancien producteur pour « harcèlement moral » auprès du TGI de Nanterre, indique Le Parisien ce lundi. Retour sur un des plus gros scandales de l’histoire de la télé.

« Intervilles », une institution française

Deux villes françaises s’affrontent au travers d'une série d’épreuves physiques et de jeux d’adresse dans une arène avec des vachettes, des piscines et des toboggans.

Lorsque Guy Lux et Claude Savarit lancent Intervilles en 1962, le pays s’enflamme immédiatement pour ce divertissement populaire, faisant appel à l’esprit de corps de chaque habitant, investi de défendre sa ville contre «l’ennemi». L’émission devient vite le programme phare de l’été et est diffusée pendant plus de cinquante ans, malgré plusieurs interruptions.

Après quatre ans d’absence, Intervilles revient sur TF1 en juillet 1995. Jean-Pierre Foucault, l’animateur star de la une à l’époque défend la ville d’accueil, Fabrice défend la ville invitée, Nathalie Simon teste les jeux et Olivier Chiabodo les arbitre. Aux manettes, le réalisateur Gilles Amado, aux commandes, Glem, la société de production de Gérard Louvin.

Le succès est immédiat et l’émission bat des records d’audience. Le premier affrontement est suivi par plus de 9 millions de téléspectateurs ! Intervilles est devenue une institution française. Les villes organisatrices de ces joutes se battent pour être retenues par la chaîne du groupe Bouygues. Les spectateurs payent 65 francs leur ticket d’entrée.

Trois doigts qui font débat

Et patatras ! En 1997, le Canard enchaîné publie un article et des photos qui accusent Olivier Chiabodo d’avoir favorisé l’équipe du Puy du Fou face à l’équipe du Pays d’Ancenis dans l’émission du 2 juillet 1997. Les photos montrent l’animateur tenir sa main proche de son corps avec trois doigts dépliés, suggérant qu’il aurait fait un signe de la main pour donner la réponse à une question posée lors d’un quiz. Le scandale éclate et fait la une des journaux.

Le quotidien Libération enfonce le clou et publie un article affirmant que l’animateur a déjà triché en faveur du Puy du Fou lors de la finale du 6 septembre 1996  qui opposait Pont-Saint-Esprit à la ville de Philippe de Villiers. L’affaire connaît un retentissement proportionnel à la popularité de l’émission.

Le vice-président de TF1 de l’époque, Étienne Mougeotte, déclare alors au Nouvel Observateur « avoir visionné […] plusieurs cassettes des émissions d’Intervilles où il apparaît que cela [le geste de la main] s’est produit plusieurs fois. »

Olivier Chiabodo est viré de TF1

L’animateur est licencié par la chaîne pour faute grave. Son jeu, Touché, gagné !, lancé à la rentrée 1997, est arrêté et confié au présentateur Alexandre Delpérier. La chaîne porte également plainte contre X. Le conseil des prud’hommes revient sur le motif du licenciement et lui accorde d’importantes indemnités.

De son côté, Olivier Chiabodo attaque en diffamation le Canard Enchaîné et demande un Franc symbolique de dommages et intérêts. L’hebdomadaire satirique fait appel et publie un article titré « Pas même un Franc par doigt ». L’animateur est disculpé par la justice.

Un accord de confidentialité avec TF1

TF1 se protège d’un grand déballage et signe avec Olivier Chiabodo un accord de confidentialité. « Avant l’audience d’appel des prud’hommes, Étienne Mougeotte m’a convoqué pour signer un protocole d’accord. Toutes les parties devaient se taire et ne plus jamais évoquer l’affaire. Chacun de nos avocats, Louis Bousquet pour TF1, Jean Enocchi de mon côté, avait relu chacun des alinéas. Enfin, le représentant de la chaîne, Louvin et moi-même paraphions l’accord », raconte Olivier Chiabodo au Point.

L’animateur se lance alors dans la réalisation de documentaires pour la 5. En 2006, il est curieusement réembauché au siège du groupe.

