Hugh Hefner au Playboy Mansion en 2013. — GETTY/AFP
De notre correspondant en Californie,
Que retenir de Hugh Hefner, décédé ce mercredi ? Qu’il a objectifié les femmes toute sa vie dans Playboy et vécu entouré de bunnies en corsets aussi interchangeables que ses robes de chambre ? Ou qu’il a mené la révolution sexuelle de l’après-guerre et participé au combat pour l’émancipation des femmes ? « Les deux », répond Carrie Pitzulo, professeure d’histoire, auteure de l’essai « The Sexual politics of Playboy ».
Selon Pitzulo, Hugh Hefner, qui a fondé le célèbre magazine en 1953, « s’est engagé politiquement dans les années 60 et a soutenu des combats féministes comme la légalisation de l’avortement, l’accès à la pilule et un amendement pour l’égalité homme-femme. » Playboy a pris parti pour le droit à l’avortement dès 1965, huit ans avant la décision de justice Roe v. Wade. En 1973, Ruth Bader Ginsburg – qui à la Cour suprême, est ensuite devenue la championne des droits des femmes – écrit même une lettre pour remercier la fondation Playboy pour ses donations aux centres d’aide pour les victimes de viol.
L’intellectuelle américaine Camille Paglia, qui dénonce souvent « la rhétorique anti-masculine du féminisme moderne », a également qualifié Hefner « d’un des principaux architectes de la révolution sociale » qui a secoué l’Amérique puritaine dans les années 60. « Il a défié la culture dominante de l’époque avec son fameux ''Good girls like sex too'' (''Les filles sages aiment aussi le sexe''), estime Carrie Pitzulo.
« L’ennemi ultime des femmes »
Tout le monde ne partage pas ce point de vue. « Hugh Hefner était l’ennemi ultime des femmes. Affirmer qu’il a été un libérateur sexuel revient à suggérer que Roman Polanski a contribué à la protection des enfants », attaque l’auteur britannique Julie Bindel.
Les critiques ne datent pas d’aujourd’hui. En 1963, la journaliste Gloria Seinem infiltre un Playboy Club de Manhattan et raconte son expérience dans l’article A Bunny’s Tale. Perchée sur des talons de 8 cm, avec des corsets « deux tailles trop petits », elle doit d’abord se soumettre à un dépistage de MST puis flatter chaque seconde la « virilité » des clients pour espérer recevoir un pourboire.
« Les femmes sont des objets sexuels »
Mais c’est surtout contre le Playboy Mansion que se concentrent les critiques. En pantoufles et en pyjama de soie, celui qui affirme avoir couché avec plus de 1.000 femmes collectionnait les playmates comme des trophées. L’une de ses anciennes « girlfriend », Holly Madison, affirme que lors de leur première rencontre, Hugh Hefner lui a proposé de prendre du quaalude, le sédatif au cœur des ennuis judiciaires de Bill Cobsy.
Les citations du défunt n’aident pas vraiment son cas. « L'idée que Playboy a fait des femmes des objets sexuels est ridicule. Les femmes sont des objets sexuels », lançait-il en 2010 dans Vanity Fair. Hugh Hefner n’est plus, mais l’éditorialiste Erin Gloria Ryan estime que cette culture machiste a accouché d’un fils spirituel : Donald « grab them by the pussy » Trump.
Read AgainHugh Hefner au Playboy Mansion en 2013. — GETTY/AFP
De notre correspondant en Californie,
Que retenir de Hugh Hefner, décédé ce mercredi ? Qu’il a objectifié les femmes toute sa vie dans Playboy et vécu entouré de bunnies en corsets aussi interchangeables que ses robes de chambre ? Ou qu’il a mené la révolution sexuelle de l’après-guerre et participé au combat pour l’émancipation des femmes ? « Les deux », répond Carrie Pitzulo, professeure d’histoire, auteure de l’essai « The Sexual politics of Playboy ».
Selon Pitzulo, Hugh Hefner, qui a fondé le célèbre magazine en 1953, « s’est engagé politiquement dans les années 60 et a soutenu des combats féministes comme la légalisation de l’avortement, l’accès à la pilule et un amendement pour l’égalité homme-femme. » Playboy a pris parti pour le droit à l’avortement dès 1965, huit ans avant la décision de justice Roe v. Wade. En 1973, Ruth Bader Ginsburg – qui à la Cour suprême, est ensuite devenue la championne des droits des femmes – écrit même une lettre pour remercier la fondation Playboy pour ses donations aux centres d’aide pour les victimes de viol.
L’intellectuelle américaine Camille Paglia, qui dénonce souvent « la rhétorique anti-masculine du féminisme moderne », a également qualifié Hefner « d’un des principaux architectes de la révolution sociale » qui a secoué l’Amérique puritaine dans les années 60. « Il a défié la culture dominante de l’époque avec son fameux ''Good girls like sex too'' (''Les filles sages aiment aussi le sexe''), estime Carrie Pitzulo.
« L’ennemi ultime des femmes »
Tout le monde ne partage pas ce point de vue. « Hugh Hefner était l’ennemi ultime des femmes. Affirmer qu’il a été un libérateur sexuel revient à suggérer que Roman Polanski a contribué à la protection des enfants », attaque l’auteur britannique Julie Bindel.
Les critiques ne datent pas d’aujourd’hui. En 1963, la journaliste Gloria Seinem infiltre un Playboy Club de Manhattan et raconte son expérience dans l’article A Bunny’s Tale. Perchée sur des talons de 8 cm, avec des corsets « deux tailles trop petits », elle doit d’abord se soumettre à un dépistage de MST puis flatter chaque seconde la « virilité » des clients pour espérer recevoir un pourboire.
« Les femmes sont des objets sexuels »
Mais c’est surtout contre le Playboy Mansion que se concentrent les critiques. En pantoufles et en pyjama de soie, celui qui affirme avoir couché avec plus de 1.000 femmes collectionnait les playmates comme des trophées. L’une de ses anciennes « girlfriend », Holly Madison, affirme que lors de leur première rencontre, Hugh Hefner lui a proposé de prendre du quaalude, le sédatif au cœur des ennuis judiciaires de Bill Cobsy.
Les citations du défunt n’aident pas vraiment son cas. « L'idée que Playboy a fait des femmes des objets sexuels est ridicule. Les femmes sont des objets sexuels », lançait-il en 2010 dans Vanity Fair. Hugh Hefner n’est plus, mais l’éditorialiste Erin Gloria Ryan estime que cette culture machiste a accouché d’un fils spirituel : Donald « grab them by the pussy » Trump.
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