La situation se dégrade et, en 2008, Olivier Chiabodo est détaché auprès d’un fonds de dotation, une mise au placard qui durera jusqu’en janvier 2017 où il est à nouveau licencié par la chaîne. L’affaire est à nouveau devant les prud’hommes.

Olivier Chiabodo accuse TF1 d’avoir acheté son silence

« Il ne dépose pas plainte parce qu’il est licencié de la Une depuis cette année. Ce n’est pas une vengeance, c’est une conséquence de tout ce qu’il a vécu depuis 1997. S’il n’a pas parlé durant vingt ans, c’est parce qu’il devait protéger sa famille. Jusqu’à présent, il a rencontré l’opprobre des téléspectateurs. Cette fois, il va rencontrer la justice qui est plus rationnelle », défend son avocat Yassine Maharsi dans les colonnes du Point.

Olivier Chiabodo accuse aujourd’hui TF1 d’avoir acheté son silence, selon les informations du Parisien. Il affirme qu’il n’était que l’exécuteur des ordres donnés par son producteur, Gérard Louvin, qui avait d’ailleurs déclaré dans le livre Le Jackpot des jeux télé de François Viot, paru en 2009, « On trichait tout le temps sur Intervilles ».

Olivier Chiabado fait également état de menaces de morts, proférées par son ancien producteur. « J’ai déposé plusieurs mains courantes – il nous montre les copies – pour menaces de mort. Il savait que je venais à scooter. Un jour, il m’a lancé : Fais attention, les camions roulent vite dans Paris. », confie-t-il à nos confrères du Point.

Des accusations jugées « ridicules » par Gérard Louvin, qui déclare au Parisien « ne pas savoir de quoi on parle ». Contacté par le Parisien, TF1 n’a pas souhaité faire de commentaire, disant « ignorer tout de cette plainte et étant dans une procédure de contentieux avec l’intéressé ». Suite au prochain épisode !

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Olivier Chiabodo, Fabrice, Nathalie Simon, Jean-Pierre Foucault dans l'emission « Intervilles » sur TF1 dans les années 1990.

Olivier Chiabodo, Fabrice, Nathalie Simon, Jean-Pierre Foucault dans l'emission « Intervilles » sur TF1 dans les années 1990. — CHOGNARD/TF1/SIPA

Une tricherie qui a marqué les enfants de la télé. Vingt ans après le début de l’affaire, l’ex-animateur d’Intervilles, Olivier Chiabodo, porte plainte contre TF1 et son ancien producteur pour « harcèlement moral » auprès du TGI de Nanterre, indique Le Parisien ce lundi. Retour sur un des plus gros scandales de l’histoire de la télé.

« Intervilles », une institution française

Deux villes françaises s’affrontent au travers d'une série d’épreuves physiques et de jeux d’adresse dans une arène avec des vachettes, des piscines et des toboggans.

Lorsque Guy Lux et Claude Savarit lancent Intervilles en 1962, le pays s’enflamme immédiatement pour ce divertissement populaire, faisant appel à l’esprit de corps de chaque habitant, investi de défendre sa ville contre «l’ennemi». L’émission devient vite le programme phare de l’été et est diffusée pendant plus de cinquante ans, malgré plusieurs interruptions.

Après quatre ans d’absence, Intervilles revient sur TF1 en juillet 1995. Jean-Pierre Foucault, l’animateur star de la une à l’époque défend la ville d’accueil, Fabrice défend la ville invitée, Nathalie Simon teste les jeux et Olivier Chiabodo les arbitre. Aux manettes, le réalisateur Gilles Amado, aux commandes, Glem, la société de production de Gérard Louvin.

Le succès est immédiat et l’émission bat des records d’audience. Le premier affrontement est suivi par plus de 9 millions de téléspectateurs ! Intervilles est devenue une institution française. Les villes organisatrices de ces joutes se battent pour être retenues par la chaîne du groupe Bouygues. Les spectateurs payent 65 francs leur ticket d’entrée.

Trois doigts qui font débat

Et patatras ! En 1997, le Canard enchaîné publie un article et des photos qui accusent Olivier Chiabodo d’avoir favorisé l’équipe du Puy du Fou face à l’équipe du Pays d’Ancenis dans l’émission du 2 juillet 1997. Les photos montrent l’animateur tenir sa main proche de son corps avec trois doigts dépliés, suggérant qu’il aurait fait un signe de la main pour donner la réponse à une question posée lors d’un quiz. Le scandale éclate et fait la une des journaux.

Le quotidien Libération enfonce le clou et publie un article affirmant que l’animateur a déjà triché en faveur du Puy du Fou lors de la finale du 6 septembre 1996  qui opposait Pont-Saint-Esprit à la ville de Philippe de Villiers. L’affaire connaît un retentissement proportionnel à la popularité de l’émission.

Le vice-président de TF1 de l’époque, Étienne Mougeotte, déclare alors au Nouvel Observateur « avoir visionné […] plusieurs cassettes des émissions d’Intervilles où il apparaît que cela [le geste de la main] s’est produit plusieurs fois. »

Olivier Chiabodo est viré de TF1

L’animateur est licencié par la chaîne pour faute grave. Son jeu, Touché, gagné !, lancé à la rentrée 1997, est arrêté et confié au présentateur Alexandre Delpérier. La chaîne porte également plainte contre X. Le conseil des prud’hommes revient sur le motif du licenciement et lui accorde d’importantes indemnités.

De son côté, Olivier Chiabodo attaque en diffamation le Canard Enchaîné et demande un Franc symbolique de dommages et intérêts. L’hebdomadaire satirique fait appel et publie un article titré « Pas même un Franc par doigt ». L’animateur est disculpé par la justice.

Un accord de confidentialité avec TF1

TF1 se protège d’un grand déballage et signe avec Olivier Chiabodo un accord de confidentialité. « Avant l’audience d’appel des prud’hommes, Étienne Mougeotte m’a convoqué pour signer un protocole d’accord. Toutes les parties devaient se taire et ne plus jamais évoquer l’affaire. Chacun de nos avocats, Louis Bousquet pour TF1, Jean Enocchi de mon côté, avait relu chacun des alinéas. Enfin, le représentant de la chaîne, Louvin et moi-même paraphions l’accord », raconte Olivier Chiabodo au Point.

L’animateur se lance alors dans la réalisation de documentaires pour la 5. En 2006, il est curieusement réembauché au siège du groupe.

La situation se dégrade et, en 2008, Olivier Chiabodo est détaché auprès d’un fonds de dotation, une mise au placard qui durera jusqu’en janvier 2017 où il est à nouveau licencié par la chaîne. L’affaire est à nouveau devant les prud’hommes.

Olivier Chiabodo accuse TF1 d’avoir acheté son silence

« Il ne dépose pas plainte parce qu’il est licencié de la Une depuis cette année. Ce n’est pas une vengeance, c’est une conséquence de tout ce qu’il a vécu depuis 1997. S’il n’a pas parlé durant vingt ans, c’est parce qu’il devait protéger sa famille. Jusqu’à présent, il a rencontré l’opprobre des téléspectateurs. Cette fois, il va rencontrer la justice qui est plus rationnelle », défend son avocat Yassine Maharsi dans les colonnes du Point.

Olivier Chiabodo accuse aujourd’hui TF1 d’avoir acheté son silence, selon les informations du Parisien. Il affirme qu’il n’était que l’exécuteur des ordres donnés par son producteur, Gérard Louvin, qui avait d’ailleurs déclaré dans le livre Le Jackpot des jeux télé de François Viot, paru en 2009, « On trichait tout le temps sur Intervilles ».

Olivier Chiabado fait également état de menaces de morts, proférées par son ancien producteur. « J’ai déposé plusieurs mains courantes – il nous montre les copies – pour menaces de mort. Il savait que je venais à scooter. Un jour, il m’a lancé : Fais attention, les camions roulent vite dans Paris. », confie-t-il à nos confrères du Point.

Des accusations jugées « ridicules » par Gérard Louvin, qui déclare au Parisien « ne pas savoir de quoi on parle ». Contacté par le Parisien, TF1 n’a pas souhaité faire de commentaire, disant « ignorer tout de cette plainte et étant dans une procédure de contentieux avec l’intéressé ». Suite au prochain épisode !

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